A l'écoute des cités - Le blog de Patrice Leclerc
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fréquent que la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> soins ne se<br />
déclenche que le jour où surgit un problème<br />
grave, une douleur insupportable<br />
en ce qui concerne les <strong>de</strong>nts. Quand il<br />
y a <strong><strong>de</strong>s</strong> problèmes <strong>de</strong> logement, <strong><strong>de</strong>s</strong> pro-<br />
Etat <strong>de</strong> santé<br />
et conditions <strong>de</strong> vie.<br />
blèmes avec les enfants, <strong><strong>de</strong>s</strong> problèmes <strong>de</strong> fin <strong>de</strong> mois qui sont prioritaires,<br />
alors si le corps ne crie pas sa souffrance ou si aucun signe <strong>de</strong> maladie ne se<br />
manifeste, on ne s’en préoccupe pas. C’est ce qu’on appelle « le silence <strong><strong>de</strong>s</strong> organes<br />
» ; mais l’absence <strong>de</strong> symptôme ne signifie pas absence <strong>de</strong> pathologie.<br />
Beaucoup <strong>de</strong> personnes viennent en urgence, toujours avec <strong><strong>de</strong>s</strong> atteintes très<br />
avancées. Ce mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> recours aux soins est <strong>de</strong>venu rare dans <strong><strong>de</strong>s</strong> zones plus<br />
favorisées. Un ami qui exerce à Courbevoie me disait : « Moi, un patient qui<br />
arrive avec une bonne « rage <strong>de</strong> <strong>de</strong>nt » ou une joue enflée, je n’en ai pas vu<br />
<strong>de</strong>puis <strong><strong>de</strong>s</strong> années ! » Ici, c’est tous les jours.<br />
La prévention <strong>de</strong>ntaire consiste à ne pas manger trop <strong>de</strong> sucre et à se brosser<br />
les <strong>de</strong>nts, à consulter un <strong>de</strong>ntiste une fois par an. <strong>Le</strong>s parents débordés par<br />
d’autres soucis ont du mal à rajouter <strong>de</strong> nouvelles contraintes liées aux comportements<br />
préventifs. On donne du sucre à un enfant pour le calmer, pour<br />
qu’il s’endorme. Si bien qu’à trois ou quatre ans, il a <strong><strong>de</strong>s</strong> caries profon<strong><strong>de</strong>s</strong>.<br />
La prévention implique que l’on puisse se projeter dans l’avenir. Or cela ne<br />
va pas <strong>de</strong> soi <strong>de</strong> penser à l’avenir quand, au jour le jour, on a du mal à gérer<br />
les difficultés.<br />
<strong>Le</strong> décalage <strong><strong>de</strong>s</strong> états <strong>de</strong> santé est lié aussi au travail. Des hommes qui<br />
s’épuisent en étant dans les travaux publics ou encore <strong><strong>de</strong>s</strong> femmes qui font<br />
trois heures <strong>de</strong> transports par jour pour du ménage dans <strong><strong>de</strong>s</strong> bureaux tôt le<br />
matin et tard le soir, il y en a davantage à Villeneuve qu’à Neuilly.<br />
L’aspect financier peut constituer<br />
un autre un frein. La CMU est une L’aspect financier.<br />
très bonne couverture complémentaire<br />
qui donne la gratuité <strong><strong>de</strong>s</strong> soins<br />
et <strong>de</strong> la prothèse. Près <strong>de</strong> 20 % <strong>de</strong> nos patients en bénéficient. <strong>Le</strong>s<br />
«Sans-papiers» ont «l’Ai<strong>de</strong> Médicale d’Etat» (AME). <strong>Le</strong>s prises en<br />
charge sont plus limitées, mais elle couvre tous les soins courants.<br />
Certains qui y ont droit n’y recourent pas <strong>de</strong> peur <strong>de</strong> se faire repérer.<br />
Il y a eu un droit d’entrée <strong>de</strong> 30 euros, heureusement supprimé par<br />
l’actuel gouvernement. <strong>Le</strong>s personnes les plus en difficultés sont<br />
celles qui ont <strong><strong>de</strong>s</strong> ressources légèrement supérieures au plafond <strong>de</strong><br />
la CMU. Là, tout dépend d’une éventuelle mutuelle et du contrat<br />
souscrit. La sécurité sociale peut contribuer aux cotisations <strong>de</strong> mutuelle.<br />
C’est peu connu. <strong>Le</strong>s personnes ne savent pas toujours ce à<br />
La santé dans les banlieues, Isabelle Thiebot<br />
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