26.06.2013 Views

A l'écoute des cités - Le blog de Patrice Leclerc

A l'écoute des cités - Le blog de Patrice Leclerc

A l'écoute des cités - Le blog de Patrice Leclerc

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Pour élargir l’horizon<br />

66<br />

que les dogmes chrétiens ont « plus <strong>de</strong> valeur » que les affirmations<br />

musulmanes. Notre rapport à Dieu « vaut mieux » que le leur ; il est<br />

moins ritualiste. Il a plus <strong>de</strong> capacité à s’ouvrir sur la mo<strong>de</strong>rnité. Que<br />

n’entend-on pas dans certains milieux chrétiens !<br />

Il faut remarquer qu’en comparant la « valeur » <strong><strong>de</strong>s</strong> uns à celle <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

autres, fût-ce pour rendre hommage à l’autre, on sombre dans l’idéologie<br />

contemporaine la plus matérialiste qui soit. <strong>Le</strong> mot « valeur »<br />

renvoie au système économique dont on constate chaque jour les<br />

effets pervers. Même si on est animé <strong><strong>de</strong>s</strong> sentiments les plus charitables,<br />

on entre dans le jeu <strong>de</strong> la concurrence. Ce jeu du plus et<br />

du moins n’est pas chrétien. La cohérence évangélique ignore toute<br />

notion <strong>de</strong> « valeur » religieuse ou morale et, pour Jésus, celui qui<br />

croit gagner est au nombre <strong><strong>de</strong>s</strong> perdants. Soyons les uns <strong>de</strong>vant les<br />

autres ou les uns avec les autres sans nous jauger, sans nous juger («<br />

Ne jugez pas »), mais en considérant ce qui nous distingue comme<br />

un écart qui nous permet <strong>de</strong> nous écouter et <strong>de</strong> nous appeler, <strong>de</strong> nous<br />

respecter.<br />

Une <strong>de</strong>uxième tentation menace le<br />

Un brèche à élargir.<br />

chrétien et nombreux sont ceux qui<br />

y succombent. <strong>Le</strong> Concile, certes,<br />

a ouvert une brèche qui permet<br />

au chrétien <strong>de</strong> se rappeler que le<br />

mon<strong>de</strong> n’est pas enfermé dans les murs qui circonscrivent le catholicisme.<br />

Grâce à Vatican II, la rencontre du non-chrétien et particulièrement<br />

du musulman est non seulement possible mais désirable. Une fois<br />

la brèche franchie, il semble qu’il faille encore aller <strong>de</strong> l’avant, préciser<br />

la portée et les conditions <strong>de</strong> la rencontre, élargir les dimensions <strong>de</strong> la<br />

brèche pour opérer le passage. Cela suppose peut-être une réflexion sur<br />

l’Eglise qui n’est pas encore commencée. <strong>Le</strong> Concile, certes, permet <strong>de</strong><br />

considérer la foi et les affirmations musulmanes avec estime ; reconnaissons<br />

pourtant qu’à s’en tenir à la lettre <strong><strong>de</strong>s</strong> déclarations officielles<br />

on éprouve un certain malaise. Pire ! Cette estime ne suppose-t-elle<br />

pas une forme <strong>de</strong> totalitarisme ? Nous mettons en la personne <strong>de</strong> Jésus<br />

l’accomplissement <strong>de</strong> toute démarche humaine et particulièrement <strong>de</strong><br />

toute démarche religieuse. Ce qu’il vient faire connaître <strong>de</strong> Dieu, <strong>de</strong> la<br />

vie, <strong>de</strong> la <strong><strong>de</strong>s</strong>tinée <strong>de</strong> l’homme, nous permet <strong>de</strong> discerner ce qui, chez<br />

l’autre, mérite considération. En réalité, nous prétendons savoir mieux<br />

que quiconque la vérité ultime et nous sommes persuadés que ce qu’il<br />

y a <strong>de</strong> bon chez l’autre n’est qu’une ébauche <strong>de</strong> ce qui ne trouve son<br />

épanouissement que dans l’Eglise catholique. En elle seule on peut<br />

trouver la vérité pleine. N’est-ce pas là ce totalitarisme qui menace ? A

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!