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A l'écoute des cités - Le blog de Patrice Leclerc

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minuscule et l’escalier <strong>de</strong>venait <strong>de</strong> plus en plus dangereux. Ma mère<br />

avait toujours peur pour nous. Elle a entendu dire qu’à Villeneuve-la-<br />

Garenne il y avait <strong><strong>de</strong>s</strong> appartements vi<strong><strong>de</strong>s</strong>. <strong>Le</strong> bâtiment avait brûlé.<br />

Plusieurs personnes étaient rentrées car la porte était ouverte à cause<br />

<strong>de</strong> l’ incendie; les gens en ont profité pour s’installer, nous aussi. On a<br />

squatté un F4. Un monsieur nous a ouvert la porte ; c’était un professionnel.<br />

Il <strong>de</strong>vait travailler au service <strong>de</strong> la cité, me semble-t-il. Il aidait<br />

les familles en difficultés comme la nôtre à squatter les appartements<br />

libres. Ma mère a tenu, dès le début, à payer le loyer. Au départ, le gardien<br />

refusait. Il ne voulait pas nous considérer comme <strong><strong>de</strong>s</strong> locataires.<br />

Par la suite, il a accepté. Ma mère en a gardé les preuves ; elle rangeait<br />

soigneusement tous les reçus. On payait 390 €, si je me souviens bien.<br />

C’était lourd pour ma mère qui était seule à rapporter <strong>de</strong> l’argent ; elle<br />

travaillait comme femme <strong>de</strong> ménage.<br />

Mon adolescence à La Caravelle<br />

J’ai bien aimé La Caravelle. J’y ai passé mon adolescence. J’allais chez<br />

vous pour le soutien scolaire et je participais à vos sorties. Vous aviez<br />

toujours <strong><strong>de</strong>s</strong> activités nouvelles à nous proposer.<br />

Pour le logement, nous nous sommes tournés du côté <strong>de</strong> la Mairie qui a<br />

refusé <strong>de</strong> nous ai<strong>de</strong>r. Ils nous rappelaient que nous n’avions pas le droit <strong>de</strong><br />

rester où nous étions et qu’on allait nous expulser. Ils prétendaient qu’ils<br />

cherchaient <strong><strong>de</strong>s</strong> appartements pour nous loger mais qu’ils n’en avaient pas<br />

<strong>de</strong> suffisamment grands pour une famille nombreuse comme la nôtre.<br />

Nous avons entrepris <strong>de</strong> nombreuses démarches et, comme ma mère ne<br />

sait pas écrire, c’est moi qui me suis chargée <strong>de</strong> tout le courrier, <strong>de</strong>puis la<br />

6ème. J’en ai fait <strong><strong>de</strong>s</strong> démarches, vous vous en souvenez !<br />

<strong>Le</strong> Maire nous avait rassurés en nous promettant que nous ne serions<br />

pas expulsés. Je suis partie en vacances au Mali. A la fin <strong>de</strong> l’été, au<br />

moment <strong>de</strong> la rentrée scolaire, la catastrophe a eu lieu. Ma mère avait<br />

été au tribunal pour une affaire <strong>de</strong> famille. J’avais eu un acci<strong>de</strong>nt au<br />

Mali et je ne pouvais plus marcher tellement j’avais mal. Quand je<br />

suis arrivée, on avait mis les scellés. Ils avaient posé sur la porte un<br />

papier : « Avis d’expulsion » et l’adresse d’un huissier à contacter. Oh !<br />

J’étais vraiment en état <strong>de</strong> choc ! Quand ma mère est arrivée, elle m’a<br />

rassurée et m’a dit <strong>de</strong> ne pas paniquer. <strong>Le</strong> serrurier qu’elle a appelé<br />

tout <strong>de</strong> suite lui a affirmé qu’il ne pouvait rien faire et la mairie nous a<br />

fait savoir qu’elle ne pouvait rien pour nous : « Cherchez une solution<br />

dans votre famille ! ». Ma sœur était enceinte et prête à accoucher.<br />

«Ils avaient mis les scellés !», Aminata Doucouré<br />

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