A l'écoute des cités - Le blog de Patrice Leclerc
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Du coté <strong>de</strong> La Caravelle<br />
28<br />
en France <strong>de</strong>puis son mariage, est<br />
marocaine ; elle a obtenu une licence<br />
<strong>de</strong> lettres à Rabat ; elle est maman<br />
d’un garçon <strong>de</strong> 10 ans et d’une fille<br />
<strong>de</strong> 5 ans. Nadia, Zohra et Khadidja<br />
sont venues d’Algérie voici trentecinq<br />
ou trente-six ans. Elles ont la<br />
cinquantaine. Nadia, d’origine algérienne,<br />
a cinq enfants et cinq petitsenfants.<br />
Khadidja a grandi en petite<br />
Kabylie. Elle a eu quatre fils, <strong>de</strong> 36 à<br />
28 ans. Zohra a vécu à Alger jusqu’à<br />
son mariage à l’âge <strong>de</strong> 16 ans. Elle<br />
est maman <strong>de</strong> trois fils et d’une fille.<br />
Toutes sont musulmanes mais leur<br />
islam est discret ; il transparaît simplement<br />
dans certaines expressions<br />
(« Dieu m’a aidée »). <strong>Le</strong> portable<br />
<strong>de</strong> l’une d’entre elles est programmé<br />
pour faire entendre l’appel à la<br />
prière : il s’est déclenché pendant<br />
la conversation mais elle l’a interrompu<br />
sans quitter le groupe. Seule<br />
la plus jeune est voilée. Lucia, l’italienne,<br />
est chrétienne ; elle le manifeste<br />
<strong>de</strong> façon non ostentatoire mais<br />
clairement ; ceci ne gêne en rien le<br />
respect avec lequel on l’écoute dans<br />
le groupe.<br />
Des parcours<br />
héroïques<br />
<strong>Le</strong>s histoires personnelles <strong>de</strong> ces<br />
femmes furent souvent difficiles.<br />
<strong>Le</strong> parcours <strong>de</strong> Nadia est sans<br />
doute le moins chaotique. Elle<br />
avait un enfant <strong>de</strong> 1 an lorsque,<br />
venant d’Algérie, elle arrivait à La<br />
Caravelle voici 37 ans. Deux garçons<br />
et <strong>de</strong>ux filles sont ensuite nés<br />
en France. A part quelques problèmes<br />
<strong>de</strong> langue (elle ne parlait pas<br />
très bien le français à son arrivée),<br />
elle n’a jamais rencontré, - et elle<br />
insiste sur ce point – la moindre<br />
difficulté. Ses quatre enfants ont<br />
été scolarisés normalement. Elle a<br />
assisté scrupuleusement aux réunions<br />
<strong>de</strong> parents et répondu aux<br />
<strong>de</strong>man<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> institutrices qui<br />
cherchaient <strong><strong>de</strong>s</strong> adultes accompagnateurs<br />
pour les sorties <strong>de</strong> classe.<br />
<strong>Le</strong> voisinage a changé mais il a toujours<br />
été agréable.<br />
Khadidja a eu moins <strong>de</strong> chance.<br />
Son mari est mort à l’âge <strong>de</strong> 33 ans.<br />
Il était diabétique et le pancréas<br />
était touché. Il ne travaillait pas et<br />
avait une pension d’invalidité ; cela<br />
ne suffisait pas pour nourrir la famille.<br />
Nuit et jour elle gardait <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
enfants que lui confiait la DDASS,<br />
trois ou quatre en même temps. Il<br />
est arrivé qu’on lui confie un tout<br />
nouveau-né pendant quelques jours<br />
avant qu’il ne soit envoyé à la pouponnière<br />
d’Antony. L’un d’entre eux<br />
est resté chez elle huit ans et <strong>de</strong>mi.<br />
Il avait cinq ans lorsqu’il fut confié à<br />
Khadidja. Maintenant elle travaille<br />
avec l’hôpital <strong>de</strong> Moisselles qui a <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
antennes à Gennevilliers, Clichy et<br />
Asnières ; on lui confie <strong><strong>de</strong>s</strong> enfants<br />
handicapés.<br />
Un mari mala<strong>de</strong> à la maison,<br />
quatre enfants à élever et <strong><strong>de</strong>s</strong> enfants<br />
à gar<strong>de</strong>r ! Khadidja reconnait<br />
que c’était lourd. Elle se réjouit<br />
pourtant ; elle préfère construire<br />
sa vie sur son travail plutôt que<br />
<strong>de</strong> compter sur l’ai<strong>de</strong> d’une assis-