Kim Jong Il et les habitants du Jagang - Naenara
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Conte<br />
Sun<br />
I commence à réfléchir, en<br />
la regardant, un doigt dans<br />
la bouche.<br />
Son cœur bat à tout rompre, tandis<br />
que la jeune fille baisse la tête vers<br />
elle. Le foulard bleu cache <strong>les</strong> yeux de<br />
Sun I <strong>et</strong> un souffle parfumé lui<br />
effleure le front. Sun I revient de ses<br />
illusions en sursaut…<br />
« Grand-mère, qui est-ce ? »<br />
« De qui s’agit-il ? »<br />
« Mais, pourquoi ne m’as-tu pas<br />
accompagnée ? »<br />
« Personne ne peut t’accompagner<br />
quand tu es dans l’illusion. »<br />
Alors qu’elle n’est pas encore<br />
arrivée à deviner l’énigme<br />
mystérieuse, Sun I eut déjà 12 ans, <strong>et</strong><br />
la même année, elle connut encore<br />
une fois pareil événement.<br />
Pour elle, dix jours était une<br />
période très longue, un jour lui<br />
paraissait on ne peut plus long. Dès le<br />
lever <strong>du</strong> soleil, elle attendait que le<br />
jour tombe vite, <strong>et</strong> une fois la nuit<br />
tombée, elle attendait avec impatience<br />
le lever <strong>du</strong> soleil.<br />
En voyant Sun I se plonger<br />
fréquemment dans une méditation,<br />
Sok Jin la trouve étrange. Lorsqu’ils<br />
étudiaient à l’école, Sok Jin était de<br />
deux années plus en avance que Sun I.<br />
Fils d’un prospecteur géologique, il<br />
savait donner des noms différents à<br />
des morceaux de pierre semblab<strong>les</strong> <strong>et</strong><br />
connaissait bien la sonde servant à<br />
forer le terrain jusqu’à des milliers de<br />
mètres de profondeur. Toutefois, il<br />
ignorait <strong>les</strong> herbes, <strong>les</strong> insectes, voire<br />
même l’écureuil, ce qui étonnait ses<br />
copains.<br />
Or, un jour, il lui arriva de vanter<br />
ses connaissances agrico<strong>les</strong> au grand<br />
étonnement de ses camarades. <strong>Il</strong> avait<br />
acquis quelques connaissances sur le<br />
riz, en lisant le livre Les plantes de<br />
notre pays. <strong>Il</strong> avait ainsi appris qu’à la<br />
38 LA LA COREE D’AUJOURD’HUI N° N° 5, 2012<br />
5, 2012<br />
Jeune fille qui brode le pays aux<br />
bel<strong>les</strong> montagnes <strong>et</strong> aux eaux limpides<br />
(Suite <strong>du</strong> numéro 3) Han Ung Bin<br />
différence de la pomme de terre <strong>et</strong> <strong>du</strong><br />
mill<strong>et</strong>, le riz ne croît que dans des<br />
terrains humides. C’est ce qu’il a<br />
vanté en présence de ses copains. Ce<br />
n’est qu’alors que ces derniers ont<br />
découvert que leur village n’avait pas<br />
de rizière. Cela était pour leur village<br />
un deuxième grand malheur. Le<br />
premier malheur, c’était que leur<br />
village n’avait pas de pont fait d’un<br />
tronc d’arbre. <strong>Il</strong>s ne savaient pas que<br />
dire comme cela avait été le cas<br />
lorsqu’un de leurs camarades qui<br />
habitait dans un autre village qu’une<br />
quinzaine de « ri » séparaient <strong>du</strong> leur,<br />
s’était prévalu <strong>du</strong> pont fait d’un troc<br />
d’arbre qu’avait son village.<br />
« On peut cultiver le riz dans<br />
notre village, n’est-ce pas ? » balbutia<br />
Sun I sans assurance.<br />
« Sur vos terres, le riz ne croîtrait<br />
pas mais mourrait », répondit Sok Jin.<br />
S’il dit « vos terres » comme s’il<br />
était une tierce personne, c’est qu’il<br />
s’est fixé dans le village depuis<br />
quelques mois.<br />
C’est c<strong>et</strong>te expression qui agaça<br />
fort ses camarades.<br />
« Ne te comportes pas en<br />
connaisseur. On pratique, disait-on, la<br />
riziculture dans la commune de xx. »<br />
« Votre village est situé dans une<br />
région à haute altitude », dit Sok Jin.<br />
<strong>Il</strong> essaya de démontrer son argument<br />
en citant des expressions de son père<br />
inintelligib<strong>les</strong> pour lui-même comme<br />
la « différence d’altitude ».<br />
Les autres enfants n’avaient pas<br />
d’autre moyen que de chercher une<br />
consolation dans le fait que leur<br />
village est situé à une altitude 200<br />
mètres plus haute que la commune de<br />
xx.<br />
Quelques jours après, alors qu’elle<br />
était dans la commune de xx pour<br />
faire <strong>les</strong> commissions de sa grandmère,<br />
Sun I eut la chance d’observer<br />
attentivement des plants de riz hauts<br />
d’à peine d’une quinzaine de cm.<br />
(Pourquoi serait-il impossible de<br />
pratiquer la riziculture dans notre<br />
village ?)<br />
Aux racines blanches des plants<br />
de riz, restaient encore pen<strong>du</strong>s des<br />
paddys jaunes. Sur le chemin de<br />
r<strong>et</strong>our, à un monticule près de la<br />
source d’eau, à l’orée de son village,<br />
Sun I se sentait une main étrangement<br />
gourde. Elle regarda sa main, <strong>et</strong> à sa<br />
grande surprise, elle avait toujours<br />
une touffe de plants de riz dans la<br />
main.<br />
« Ah ! Bah ! »<br />
Du coup, elle eut l’air larmoyant.<br />
Les feuil<strong>les</strong> des plants se<br />
flétrissaient déjà sous l’eff<strong>et</strong> de<br />
l’ensoleillement.<br />
Elle se précipita vers la source<br />
d’eau en contrebas <strong>du</strong> monticule <strong>et</strong><br />
trempa vite <strong>les</strong> plants de riz dans<br />
l’eau. …<br />
Vint enfin le dixième matin<br />
qu’elle attendait tant.<br />
Sun I sortit de chez elle, alors que<br />
l’aube ne poignit pas encore.<br />
Que de fois elle avait suivi ce<br />
sentier depuis dix jours?! Les<br />
broussail<strong>les</strong> d’églantier qui, voici dix<br />
jours, ne portaient que des bourgeons,<br />
étaient couvertes de fleurs blanches.<br />
Les framboises qui étaient bleuâtres,<br />
mûrissaient déjà devenues rouges. La<br />
rosée froide <strong>du</strong> matin qui s’était perlée<br />
sur des feuil<strong>les</strong> d’herbes, dégoulinait<br />
en mouillant ses moll<strong>et</strong>s <strong>et</strong> pieds. Sun<br />
I s’arrêta court. Elle avait l’impression<br />
de suffoquer.<br />
Les plants frê<strong>les</strong> de riz qui<br />
frémissaient dans l’eau, avaient<br />
disparu, mais des feuil<strong>les</strong> vertes<br />
cachaient la rigole. Se courbant, Sun I<br />
regardait attentivement. Entre des<br />
touffes de plants de riz, une grenouille<br />
tach<strong>et</strong>ée la regardait en face, en