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V VOYAGE EN UTOPIE<br />
Pavillon central : l’éducation, équivalent <strong>de</strong> la richesse.<br />
Photographie Georges Fessy, 2010. © Département <strong>de</strong> l’<strong>Aisne</strong><br />
“Tous les jours d’école, les enfants se réunissaient<br />
dans la cour du central, par classe.<br />
On traversait la place pour se rendre dans nos<br />
classes respectives, filles et garçons bien sûr<br />
en chantant sur l’air <strong>de</strong> l’Arlésienne : “Par milliers,<br />
venez chers écoliers”. On allait à la piscine<br />
le jeudi. Au <strong>Familistère</strong>, on allait à l’école<br />
le jeudi matin. On faisait <strong>de</strong>s travaux pratiques.<br />
Du mo<strong>de</strong>lage par exemple, du <strong>de</strong>ssin. On avait<br />
que le jeudi après-midi. Et le jeudi après-midi,<br />
on allait à la piscine par rang d’âge. Les plus<br />
petits, les plus grands, parce que le plancher<br />
<strong>de</strong> la piscine était réglable en hauteur. Il y avait<br />
une heure pour les tout petits, puis après les<br />
plus grands.”<br />
Jean BAUDAUX<br />
“J’ai passé mon enfance au <strong>Familistère</strong>.<br />
On avait tout pour jouer, on avait les parcs,<br />
les terrains <strong>de</strong> foot, <strong>de</strong> basket. On avait les<br />
cours <strong>de</strong>s familistères ; Quoique c’était interdit<br />
<strong>de</strong> jouer au ballon et tout ça, on trouvait<br />
toujours le moyen <strong>de</strong> jouer quand même. Tant<br />
que le gar<strong>de</strong> ne nous poursuivait pas, on jouait<br />
puis après on partait et on revenait une heure<br />
après. Moi je trouve qu’on était une bonne<br />
ban<strong>de</strong> <strong>de</strong> copains ici au <strong>Familistère</strong>, garçons<br />
et filles, on jouait ensemble partout et puis il y<br />
avait les fêtes, il y avait l’école, les distributions<br />
<strong>de</strong>s prix…”<br />
André GRAVET<br />
“On n’était pas <strong>de</strong>s<br />
on était les champi<br />
Des enfances au Palais Social : témoignages<br />
croisés recueillis en 2000 auprès d’anciens<br />
familistériens. Souvenirs heureux d’un mon<strong>de</strong><br />
disparu dont la nostalgie avive les couleurs.<br />
“Au <strong>Familistère</strong>, c’était vraiment la famille. On allait<br />
à l’école garçons et filles ensemble. C’était l’école mixte.<br />
Alors, on a gardé quelque chose, un souvenir inoubliable<br />
<strong>de</strong> notre jeunesse. Ce qui a gâché tout après, bien sûr,<br />
c’est la guerre. Moi, j’avais quatorze ans à la guerre.<br />
Mais enfin, on a tout <strong>de</strong> même vécu une dizaine d’années<br />
dans le <strong>Familistère</strong> quelque chose d’exceptionnel. Tout est<br />
resté comme à l’époque <strong>de</strong> monsieur Godin. C’est à dire<br />
qu’on copiait un peu notre vie sur la vie <strong>de</strong> ces gens-là.<br />
On savait très bien le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> vie qu’ils avaient. Et on<br />
avait vécu à peu près comme eux, avec bien sûr un peu<br />
<strong>de</strong> renouvellement. Mais les principes étaient restés les<br />
mêmes. C’était le principe <strong>de</strong> discipline, puis <strong>de</strong> cohabitation…<br />
<strong>de</strong> famille, on se connaissait tous. On connaissait<br />
les parents, on connaissait les grands-parents qui avaient<br />
connu Godin. On savait ce qu’il fallait faire et ce qu’il fallait<br />
pas faire. Chacun avait ça ancré chez lui et à l’école ;<br />
dans les classes on nous apprenait ce qu’avait fait monsieur<br />
Godin. On nous a inculqué un peu l’esprit voyez-vous,<br />
l’esprit <strong>de</strong> monsieur Godin, l’esprit <strong>de</strong> ce qu’il avait fait. On<br />
nous disait : “Voilà, c’est monsieur Godin qui a fait ça”, et<br />
on savait ce que monsieur Godin avait fait”.<br />
Jean BAUDAUX<br />
Jean Baudaux naît en 1926 dans le pavillon<br />
central au <strong>Familistère</strong>. Il est scolarisé à<br />
l’école du <strong>Familistère</strong> jusqu’à l’âge <strong>de</strong> 14 ans.<br />
De 1940 à 1980, il travaille à l’usine Godin<br />
<strong>de</strong> <strong>Guise</strong>, successivement à l’atelier <strong>de</strong> mécanique,<br />
en menuiserie, au service <strong>de</strong> la correspondance,<br />
au planning puis comme surveillant<br />
d’atelier à la scierie. Entre 1953 et 1954, il<br />
est contraint à 22 mois d’inactivité en raison<br />
d’une lésion pulmonaire. Marié en 1946, il <strong>de</strong>meure<br />
au <strong>Familistère</strong> avec son épouse Yvonne<br />
et leurs <strong>de</strong>ux enfants. Il est élu associé <strong>de</strong><br />
l’Association du <strong>Familistère</strong> en 1951.<br />
Son grand-père Joseph Baudaux était entré<br />
comme mouleur à l’usine Godin vers 1880 et<br />
avait été élu associé en 1899, année <strong>de</strong> la<br />
naissance <strong>de</strong> son père, Aimé Baudaux, également<br />
familistérien.