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Zone Est

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— Écarte-toi de lui !<br />

Mais elle ne m’entend pas ou s’en moque et lève son couteau<br />

sur lui. Le milicien lâche sa prise, saisit l’avant-bras de<br />

l’humaine et lui décoche un coup de poing dans le plexus qui lui<br />

coupe le souffle. Pliée en deux, elle s’agenouille dans la<br />

poussière, vomit, crache et crache encore.<br />

À côté d’eux, l’humain remue une jambe. Il vit encore.<br />

L’adolescente rampe jusqu’à lui, saisit son visage entre ses<br />

mains et le couvre de baisers. Le type lève sur elle un regard<br />

bleu acier. J’y lis une détresse profonde que j’attribue dans un<br />

premier temps à la douleur physique. Je comprends au sourire<br />

qu’il offre à sa compagne qu’il redoute de mourir et d’être<br />

séparé d’elle. Un filet de sang coule d’une blessure à la cuisse, et<br />

son abdomen est percé de deux points bruns. Deux balles dans<br />

le buffet. Hémorragie probable. À moins d’un miracle, il n’en a<br />

plus pour très longtemps. Je me rapproche, du côté opposé, face<br />

à Sylia. Le milicien est pris en tenaille. Sa tête pivote dans ma<br />

direction puis dans la sienne, calculant la meilleure stratégie.<br />

Puis un sourire éclaire sa figure sinistre, traversée d’une oreille<br />

à l’autre, sur la partie supérieure, par une prothèse faciale,<br />

bordée de multiples cicatrices à vif.<br />

Il lève son arme et la pointe sur le crâne de la jeune femme,<br />

mais je dégaine le plus vite et les huit grammes de ma première<br />

balle 9 mm Parabellum se fichent dans son épaule gauche. Sa<br />

main lâche l’arme.<br />

À bout portant.<br />

Il serre les dents. Son sourire se transforme en grimace.<br />

Je fais deux pas supplémentaires, Sylia vide son chargeur<br />

dans sa poitrine. Je l’achève d’une balle dans la nuque, il<br />

s’affaisse, face contre terre. Je le retourne du pied. Sa main<br />

gauche tient une languette de métal que je reconnais aussitôt.<br />

— Grenade !<br />

J’ai le réflexe de plonger sur les deux humains et de les tirer<br />

dans un trou avant que le milicien n’explose. La détonation est<br />

puissante. Des éclats de béton, d’acier et de chair s’abattent sur<br />

notre abri de fortune. Un voile de poussière se lève et reste en<br />

suspension dans l’air pendant plusieurs minutes qui paraissent<br />

durer une éternité. Redoutant d’autres explosions, je reste<br />

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