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Zone Est

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Retour à la planque. Une pluie verglaçante s’est abattue sur<br />

la <strong>Zone</strong> <strong>Est</strong>, métamorphosant le paysage lunaire en désert glacé<br />

postapocalyptique. En vingt minutes à peine, la température est<br />

remontée à peine en dessous des zéro degré Celsius. Poussière<br />

et parasites se sont figés en une étreinte mortelle. Une couche<br />

de vernis cristalline et éphémère s’étend sur les murs et les<br />

objets, à la manière d’une dalle de béton coulée sur un réacteur<br />

nucléaire défaillant. Illusion de paix. Déjà l’énergie et la chaleur<br />

dégagées par le virus reprennent le contrôle. Ni l’eau, ni la<br />

neige, ni même la glace ne tiennent longtemps sur cette terre en<br />

fusion permanente. La contamination fait office de régulateur<br />

hygrométrique. Le froid ou la sécheresse comme seule<br />

alternative. De toute façon, la <strong>Zone</strong> <strong>Est</strong> est presque<br />

exclusivement souterraine. Aucune de ces variations<br />

climatiques ne perturbe la machine qui gronde sous terre vingtquatre<br />

heures sur vingt-quatre. Les moteurs ne s’interrompent<br />

jamais. Cinq, dix, vingt, trente degrés, plus on descend, plus la<br />

chaleur est insupportable et l’air nauséabond. L’apport en<br />

oxygène est sa seule véritable contrainte. L’unique lien qui<br />

l’attire encore vers les hauteurs atmosphériques. Together, we’ll<br />

fly, chantait Ronnie James Dio. Voler n’est plus le rêve de<br />

personne. Les hommes se terrent comme ces créatures<br />

honteuses et difformes qui peuplent les récits fantastiques du<br />

XX e siècle. Le rêve d’Icare a été oublié. Les drones de<br />

surveillance sont désormais les seuls à avoir encore une vue<br />

d’ensemble du bourbier dans lequel nous nous enfonçons<br />

chaque jour un peu plus. Volent-ils parfois au-dessus du Mur ?<br />

Et si oui, que voient-ils ?<br />

Assise à l’avant, Eoh, pensive, observe le spectacle par la<br />

vitre du véhicule. Une profonde détresse se lit dans ses yeux. Je<br />

reste concentré sur son visage étonnant, pendant que Sylia<br />

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