Alexa Sarbacane, épisode 5 - Eric Vincent

épisode de "Jurassic Park" : cela n'avait rien d'une promenade de santé. Il détailla encore
quelques instruments et posa finalement une question cruciale :
- La radio est hors d'usage, nous le savons. Le cap est bloqué sur la bonne direction et
verrouillé. En le déverrouillant, nous pourrons vérifier un point extrêmement important.
- Lequel ?
- Si l'ordinateur de bord peut accepter des ordres venus du sol.
- A quoi cela servira-t-il ?
- A vous faire atterrir en vous téléguidant en automatique.
- Quoi ? Comment est-ce possible ?
- Depuis plus de dix ans, déjà, nous sommes en mesure de poser un avion de ligne grâce à un
système expert. Les ordinateurs des tours de contrôle sont capables de mettre les avions en
file indienne, de leur indiquer les manoeuvres à réaliser et de leur faire accomplir sans
l'intervention du pilote.
- Pour les manoeuvres dans le ciel, je vois bien. Mais il faut bien actionner le levier du train
d'atterrissage, réaliser quelques opérations à la main.
- Non... Tout est prévu pour être automatisé. C'est faisable. C'est fait, en réalité,
mademoiselle Sarbacane. La nuit, lorsque le ciel est moins chargé, les contrôleurs du ciel
laissent parfois les machines ordonner aux machines sans que les pilotes ne puissent discuter
les ordres de l'ordinateur. En fait, seule la puissance de calcul en temps réel de ces
prodigieuses centrales à solutionner du casse-tête chinois demeure insuffisante pour prendre
en charge le ciel parisien dans son intégralité, même aux heures de pointe. Sinon, il y a belle
lurette qu'on aurait viré les contrôleurs du ciel, toujours en grève pour un oui, pour un non,
et les pilotes de la compagnie nationale française, trop grassement rétribués, eux aussi
toujours en grève à deux périodes de l'année : à Noël et aux vacances d'été, les mois sensibles
en ce qui concerne le chiffre d'affaires des compagnies aériennes. Vous avez repéré le bouton
qui débloque le cap imposé par l'ordinateur ?
- Oui.
- Allez-y !
Alexa actionna l'interrupteur. Rien de spécial ne se passa. A plusieurs reprises, Alain Verse se
renseigna sur le comportement de l'avion. A chaque question, il obtint une réponse unique de
la part de la jeune femme : la trajectoire ne déviait pas d'un degré, ni même d'une minute du
cap initialement prévu. Cette absence notoire de réaction chagrina sérieusement le
commandant à l'autre bout du combiné. L'ordinateur se désengageait parfaitement mais avait
été saboté afin de demeurer sourd aux injonctions de ses puissants frères de silicium. L'avenir
s'annonçait sombre pour l'apprenti pilote et son non moins mal à l'aise copilote. Il plongea
brusquement dans les ténèbres lorsque la batterie du téléphone lâcha subitement.
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