Alexa Sarbacane, épisode 5 - Eric Vincent

Marie plongea la tête dans son drap de plage, masquant son visage avec ses bras croisés.
Alexa posa sa main droite sur l'épaule de la jeune femme en signe de réconfort. Non
seulement il se souvenait d'elle mais il regrettait amèrement qu'une histoire ne soit pas née le
jour de la rencontre. Simplement à cause de non-dit, à cause d'un manque de communication.
Un manque de communication ! Pauvre Marie ! Elle ne pensait certainement pas que sa
spécialité ne lui aurait pas permis de faire le premier pas vers cet homme qui l'avait émue.
Elle martela le sable à de nombreuses reprises en se jurant qu'on ne l'y reprendrait plus. Elle
serait aussi directe que possible à chaque fois que cela serait nécessaire dans sa vie, même si
sa franchise l'exposait à de douloureux retours de bâton.
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Yann avait pris l'avion dès le jour suivant l'atterrissage d'Hermès. Il avait hâte de rejoindre
Juliette, désormais future maman. Les honneurs, le cirage de pompe avec les officiels, il s'en
moquait éperdument (Note de l'auteur : j'ai failli dire "Il n'en avait rien à cirer" mais avec
cette phrase ajoutée au "cirage de pompe", vous auriez eu l'impression que j'étais dans le
cirage et en mal d'expressions pompeuses !).
Pourtant, le Président de la République en personne s'était déplacé avec une cohorte de
personnages tous plus importants les uns que les autres. Ministres, ambassadeurs, secrétaires
d'état, sous-secrétaires d'état, microscopiques fonctionnaires d'état, la cour entière de l'Elysée
et du Palais Bourbon avait accompli les quelques milliers de kilomètres séparant la Guyane de
la métropole. Une aubaine pour le commerce local profitant des miettes tombées dans le
sillage de ces consommateurs de budgets étatiques.
Alexa s'était longuement préparée pour cette soirée de gala présidée comme il se devait par le
Président (Note de l'auteur : le Président préside ! Je donne dans l'original ! Tiens : je vais dire
qu'Alexa provoque et qu'Eric Vincent vend des millions de livres ! Uniquement des
pléonasmes !). Elle avait tenu à sa légendaire coutume vestimentaire colorée et à un
maquillage à la hauteur de l'événement. Une robe fourreau jaune canari et un sac à main
pourpre du plus bel effet, le tout rehaussé par un soupçon de rose aux pieds, aux ongles et
sur les lèvres : cela suffirait à attirer l'attention sur elle afin qu'on la reconnaisse à coup sûr
(Note de l'auteur : comme si passer à la télévision devant un milliard de téléspectateurs n'avait
pas suffi ! J'adore l'assurance de cette fille !).
Ne manquant jamais une occasion de se distinguer et de partager ses connaissances illimitées
en matière d'apparence et d'allure avec autrui, elle avait convaincu Marie d'adopter des coloris
que la jeune femme pensait ne jamais afficher étant donné sa crinière rousse. La détective
l'avait persuadée d'accorder une jupe orange avec un débardeur turquoise et l'avait quasiment
contrainte à faire l'acquisition de chaussures à talons d'un vert salade très croquant...
Les deux pin-up se firent attendre longuement avant de montrer le bout de leur nez (fort
charmant, au demeurant) à la fiesta où se pressaient environ quatre mille personnes, soit
l'intégralité du personnel de l'Agence Spatiale, les officiels locaux, les journalistes ne
manquant pas une occasion de se rincer le gosier et de se gaver de petits fours pour faire un
papier sur l'événement majeur de l'histoire de l'espace européen.