Alexa Sarbacane, épisode 5 - Eric Vincent

d'atterrissage. Le commandant Verse lui avait recommandé de procéder de façon classique
jusqu'à deux ou trois mètres du sol puis de pousser le volant en avant afin de présenter le nez
de l'appareil dans l'alignement de la queue. Ainsi, elle éviterait de toucher par l'arrière et de
taper dur par l'avant.
Elle réaligna le fuselage. Le choc ébranla le Boeing pourtant proche d'une retraite bien
méritée. Le problème auquel elle serait confrontée désormais, c'était le freinage et
accessoirement, la trajectoire. Aucun moyen de freiner hormis les filets tendus éclatant les
uns après les autres, embrochés et déchiquetés par les dizaines de tonnes du cargo aux
couleurs bleu, blanc et rouge. Le problème accessoire, la trajectoire, se manifesta après avoir
défoncé une douzaine de filets de rétention : l'avion dévia peu à peu et quitta la piste et son
matelas de mousse anti-incendie. Il s'engagea sur l'herbe des champs bordant les pistes de
l'aéroport. Au bout, il y avait d'autres pistes et le terminal principal de Roissy.
- Seigneur ! Ne m'abandonne pas maintenant, s'il te plaît ! Et toi, mon ange gardien, trouvemoi
une idée de génie ! L'inversion de la poussée n'est pas suffisante !
Tout à coup, elle sentit un changement véritablement marquant dans le comportement de
l'avion en perdition. Il ralentit considérablement. Ce n'était pas une conséquence du
frottement répété avec l'herbe folle des vertes prairies couvertes de fleurs multicolores et
parfumées, verts alpages où de paisibles bovins paissaient en toute quiétude pour ensuite
donner un excellent lait, abondant, servant à la confection de spécialités fromagères
savoureuses et odorantes utilisées lors de chaleureuses soirées festives entre amis (Note de
l'auteur : j'ai tout de même le droit d'imaginer que les aéroports feront un jour bon ménage
avec les vaches ! Ou que les avions décolleront à la verticale ! Ou qu'on pourra tous se
téléporter à l'autre bout du monde en un clin d'oeil sans s'ennuyer à faire la queue pour
enregistrer les bagages, à faire la queue dans les toilettes de l'appareil ou à faire la queue pour
voir l'unique hôtesse sympathique et avenante dans la machine volante !).
Donc, aucune cause naturelle n'expliquait ce brusque freinage. Il ne fallut pas plus de deux
cents mètres pour immobiliser les tonnes de ferraille. Romain Latin ayant rejoint son siège au
fond de l'avion parce qu’Alexa ne tenait pas à ce que le futur compagnon de son amie, Marie
Curry, ne soit exposé aux risques majeurs de la cabine de pilotage, le nouveau pilote n'avait
pas le moindre témoin de cette scène hallucinante à ses côtés. Elle percevait des forces,
vivantes, stoppant son avion à l'aide de leurs bras et de leur volonté. Elle les sentait
parfaitement bien qu'elles soient totalement invisibles aux yeux des mortels communs. Elle
avait invoqué Dieu et son ange gardien (Note de l'auteur : l'ange gardien d'Alexa, pas celui de
Dieu ! Dieu n'a pas besoin d'ange gardien puisqu'il est parfait. Le problème, c'est qu’Alexa est
parfaite aussi. Pourquoi a-t-elle donc besoin d'un ange gardien ? Si un lecteur trouve
l'explication, qu'il me la fournisse gratuitement et dans les meilleurs délais. J'écris parfois sans
maîtriser mes pulsions : comme celle d'adjoindre les services d'ange gardien à l'espiègle
détective). Lequel des deux avait monopolisé autant de bras décharnés ? Vu le bricolage et
l'artisanat déployé pour stopper le monstre lancé à toute allure, Alexa se douta qu'il avait
rameuté quelques connaissances au sein du Paradis & Co (Note de l'auteur : para disco ! Je
brûlais d'envie de la placer depuis quelque temps. Cela ne veut rien dire mais moi, je m'amuse
comme je veux !). Au moment même où elle songeait à cette explication, sa montre sonna. Il
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