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EN PÉRIPHÉRIE<br />
The Fog of War<br />
David Lynch<br />
The Amityville Horror<br />
En périphérie... du cinéma<br />
Montréal, c’est bien connu, est la ville des festivals,<br />
qui se suivent et se chevauchent, particulièrement<br />
en période estivale, à un rythme<br />
infernal. Si la tendance se maintient, Montréal pourrait<br />
bien acquérir un titre plus pointu en devenant la capitale<br />
des festivals de cinéma… En effet, la ville accueille<br />
ces jours-ci la 29 e édition du Festival des Films du<br />
Monde (FFM), qui débutait le 26 août et se poursuit<br />
jusqu’au 5 septembre (www.ffm-montreal.org) et la première<br />
édition du Festival international de films de<br />
Montréal (FIFM), patronné par l’équipe Spectra, véritable<br />
pépinière de l’événementiel, se tiendra du 18 au<br />
25 septembre (www.montrealfilmfest.com). À ces deux<br />
festivals généralistes s’ajoute le Festival du nouveau<br />
cinéma de Montréal (FNC) qui se tiendra du 13 au 23<br />
octobre prochain (www.nouveaucinema.ca).<br />
Le cinéma, c’est particulièrement vrai de sa variété<br />
américaine, est le royaume du produit dérivé et au sommet<br />
de cette pyramide de bricoles trône le dérivé par<br />
excellence : la « bande sonore originale » et ses divers…<br />
dérivés (on a même inventé, pour les films dans lesquels<br />
il était impossible de placer des hits radiophoniques, des<br />
disques regroupant des « musiques inspirées du film »…).<br />
On ne trouve cependant pas que des recueils de hits,<br />
peu s’en faut; il y a là un monde à explorer. Ce mois-ci,<br />
donc, une chronique « inspirée du film ».<br />
The Fog of War – A Film by Errol Morris - Music by Philip Glass<br />
Orange Mountain Music, 2003 (73 min 06 s) omm0010<br />
L’un des commentaires souvent entendus à propos de la<br />
musique de Philip Glass, c’est qu’elle ressemblerait à de la<br />
musique de film. Il a composé de nombreuses musiques originales<br />
pour le cinéma, depuis celle, très populaire, de<br />
Koyaanisqatsi (1983), jusqu’à celle de Taking Lives (2004), en<br />
passant par celles de Hamburger Hill (1987) ou Candyman<br />
(1992). Une chose est certaine, c’est que le compositeur ne fait<br />
pas d’effort particulier pour que la musique qu’il compose<br />
pour le cinéma se détache de sa production pour le concert.<br />
À cet égard, la seule particularité notable des pièces regroupées<br />
ici est leur brièveté (34 pièces dont la plus longue dure<br />
3’34"), le thème militariste fournissant tout au plus quelques<br />
couleurs au compositeur (principalement par l’emploi, caractéristique<br />
du genre, de la caisse claire). Michael Riesman, un<br />
collaborateur de longue date du compositeur (il a joint le<br />
Glass Ensemble en 1974) dirige un ensemble, anonyme, qui<br />
rend parfaitement les textures propres aux œuvres de Glass.<br />
David Lynch : The Elephant Man / Mulholland Drive<br />
Milan Entertainement, 2004 (40 min 33 s - 73 min 58 s) M2-36053<br />
Réalisateur pour le moins particulier, David Lynch s’est fait<br />
remarquer en 1977 par le film proto-surréaliste Eraserhead,<br />
auto-production pour laquelle Lynch réalise la partie la<br />
moins banale de la bande sonore. C’est chez Paramount<br />
Pictures que paraît en 1980 Elephant Man, avec cette foisci<br />
des musiques originales de John Morris, un compositeur<br />
plus habitué au slapstick d’un Mel Brooks qu’aux<br />
ambiances tragiques comme celle dans laquelle baigne<br />
cette biographie de John Merrick. On retient surtout la<br />
musique d’ouverture du film, dont l’instrumentation utilisant<br />
orgue de barbarie et métallophone est parfaitement<br />
dans le ton voulu, à la fois mystérieux et sordide. <strong>La</strong> bande<br />
sonore compte aussi une version convaincante de l’Adagio<br />
pour cordes de Samuel Barber, fournie par le London<br />
32 septembre 2005 september<br />
Réjean Beaucage<br />
Symphony Orchestra, dirigé par André Prévin. <strong>La</strong> musique<br />
de Mulholland Dr. (2001), un film qui devait au départ être<br />
une série télévisée, Lynch cherchant à rééditer le succès de<br />
Twin Peaks (1990), est très variée et inclut des œuvres populaires<br />
(Willie Dixon, Oscar Hammerstein II) et des<br />
musiques très branchées composées par Lynch et John Neff<br />
(déjà parues ailleurs). Certaines des musiques originales<br />
d’Angelo Badalamenti, interprétées par le Philharmonique<br />
de Prague, sont surprenantes et explorent des textures<br />
glauques rarement entendues à l’orchestre.<br />
The Amityville Horror<br />
Composed and conducted by <strong>La</strong>lo Schifrin<br />
Aleph Records, 2002 (60 min 52 s) Aleph Records 026<br />
S’il y a un genre qui offre au compositeur une palette<br />
d’atmosphères (en principe…), c’est bien le film d’horreur;<br />
c’est aussi un genre qui, plus que tout autre, peut<br />
être littéralement sauvé par une musique issue d’une<br />
imagination fertile. L’Argentin <strong>La</strong>lo Schifrin est certes de<br />
ceux-là. Ses premières musiques pour le cinéma furent<br />
composées dès 1957 dans son pays d’origine et, attiré aux<br />
États-Unis par Dizzie Gillespie (qui lui offrait de devenir<br />
son arrangeur), il allait bientôt devenir un très prolifique<br />
compositeur pour le cinéma et la télévision (The Man from<br />
U.N.C.L.E. [1964] et Mission: Impossible [1966], c’est lui,<br />
de même que le pilote de la série Planet of the Apes [1974],<br />
mais pour ce dernier titre, la musique du film de 1968,<br />
par Jerry Goldsmith, reste un inaltérable chef-d’œuvre).<br />
Sorti en 1979, The Amityville Horror, réalisé par Stuart<br />
Rosenberg, est une simple histoire de maison hantée qui<br />
a grandement bénéficié de la participation de Schifrin; le<br />
thème du film avec d’innocentes voix d’enfants chantonnant<br />
sur fond de musique inquiétante sera d’ailleurs souvent<br />
copié (voir A Nightmare on Elm Street, de Wes Craven<br />
[1984]). L’instrumentation de l’orchestre inclut un crystallophone<br />
et un waterphone, deux instruments qui peuvent<br />
produire des sons stridents très efficaces. Une<br />
musique très évocatrice qui peut très bien s’écouter sans<br />
les images du film, mais pas sans la chaire de poule…<br />
De nombreux autres compositeurs ont fait résonner<br />
leur talent dans les salles obscures pour le plus grand<br />
bien du septième art. On pense à Ennio Morricone, si<br />
inventif (particulièrement dans Giù la testa [Il était une<br />
fois la révolution, 1971]), ou à Tan Dun, qui réussit<br />
comme peu d’autres le mélange des musiques occidentale<br />
et orientale (dans Hero [2002], par exemple, de<br />
Zhang Yimou), et à combien d’autres, qui ne se contentent<br />
pas de coller du son sur les images, mais offrent<br />
vraiment au film son complément musical. p<br />
On pourra vivre cet automne deux expériences particulières<br />
alliant musique et cinéma :<br />
Le programme Ciné-mix propose la rencontre du documentaire<br />
Nanouk l’Esquimau (Nanook of the North - 1920), de Robert<br />
Flaherty avec la musique contemporaine d’Hector Zazou. À<br />
Québec, salle Multi du complexe Méduse, le 22 septembre<br />
(418.524.2113), et aux Escales Improbables, Vieux-Port de<br />
Montréal – Quai King-Edouard, les 24 et 25 septembre<br />
(514.223.8415).<br />
Le 3 octobre, au Théâtre Outremont, à Montréal, le Nouvel<br />
Ensemble Moderne interprétera la musique composée par François<br />
Paris pour le film À propos de Nice (1930), de Jean Vigo.<br />
www.nem.umontreal.ca