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Télécharger - La Scena Musicale

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Au Rayon du disque / Off the Record<br />

Marc Chénard, Charles Collard, Paul Serralheiro<br />

Orkestrova : Electric Ascension<br />

Atavistic UNS 159 CD<br />

★★★★★★<br />

Peu de musiciens dans les annales du jazz ont<br />

connu un destin aussi exemplaire que John<br />

Coltrane. Esprit solitaire et chercheur infatigable,<br />

il poursuivit sa quête sans répit jusqu'à<br />

sa mort prématurée à 40 ans. À l’époque de<br />

l’enregistrement d’Ascension en juin 1965, le<br />

saxophoniste était intuitivement conscient que<br />

la mouvance du free jazz, inaugurée par Ornette Coleman, serait la<br />

direction à suivre. Trente ans plus tard, le quatuor de saxophones<br />

Rova marqua dignement l’anniversaire de cet enregistrement en<br />

ralliant le gratin des improvisateurs pour une audacieuse reprise en<br />

concert. Près de dix ans plus tard, le quatuor récidive avec une<br />

nouvelle version, mais « électrifiée » cette fois-ci, le concept coltranien<br />

se trouvant conjugué au présent. Certes, ces messieurs ne<br />

manquaient pas de ressources pour réussir le pari et la lutherie<br />

électronique employée ici (guitares, platines et échantillonneur)<br />

introduit des possibilités nouvelles. Chris Brown, Nels Cline, Fred<br />

Frith, Ikue Mori et consorts ajoutent substance et diversité, nuancent<br />

les climats ou provoquent des événements imprévus. Tout cela<br />

justifie cependant quelques mises en garde, car, en s’engageant sur<br />

les sentiers de free, la musique suit très vite une courbe énergétique<br />

exponentielle. C’est un peu raide et déjanté, mais c’est le mode<br />

d’expression sur lequel s’appuie Rova depuis ses débuts dans les<br />

années 70. <strong>La</strong> redescente sur terre s’effectue en fin de parcours et<br />

les musiciens fraternisent dans la beauté apaisante du thème,<br />

comme si, dans la pureté limpide des hauteurs, ils avaient communié<br />

avec l’esprit du Maître. Cette Ascension de 63 minutes est un<br />

document aussi fort qu’intriguant, une autre pièce à conviction à<br />

verser au dossier de cet impressionant quatuor californien. CC<br />

Peter Epstein, Brad Shepik, Matt Kilmer: Lingua Franca<br />

Songlines SGL SA1555-2<br />

★★★★★✩<br />

Once in a while a disc comes along that makes you<br />

lift your head, perk up your ears and listen. This is<br />

one of them, and it’s no surprise that Lingua<br />

Franca comes on the adventurous Vancouver label,<br />

Songlines. The stripped-down trio of saxophone<br />

(Peter Epstein), guitar (Brad Shepik) and percussion<br />

(Matt Kilmer) recalls the groundbreaking<br />

Tiny Bell Trio, an important discographical event for the label, which<br />

documented and released trumpeter Dave Douglas’s early innovative<br />

career. While Tiny Bell (of which Shepik was a member) explored<br />

Eastern European music, in Lingua Franca, Epstein-Shepik-Kilmer bring<br />

in Eastern hemispherics, with Arabic, Indian and Pacific Rim-isms, along<br />

with some reggae and afro-intonations. Linking titles with aural offerings<br />

is somewhat tricky here, exotic connotations being conveyed by<br />

such monikers as “Monsaraz” and “Kumanovo,” but the more familiar<br />

sounding “Two Door,” which opens the disc, is equally exotic as it rises<br />

and develops like an Indian raga. There are several reasons this trio disc<br />

soars. First, there is no bass, and the space created thereby allows for<br />

greater timbral relief as percussion, guitar and alto and soprano lines<br />

interweave. Second, the use of percussion rather than the usual drum<br />

kit makes for a wider palette of rhythmic textures and colours. Finally,<br />

the music unfolds organically, the development being rhythmic, melodic<br />

and textural rather than the more usual harmonic-heavy tendencies<br />

of Western music. As the term Lingua Franca suggests, this recording<br />

offers a mixing of many dialects into a coherent, expressive new entity<br />

that will delight the ear. PS<br />

Paul Cram Orchestra : Live in Lisbon<br />

ombú 008<br />

★★★★✩✩<br />

Vétéran de la scène canadienne du jazz, le saxophoniste<br />

ténor, clarinettiste et surtout compositeur<br />

Paul Cram est l’animateur du Upstream<br />

Ensemble à Haliax, un collectif d’une vingtaine<br />

de musiciens. Près de la moitié des membres de<br />

ce groupe font également partie de ce tentet,<br />

dont le premier enregistrement, « Campin’ Out<br />

», était publié par les disques Victo en 2001. Trois ans plus tard,<br />

cette formation s’est produite dans la capitale portuguaise lors du<br />

festival annuel Jazz em Agosto. Voici donc cette prestation, disponible<br />

sur une jeune étiquette montréalaise, les Disques Ombu.<br />

Trois pièces sur les six figuraient déjà sur le disque précédent, ce<br />

qui donne lieu à d’intéressantes écoutes comparatives. Life of Crime,<br />

tout d’abord, est une pièce très rythmée, avec une pulsation insistante<br />

presque rock, mais qui s’ouvre en cours de route à des épisodes<br />

d’improvisations collectives; Kafka’s Chair, en contraste, met<br />

en vedette le violoncelliste Christoph Both, avec des interventions<br />

minimales de l’orchestre; Trouble in Paradise, enfin, offre une structure<br />

plus ouverte que la version antérieure, s’écartant davantage de<br />

l’ouverture en fanfare et des rythmiques rock qui la sous-tendaient.<br />

S’ajoutent aussi au programme trois autres œuvres du chef, Gaucho<br />

Joe, Bb Restaurant et High Ground. Imprégnée autant par la tradition<br />

du big band que par celle de la fanfare, la musique de Cram se situe<br />

donc à la croisée des styles (et des époques), les improvisations<br />

étant toutefois plus audacieuses que les compositions. Quant à<br />

choisir entre le meilleur des deux enregistrements de ce groupe,<br />

di√cile à dire, quoique cette nouveauté ait un soupçon d’aventure<br />

de plus que son prédécesseur. MC<br />

Vijay Iyer : Reimagine<br />

Savoy Jazz SVY 17475<br />

★★★★✩✩<br />

Américain de souche indienne, le pianiste<br />

Vijay Iyer compte parmi les talents émergents<br />

de la relève du jazz contemporain. Sa musique<br />

trahit ses origines ethniques, mais les sublime<br />

dans un langage harmonique sophistiqué et<br />

une rythmique complexe qui n’est pas sans<br />

rappeler le travail de Steve Coleman et<br />

d’autres membres du collectif M-Base. Dans ce nouvel enregistrement,<br />

paru sur le label Savoy, — étiquette historique dans les<br />

annales du jazz, mais qui vient de renaître de ses cendres — le<br />

pianiste est entouré de son plus proche acolyte, le saxo alto<br />

Rudresh Mahanthappa, en plus du bassiste Stephan Crump et du<br />

batteur Marcus Gilmore. Dix plages sont étalées sur une surface<br />

de près de 56 minutes (une durée à peu près idéale), toutes des<br />

compositions originales du pianiste. Outre la finale, Imagine (un<br />

solo piano de moins de quatre minutes, qui rappelle certaines<br />

musiques de salon d’antan), les autres pièces reflètent bien les<br />

ingrédients stylistiques soulignés en début de chronique. Dans<br />

son ensemble, la musique est assez dense, comportant plusieurs<br />

strates rythmiques, basse et batterie tenant une espèce de pulsation<br />

élastique, le piano brodant une variété d’accompagnements<br />

et de solos d’une articulation très précise, le saxophoniste<br />

a√chant une nette préférence pour des cascades de notes au<br />

double du tempo. Les assises sont donc très claires, rien n’est gratuit<br />

et pourtant… une certaine uniformité se fait sentir en cours<br />

de route, comme si la rigueur de la méthode contraignait le discours.<br />

Cela dit, il y a là une démarche musicale qui vaut la peine<br />

d’être écoutée. MC<br />

septembre 2005 september 51

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