Jean Leyris sculptures - Nîmes

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plupart du temps comme si celui-ci n’était qu’un phénomène strictement naturel,
n’obéissant qu’aux lois de la biologie.
Et pourtant ! N’est-ce pas à travers une solide épaisseur de verres forgés par
notre éducation, nos traditions, en un mot notre culture, que nous déchiffrons
le monde qui nous entoure ?
Aurions-nous déjà oublié, par exemple, combien a évolué au fil du siècle
dernier le regard porté par les Européens sur l’art du paléolithique, les masques
africains, les créations des fous, pour ne rien dire des peintures de Georges de
La Tour ?
Allons plus loin. Ce n’est pas seulement le regard des civilisations qui se
transforme au fil du temps. C’est également, et plus vivement encore car leur vie
est plus brève, celui des individus.
Ne suffit-il pas de quelques décennies, voire d’un petit nombre d’années,
pour que ma façon de contempler tel paysage, tel visage ou tel objet se modifie
du tout au tout, sans même que je l’aie voulu ? Et que dire alors du regard que je
puis être amené à porter sur une œuvre d’art, surtout lorsque j’en suis l’auteur ?
Telle est, en bref, l’aventure survenue à Jean Leyris. Après avoir décidé, au
seuil de ses trente-cinq ans, de devenir peintre et dessinateur (dessinateur autodidacte,
certes, et néanmoins, tous les professionnels en conviennent, de grand
talent) alors qu’il se mouvait jusque là dans une tout autre sphère, celle de la
production de spectacles vivants, le voici qui, moins d’une dizaine d’années plus