29.06.2013 Views

L'ibère et le basque: recherches et comparaisons

L'ibère et le basque: recherches et comparaisons

L'ibère et le basque: recherches et comparaisons

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

artxibo-00465824, version 1 - 22 Mar 2010<br />

préfixe n’apparaît pas du tout ainsi pour <strong>le</strong> verbe de même sens eman « donner/donné », <strong>le</strong><br />

suj<strong>et</strong> de transitif au présent étant toujours suffixé (demagu « nous <strong>le</strong> donnons ») comme noté<br />

ci-dessus, <strong>et</strong> <strong>le</strong> suj<strong>et</strong> au passé préfixé prenant la forme allongée gin(d)-/gen- ;<br />

à la 2 ème personne du pluriel pour zu « vous » (identique en ibère : voir plus loin)<br />

<strong>le</strong> préfixe de non présent pour *edun « avoir » est dans la forme médiéva<strong>le</strong> (1240) bazendu :<br />

« si vous l’aviez » ;<br />

il reste à établir <strong>le</strong>s correspondances éventuel<strong>le</strong>s pour la 2 ème personne du singulier<br />

(<strong>basque</strong> hi, suffixe verbal –k masculin, -n féminin);<br />

pour la 3ème personne de pluriel <strong>le</strong> suffixe ibère –se s’apparente au <strong>basque</strong> de<br />

même sens –tzi (voir ci-dessus : baniekarrse/banak(h)artzi), en réalité expression du seul<br />

pluriel, <strong>et</strong> non de la « personne » dans <strong>le</strong> verbe <strong>basque</strong>, puisque la 3 ème personne n’y est<br />

exprimée en tant que tel<strong>le</strong> qu’au datif (voir ci-dessus), -o- au singulier, -e- au pluriel, dont il<br />

reste à établir la présence ou l’absence en ibère.<br />

L’expression dans <strong>le</strong> verbe ibère de plusieurs actants <strong>le</strong> rapproche de la<br />

conjugaison dite « pluripersonnel<strong>le</strong> » propre au <strong>basque</strong> <strong>et</strong> à d’autres langues comme <strong>le</strong><br />

sumérien, <strong>le</strong> géorgien ancien <strong>et</strong> <strong>le</strong>s langues sud-caucasiennes. En <strong>basque</strong> la forme conjuguée<br />

exprime selon <strong>le</strong>s besoins l’actant suj<strong>et</strong> d’intransitif ou obj<strong>et</strong> de transitif (absolutif), l’actant<br />

suj<strong>et</strong> de transitif (ergatif), l’actant bénéficiaire (datif exprimé en <strong>basque</strong> aussi bien à<br />

l’intransitif qu’au transitif), <strong>et</strong> de plus éventuel<strong>le</strong>ment dans <strong>le</strong> dialogue l’allocutif (personne<br />

non actante à qui l’on s’adresse). Si toute c<strong>et</strong>te comp<strong>le</strong>xité n’a pu être détectée dans <strong>le</strong>s<br />

inscriptions ibères, par la nature même de ces inscriptions <strong>le</strong> plus souvent brèves <strong>et</strong> <strong>le</strong>ur<br />

contexte (dédicaces, formu<strong>le</strong>s funéraires, comptes commerciaux <strong>et</strong>c.), l’affixation dans <strong>le</strong><br />

verbe de plus d’un actant (à la différence du latin par exemp<strong>le</strong>, qui ne marque que <strong>le</strong>s<br />

changements de suj<strong>et</strong>), à savoir <strong>le</strong> suj<strong>et</strong> <strong>et</strong> l’obj<strong>et</strong>, suffit à justifier la caractère pluripersonnel<br />

du verbe conjugué ibère : ainsi dans l’exemp<strong>le</strong> plus haut cité de (ba)niekarse qui exprime,<br />

comme en <strong>basque</strong>, <strong>le</strong> suj<strong>et</strong> de 1 ère personne du singulier (-)n- <strong>et</strong> l’obj<strong>et</strong> de 3 ème personne de<br />

pluriel -se « (si) je <strong>le</strong>s apportais ».<br />

7) Le préfixe modal d’hypothèse ba- a été reconnu, par analogie avec <strong>le</strong> <strong>basque</strong>,<br />

dans c<strong>et</strong> exemp<strong>le</strong> baniekarse (correspondant au <strong>basque</strong> banek(h)artzi, ou dia<strong>le</strong>cta<strong>le</strong>ment –tza<br />

pour exprimer l’obj<strong>et</strong> pluriel de 3 ème personne) « si je <strong>le</strong>s apportais » : l’emploi ancien de la<br />

formu<strong>le</strong> hypothétique réduite avec <strong>le</strong> seul préfixe ba- (sans baldin « hypothèse » qui<br />

l’accompagne dans <strong>le</strong>s formu<strong>le</strong>s courantes baldin ba- « si oui » <strong>et</strong> après la négation pour<br />

ezpaldin ba- « si ne… pas ») est connu en <strong>basque</strong> par l’une des rares citations verba<strong>le</strong>s des<br />

textes médiévaux conservés, on bazendu (1110, 1240) « si vous trouviez bon ».<br />

3. 3. Le verbe «être » en ibère <strong>et</strong> en <strong>basque</strong><br />

Le <strong>basque</strong> exprime <strong>le</strong> verbe « être » de deux manières : 1° en emploi absolu <strong>et</strong><br />

auxiliaire premier de mode réél izan (suppléé par egon « rester » dans <strong>le</strong>s seuls dia<strong>le</strong>ctes<br />

ibériques pour représenter l’espagnol estar par opposition à ser), 2° en conjugaison de mode<br />

« volitif » par l’auxiliaire second *edin (dont <strong>le</strong>s formes nomina<strong>le</strong>s sont inusitées).<br />

Rien dans <strong>le</strong>s citations des inscriptions ibères ne semb<strong>le</strong> correspondre directement<br />

au premier auxiliaire <strong>basque</strong> izan <strong>et</strong> ses formes conjuguées, probab<strong>le</strong>ment très anciennes en<br />

<strong>basque</strong>. « Etre, se trouver » (estar en espagnol) a été reconnu dans <strong>le</strong> radical ibère *eke- du<br />

mot conjugué au présent take « il se trouve », <strong>et</strong> ce dernier comparé à l’auxiliaire <strong>basque</strong><br />

ibérique de substitution egon : sinon sémantiquement vu <strong>le</strong>urs va<strong>le</strong>urs de sens assez vagues,<br />

rien ne rapproche vraiment ces termes, <strong>et</strong> <strong>le</strong> voisinage serait bien plus apparent par exemp<strong>le</strong><br />

avec ekin/egin si <strong>le</strong> sens de ce verbe n’était « faire, agir », transitif par définition <strong>et</strong><br />

sémantiquement exclu. Aucun verbe <strong>basque</strong> connu dans <strong>le</strong> champ sémantique de « être, se<br />

trouver » n’est vraiment susceptib<strong>le</strong> d’être formel<strong>le</strong>ment rapproché de c<strong>et</strong> *eke ibère. Ce qui y<br />

ressemb<strong>le</strong> <strong>le</strong> plus est <strong>le</strong> suffixe modal de futur-potentiel (potentiel moderne, futur en soul<strong>et</strong>in)<br />

12

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!