L'ibère et le basque: recherches et comparaisons
L'ibère et le basque: recherches et comparaisons
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artxibo-00465824, version 1 - 22 Mar 2010<br />
d’indéterminé ; <strong>le</strong> pluriel ibère est marqué par <strong>le</strong> suffixe –k comme en <strong>basque</strong> à l’indéterminé<br />
(<strong>le</strong> déterminé est –ak au singulier, -ek au pluriel), ou par –ki, que <strong>le</strong> <strong>basque</strong> ne connaît pas en<br />
déclinaison nomina<strong>le</strong>, mais qui n’est pas sans une grande analogie avec l’infixe verbal –zki-<br />
de pluriel (jakizu « sachez-<strong>le</strong> », ikusazu « voyez-<strong>le</strong> », jakizkizu « sachez-<strong>le</strong>s », ikuskizu<br />
« voyez-<strong>le</strong>s »). Un déterminant –ba ou –ban serait apparu en ibère « tardivement » : or <strong>le</strong><br />
déterminant (« artic<strong>le</strong> ») défini –a est attesté déjà dans l’Antiquité <strong>et</strong> pratiquement<br />
contemporain à l’ibère dans ibarra « la vallée » (indéterminé ibarr « vallée ») ; <strong>le</strong>s premières<br />
citations écrites de noms <strong>basque</strong>s du IXe sièc<strong>le</strong> en usent comme la langue moderne.<br />
2) L’absence en ibère d’une marque d’ergatif ou actif (suj<strong>et</strong> du verbe transitif en<br />
<strong>basque</strong> marqué à l’indéterminé par –k comme <strong>le</strong> pluriel <strong>basque</strong> <strong>et</strong> ibère) est une différence<br />
majeure avec <strong>le</strong> <strong>basque</strong>, <strong>et</strong> l’ibère s’apparente de ce point de vue par exemp<strong>le</strong> au latin. La<br />
fonction de suj<strong>et</strong> serait seu<strong>le</strong>ment marquée en ibère par l’ordre des mots <strong>et</strong> <strong>le</strong> contexte. C’est<br />
aussi <strong>le</strong> contexte qui fait sens en <strong>basque</strong> dans <strong>le</strong> cas unique où <strong>le</strong> suj<strong>et</strong> actif déterminé<br />
singulier suffixé en -ak prend la même forme que l’obj<strong>et</strong> pluriel, mais l’ordre des mots reste<br />
libre <strong>et</strong> soumis éventuel<strong>le</strong>ment à d’autres contraintes que fonctionnel<strong>le</strong>s, <strong>et</strong> indifférent au sens<br />
de ce point de vue : gatuak saguak jan ditu, ou saguak gatuak jan ditu ou tout autre ordre des<br />
mots ne donne qu’un seul sens acceptab<strong>le</strong> (sauf contexte particulier): « <strong>le</strong> chat a mangé <strong>le</strong>s<br />
souris ». Un suffixe –ka ou –(i)ka (ARRIKALERKA) aurait marqué cependant l’actif en ibère<br />
quand <strong>le</strong> verbe était omis ou quand il fallait absolument distinguer pour la compréhension <strong>le</strong><br />
suj<strong>et</strong> de l’obj<strong>et</strong> ; il est bien diffici<strong>le</strong> de décider s’il y a ou non continuité sur ce point entre <strong>le</strong>s<br />
deux formes « inverses » <strong>basque</strong> –ak <strong>et</strong> ibère –(i)ka, mais la relation analogique est frappante.<br />
3) Le datif ibère serait –e comme en « aquitain », alors que <strong>le</strong> <strong>basque</strong> a –i : mais<br />
compte tenu de la relative instabilité ou relâchement d’aperture des voyel<strong>le</strong>s en <strong>basque</strong>, <strong>le</strong><br />
passage insensib<strong>le</strong> d’une forme à l’autre (dans quel sens à vrai dire –e > -i ou –i > -e ?) n’est<br />
pas impossib<strong>le</strong> à envisager.<br />
4) Le génitif dit « possessif » (distinct en <strong>basque</strong> du « locatif » -ko, quoique la<br />
distinction soit sémantiquement très approximative) est en ibère comme en <strong>basque</strong> –en : dans<br />
l’inscription citée plus haut AI(U)NATINEN ABINER, <strong>le</strong> nom de personne antéposé<br />
AI(U)NATIN comporte comme en <strong>basque</strong> <strong>le</strong> suffixe de génitif du complément de nom<br />
(« d’Aiunatin »). Au pluriel <strong>le</strong> suffixe ibère prend cependant <strong>le</strong>s formes –sken, -nken qui n’ont<br />
pas ou plus de correspondant <strong>basque</strong> (pour –z- marque de pluriel dans <strong>le</strong> verbe conjugué<br />
<strong>basque</strong> voir plus loin). Comme <strong>le</strong> <strong>basque</strong> a un suffixe de génitif sans nasa<strong>le</strong> –re,<br />
incontestab<strong>le</strong>ment archaïque en raison de son maintien dans <strong>le</strong>s pronoms personnels (bere,<br />
hire, gure, zure), <strong>et</strong> en dehors d’eux encore sporadiquement présent jusqu’au XVIe sièc<strong>le</strong><br />
(1545 avec nom de personne Etxeparere), une nasa<strong>le</strong> analogique –n a pu s’ajouter (sous<br />
l’influence de l’ibère, ou plus tôt ?). L’ibère exprimait aussi la relation possessive ou<br />
d’appartenance par d’autres moyens : 1° un suffixe –ar qui est analogique du suffixe <strong>basque</strong><br />
exprimant l’origine « de tel<strong>le</strong> région, famil<strong>le</strong> <strong>et</strong>c. » –arr (<strong>et</strong> avec la denta<strong>le</strong> de liaison –tarr<br />
dans certaines positions phonétiques), qui semb<strong>le</strong> par ail<strong>le</strong>urs sans solution de continuité<br />
depuis <strong>le</strong>s inscriptions antiques d’Aquitaine jusqu’au <strong>basque</strong> actuel ; 2° par un élément<br />
transcrit Yi qui a pu être comparé au suffixe du cas datif en <strong>basque</strong> -i, la proximité sémantique<br />
du génitif <strong>et</strong> du datif étant présente même en français dans l’emploi des prépositions d’origine<br />
« à » <strong>et</strong> « de » (« la maison à Untel » se dit comme « la maison d’Untel »).<br />
5) Le génitif des « êtres inanimés » en ibère –ku correspond de très près au génitif<br />
« locatif » du <strong>basque</strong> –ko, <strong>et</strong>, compte tenu du relâchement d’aperture des voyel<strong>le</strong>s en <strong>basque</strong>,<br />
c’est très probab<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> même.<br />
6) Les cas locatifs :<br />
l’ibère a un inessif (lieu sans mouvement) –n absolument identique au <strong>basque</strong> ;<br />
l’ablatif (en <strong>basque</strong> « élatif » : <strong>le</strong>s prépositions latines a(b) <strong>et</strong> e(x) expriment un<br />
mouvement « venu, issu de… ») ibère a été identifié sous la forme –te, <strong>et</strong> il correspond tout à<br />
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