L'ibère et le basque: recherches et comparaisons
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artxibo-00465824, version 1 - 22 Mar 2010<br />
2) Des différences el<strong>le</strong>s aussi importantes, qui apparaîtront sans doute mieux par<br />
la collation systématique de tous <strong>le</strong>s éléments comparab<strong>le</strong>s dans <strong>le</strong>s deux langues (voir II<br />
Lexique <strong>et</strong> III Toponymie), compte tenu, pour <strong>le</strong> <strong>basque</strong>, de tout ce qu’on sait ou qu’on<br />
suppose avec de bonnes raisons être redevab<strong>le</strong> à des changements (sous influence extérieure<br />
ou par modification interne) survenus dans <strong>le</strong>s derniers sièc<strong>le</strong>s, tout aussi frappantes à<br />
première vue, suggèrent qu’il y a entre la langue ibère <strong>et</strong> la langue <strong>basque</strong> bien plus que des<br />
disparités d’ordre simp<strong>le</strong>ment dia<strong>le</strong>ctal, tel<strong>le</strong>s par exemp<strong>le</strong> que cel<strong>le</strong>s qui opposent, aux deux<br />
bouts de l’espace bascophone, l’alavo-biscayen ancien <strong>et</strong> <strong>le</strong> roncalo-soul<strong>et</strong>in.<br />
3) La grande stabilité morpho-phonétique observée par tous <strong>le</strong>s spécialistes dans<br />
la langue <strong>basque</strong> depuis un demi-millénaire (<strong>le</strong>s premiers grands textes publiés <strong>le</strong> sont au<br />
XVIe sièc<strong>le</strong>) <strong>et</strong> bien au-delà pour <strong>le</strong>s fragments médiévaux très significatifs dans <strong>le</strong>ur<br />
éparpil<strong>le</strong>ment <strong>et</strong> <strong>le</strong>ur briév<strong>et</strong>é, <strong>le</strong>s <strong>le</strong>çons de l’onomastique médiéva<strong>le</strong> (un millénaire de<br />
citations écrites), la facilité relative pour définir <strong>le</strong> plus souvent <strong>le</strong>s changements apportés au<br />
<strong>basque</strong> par <strong>le</strong> voisinage latino-roman (encore que la recension systématique <strong>et</strong> exhaustive n’en<br />
ait pas été faite, ce qui est tout compte fait surprenant), <strong>et</strong> inversement ceux que <strong>le</strong> <strong>basque</strong> a<br />
fait subir aux emprunts directs au latin durant <strong>le</strong>ur longue période de contact, au temps même<br />
où l’ibère reculait <strong>et</strong> disparaissait devant la latinisation, tous ces faits perm<strong>et</strong>tent de déduire<br />
que ce qu’à juste titre on peut nommer <strong>le</strong> « paléo-<strong>basque</strong> » de l’Antiquité, à peu près<br />
dépourvu de témoignages directs, ne différait pas grandement, pour <strong>le</strong>s traits essentiels (hors<br />
emprunts), de la langue historique classique.<br />
On est d’autant mieux autorisé à conclure provisoirement que l’ibère <strong>et</strong> <strong>le</strong> « paléo<strong>basque</strong><br />
» contemporains d’il y a 2000 ans <strong>et</strong> plus n’étaient pas que des langues voisines par la<br />
situation géographique, grosso mode l’est de l’Hispania avec une partie du golfe du Lion en<br />
Gau<strong>le</strong> pour l’ibère, <strong>le</strong> nord-ouest de la rive gauche <strong>et</strong> de la vallée moyenne de l’Ebre pour <strong>le</strong><br />
<strong>basque</strong>, <strong>et</strong> jusqu’à la Garonne pour sa version « aquitaine ». El<strong>le</strong>s partageaient des traits<br />
phonétiques <strong>et</strong> morphologiques ou communs ou à divers degrés voisins qui <strong>le</strong>s différenciaient<br />
semb<strong>le</strong>-t-il profondément de l’univers linguistique environnant, au moins pour ce qui est du<br />
monde grec <strong>et</strong> latin. Les correspondances <strong>le</strong>xica<strong>le</strong>s <strong>et</strong> la comparaison toponymique vont dans<br />
<strong>le</strong> même sens. Il n’est pas moins raisonnab<strong>le</strong> de penser, dans l’état actuel des connaissances<br />
selon <strong>le</strong>s spécialistes, aussi bien sur l’ibère que sur ce « paléo-<strong>basque</strong> », que <strong>le</strong>s deux langues<br />
étaient néanmoins assez profondément différenciées, comme l’étaient hier, par comparaison<br />
approximative, <strong>le</strong> gaulois <strong>et</strong> <strong>le</strong> latin ou <strong>le</strong> grec, aujourd’hui l’anglais <strong>et</strong> l’al<strong>le</strong>mand.<br />
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