L'ibère et le basque: recherches et comparaisons
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artxibo-00465824, version 1 - 22 Mar 2010<br />
IRRIK’A : IUNZTIRIK’A sont deux noms de dieux (<strong>le</strong> second est au début du<br />
texte) juxtaposés, tous deux en fonction de suj<strong>et</strong> à marque ergative (on <strong>le</strong>s a r<strong>et</strong>rouvés dans<br />
d’autres inscriptions) « IRR- (agissant), IUNZTIR (agissant) », du verbe <strong>et</strong> du complément<br />
qui suivent. Par commodité <strong>et</strong> imitation du « complément d’agent passif » roman, l’ergatif<br />
<strong>basque</strong> est expliqué approximativement avec la préposition « par »<br />
ZIKITE : BAZIRR : l’analyse du premier terme conduit L. Silgo Gauche à y voir<br />
en dernier ressort un verbe conjugué avec préfixe d’obj<strong>et</strong> de 3 ème personne du pluriel, un<br />
radical verbal –ki- en relation avec <strong>le</strong> <strong>basque</strong> archaïque –(g)i- « faire, donner », dont ce<br />
pourrait être ici un « subjonctif » à va<strong>le</strong>ur de votif, avec omission du suffixe -n porté par<br />
d’autres inscriptions, « qu’ils (<strong>le</strong>s dieux IRR- <strong>et</strong> IUNZTIR) te donnent ». On note encore la<br />
coïncidence apparente de ce verbe <strong>et</strong> du passé <strong>basque</strong> zegite(n) « ils <strong>le</strong> faisaient », en va<strong>le</strong>ur<br />
de subjonctif « qu’ils <strong>le</strong> fissent », avec la marque fina<strong>le</strong> d’ergatif pluriel –te, <strong>le</strong> préfixe z- de<br />
passé (comme en <strong>basque</strong>), <strong>et</strong> l’omission du –n final (il y a des zones dia<strong>le</strong>cta<strong>le</strong>s <strong>basque</strong>s sans<br />
suffixe de passé, <strong>et</strong> <strong>le</strong> suffixe –la de complétif aujourd’hui obligatoire est omis dans l’exemp<strong>le</strong><br />
<strong>basque</strong> <strong>le</strong> plus ancien connu, la l<strong>et</strong>tre navarraise de 1415 : jakizu… dute « sachez … (qu’) ils<br />
ont ») ; au présent à va<strong>le</strong>ur de subjonctif <strong>le</strong> <strong>basque</strong> fait dagiten « qu’ils <strong>le</strong> donnent, qu’ils <strong>le</strong><br />
fassent ».<br />
Reste l’obj<strong>et</strong> de ce souhait exprimé dans <strong>le</strong> terme BAZIRR, ou selon d’autres<br />
<strong>le</strong>ctures BAZIR. Des divers rapprochements proposés par L. Silgo Gauche pour trouver un<br />
correspondant <strong>basque</strong> direct à ce terme, rapproché aussi de ZALIR au sens de « argent,<br />
monnaie » (voir ci-dessus), <strong>le</strong> plus prom<strong>et</strong>teur est celui du verbe irabazi « gagné, gain »,<br />
irabaz, irabazte « gagner », qui est manifestement un ancien factitif à préfixe ira-, construit<br />
sur un radical –baz- aujourd’hui par ail<strong>le</strong>urs inusité en <strong>basque</strong> (dans <strong>le</strong> biscayen batzai<br />
« récolte » la base est sans doute <strong>le</strong> nom verbal batze « réunir »), dont <strong>le</strong> sens ne pouvait être<br />
que quelque chose comme « obtenir, avoir, bénéficier » <strong>et</strong> nomina<strong>le</strong>ment « produit, avoir,<br />
bénéfice, avantage » <strong>et</strong> peut-être aussi « faveur » qui irait très bien dans une salutation fina<strong>le</strong>,<br />
équiva<strong>le</strong>nt d’une formu<strong>le</strong> classique comme « que <strong>le</strong>s dieux te favorisent (donnent faveur,<br />
avantage)».<br />
Le dernier mot du texte répète <strong>le</strong> nom de personne gaulois (« Catulatios ») du<br />
destinataire supposé qui était dans l’adresse initia<strong>le</strong>, ici compris comme génitif :<br />
K’ATULAT’IEN « de Catulatio ». En <strong>basque</strong> soul<strong>et</strong>in, depuis <strong>le</strong>s premiers textes suivis<br />
connus qui sont du début du XVIIème sièc<strong>le</strong> (Sauguis, Oyhénart), la forme de génitif vaut<br />
aussi prolatif « pour Catulatios », sans <strong>le</strong> suffixe terminal –(ren)tzat des autres dia<strong>le</strong>ctes, ce<br />
qui semb<strong>le</strong> bien être un archaïsme. En soul<strong>et</strong>in KATULATIEN vaudrait donc « pour<br />
Catulatio », qui achèverait <strong>le</strong> message par l’expression directe de l’envoi au destinataire.<br />
4.2. La comparaison entre deux phrases courtes ibères <strong>et</strong> ce que seraient <strong>le</strong>s<br />
phrases correspondantes en <strong>basque</strong>, malgré <strong>le</strong> caractère anachronique <strong>et</strong> sans doute gratuit<br />
d’une tel<strong>le</strong> comparaison, perm<strong>et</strong> de m<strong>et</strong>tre à jour <strong>et</strong> de faire ressentir à la fois <strong>le</strong>s proximités<br />
probab<strong>le</strong>s, aujourd’hui soulignées par tous <strong>le</strong>s spécialistes, <strong>et</strong> <strong>le</strong>s distances entre l’ibère<br />
« antique » <strong>et</strong> <strong>le</strong> <strong>basque</strong> « moderne ».<br />
a) Acte d’achat de blé (1 ère section du plomb d’Ensérune):<br />
En ibère : KATUBARR-EKA. ZIZPI. BARRKEIKE. KALIRIKE. TUNTIKE.N<br />
Le sens proposé, avec <strong>le</strong> verbe sous-entendu rétabli, est : « Catumaros (a ach<strong>et</strong>é)<br />
<strong>le</strong>s sept mesures de blé au prix de N… »<br />
En <strong>basque</strong> <strong>le</strong>s premiers termes auraient pour correspondants : GATUMARR-EK<br />
ZAZPI ARKA GARI-AK … C<strong>et</strong>te construction <strong>basque</strong> en apparence inversée (au lieu de<br />
ZAZPI GARI ARKAK) est extrêmement courante dans la langue parlée, <strong>et</strong> on dit<br />
ordinairement zazpi baso arnoak « <strong>le</strong>s sept verres de vin » <strong>et</strong>c. : <strong>le</strong>s compléments « de blé, de<br />
vin » fonctionnent alors comme des qualifiants postposés <strong>et</strong> norma<strong>le</strong>ment déclinés de<br />
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