Morsi veut impliquer l'armée P.9 - Liberté
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2<br />
L’actualité en question<br />
Pour l’instant, seul un député<br />
d’El-Bayadh a opté<br />
pour la démission. Cette<br />
problématique a fait l’objet<br />
d’une journée d’étude<br />
organisée par le ministère<br />
des Relations avec le Parlement. Le<br />
ministre a évoqué de manière générale<br />
la philosophie de ce problème qui<br />
s’est posé avec acuité dans l’actuelle législature.<br />
Même s’il considère, compte tenu de la<br />
loi, le cumul comme un délit, Saïd Mokadem,<br />
coordinateur des travaux, relèvera<br />
néanmoins plusieurs failles<br />
dans le dispositif de codification de cette<br />
fonction et l’absence d’une instance<br />
d’arbitrage. C’est une question, selon<br />
Dans une conférence organisée par le think<br />
tank de <strong>Liberté</strong> “Défendre l’entreprise”<br />
sur la thématique : “Que peut attendre la<br />
communauté économique algérienne de la révision<br />
INCOMPATIBILITÉ ENTRE ACTIVITÉ PROFESSIONNELLE ET MANDAT ÉLECTIF<br />
Le flou juridique<br />
La cinquantaine de cas d’incompatibilité avec le mandat électif enregistrés<br />
au niveau de l’APN connaîtra son épilogue d’ici la fin du mois.<br />
lui, de constitutionnalité et de morale.<br />
Les députés doivent faire une déclaration<br />
que le bureau de l’APN examine.<br />
Sauf que dans la situation de l’actuelle<br />
assemblée, l’on ne sait pas si tous<br />
les députés ont fait leur déclaration<br />
alors que le délai est largement dépassé.<br />
Le flou est également dans l’avis de la<br />
commission juridique qui, dans les<br />
faits, n’est pas exécutoire. Qui tranche<br />
en fait ? Le Conseil constitutionnel.<br />
Mais il n’est pas dans ses prérogatives.<br />
Du moins explicitement défini dans ses<br />
missions. Avec l’entrée dans l’hémicycle<br />
des hommes d’affaires, s’est ajouté le<br />
problème du conflit d’intérêts qui<br />
de la Constitution ?” donnée par le P r Mahiou, une<br />
sommité mondiale en matière de droit constitutionnel,<br />
l’orateur a, en disséquant le mode de gouvernance<br />
du pays, montré comment le système<br />
risque de se poser à tout moment. Le<br />
professeur Chaouche Bachir Yalès de<br />
la faculté de droit d’Oran a retracé,<br />
pour sa part, l’évolution de l’incompatibilité<br />
et ses variantes en Europe.<br />
L’universitaire parle de deux types de<br />
cumul.<br />
Un cumul vertical où l’élu ne peut,<br />
comme en France, siéger dans deux<br />
instances comme le Parlement et le Sénat.<br />
L’horizontal concerne les sièges<br />
dans les instances nationales, locales ou<br />
régionales. Mais cela diffère d’un pays<br />
à un autre.<br />
La tendance est actuellement, d’après<br />
lui, pour l’extension du domaine de l’incompatibilité.<br />
Bouzid Lezhari, membre<br />
du Conseil de la nation, a relevé le<br />
risque de constitution de lobbies par les<br />
cumuls de mandat.<br />
Il s’étalera longuement sur l’évolution<br />
de la législation à ce sujet depuis la<br />
Constitution de 1963. Les restrictions<br />
imposées depuis 2011 tendent à garantir<br />
l’indépendance du député pour<br />
qu’il se consacre exclusivement à l’action<br />
parlementaire.<br />
Tous les secteurs d’activité sont concernés,<br />
sauf les enseignants universitaires<br />
et les médecins du secteur public.<br />
Il a plaidé pour l’élargissement des prérogatives<br />
du Conseil constitutionnel<br />
pour qu’il ait un avis sur la question.<br />
Car aucune instance n’a pour l’instant<br />
d’avis exécutoire. Logiquement, le député<br />
présente sa déclaration dans un<br />
politique algérien est générateur de corruption.<br />
“On a transformé le pouvoir bureaucratique en<br />
source de rente et de corruption. En d’autres<br />
termes, on a une superposition d’organes bureaucratiques<br />
ayant le pouvoir de décision qui sont autant<br />
de sources de rentes et de corruption.”<br />
Selon lui, la meilleure manière de lutter contre ce<br />
phénomène est de disposer d’une justice indépendante,<br />
a-t-il ajouté. Il faudra commencer par<br />
un secteur, rendre des décisions de justice crédibles<br />
dans une affaire ou dans des affaires de corruption<br />
pour que l’exemple fasse tache d’huile. L’État<br />
recouvre ainsi sa crédibilité auprès des citoyens.<br />
Et l’effet de dissuasion se diffuse à la source de corruption.<br />
“L’exemple doit venir d’en haut”, a-t-il<br />
ajouté.<br />
“Le 51/49 est une aberration”<br />
L’essentiel de sa communication a porté également<br />
sur ses quatre suggestions au législateur pour améliorer<br />
le texte portant révision de la Constitution.<br />
L’Algérie se dotera bientôt de ce document qui<br />
aura certainement un impact sur la liberté d’entreprendre.<br />
En ce sens, il convient de réinsérer l’entrepreneur<br />
dans la Constitution en vue d’assurer<br />
dans les faits la liberté d’initiative et le développement<br />
du pays.<br />
Dans l’alinéa 6 du préambule, il propose d’élargir<br />
la participation à la gestion des affaires publiques<br />
aux entreprises : la participation des citoyens<br />
et des entreprises (ajout) à la gestion des<br />
affaires publiques et le développement national.<br />
Concernant l’article 37, la suggestion concerne<br />
l’initiative privée. Au lieu de “l’État œuvre à la promotion<br />
de l’entreprise nationale”, le conférencier<br />
propose cette précision : “L’État œuvre à la promotion<br />
de l’entreprise publique et privée.” L’orateur<br />
suggère d’amender l’article 53 (le droit à l’enseignement<br />
est garanti). On pourrait ajouter : “Le<br />
droit à l’enseignement public et privé est garanti.<br />
L’État organise l’enseignement public et privé et prévoit<br />
le régime régissant l’enseignement privé.” Il propose<br />
également que le Conseil économique et social<br />
soit constitutionnalisé.<br />
Le Cnes devient, en d’autres termes, un organe<br />
constitutionnalisé. La Constitution devrait consacrer<br />
notamment le pouvoir économique et social<br />
au sein du Sénat à travers la représentation de représentants<br />
des chefs d’entreprise, de syndicats et<br />
d’associations.<br />
Par la suite, le conférencier a abordé la question<br />
de la gouvernance des entreprises. Il a souligné<br />
d’emblée que l’État n’a pas permis à l’entreprise publique<br />
d’être efficace.<br />
Le professeur Mahiou pointe du doigt l’instabilité<br />
juridique du cadre régissant la gouvernance<br />
de l’entreprise publique. Jamais l’État n’a défini sa<br />
relation de façon cohérente avec ses entreprises<br />
Mardi 11 décembre 2012 LIBERTE<br />
délai de trente jours. Après consultation,<br />
la commission juridique donne<br />
un avis. Et le député a quinze jours<br />
pour prendre option.<br />
Passé ce délai, le député doit choisir<br />
une seule de ses fonctions. Et s’il ne fait<br />
pas de déclaration, il est considéré<br />
comme démissionnaire.<br />
Dans les faits, ce n’est pas tout à fait le<br />
cas. D’ailleurs, personne n’a été en<br />
mesure de répondre aux questions<br />
liées aux déclarations des députés, du<br />
nombre exact de cas d’incompatibilité,<br />
sachant que certains nouveaux élus<br />
continuent de cumuler.<br />
PROFESSEUR MAHIOU, DIRECTEUR DE RECHERCHE AU CNRS<br />
“On a transformé le pouvoir bureaucratique<br />
source de corruption”<br />
La meilleure manière de changer les choses est de commencer par un secteur, rendre les décisions de justice crédibles<br />
pour que l’exemple fasse tache d’huile, a suggéré le spécialiste sur un ton optimiste.<br />
Publicité<br />
DJILALI B.<br />
publiques. On devrait prononcer la faillite d’une<br />
entreprise publique déficitaire, quitte à prévoir un<br />
filet social pour les licenciés, a-t-il suggéré. Car,<br />
on ne peut indéfiniment soutenir des entreprises<br />
insolvables avec les recettes tirées des hydrocarbures.<br />
Par ailleurs, il soutient qu’on a hérité d’un système<br />
administratif français qualifié de bureaucratique.<br />
À la différence que le système bureaucratique<br />
français fonctionne. “Napoléon est le véritable<br />
créateur de la bureaucratie, mais la légion<br />
d’honneur de la bureaucratie devrait être attribuée<br />
à l’Algérie.”<br />
“On se retrouve devant une approche bureaucratique<br />
et dogmatique du système économique en Algérie”,<br />
a-t-il observé. Il citera dans la foulée<br />
deux aberrations. Primo : l’État algérien est le seul<br />
pays au monde à n’avoir pas de banques privées<br />
(à capitaux locaux). Ce n’est pas parce qu’“une<br />
banque a failli (banque Khalifa) qu’on condamne<br />
tout un secteur d’activité”.<br />
Autre aberration : le 51/49. “On comprend que l’État<br />
conserve la majorité des parts dans les secteurs<br />
stratégiques : hydrocarbures, télécommunications,<br />
services publics comme l’électricité, mais en quoi<br />
disposer de 0% ou 30% dans la production de<br />
chaussures gêne les intérêts de l’État. A fortiori<br />
quand on sait qu’avec 5% du capital, l’État peut<br />
contrôler l’entreprise concernée”, a-t-il argué.<br />
“La justice algérienne n’est pas crédible”<br />
Il observe également que la justice algérienne n’est<br />
pas crédible. Le juge n’est pas indépendant.<br />
“Dans certaines affaires, il ne délibère pas sans avoir<br />
reçu un coup de téléphone (verdict par téléphone)”,<br />
a-t-il ajouté.<br />
Au cours du débat, un intervenant a proposé de<br />
constitutionnaliser la non-discrimination entre<br />
entreprise publique et privée. M me Arkoun, spécialiste<br />
en droit, a évoqué, elle, le problème de l’insécurité<br />
juridique à travers la non-effectivité des<br />
lois, c'est-à-dire leur non-application sur le terrain.<br />
Quant au P r Bouzidi, membre du think tank<br />
“Défendre l’entreprise”, il a tenté de recadrer le débat<br />
en proposant sa grille de lecture. “Ce ne sont<br />
pas des incompétents au sommet. Ils ne sont pas<br />
débiles. Ils ne veulent pas tout simplement céder<br />
le pouvoir économique. Supposez que les opérateurs<br />
privés ne sont pas freinés dans leur expansion, ils<br />
seront en position de menacer le pouvoir de nos<br />
gouvernants”, a-t-il argué.<br />
En conclusion, le P r Mahiou a émis l’espoir que<br />
les Algériens “de tubes digestifs se transforment en<br />
muscles productifs (à l’avenir)”.<br />
K. REMOUCHE