Rencontres - Ville de Montreuil
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26<br />
Samedi 4 septembre<br />
13h45<br />
Another Year<br />
<strong>de</strong> Mike Leigh<br />
(Gran<strong>de</strong>-Bretagne - 2010 - 2h09)<br />
avec Michele Austin, David<br />
Bradley, Jim Broadbent<br />
Printemps, été, automne et hiver.<br />
La famille et l'amitié. Amour et<br />
réconfort. Joie et peine. Espoir et<br />
découragement. La fraternité. La<br />
solitu<strong>de</strong>. Une naissance. Une mort.<br />
Le temps passe...<br />
« Chez Mike Leigh, le mon<strong>de</strong> n’est<br />
ni tout blanc ni tout noir et les<br />
héros ne sont pas ceux que vous<br />
croyez. Les meilleures scènes se<br />
trouvent dans le potager où toute<br />
idée d’attente, <strong>de</strong> communion<br />
avec la vie et le temps se<br />
retrouvent. Les vieilles âmes<br />
déboussolées ne peuvent connaître<br />
cet éloge du temps qui passe,<br />
ils courent après au lieu <strong>de</strong><br />
l’apprécier ou le travailler,<br />
puisqu’ils sont bien plus en âge <strong>de</strong><br />
penser à la mort que d’espérer en<br />
la vie. La <strong>de</strong>rnière saison, l’hiver,<br />
s’avère la pério<strong>de</strong> la plus froi<strong>de</strong><br />
(les nuances bleutées renchérissent<br />
la tié<strong>de</strong>ur <strong>de</strong>s décors et<br />
s’ajoutent au drame) et donnent<br />
une <strong>de</strong>nsité au film à l’approche <strong>de</strong><br />
la perfection. Comment ne pas<br />
ressentir dans ce passage, la<br />
réflexion d’un vieil homme penché<br />
sur la mort ? Avant d’arriver à ce<br />
point, Mike Leigh n’oublie pas d’en<br />
rire. »<br />
Bélinda Saligot, Critikat.com<br />
Avant-première<br />
16h30<br />
En promena<strong>de</strong><br />
PROGRAMME DE COURTS<br />
MÉTRAGES D’ANIMATION<br />
EUROPÉENS<br />
Durée totale : 36 mn<br />
à voir dès 3 ans<br />
Le moineau qui<br />
ne sait pas siffler<br />
<strong>de</strong> Siri Melchior<br />
Décrocher la lune<br />
<strong>de</strong> Jutta Schünemann<br />
Gros Pois et Petit Point dans<br />
la tempête <strong>de</strong> neige<br />
<strong>de</strong> Uzi et Lotta Geffenblad<br />
Roulent les pommes<br />
<strong>de</strong> Reinis Kalnaellis<br />
Le Petit Corbeau<br />
<strong>de</strong> Raimke Groothuizen<br />
Booo<br />
<strong>de</strong> Alicja Jaworski<br />
« Tendresse, rire et douceur pour<br />
les plus petits spectateurs. ».<br />
Une merveille du cinéma d’animation<br />
contemporain.<br />
COUP-DE-CŒUR DU MÉLIÈS<br />
Avant-première<br />
17h30<br />
Potiche<br />
<strong>de</strong> François Ozon<br />
(France - 2010 - 1h40)<br />
avec Catherine Deneuve, Gérard<br />
Depardieu, Fabrice Luchini,<br />
Karin Viard, Judith Godrèche<br />
1977, dans une province <strong>de</strong> la<br />
bourgeoisie française. Suzanne<br />
Pujol est l'épouse popote et<br />
soumise du riche industriel Robert<br />
Pujol. Il dirige son usine <strong>de</strong><br />
parapluies d'une main <strong>de</strong> fer et se<br />
montre aussi désagréable et<br />
<strong>de</strong>spote avec ses ouvriers qu'avec<br />
ses enfants et sa femme qu'il<br />
prend pour une potiche. A la suite<br />
d'une grève très dure, Robert part<br />
se reposer. Suzanne se retrouve à<br />
la tête <strong>de</strong> l'usine, qu'elle remet en<br />
marche. Elle y améliore les<br />
conditions <strong>de</strong> travail <strong>de</strong>s ouvriers.<br />
Tout se complique lorsque Robert<br />
veut reprendre sa place... Ce film<br />
est en compétition à Venise.<br />
2 jours “ Festival “<br />
Renc’art au Méliès<br />
Avant-première<br />
19h45<br />
+ RENCONTRE AVEC<br />
LE CO-SCÉNARISTE ET<br />
PRODUCTEUR ETIENNE COMAR<br />
ET UN DES ACTEURS...<br />
et du 8 au 30 septembre<br />
Des hommes<br />
et <strong>de</strong>s dieux<br />
<strong>de</strong> Xavier Beauvois<br />
(France - 2010 - 2h)<br />
avec Lambert Wilson, Michael<br />
Lonsdale, Philippe Lau<strong>de</strong>nbach<br />
Grand prix du Jury –<br />
Cannes 2010<br />
voir fiche du film page 29<br />
Samedi 4 septembre<br />
2 jours “ Festival ”<br />
Renc’art au Méliès<br />
Avant-première<br />
23h et<br />
du 15 au 21 septembre<br />
The Housemaid<br />
<strong>de</strong> Im Sangsoo<br />
(Corée du Sud - 2010 - 1h47 - VO)<br />
avec Jeon Do-Yeon<br />
Avant d’entrer dans le vif <strong>de</strong> son<br />
sujet, Im Sang-soo a ouvert son<br />
film d’un préambule documentaire<br />
saisissant. Une scène <strong>de</strong> rue<br />
nocturne à Séoul où une armée <strong>de</strong><br />
femmes s’affaire autour d’étals,<br />
dépiautant du poisson ou faisant<br />
cuire <strong>de</strong>s beignets. Tandis que ce<br />
petit peuple condamné à perpète<br />
aux travaux forcés s’abrutit à ses<br />
tâches, l’esthétique réaliste<br />
s’évanouit <strong>de</strong>rrière l’image d’une<br />
jeune fille élégante qui s’apprête à<br />
se balancer du toit d’un immeuble.<br />
Personne ne la voit, tout le mon<strong>de</strong><br />
s’en fout. Personne ne veut la voir.<br />
Sauf, peut-être, cette jeune<br />
bouchère qui, sans comprendre<br />
pourquoi, ne parvient pas à<br />
dégager son regard du corps qui gît<br />
sur le sol.<br />
Droit <strong>de</strong> cuissage. Changement <strong>de</strong><br />
décor, changement <strong>de</strong> cinéma. Tout<br />
le film se déroule ensuite dans le<br />
huis-clos opulent d’une maison <strong>de</strong><br />
la très haute bourgeoisie, indécente<br />
<strong>de</strong> propreté et <strong>de</strong> couleurs<br />
concordantes. Ici, vivent la jeune<br />
maîtresse <strong>de</strong> maison enceinte <strong>de</strong><br />
jumeaux, son mari que l’on <strong>de</strong>vine<br />
gavé <strong>de</strong>puis l’enfance à tout ce que<br />
l’argent peut offrir, leur fille <strong>de</strong> 7<br />
ans et une vieille gouvernante qui<br />
tient la baraque avec la souplesse<br />
d’un adjudant <strong>de</strong> la Légion. Entre en<br />
piste la jolie bouchère qui se met au<br />
service <strong>de</strong> la famille idéale, sans<br />
l’ombre d’une illusion sur la vie<br />
d’esclave mo<strong>de</strong>rne qui l’attend.<br />
Y compris, évi<strong>de</strong>mment, le passage<br />
obligatoire par la case droit<br />
<strong>de</strong> cuissage, avec pourboire<br />
confortable à la clé.<br />
The Housemaid est le remake d’un<br />
film réalisé en 1960 par Kim Kiyoung,<br />
le roi du mélo coréen auquel<br />
la Cinémathèque française avait<br />
rendu hommage voici cinq ans.<br />
Dans la plupart <strong>de</strong> ses films, Kim Kiyoung<br />
reprenait le schéma <strong>de</strong><br />
l’allumeuse sans vergogne qui<br />
venait briser la douce harmonie<br />
familiale en profitant <strong>de</strong> la faiblesse<br />
<strong>de</strong>s hommes. Contrairement à son<br />
aîné, Im Sang-soo n’a pas calé son<br />
film sur la violente pulsion érotique<br />
qui traversait son époque. Tout ici,<br />
est affaire <strong>de</strong> violence sociale et du<br />
machisme <strong>de</strong>structeur d’une société<br />
qui n’apprend rien <strong>de</strong> son passé.<br />
Sans faire l’impasse sur une<br />
sensualité amenée à haute<br />
température, le cinéaste ne traite la<br />
question sexuelle que sous l’angle<br />
d’un pouvoir sans limite imposé par<br />
les maîtres à leurs domestiques.<br />
En dépit <strong>de</strong> cette représentation<br />
puissamment dépressive d’une lutte<br />
<strong>de</strong>s classes plus que jamais<br />
d’actualité, Im Sang-soo reste<br />
toujours dans les co<strong>de</strong>s du<br />
mélodrame le plus classique. Oui, la<br />
bonne tombe enceinte, oui, la jeune<br />
épouse s’étrangle <strong>de</strong> jalousie et oui,<br />
la vieille gouvernante ne peut<br />
s’empêcher <strong>de</strong> trahir sa condition.<br />
L’épatant travail <strong>de</strong> mise en scène<br />
d’Im Sang-soo consiste alors à<br />
dégoupiller un à un les ressorts<br />
dramatiques du mélo, soulignant le<br />
caractère désespéré <strong>de</strong> ce combat<br />
perdu d’avance.<br />
Mépris. A ce titre, les personnages<br />
<strong>de</strong> la vieille gouvernante et du<br />
maître <strong>de</strong> maison sont, en figures<br />
inversées, parfaits <strong>de</strong> complémentarité.<br />
Elle est un parangon<br />
d’austérité qui, une fois seule dans<br />
la maison, danse comme une<br />
gamine que ses parents auraient<br />
laissée un instant. Lui n’est pas<br />
seulement ce type horripilant<br />
d’aisance en toutes circonstances<br />
qui pousse le mépris jusqu’à rester<br />
toujours poli avec son personnel<br />
pour montrer qu’il lui est supérieur.<br />
Il est aussi celui qui s’offre avec la<br />
même froi<strong>de</strong>ur hautaine <strong>de</strong>s<br />
bouteilles <strong>de</strong> vin hors <strong>de</strong> prix ou<br />
COUP-DE-CŒUR DU MÉLIÈS<br />
une fellation <strong>de</strong> sa petite bonne.<br />
Parce que c’est pour lui, pour la race<br />
<strong>de</strong> seigneurs à laquelle il est sûr<br />
d’appartenir, que les meilleures<br />
choses du mon<strong>de</strong> ont été créées.<br />
Sinon, pour qui d’autre ?<br />
Dans ce formidable ballet <strong>de</strong> fauxcul<br />
qui rappelle parfois la dureté<br />
d’un Buñuel, Im Sang-soo n’a pas<br />
résisté à conclure son film sur une<br />
image forte, un brin trop<br />
spectaculaire, un peu trop «belle»,<br />
trop symbolique. Une scène qui,<br />
pourtant, n’enlève rien à<br />
l’impeccable clairvoyance <strong>de</strong> son<br />
regard sur une société mala<strong>de</strong> qui<br />
ne voit dans la régression sociale<br />
que sa plus pertinente forme<br />
d’évolution.<br />
Bruno Icher,Libération<br />
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