Trait d'Union octobre 2009 - Secours populaire 66
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et non fossile. Il n'en reste pas moins que les émissions de soufre, de métaux lourds et de particules<br />
cancérigènes, elles, sont quasi nulles, selon l'ADEME.<br />
• Comment la mettre en pratique<br />
Vaincre les blocages législatifs<br />
En France, nombreux sont les bricoleurs amateurs équipés pour effectuer leur propre transformation<br />
dans leur garage. L'opération est apparemment assez simple. Une fois traitée, l'huile n'a plus qu'à être<br />
ajoutée à hauteur de 30 à 50% à du diesel et le tour est joué.<br />
Seulement voilà, aussi élémentaire soit la manipulation, elle en demeure tout simplement illégale.<br />
Malgré une directive européenne de 2003 qui encourage, entre autres, l'utilisation des huiles végétales<br />
en tant que biocarburant, la loi française, elle, reste floue sur le sujet.<br />
Nous nous confrontons, ici, à un réel vide juridique d'une complexité dont seuls les Français ont le<br />
secret. Entre décret, loi, code des douanes et pratique, impossible de saisir la légalité. Toutefois, le fait<br />
est que seuls les agriculteurs sont autorisés à utiliser ce type d'huile végétale. Les collectivités,<br />
également, si et seulement si elles s'engagent à franchir une par une les nombreuses barrières<br />
procédurières établies.<br />
Concernant les particuliers, le vide s'élargit : rien ni personne ne l'autorise mais tout le monde semble le<br />
tolérer. Philippe Chesneau, vice-président de la région Paca, chargé de l'emploi ne se l'explique pas :<br />
"Les qualités environnementales de ces biocarburants à base d'huiles usagées sont évidentes et la<br />
pratique est créatrice d'emplois ! Malheureusement, le poids des pétroliers reste trop fort."<br />
Jean-Louis Roumegas, porte-parole des Verts, soutient l'hypothèse :<br />
"Cette illégalité n'est qu'une question de fiscalité, rien d'autre. Pourtant, le procédé fonctionne bien.<br />
Partout en France, des filières alternatives s'organisent. Pourquoi ne pas les légaliser et les encadrer ?"<br />
Quitte à leur faire payer, comme tout autre producteur de biocarburant, la taxe intérieure sur les produits<br />
pétroliers. Mais la question reste sans réponse du côté des pouvoirs publics…<br />
• Une collecte encore timide<br />
Quoi qu'il en soit, les huiles alimentaires usagées sont considérées par le législateur comme un déchet<br />
polluant. Les restaurateurs sont donc "tenus d'en assurer ou d'en faire assurer l'élimination dans les<br />
conditions propres à éviter les nuisances pour l'environnement", selon la loi du 13 juillet 1992. La mise<br />
en décharge ou dans les égouts de ces huiles est, bien évidemment, passible de poursuites, quelles<br />
qu'en soient les quantités.<br />
Une filière de collecteurs agréés s'est donc peu à peu créée sur tout le territoire, capable aujourd'hui de<br />
récolter 35% du gisement national et offrant un service de ramassage et de stockage des huiles de<br />
fritures de restauration. Mais pour quelle utilisation ? La revente à des pays, capables de la transformer<br />
et de l'utiliser en tant que carburant.<br />
Récapitulons : une ressource propre, qui ne puise pas dans le capital naturel de la planète, est<br />
accessible en quantité non négligeable sur le territoire. Pourtant, les deux tiers se retrouvent très<br />
certainement dans les égouts puis dans les stations d'épuration, non équipées pour traiter ce type de<br />
graisse. D'où leurs dysfonctionnements si fréquents. Et le tiers que l'on réussit à sauver est envoyé à<br />
l'étranger pour une utilisation visant à réduire la dépendance des pays aux énergies fossiles,<br />
conformément au Protocole de Kyoto…<br />
• Des usagers de plus en plus nombreux<br />
C'est très précisément cette situation absurde qui a donné naissance à<br />
l'association Roule ma frite (RMF) en 2005 à Marseille. Equipée du<br />
matériel nécessaire au filtrage et nettoyage de l'huile, RMF la collecte<br />
auprès des restaurateurs locaux puis fournit à ces 500 adhérents un<br />
mélange gazole/HAU, à 60 centimes le litre, voire 40 centimes quand le<br />
chauffeur apporte sa propre huile. "Notre action est tout d'abord militante",<br />
explique Catherine Nieuwenhove, directrice de RMF Marseille :<br />
"Nous sommes pour une économie locale et écologique. Alors la loi, on ne s'en préoccupe pas.<br />
D'ailleurs, nos adhérents et nous-mêmes n'avons jamais d'ennuis avec la justice. Ce serait absurde<br />
puisque nous agissons conformément au droit européen !"