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Trait d'Union octobre 2009 - Secours populaire 66

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Dans le petit monde écolo, tous ces griefs, ont donné naissance à un nouveau slogan : "les agro<br />

carburants sont des nécro carburants".<br />

En face, les huiles de fritures.<br />

"Nous n’avons pas la solution qui va tout remplacer, admet Gregory, mais nous, on part d’un déchet. Ca<br />

veut dire que la plante qui a servit à le produire a déjà fait son cycle carbone".<br />

Et côté rejet de gaz carbonique par le pot d’échappement, difficile de faire mieux : "La combustion de<br />

ces huiles dans un moteur ne génère aucun gaz à effet de serre, au contraire" assure Etienne Poitrat,<br />

responsable des biocarburants à l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie (ADEME).<br />

En un peu plus d’un an d’existence, Roule ma fritte 17 a rapidement décollé. "C’est normal, dit Gregory,<br />

on propose un service de proximité qui répond à un vrai besoin". D’ici quelque mois, il envisage<br />

d’embaucher un collecteur d’huile.<br />

"C’est la base de l’économie sociale et solidaire, s’enthousiasme-t-il, gagner de l’argent en rendant<br />

service et en créant des emplois à l’année".<br />

Car il faut répondre à la demande. Pour certain restaurateurs, le recyclage des huiles est devenu un<br />

argument marketing, placardé sur la porte d’entrée des établissements.<br />

"On est un resto écolo à fond et les clients recherchent cette qualité", lance Michael Vignaud,<br />

propriétaire du snack "Captain Mimi", partenaire depuis le début.<br />

Roule ma fritte vient même de décrocher un appel d’offre de la communauté d’agglomération de La<br />

Rochelle pour construire une station de filtrage d’huile de friture. L’année prochaine, la flotte automobile<br />

des 17 communes de cette agglomération carburera aux déchets des restaurants. Un paradoxe car<br />

cette activité est en partie illégale.<br />

• Totalement interdit<br />

En France, pour les particuliers, faire fonctionner son véhicule à l’huile de friture est, au même titre que<br />

l’huile de colza, totalement interdit. La raison ? Ce carburant échappe à la taxe intérieure sur les produits<br />

pétroliers (TIPP). Et le problème c’est que<br />

"ces huiles peuvent rejeter des toxiques comme les aldéhydes, note Etienne Poitrat de l’ADEME, en<br />

outre, ce carburant n’est pas universel car il nécessite souvent une adaptation du moteur et marche très<br />

mal en hiver".<br />

Seuls les pêcheurs, les agriculteurs et les collectivités territoriales ont le droit d’utiliser les huiles<br />

végétales et les huiles de friture comme carburant. Pour les particuliers, l’amende encourue est d’une<br />

fois ou deux le montant des taxes non payées et de 22 euros pour la TIPP.<br />

• Le premier procès d’un 'huileux'<br />

Pour autant, le cadre législatif n’est pas clair. "Nous ne sommes pas totalement dans l’illégalité" tempère<br />

Gregory qui ne demande qu’à payer des impôts pour être en conformité avec la loi. Mais il estime<br />

qu’avec la TVA hôtelière, son huile de friture déjà taxée une fois ne saurait l’être une seconde. Et les<br />

huileux, comme ils se nomment eux-mêmes, se fondent sur une directive européenne (2003-30) non<br />

transcrites en droit français et qui enjoignent chaque Etat membre à développer les biocarburants dans<br />

les transports.<br />

Certains, comme Lionel Lambert, ont déjà fait les frais de cette législation. Cet enseignant originaire de<br />

la Marne pour qui "le pétrole est une énergie finie" roule aux huiles végétales récoltées dans les fonds<br />

de cuves des agriculteurs et à l’huile de friture provenant des restaurants depuis des années pour :<br />

" Lutter contre les gaz à effets de serre et les lobbies pétroliers."<br />

Un soir, flairant une étrange odeur de friture s’échapper de son pot d’échappement, les douanes l’ont<br />

arrêté.<br />

Soutenu par l'association écoléo, Lionel Lambert a décidé de porter plainte contre la douane. Son<br />

procès, le 15 juin 2006, fut le premier du genre en France. Le juge de proximité n’a pas tranché sur le<br />

fond mais a condamné l’administration à le rembourser.<br />

L’éclairage législatif pourrait venir le 28 mai prochain, de la Cour d’Appel de Reims qui rejugera l’affaire<br />

à la demande de l’administration douanière condamnée en première instance à restituer le montant de<br />

l’amende infligée à Lionel Lambert. Pour son avocate, Caroline Gouzy : "Les douanes ont fait de ce cas

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