Trait d'Union octobre 2009 - Secours populaire 66
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Palais et jardins de Cöthen d'après une gravure de Matthäus Merian Topographia (1650)<br />
De 1717 à 1723, il est maître de chapelle (Kapellmeister) à la cour du<br />
prince Léopold d'Anhalt-Cöthen, beau-frère du duc de Weimar.<br />
Le prince, calviniste, est brillant musicien (il joue avec talent du<br />
clavecin, du violon et de la viole de gambe). Son Grand Tour de<br />
(1710-1713) le met en contact avec la musique profane italienne et le<br />
convainc de la nécessité de développer la musique profane allemande<br />
- d'autant que ses convictions religieuses lui interdisent la musique<br />
d'église. Une opportunité se présente à lui : Frédéric-Guillaume Ier de Prusse qui vient d'accéder au<br />
pouvoir ne montre aucun intérêt pour les arts (il licencia les artistes de la Cour et les dépenses<br />
baissèrent de 80 % en une année) ; le prince Léopold peut attirer des musiciens de la cour de Berlin<br />
vers celle de Cöthen, qui dispose rapidement de 18 instrumentistes d'excellent niveau. La musique<br />
engloutit dès lors le quart du budget pourtant limité de la principauté de Anhalt-Köthen qui devient un<br />
important centre musical.<br />
L'ambiance y est informelle : le prince traite ses musiciens comme ses égaux, les emmène même à<br />
Carlsbad (maintenant Karlovy Vary en République Tchèque) "prendre les bains" et joue souvent avec<br />
eux, parfois même chez Bach lorsque sa mère Gisela Agnes s'irrite de la présence perpétuelle de<br />
l'orchestre au palais. Son poste offre à Bach tout le confort pécuniaire – 400 talers par an - et amical<br />
désiré - le prince Léopold est d'ailleurs le parrain de Léopold Augustus Bach, le dernier enfant de Maria<br />
Barbara.<br />
Cette période heureuse de la maturité est propice à l'écriture de ses plus grandes œuvres<br />
instrumentales pour luth, flûte, violon (Sonates et partitas pour violon solo), clavecin (premier livre du<br />
"Clavier Bien Tempéré"), violoncelle (Suites pour violoncelle seul), et les Six concertos<br />
brandebourgeois.<br />
Mais un événement va faire basculer la vie de Bach : la mort de sa femme Maria Barbara. Il en est<br />
d'autant plus bouleversé qu'il n'apprend la mort et l'enterrement de Maria Barbara qu'à son retour de<br />
Dresde. Cet événement le marque si profondément qu'il attend un an et demi avant de se remarier<br />
avec Anna Magdalena Bach, fille d'un grand musicien et choriste de la cour de Coethen.<br />
Il songe ainsi à quitter cet endroit empli de souvenirs d'autant qu'il ne pouvait composer de musique<br />
sacrée dans une cour calviniste, ce qui peut-être lui manquait. De plus, la deuxième femme du Duc,<br />
épousée en 1721, semble être 'épine amusa' (selon les dires de Bach), c’est-à-dire peu sensible aux<br />
arts en général, et en détourne son mari. Parallèlement, le prince doit contribuer toujours plus aux<br />
dépenses militaires prussiennes.<br />
Bach cherche un nouvel emploi : il se donne en un concert très remarqué (par Johann Adam Reinken y<br />
compris) à la Jacobikirche de Hamburg et se voit presque proposer un poste. Il rassemble, de plus, un<br />
recueil de ses meilleures œuvres concertantes (les Six concertos brandebourgeois) et les envoie au<br />
margrave de Brandebourg qui lui avait marqué un certain intérêt deux ans auparavant. Enfin, il postule<br />
à Leipzig, où le poste de Cantor est vacant et lui permet une plus grande renommée dans le Saint-<br />
Empire, mais aussi en Pologne et en France (le duc de Saxe<br />
est roi de Pologne et a fréquenté la cour de Versailles avec<br />
laquelle il garde de bonnes relations).<br />
Il obtient le poste de Cantor de Leipzig (qui est pourtant d'un<br />
rang inférieur à celui de Kapellmeister qu'il occupait auprès<br />
du prince) et compose la Passion selon Saint Jean,<br />
première œuvre à venir, avec ardeur à Köthen.<br />
• Leipzig<br />
Une photographie de l'extérieur de l'appartement de Bach à l'extrémité de l'école<br />
de St Thomas, prise avant sa démolition en 1902. Trois marches mènent à la porte<br />
De 1723 à 1750, soit plus de vingt-cinq ans à Leipzig, Bach<br />
succède à Johann Kuhnau, comme cantor de l'église<br />
luthérienne saint Thomas. Le poste ayant été précédemment refusé par le grand Georg Philipp<br />
Telemann, le conseil tente de débaucher d'autres compositeurs : Christoph Graupner décline (son