Le site de Chaktomuk Le Bœng Chœng Ek Sculpture à quatre faces du temple du Bayon 6 SCHEMA DIRECTEUR DE PHNOM-PENH. 30 mars 2005
1. ÉTAT DES LIEUX ET ENJEUX ______________________________ 1.1 LE PAYSAGE ACTUEL DE PHNOM PENH ET DE SES ALENTOURS Un site exceptionnel : le fleuve <strong>et</strong> ses « quatre faces » Beaucoup de villes se sont implantées le long de grands fleuves, d’abord pour des raisons pratiques (prise d’eau, desserte), mais établissant avec le fleuve une relation paysagère : vue de la ville sur le fleuve, son ambiance <strong>et</strong> l’horizon qu’il offre ; mise en scène de la façade <strong>et</strong> de la silhou<strong>et</strong>te urbaines depuis le fleuve ; interface comprenant promenades, quais, emmarchements, corniches, pavillons, <strong>et</strong>c. Paris, Prague, Budapest, Bénarès ont ainsi magnifié leur relation à leur fleuve. Certaines villes bénéficient d’une configuration particulièrement favorable à c<strong>et</strong>te relation, grâce à la présence de trois bras, formés par un confluent (Lyon) ou par l’entrée d’un delta (Le Caire, ou plus précisément le site du Kanater, un peu en aval de la ville). Les sites à quatre bras, formés par la conjonction d’un confluent <strong>et</strong> d’une entrée de delta, sont exceptionnels, <strong>et</strong> Phnom Penh est peut être unique au monde à c<strong>et</strong> égard. Deux de ces bras sont formés par un des grands fleuves du monde, le Mékong, qui baigne toute la péninsule indochinoise. Le troisième, le Tonlé Sap, est un affluent un peu particulier, puisqu’il coule à rebours de juin à novembre, quand le Mékong grossi de la fonte des neiges de l’Himalaya va par son intermédiaire remplir le lac central du Cambodge. Le quatrième bras du site, le Bassac, est le premier bras du delta du Mékong. Le caractère unique de ce site a toujours été reconnu par ses habitants : ils parlent non des quatre bras mais des « quatre faces » (signification du nom en pali du site, Chaktomuk, qui rappelle les sculptures à quatre faces du temple du Bayon), ils aiment à flâner sur les quais le soir ou à y faire leur gymnastique au p<strong>et</strong>it matin, <strong>et</strong> célèbrent chaque année, en novembre, par la fête des eaux, l’inversion du cours du Tonlé Sap. Les grands bœngs, un paysage aquatique Les étendues d’eau sont un élément majeur du paysage cambodgien. Au plus fort de la mousson, une grande partie du pays est inondée <strong>et</strong> le lac du Tonlé Sap, au centre du Cambodge, voit sa superficie multipliée de deux à quatre fois. De nombreux lacs, plus ou moins grands, les bœngs, subsistent en saison sèche, entourés de vastes zones marécageuses. Le site de Phnom Penh est marqué par deux grands bœngs, qui délimitent l’agglomération actuelle : au nord, le Bœng Poung Peay, au sud le Bœng Chœng Ek, chacun accompagné de plusieurs bœngs plus p<strong>et</strong>its avec lesquels ils sont réunis en saison des pluies. La ville englobe un bœng de taille moyenne, le Bœng Kak, <strong>et</strong> plusieurs p<strong>et</strong>its (Bœng Trabek, Bœng Saleng). Les bœngs sont utilisés pour la pêche <strong>et</strong> pour des cultures flottantes (lotus, liserons d’eau), mais à la différence des fleuves, leurs abords ne sont pas mis en valeur : en ville, l’habitat s’y développe densément, sans se tourner vers l’eau <strong>et</strong> barrant tout accès, d’abord sur pilotis, puis en remblayant peu à peu le bœng jusqu’à le faire disparaître ; aux abords des bœngs suburbains, les carrières prolifèrent de façon parfois anarchique. SCHEMA DIRECTEUR DE PHNOM-PENH. PLAN VERT ET BLEU. 30 mars 2005. 7