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envoûtante... Accompagnée par le groupe Montanha Negra -composé de bodegas,<br />
bohas, hautbois, accordéon, percussions et chant- leur musique tient autant du bal <strong>à</strong><br />
écouter que du concert <strong>à</strong> danser !<br />
Elle dit : «je n’avais pas la bodega dans mes chromosomes ». Comprendre qu’elle n’est pas d’ici !<br />
Et pour cause, c’est du côté de la Belgique, père ardennais, maman de Charleroi, qu’elle a<br />
grandi. Elle dit aussi « cet instrument m’a permis de comprendre ce qu’est l’autre ». Et<br />
d’évidence, quiconque voudrait débattre de quoi est tissée une identité culturelle, serait bien<br />
inspiré d’inviter Sophie Jacques de Dixmude, cette délicieuse greffe en pays d’Oc. Car jouer d’un<br />
instrument étranger <strong>à</strong> ses marques, passe encore, mais en devenir l’une des figures de proue et<br />
s’employer <strong>à</strong> le défendre dans sa pleine dimension mythologique, sociale, patrimoniale et<br />
créative, cela fait beaucoup. D’autant qu’en matière de « marqueur identitaire » avec la bodega,<br />
« i a quicom », il y a un morceau, comme on dit dans le Haut-Languedoc où cette cornemuse<br />
géante s’enracine, version bodega (Montagne Noire et Lauragais, côté sud), version craba (côté<br />
nord)… Ainsi dût-elle apprendre l’occitan, clef de compréhension de la dimension animiste de<br />
l’instrument ; apprivoiser un son qui est aussi un paysage ; retrouver avec d’autres allumés les<br />
clefs d’une orthodoxie musicale ; explorer les arcanes et les richesses d’un patrimoine immatériel<br />
induit par cette peau de chèvre. Une quête de l’ordre de l’anthropologie qui sera guidée par une<br />
intuition, <strong>à</strong> savoir que la bodega, grâce <strong>à</strong> sa richesse harmonique et sa puissance évocatrice,<br />
recelait des possibilités musicales énormes et qu’elle ne demandait qu’<strong>à</strong> s’ouvrir <strong>à</strong> la planète…<br />
Vingt ans plus tard, Sophie Jacques de Dixmude peut avouer : j’ai appris <strong>à</strong> écouter ce que la<br />
bodega avait <strong>à</strong> me dire et ce qu’est une culture ». Soit le double message d’un instrument<br />
passeur d’identités, dépositaire d’une histoire collective, c’est-<strong>à</strong>-dire d’un certain rapport au<br />
monde. De fait, tournant le dos <strong>à</strong> toute momification muséale, tricotant les savoirs et les<br />
imaginaires, elle contribue <strong>à</strong> lui redonner une place majuscule dans la grande fratrie des<br />
musiques du monde . Frank Tenaille<br />
Bodega, Buf de vida est un documentaire sur l’aventure de Sophie Jacques. Donnant la parole<br />
aux principaux artisans de sa renaissance, il sera projeté au Musée Départemental <strong>Arles</strong> Antique,<br />
mercredi 13 juillet <strong>à</strong> 14h30, en présence de Sophie Jacques de Dixmude (cf page 34)<br />
Dimanche 17 juillet – <strong>à</strong> 10h30, accueil café, offert par le Château<br />
<strong>à</strong> 10h45, CONGOPUNQ, France - gratuit<br />
Concert proposé dans le cadre de la Journée Buissonnière, en clôture du Festival.<br />
Pendant que l’un distord le piano <strong>à</strong> pouces et transforme la Great Black music en une<br />
transe dansante funk et électro, le second - DOCTEUR KONG- fait son show sans chanter<br />
ni jouer d’instrument. Armé d’une batterie d’accessoires, il se charge d’instaurer le<br />
dialogue avec le public... Un happening musical surréaliste et le dernier projet ovni du<br />
maître de l’improvisation, CYRIL ATEF, que l’on connaît en tant que moitié de Bumcello et<br />
batteur de M.<br />
Cyril Atef a passé plus de la moitié de sa vie derrière la batterie, <strong>à</strong> accompagner des<br />
musiciens pour la plupart devenus des amis ; ou plutôt <strong>à</strong> les booster par son énergie qui<br />
puise <strong>à</strong> <strong>tous</strong> les registres. Un peu <strong>à</strong> l’image de son identité, mi-iranien mi-jurassien, né <strong>à</strong><br />
Berlin, grandi aux Usa, épanoui en France où il a débarqué <strong>à</strong> l’adolescence. Puis retour<br />
au pays du jazz où il étudie la percussion. Depuis, il s’est bien installé derrière les fûts<br />
avec Princess Erika, Cheb Mami, L’Orchestre National de Barbès, Brigitte Fontaine,<br />
Bashung, Matthieu Chedid… Il était temps de voir en solo l’ex-futur punk ! CongopunQ<br />
est donc son dernier délire, né après avoir découvert Konono n°1. Il fonde alors cette<br />
entité avec son compère Constantin Leu, alias Docteur Kong, en lui proposant de faire ce<br />
qu’il voulait et de lui voler la vedette ! Lequel, espèce de dada un peu danseur, un peu<br />
comédien, beaucoup n’importe quoi, ne se fait pas prier pour faire de la poésie visuelle.<br />
Comprendre : faire des crêpes pendant le concert, monter une tente, servir le café, jouer<br />
avec des élastiques ou même crier… Mais attention, sous des dehors foutraques,<br />
CongopunQ commence <strong>à</strong> se tailler une belle réputation !<br />
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