Thèse Correia Daniela version de diffusion - Université de Bourgogne
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Dans la <strong>de</strong>rnière décennie, plusieurs o<strong>de</strong>urs <strong>de</strong> moisi ou <strong>de</strong> terre ont été mises en<br />
évi<strong>de</strong>nce dans diverses régions viticoles <strong>de</strong> France (Bor<strong>de</strong>lais, Beaujolais, Val <strong>de</strong> Loire,<br />
<strong>Bourgogne</strong>) et se sont traduites par <strong>de</strong>s pertes économiques. Plusieurs molécules responsables<br />
<strong>de</strong> cette déviation organoleptique ont pu être i<strong>de</strong>ntifiées (fenchol, fenchone, 2-<br />
méthylisobornéol, géosmine, …) (La Guerche et al., 2006).<br />
La (-)-géosmine est connue <strong>de</strong>puis longtemps comme polluant <strong>de</strong> l’eau, issue <strong>de</strong> la<br />
prolifération <strong>de</strong> bactéries filamenteuses (Gerber et Lechevalier, 1965) ou <strong>de</strong> Penicillium<br />
expansum (Mattheis et Roberts, 1992). Dans les vins, l’origine fongique <strong>de</strong>s molécules<br />
associées au goût moisi-terreux a été démontrée (Darriet et al., 2000), mais seule la géosmine<br />
s’est révélée non dégradée lors <strong>de</strong> la fermentation alcoolique.<br />
Parmi les moisissures retrouvées dans le vignoble, Botrytis cinerea est l’une <strong>de</strong>s plus<br />
fréquentes. C’est un contaminant recherché (« pourriture noble ») pour l’élaboration <strong>de</strong> raisins<br />
« rôtis » <strong>de</strong>stinés à la production <strong>de</strong>s vins liquoreux, mais c’est aussi un agent pathogène <strong>de</strong> la<br />
vigne, responsable <strong>de</strong> la « pourriture grise » et producteur <strong>de</strong> 2-méthylisoborneol. La<br />
dégradation <strong>de</strong>s baies <strong>de</strong> raisins par ce champignon, favorise l’installation secondaire d’autres<br />
formes <strong>de</strong> pourriture, à l’origine <strong>de</strong> nouvelles déviations organoleptiques (La Guerche, 2004).<br />
L'activité bioci<strong>de</strong> du cuivre est connue <strong>de</strong>puis longtemps. La « Bouille Bor<strong>de</strong>laise »<br />
(CuSO4 + Ca(OH)2), dans laquelle l’acidité du sulfate <strong>de</strong> cuivre est neutralisée par <strong>de</strong> la chaux<br />
éteinte, est un fongici<strong>de</strong> mis au point au début <strong>de</strong>s années 1880 par Ulysse Gayon et Alexis<br />
Millar<strong>de</strong>t lors <strong>de</strong> leur collaboration pour protéger les vignes du « mildiou » (Plasmopara<br />
viticola) ; il contient 20 % (m/m) <strong>de</strong> cuivre. Depuis cette date, le cuivre est entré dans la<br />
composition <strong>de</strong> fongici<strong>de</strong>s appartenant aux diverses familles chimiques (sulfates, hydroxy<strong>de</strong>s,<br />
oxychlorures, ...).<br />
Suite aux traitements préventifs <strong>de</strong> la vigne, les niveaux <strong>de</strong> cuivre peuvent atteindre <strong>de</strong><br />
fortes concentrations dans l’environnement <strong>de</strong>s ceps (Brun et al., 2001). Paradoxalement, cet<br />
état favorise la prolifération et la persistance <strong>de</strong> spores du genre Penicillium. Yamamoto et al.<br />
(1985), ont ainsi montré que le genre Penicillium était prédominant dans <strong>de</strong>s sols pollués par<br />
le cuivre. Or, il a été démontré que la production <strong>de</strong> géosmine par P. expansum est stimulée<br />
par la présence <strong>de</strong> cuivre (Dionigi et Ingram, 1994).<br />
Des étu<strong>de</strong>s préliminaires sur milieu modèle, en cultures pures et en co-cultures <strong>de</strong> B.<br />
cinerea et P. expansum, ont confirmé que le 2-méthylisobornéol est produit par les<br />
moisissures du genre Botrytis et que la géosmine est produite, entre autres, par P. expansum<br />
(Charpentier et al., 2006). Ces <strong>de</strong>ux composés qui dérivent <strong>de</strong> la voie du mévalonate, sont <strong>de</strong>s<br />
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