Friedrich Nietzsche - Sociologie:Système LMD
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<strong>Friedrich</strong> <strong>Nietzsche</strong> 28<br />
C'est donc se méprendre grossièrement que de parler d'une victoire de la civilisation<br />
et de la culture allemandes et cette confusion repose sur le fait qu'en Allemagne la<br />
conception nette de la culture s'est perdue. » [70]<br />
La pensée de <strong>Nietzsche</strong> a pu sembler foncièrement apolitique, pourtant le problème de<br />
l'éducation et de la réussite d'une grande culture l’a hanté toute sa vie.<br />
Critique de la philosophie universitaire<br />
Ce problème est au cœur des Considérations Inactuelles : dans sa troisième Considérations<br />
Inactuelles, il reprend les critiques de Schopenhauer contre la philosophie universitaire. On<br />
ne peut à la fois servir l'État et la vérité. Quand l'État nomme des « philosophes », il le fait<br />
pour sa puissance. <strong>Nietzsche</strong> soupçonne d'ailleurs que le véritable but de l'université est de<br />
dégoûter les jeunes gens de la puissance que constitue l'authentique philosophie en les<br />
abêtissant :<br />
« D'UNE PROMOTION DE DOCTORAT. -« Quelle est la mission de toute instruction<br />
supérieure ? - Faire de l'homme une machine. - Quel moyen faut-il employer pour cela<br />
? - Il faut apprendre à l'homme à s'ennuyer. - Comment y arrive-t-on ? - Par la notion<br />
du devoir. - Qui doit-on lui présenter comme modèle ? - le philologue : il apprend à<br />
bûcher. - Quel est l'homme parfait ? - Le fonctionnaire de l'État. - Quelle est la<br />
philosophie qui donne la formule supérieure pour le fonctionnaire de l'État ? - Celle de<br />
Kant : le fonctionnaire en tant que chose en soi, placé sur le fonctionnaire en tant<br />
qu'apparence. » - » [71]<br />
Ainsi, la philosophie universitaire est-elle ennuyeuse, approximative, arbitraire, et est une<br />
fumisterie de la culture moderne. À ce propos, <strong>Nietzsche</strong> cite l'anecdote du philosophe qui<br />
demandait à une personne en deuil la cause de son malheur ; quand on lui eut appris qu'un<br />
grand philosophe venait de mourir, il s'étonna : un philosophe ? Mais… il n'a jamais affligé<br />
personne !<br />
Comme ce philosophe, il faut dire, selon <strong>Nietzsche</strong>, que la philosophie universitaire n'afflige<br />
personne, et que cela même est affligeant ! La solution pour remédier à cette situation<br />
serait alors d'expulser les « philosophes » de l'université, de leur retirer leur traitement<br />
pour faire le tri, voire de les persécuter. On verrait ainsi où sont les véritables penseurs,<br />
comme l'était Schopenhauer [72] .<br />
Critique des philistins de la culture<br />
Cette critique de la philosophie universitaire est un aspect capital de la critique qu'il<br />
adresse à ceux qu'il appelle les philistins de la culture et qui révèle l'état misérable de la<br />
civilisation allemande, notamment depuis sa victoire militaire sur la France, victoire qui a<br />
marqué, selon lui, la fin lamentable de l'histoire de l'abêtissement millénaire de<br />
l'Allemagne.<br />
« - je l’ai imputé aux Allemands, comme philistinisme et goût du confort : mais ce<br />
laisser-aller est européen et « bien d’aujourd’hui », pas seulement en morale et en art.<br />
»<br />
<strong>Nietzsche</strong> critique particulièrement l'illusion qu'avaient les Allemands, après leur victoire<br />
contre la France en 1870, que cette victoire militaire signifiait également une victoire<br />
culturelle, une supériorité de la culture allemande sur la culture française. Au contraire, il<br />
affirme que malgré sa défaite, la France a conservé sa domination culturelle.