Friedrich Nietzsche - Sociologie:Système LMD
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<strong>Friedrich</strong> <strong>Nietzsche</strong> 6<br />
Volonté de puissance, perspectivisme et interprétation de<br />
la réalité<br />
• Volonté vers la puissance<br />
• Pathos et structure<br />
• La Volonté de puissance comme interprétation<br />
• Le corps comme fil conducteur<br />
• Interprétation, apparence et réalité<br />
• Le génie du cœur<br />
Sommaire de la section<br />
Le concept de Volonté de puissance est, pour de nombreux commentateurs (Heidegger, [24]<br />
M. Haar [25] par exemple), l'un des concepts centraux de la pensée de <strong>Nietzsche</strong>, dans la<br />
mesure où il est pour lui un instrument de description du monde. C'est pourquoi il est<br />
souvent utilisé pour exposer l'ensemble de sa philosophie.<br />
Volonté vers la puissance<br />
On peut traduire Wille zur Macht par "volonté vers la puissance" car le datif, en allemand,<br />
rend compte de cette idée de tension. En effet, il ne s'agit pas d'une volonté de puissance<br />
en tant que telle car on ne veut pas la puissance au sens traditionnel de la volonté, mais en<br />
revanche il existe quelque chose dans la volonté qui affirme sa puissance. Le concept de<br />
volonté de puissance est construit de cette manière contre toute la tradition philosophique<br />
depuis Platon, qui préconise deux manières de saisir l'essence du vivant : le Conatus, chez<br />
Spinoza (le fait de "persévérer dans l'être") et le vouloir-vivre chez Schopenhauer<br />
(<strong>Nietzsche</strong> fut conquis par la philosophie de Schopenhauer avant de la critiquer). Mais chez<br />
<strong>Nietzsche</strong>, vivre n'est en aucune façon une conservation, au contraire, pour lui, se<br />
conserver c'est s'affaiblir dans le nihilisme, seul le dépassement de soi<br />
(Selbst-Überwindung) de la puissance par la volonté et de la volonté par la puissance est<br />
essentiel à la vie et donne son sens à la volonté de puissance.<br />
En tant que description du monde, la Volonté de puissance est un concept métaphysique,<br />
puisqu'il qualifie l'étant en sa totalité (selon Heidegger et Müller-Lauter [26] ) :<br />
« L'essence la plus intime de l'être est la volonté de puissance. » [27]<br />
Tout étant est pour <strong>Nietzsche</strong> Volonté de puissance, et il n'y a d'être qu'en tant que Volonté<br />
de puissance. En ce sens, ce fragment résume la philosophie de <strong>Nietzsche</strong> ; mais c'est<br />
aussi, selon <strong>Nietzsche</strong>, le point de départ de son projet de réévaluer les valeurs<br />
traditionnelles de la métaphysique à partir d'une nouvelle perspective prise sur les valeurs<br />
humaines produites jusqu'ici, ce qui doit, d'une part, entraîner l'abolition des valeurs<br />
idéalistes platonico-chrétiennes, et, d'autre part, entraîner un mouvement antagoniste au<br />
développement de l'histoire sous l'influence de Platon, mouvement qui conduirait alors à<br />
une réévaluation de la vie [28] .<br />
Le but de <strong>Nietzsche</strong> est de saper par ce concept les fondements de toutes les philosophies<br />
passées (parce que le perspectivisme en montre le caractère dogmatique), et de renouveler<br />
la question des valeurs que nous attribuons à certaines notions (la vérité, le bien) et à notre<br />
existence, en posant la question de savoir ce qui fait la valeur propre d'une perspective :<br />
par exemple, quelle est la valeur de la valeur de la vérité ? [29] La question qui découle pour<br />
<strong>Nietzsche</strong> de cette mise en question est de savoir si l'on peut établir ensuite une nouvelle<br />
hiérarchie des interprétations et sur quelles bases. <strong>Nietzsche</strong> n'est ainsi pas tant un