Friedrich Nietzsche - Sociologie:Système LMD
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<strong>Friedrich</strong> <strong>Nietzsche</strong> 50<br />
Les falsifications<br />
Voir La Volonté de puissance pour un exposé détaillé de la falsification de ce livre.<br />
Les textes de <strong>Nietzsche</strong> ont subi de nombreuses manipulations, et ont été utilisés de<br />
manières fort diverses avant d'être finalement édités scientifiquement par Giorgio Colli et<br />
Mazzino Montinari, sans parler des travaux antérieurs de Karl Schlechta (1904-1985).<br />
Nationalisme, nazisme et fascisme<br />
Les écrits de <strong>Nietzsche</strong>, trente ans après sa mort, ont servi de caution au régime nazi,<br />
comme bien d'autres classiques de la culture allemande (Goethe n'avait pas non plus bonne<br />
opinion des vertus allemandes). Cette utilisation ne fut cependant possible qu'au prix d'une<br />
falsification des textes, dont Alfred Baümler fut l'un des principaux artisans, et d'une<br />
condamnation de certains des aspects de sa pensée que les nazis ont perçus comme<br />
anti-germaniques et philosémitiques [120] .<br />
La doctrine de <strong>Nietzsche</strong> critique l'idée d'un asservissement de l'individu d'exception à la<br />
masse. À côté d'un réel mépris pour les systèmes démocratiques (aspect exploité par le<br />
régime nazi) dans la mesure où l'égalitarisme prétend s'imposer en tout domaine, il existe<br />
chez <strong>Nietzsche</strong> un mépris au moins équivalent pour les systèmes totalitaires, qui épuisent<br />
les peuples et les dépossèdent de leur avenir en détruisant les germes de la culture.<br />
<strong>Nietzsche</strong> exprima également son mépris des idéologies raciales (il parle ainsi de «<br />
fumisterie des races »), et dénonce sans ambiguïté les affabulations du mythe aryen («<br />
balourdise aryenne » qui n'existe que par une falsification de l'histoire). Il existe ainsi de<br />
nombreux aphorismes dans lesquelles <strong>Nietzsche</strong> dénonce les différents aspects de ce qui<br />
allait devenir le fascisme italien et le nazisme : l'État fort, l'antisémitisme, le racisme, le<br />
nationalisme, le militarisme, le populisme, etc.<br />
Par exemple, <strong>Nietzsche</strong> écrit dans Le Voyageur et son ombre, en 1878 [121] :<br />
« Partout où l’ignorance, la malpropreté et la superstition sont encore coutumières,<br />
partout où le commerce est faible, l’agriculture misérable, le clergé puissant, on<br />
rencontre encore les costumes nationaux. »<br />
L'esprit national, qui s'exprime dans des costumes traditionnels, n'existe donc que par la<br />
pauvreté et l'ignorance d'un peuple dominé par une caste dont l'intérêt est de maintenir la<br />
population dans la misère.<br />
En 1882, dans Le Gai Savoir, il développe la même opinion :<br />
« [...] mais d’autre part nous sommes bien loin d’être assez « allemands » — tel qu’on<br />
emploie aujourd’hui le mot « allemand » — pour être les porte-parole du nationalisme<br />
et de la haine des races, pour pouvoir nous réjouir des maux de cœur nationaux et de<br />
l’empoisonnement du sang, qui font qu’en Europe un peuple se barricade contre<br />
l’autre comme si une quarantaine les séparait. Pour cela nous sommes trop libres de<br />
toute prévention, trop malicieux, trop délicats, nous avons aussi trop voyagé : nous<br />
préférons de beaucoup vivre dans les montagnes, à l’écart, « inactuels », dans des<br />
siècles passés ou futurs, ne fût-ce que pour nous épargner la rage silencieuse, à quoi<br />
nous condamnerait le spectacle d’une politique qui rend l’esprit allemand stérile,<br />
puisqu’elle le rend vaniteux, et qui est de plus une petite politique : — n’a-t-elle pas<br />
besoin, pour que sa propre création ne s’écroule pas aussitôt édifiée, de se dresser<br />
entre deux haines mortelles ? n’est-elle pas forcée de vouloir éterniser le morcellement<br />
de l’Europe en petits États ? » [122]