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La philosophie au XXe siècle - Blog Gai Savoir

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De cette façon, la description définie disparaît pour laisser<br />

place à deux prédicats (« être roi de France » et « être ch<strong>au</strong>ve »)<br />

qui entrent dans trois propositions distinctes, lesquelles précisent<br />

en fait les conditions <strong>au</strong>xquelles la phrase initiale pourrait<br />

être vraie.<br />

Mais, comme je viens de l’indiquer en parlant d’empirisme<br />

et de nominalisme, le souci de la grammaire logique, chez Russell,<br />

répond à des préoccupations épistémologiques que n’avait<br />

pas Frege. Celui-ci défendait la logique contre les théories empiristes<br />

de J. -S. Mill, tandis que Russell voit en elle un instrument<br />

pour résoudre les problèmes philosophiques liées à la<br />

théorie de la connaissance. L’analyse qui met en évidence la<br />

forme logique et non grammaticale des phrases permet de déterminer<br />

plus facilement les réalités individuelles qui existent<br />

vraiment, dans le temps et l’espace, et de rejeter les entités abstraites<br />

<strong>au</strong>xquelles le langage ordinaire nous persuade aisément<br />

d’attribuer une existence non empirique. Apparaît ainsi avec<br />

Russell un thème positiviste qui sera largement développé par le<br />

Cercle de Vienne, mais qui n’est pas, chez le philosophe anglais,<br />

sans relations avec sa critique de la religion chrétienne, notamment<br />

dans son Histoire de la <strong>philosophie</strong> occidentale (1946).<br />

En fait, pour Russell, même les noms propres du langage<br />

ordinaire ne sont pas ces symboles simples, désignant directement<br />

les individus, que l’analyse doit dégager grâce à la quantification.<br />

Ces noms ne sont en réalité que des descriptions définies<br />

abrégées et déguisées, des périphrases descriptives qu’il<br />

f<strong>au</strong>t également éliminer d’une langue bien construite. « Absalon<br />

», par exemple, ne désigne un être réel, un individu, que par<br />

l’intermédiaire d’une description définie. Dans la conception de<br />

Russell, « Absalon » a pour sens « le fils de David, tué par<br />

Joab », et, sans cette information, ne désigne rien. On perçoit<br />

sans doute la conséquence de cette théorie : les vrais noms<br />

propres, les noms propres logiques qui seront combinés à des<br />

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