PAïlTIE OFFICIELLE .

62 MÉTHODES ,
rencontrer dan s là socie'l é j l'incmlite' ou grossièret é es t un de s vices qu i attirent
le plus la haine de s autres hommes.
L'incivilité' di t Labruyère , n'es t pas u n vice, ell e es t l'effet d e plusieur s
vices , d e la sott e vanité , d e l'ignorance d e se s devoir s , d e la paresse, d e la
stupidité, d e la distraction, d u mépri s de s autres , de la jalousie. Pou r n e se
répandre que su r les dehors, ell e n'en es t qu e plus haïssable , parc e qu e c'es t
toujours un défaut visible e t manifeste : il es t vrai cependant qu'il offens e plus
ou moins ^ selon la caus e qui le produit .
C'est en examinant les cause s et les effet s de l'incivilité,que nou s arriveron s
àbien comprendr e la politesse et à l'examiner dans les diverses applications aux
positions de la vie.
On peut faire dérive r l'incivilité de quatr e sources principales :
1 ° D'une rM5«ïC!i e naturell e qu i nou s empêch e d e montre r de l a com .
plaisance pou r le s autres , e t d'avoi r d e juste s égard s pou r leu r état ,
leur positio n social e e t cette brutalité rustique dépl'ai t à tout le monde. Ains i
quiconque désir e montrer qu'i l a reçu le s premier s principe s de l'éducatio n ,
doit cherche r à dépouiller celt e rusticit é qu i es t l a marqu e l a plu s certain e
d'un manque total d e bons sentiments .
D'un mépris pou r les autres , qu i provien t d'u n fonds d'amour-propr e
excessif; e t qu'on n e croie pa s que ce mépris des autre s es t l e partage exclusi f
des enfant s riche s don t les parents on t de s titres , de s dignités e t un e grand e
fortune. C e défau t se trouv e quelquefoi s dan s le s enfant s d'un e bass e con -
dition.
5° D'u n esprit de critique trè s contrair e à l a politesse. Personn e n'aim e
voir ses défauts exposé s a u gran d jou r e n présenc e d e tous. U n reproch e es t
toujours accompagn é d e quelque honte, e t l a révélation publique d'u n défau t
fait toujour s d e la pein e à la personne qu i e n es t l'objet .
La raillerie, lorsqu'ell e es t accompagné e d'u n tou r gracieux e t d'une ex -
pression délicate, es t plus supportable . Mais , comm e cette espèc e d'incivilit é
amuse ceu x qu i n'e n son t pas l'objet , le s railleur s s'imaginen t faussemen t
qu'elle n' a rien d'incivil, pourv u qu'ell e soi t renfermé e dan s d e justes bor -
nes ; cependan t ils devraien t réfléchir qu e s'il s réjouissen t un e assemblé e e n
excitant le s éclats d e rire, c'es t au x dépens d'une personn e qu'ils tournen t e n
ridicule, et qu i ])a r conséquent doit en souffrir . Nous verrons plus bas qu'il es t
une sorte de raillerie permise , c'es t cell e qu i es t u n vrai suje t d e louang e
alors le s idée s agréable s qu i constituen t l a raillerie étan t flatteuses e t diver -
tissantes tou t à la fois, l a personne raillé e y trouv e so n compte e t prend par t
au divertissemen t commun . Mais , comm e i l es t trè s difficil e d e s e conteni r
dans de s bornes exactes, e t que l e moindr e écart peut vous suscite r de s ennemis
irréconciliables e t d'autan t plus dangereu x qu'ils affecteraient de ne pas se
fâcher , nou s conseillons d'évite r avec u n gran d soi n la raillerie , mêm e lorsqu'on
se sentirai t un e habileté remarquabl e à la manie r avec esprit .
4° D'u n esprit de contradiction e t d'un e susceptibilité outrée, défaut s
qui tiennent à un amour-propre exalté , e t nous font dan s l e mond e beaucou p
d'ennemis. L a complaisanc e n e doi t pas alle r jusqu'à approuve r indistincte -
ment et sans cesse les raisonnements faux ou les absurdités que nous entendons. La
politesse ne s'oppose pa s à c e qu'on réfute les opinions fausses et à ce qu'on redresse
les méprise s des autres: mai s il faut le fair e avec toutes les précaution s
qu'exigent le s circonstance s ; san s cel a vou s offense z pa r votre to n tranchan t