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Portraits de résistants - PCF Bassin d'Arcachon

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02 Septembre 2010<br />

François Lescure La mo<strong>de</strong>stie têtue<br />

Par Caroline Constant, Journaliste.<br />

Le jeune étudiant communiste, qui <strong>de</strong>viendra une <strong>de</strong>s figures <strong>de</strong> l’Humanité et <strong>de</strong><br />

l’Humanité Dimanche, est l’un <strong>de</strong>s organisateurs <strong>de</strong> la première manifestation publique,<br />

celle <strong>de</strong>s jeunes contre l’occupant nazi le 11 novembre 1940 à l’Arc <strong>de</strong> triomphe.<br />

Ce 11 novembre 1940, il est 17h30. La nuit est déjà tombée. Pourtant, <strong>de</strong>s Champs-Élysées<br />

et <strong>de</strong>s rues adjacentes, <strong>de</strong>s centaines, <strong>de</strong>s milliers <strong>de</strong> jeunes gens et <strong>de</strong> jeunes filles<br />

remontent vers l’Étoile. Par grappes. Ou seuls. Ils sont étudiants et lycéens. Pendant <strong>de</strong>ux<br />

heures, avant que les nazis n’interviennent, ils se rassemblent aux cris <strong>de</strong> Vive la France, en<br />

entonnant la Marseillaise et le Chant du départ. Dans les rues <strong>de</strong> Paris, <strong>de</strong>puis juin, les gens<br />

baissent la tête. Sur les murs du métro, <strong>de</strong>s affichettes rouges annoncent déjà <strong>de</strong>s<br />

exécutions. Mais la jeunesse vient <strong>de</strong> signer son premier acte <strong>de</strong> résistance. Et parmi les<br />

artisans <strong>de</strong> cette manifestation, un peu à l’écart, par mesure <strong>de</strong> sécurité, il y a François<br />

Lescure. Il a tout juste vingt ans. Il est communiste. Et il vit déjà en semi-clan<strong>de</strong>stin dans<br />

Paris occupé. Prêt à tous les risques pour cet idéal qui le porte. Et qui le portera toute sa vie.<br />

François Lescure est né le 23 avril 1920 à Paris. Sa famille a déjà dit non, dans l’histoire:<br />

ainsi, son aïeul, Jules <strong>de</strong> Lescure, un républicain, a abandonné sa particule pour marquer<br />

son opposition au Second Empire. Son père, Pierre, la reprend en 1941, lorsqu’il fon<strong>de</strong> alors<br />

les éditions <strong>de</strong> Minuit avec Jean Bruller, alias Vercors, et son fameux Silence <strong>de</strong> la mer.<br />

Pour sa part, le jeune François est un garçon engagé: «Il a adhéré à la Jeunesse communiste<br />

en 1936, au printemps du Front populaire, et au Parti <strong>de</strong>ux ans plus tard, au crépuscule <strong>de</strong><br />

Munich», racontait Étienne Fajon, directeur <strong>de</strong> l’Humanité, lors <strong>de</strong> sa remise <strong>de</strong> Légion<br />

d’honneur le 15 avril 1991. Au moment où l’Occupation commence, François Lescure est<br />

étudiant. Avec Francis Cohen et Suzanne Djian, il est co-organisateur <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux<br />

manifestations <strong>de</strong>s 8 et 11 novembre 1940, premier pied-<strong>de</strong>-nez <strong>de</strong> masse organisé contre<br />

les nazis.<br />

Dès le 26 septembre 1939, lorsque le Parti communiste est dissous, François Lescure,<br />

Francis Cohen et Suzanne Djian forment une direction clan<strong>de</strong>stine <strong>de</strong> l’Union <strong>de</strong>s étudiants<br />

communistes (UEC). François Lescure doit alors feindre l’abandon <strong>de</strong> ses convictions pour<br />

gagner la confiance <strong>de</strong>s syndicalistes étudiants <strong>de</strong> l’Unef, bientôt ralliés à Vichy. Ils lui<br />

confient les clefs <strong>de</strong> leur organisation parisienne. Comme l’Unef est proche du pouvoir,<br />

François Lescure gagne une couverture. Et surtout un local, place Saint-Michel, et une bien<br />

précieuse ronéo. Qui va servir à inon<strong>de</strong>r <strong>de</strong> tracts et <strong>de</strong> papillons le Quartier latin. Dans<br />

Paris déserté, en juillet, «les premiers tracts <strong>de</strong> l’Union <strong>de</strong>s étudiants et lycéens<br />

communistes <strong>de</strong> France, sous l’occupation nazie, nous les glissons dans les livres <strong>de</strong>s<br />

bibliothèques, nous les laissons dans les amphis, dans les couloirs <strong>de</strong>s facs, sur les<br />

banquettes <strong>de</strong>s bistrots. Ils appellent à la lutte contre l’occupant, à la défense <strong>de</strong> l’université<br />

et <strong>de</strong> ses traditions. Ils reproduisent l’appel du 10 juillet 1940, paru dans l’Humanité<br />

clan<strong>de</strong>stine sous la signature <strong>de</strong> Maurice Thorez et Jacques Duclos», écrivait, en 1973,<br />

François Lescure dans le journal France nouvelle. En août 1940, l’UEC tente et réussit un<br />

coup <strong>de</strong> force: balancer un paquet <strong>de</strong> tracts du haut d’un amphi, à la Sorbonne, en pleine<br />

conférence «collabo», pour reprendre l’expression <strong>de</strong> François Lescure.

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