Portraits de résistants - PCF Bassin d'Arcachon
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19 Aout 2010<br />
Charles Tillon L’insoumis qui « chantait rouge<br />
»<br />
Par Jean Vigreux, historien.<br />
Il dirigea la fédération CGT <strong>de</strong>s ports et docks avant d’être élu à Aubervilliers dans la<br />
foulée du Front populaire. La débâcle le voit réfugié à Bor<strong>de</strong>aux, d’où il lance, le 17 juin<br />
1940, un appel à la résistance avant <strong>de</strong> se lancer dans l’organisation clan<strong>de</strong>stine du <strong>PCF</strong><br />
et <strong>de</strong>s FTP.<br />
Charles Tillon fait partie <strong>de</strong> cette génération qui entre dans le<br />
XXe siècle avec l’horreur <strong>de</strong> la guerre. Engagé dans la marine, il<br />
embarque en 1916 sur le Guichen comme mécanicien. Au cœur<br />
<strong>de</strong>s événements <strong>de</strong> 1919, il fait signer une pétition à ses<br />
compagnons <strong>de</strong> l’équipage exigeant leur retour en métropole.<br />
Face au refus du comman<strong>de</strong>ment éclate une « grève mutinerie<br />
». Charles Tillon est alors arrêté avec d’autres « meneurs », jugé<br />
et emprisonné. Il n’est relâché qu’un an plus tard.<br />
Cet épiso<strong>de</strong> renforce ses convictions ; au caractère bien trempé,<br />
il adhère à la Sfic et à la CGTU et <strong>de</strong>vient responsable <strong>de</strong> l’Union<br />
départementale CGTU d’Ille-et-Vilaine en 1923. Commence une<br />
carrière <strong>de</strong> permanent syndical, puis politique. En 1928, Tillon est secrétaire <strong>de</strong> l’Union<br />
régionale CGTU <strong>de</strong> Nantes, un an plus tard secrétaire régional du PC. Très vite repéré pour<br />
son travail accompli comme syndicaliste, il <strong>de</strong>vient un cadre <strong>de</strong> la direction thorézienne du<br />
<strong>PCF</strong>. Au cours <strong>de</strong> l’hiver 1933, il organise la marche <strong>de</strong>s chômeurs <strong>de</strong> Dunkerque à Paris et<br />
prend la direction <strong>de</strong> la fédération CGTU <strong>de</strong>s ports et docks. Dans l’élan du Front populaire,<br />
il est élu conseiller général d’Aubervilliers en 1935, puis député en 1936. Il est alors chargé<br />
par son parti <strong>de</strong> lutter contre Jacques Doriot. En 1939, il est choqué par le sort réservé aux<br />
réfugiés républicains espagnols et interpelle le gouvernement. Il est même arrêté à Alicante,<br />
puis libéré. Comme ses camara<strong>de</strong>s députés communistes, il vote les crédits <strong>de</strong> guerre le 2<br />
septembre 1939. Toutefois, dans l’atmosphère ambiguë du pacte germano-soviétique, il<br />
entre en clan<strong>de</strong>stinité après la dissolution du <strong>PCF</strong>.<br />
Caché, il n’est pas arrêté comme la plupart <strong>de</strong>s députés communistes, mais il n’échappe pas<br />
au procès d’avril 1940 où il est condamné par contumace à cinq ans <strong>de</strong> prison ferme et 5<br />
000 francs d’amen<strong>de</strong>. Entre-temps, il est <strong>de</strong>venu l’un <strong>de</strong>s responsables qui réorganisent le<br />
Parti, ayant en charge le sud-ouest du pays. Le 17 juin 1940, en pleine débâcle, il appelle<br />
<strong>de</strong>puis Bor<strong>de</strong>aux à la constitution d’un nouveau gouvernement : « Les gouvernements<br />
bourgeois ont livré à Hitler et à Mussolini l’Espagne, l’Autriche, l’Albanie et la<br />
Tchécoslovaquie… Et maintenant, ils livrent la France. Ils ont tout trahi », et d’ajouter : «<br />
Pour un gouvernement populaire s’appuyant sur les masses, libérant les travailleurs,<br />
établissant la légalité du Parti communiste, luttant contre le fascisme hitlérien et les 200<br />
familles, s’entendant avec l’URSS pour une paix équitable, luttant pour l’indépendance<br />
nationale et prenant <strong>de</strong>s mesures contre les organisations fascistes. » Cet appel est prolongé<br />
après la mise en place du régime <strong>de</strong> Vichy et <strong>de</strong> la Révolution nationale par son manifeste<br />
du 18 juillet.