Portraits de résistants - PCF Bassin d'Arcachon
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09 Septembre 2010<br />
Pierre Villon « L’architecte du programme du<br />
CNR »<br />
Ce sont les fondations du programme du Conseil national <strong>de</strong> la<br />
Résistance (CNR) que Pierre Villon, architecte <strong>de</strong> profession,<br />
contribua à construire dès sa sortie <strong>de</strong> prison, en 1942. Compagnon<br />
<strong>de</strong> Marie-Clau<strong>de</strong> Vaillant-Couturier, il sera député <strong>de</strong> l’Allier<br />
pendant près <strong>de</strong> vingt-cinq ans.<br />
Quelques années avant le 8 octobre 1940, ce manifestant menotté<br />
était le tranquille propriétaire d’un cabinet d’architecte. « Nous<br />
sommes <strong>de</strong>s communistes, pas <strong>de</strong>s assassins! » crie-t-il, menottes<br />
aux poignets, aux Parisiens qui le voient embarqué par la police<br />
française. Condamné à huit mois <strong>de</strong> prison, il sera maintenu bien<br />
plus longtemps en détention administrative.<br />
Fils d’un rabbin alsacien, Roger Ginsburger <strong>de</strong> son vrai nom, comprend très vite qu’il<br />
n’épousera pas la carrière <strong>de</strong> son père. Celui-ci, jugé trop « libéral » par ses collègues, quitta<br />
d’ailleurs ses fonctions religieuses au début <strong>de</strong>s années 1900 pour fon<strong>de</strong>r une revue et<br />
termina sa carrière comme chercheur et enseignant à Strasbourg. Roger, lui, a fait <strong>de</strong>s<br />
étu<strong>de</strong>s à l’École <strong>de</strong>s beaux-arts et <strong>de</strong>s stages à Munich et Stuttgart. Son cabinet d’architecte<br />
parisien, ouvert à la fin <strong>de</strong>s années 1920, a du succès et il se passionne pour les courants<br />
mo<strong>de</strong>rnes <strong>de</strong> l’urbanisme.<br />
Il militait déjà dans ses années <strong>de</strong> lycée et aurait même exercé <strong>de</strong>s responsabilités au sein <strong>de</strong><br />
l’Internationale communiste. Mais ce n’est qu’en octobre 1932 qu’il prend officiellement sa<br />
carte au <strong>PCF</strong>. Secrétaire du rayon <strong>de</strong>s 5e et 6e arrondissements <strong>de</strong> Paris dès 1932, il est<br />
parachuté à Anvers en 1934, en tant que permanent <strong>de</strong> l’Internationale <strong>de</strong>s marins et<br />
dockers. Il y travaille comme rédacteur et traducteur, abandonne son cabinet et <strong>de</strong>vient ce<br />
militant acharné, épris <strong>de</strong> liberté autant que dévoué.<br />
Affecté au secrétariat administratif, il est dès l’automne 1938 responsable <strong>de</strong>s éditions du<br />
<strong>PCF</strong>. Fonction qui le conduira, lorsque le parti et ses organes <strong>de</strong> presse seront interdits, à<br />
assurer la parution clan<strong>de</strong>stine <strong>de</strong> l’Humanité et <strong>de</strong>s Cahiers du bolchévisme. Déterminé à<br />
résister dès les premiers temps d’occupation, il propose à Benoît Frachon d’écrire un<br />
éditorial <strong>de</strong> l’Humanité « dans lequel, transposant l’analyse <strong>de</strong> Marx sur la guerre <strong>de</strong> 1870,<br />
(il) appellerait à lutter contre l’envahisseur ». Benoît Frachon, dirigeant syndical et<br />
politique aussi convaincu <strong>de</strong> la nécessité <strong>de</strong> la lutte antifasciste, lui fait répondre que « c’est<br />
encore trop tôt ». Le 17 juin 1940, Charles Tillon rédige pourtant un appel à la lutte<br />
populaire contre le fascisme hitlérien… et intègre la direction du <strong>PCF</strong> clan<strong>de</strong>stin, à la<br />
<strong>de</strong>man<strong>de</strong> du même Benoît Frachon.<br />
L’architecte alsacien partagera d’ailleurs avec ses camara<strong>de</strong>s Tillon et Frachon la même<br />
désapprobation <strong>de</strong>s efforts un temps déployés pour obtenir la reparution légale <strong>de</strong><br />
l’Humanité. « J’étais au lit, j’ai failli m’étrangler en lisant dans l’Humanité un appel à<br />
fraterniser avec les soldats allemands », confiait-il. Mais la stratégie <strong>de</strong> lutte contre les <strong>de</strong>ux<br />
impérialismes ne durera pas. Les députés communistes sont jugés et condamnés, ainsi que