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Interview Ermanno Scervino<br />
par Marco Manni<br />
M. M. Ermanno Scervino est l’une de ces marques qui ont toujours<br />
fait la promotion du made in Italy ; qu’est-ce qui le caractérise ?<br />
E. S. Le charisme. Le made in Italy se définit par la qualité et le<br />
charisme, deux éléments essentiels qui distinguent un produit. Le<br />
made in Italy se doit de représenter l’excellence absolue.<br />
M. M. Comment est née la ligne pour homme ?<br />
E. S. La ligne pour femme a été un succès immédiat. Une chance inattendue,<br />
qui s’est traduite non seulement dans la presse, mais également<br />
dans les ventes, qui se sont vite envolées. La collection masculine s’est<br />
ensuite en quelque sorte imposée tout naturellement. Je me serais senti<br />
incomplet si je n’avais pas également pu habiller l’homme.<br />
M. M. Au gré de votre parcours, vous avez donné vie à de nombreuses<br />
lignes, et votre histoire a de quoi faire pâlir d’envie les plus grandes<br />
firmes internationales. Ermanno Scervino est une marque en plein<br />
essor à l’étranger, quels sont les nouveaux domaines en cours de<br />
développement ?<br />
E. S. Nous nous intéressons de près aux nouvelles économies et aux<br />
pays émergents, auxquels personne ne s’attendait. Qui aurait cru que<br />
la Chine serait devenue un marché majeur ? Ces pays sont devenus<br />
très exigeants, surtout si l’on pense qu’une marque comme la mienne<br />
est entièrement made in Italy, et que les coûts sont donc un aspect<br />
secondaire, tandis qu’en Europe, malheureusement, les coûts sont de<br />
nos jours une préoccupation primordiale. J’ai ouvert deux nouvelles<br />
boutiques en Azerbaïdjan et à Doha. Je m’y suis rendu, pour découvrir<br />
des lieux extraordinaires. Très riches, où l’on ressent une véritable<br />
envie de faire du shopping. L’Amérique quant à elle demeure stable,<br />
mais il ne faut pas oublier que c’est de là qu’est venue notre crise.<br />
M. M. Où et quand est né votre goût pour la mode ?<br />
E. S. Dès l’âge de 8 ou 9 ans je voulais travailler dans le monde de<br />
l’image, sans savoir encore précisément dans quel domaine. Je voulais<br />
exprimer ma fibre artistique mais mes parents ne m’ont pas soutenu<br />
dans mes choix. C’est ainsi qu’à 16 ans, avec l’aide de ma grand-mère, je<br />
me suis installé à Londres. Je voulais étudier à la Saint-Martin’s School<br />
of Art mais n’en avais pas les moyens. J’ai donc quitté le Royaume-Uni<br />
pour la France et me suis établi dans la capitale de la mode, à Paris. Et<br />
c’est là que j’ai pu faire mes premières armes dans le métier.<br />
M. M. J’imagine que l’adaptation a dû être difficile. Comment avezvous<br />
vécu cette aventure française ?<br />
E. S. Ça a été très dur. Ma plus grande satisfaction a été d’avoir la possibilité<br />
de gagner ma vie à la sueur de mon front, sans l’aide de mes<br />
parents. Mon stage a été très difficile, et n’ayant personne pour m’aider<br />
financièrement, je devais courir sur les Champs-Élysées en fin de<br />
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