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p o r t r a i t<br />
journée pour vendre des gants. Avec pour toute arme, du talc et l’envie<br />
de survivre dans un monde qui était déjà compétitif.<br />
M. M. Comment naît le processus de création d’une nouvelle<br />
collection ?<br />
E. S. Le style est fondamental, il est remis au goût du jour mais est<br />
ce qui demeure… l’homme Scervino est en effet un homme de style,<br />
qui aime la mode sans en être la victime. Il faut donner<br />
une touche futuriste. L’homme ne doit pas avoir peur<br />
de prendre soin de soi, ni de son reflet dans le miroir.<br />
M. M. Quelle est votre icône de référence en matière<br />
de style ?<br />
E. S. J’aime les hommes qui émergent. James Franco,<br />
par exemple, correspond à mon idée du style. C’est<br />
l’homme de demain, un homme soigné, sérieux, qui<br />
vit pour son travail… comme moi, par passion et non<br />
par contrainte. Je reconnais de nombreuses facettes de<br />
l’homme Ermanno Scervino en lui.<br />
M. M. Quelle est selon vous la pièce que tout homme<br />
devrait avoir dans sa garde-robe ?<br />
E. S. La chemise blanche et le jean sont des éléments<br />
qui, associés au mocassin ou à des accessoires en cuir,<br />
assurent un look sans faute… ah ! J’ajouterais également<br />
le perfecto.<br />
M. M. Avez-vous déjà en tête une tendance particulière<br />
pour la prochaine saison ?<br />
E. S. Quelques idées commencent à prendre forme…<br />
j’aime les volumes incisifs et les pantalons ajustés ou<br />
droits. Les pièces à manches en revanche doivent<br />
être plus larges. Pour la prochaine saison, je veux de<br />
nouveau me concentrer sur les détails. Pour l’homme,<br />
ceux-ci sont de la plus haute importance : comme vous<br />
pouvez le voir, ils sont au cœur de la collection printemps-été,<br />
et je continuerai de faire vivre cette touche<br />
personnelle.<br />
Lorsque l’on crée, il faut garder à l’esprit que de nos jours toutes les<br />
garde-robes sont pleines et que nous n’avons pas de besoins réels. C’est<br />
pour cela que je veux que le vêtement dans la vitrine fasse passer un<br />
message, qu’il invite à lui seul le client à entrer et à l’acheter.<br />
« J’aime<br />
les hommes<br />
qui émergent.<br />
James Franco,<br />
par exemple,<br />
correspond<br />
à mon idée<br />
du style. »<br />
va pour le mieux, que tout est en accord avec la philosophie de la<br />
marque. Je n’aime pas voir que l’on pousse à la vente, c’est au vêtement<br />
de convaincre l’acheteur. Ma boutique préférée est celle de Londres,<br />
elle est fantastique. C’est aussi dû au contexte qui est différent. On y<br />
voit des personnes qui ont plaisir à acheter, et certaines dépensent<br />
encore des sommes d’argent considérables sans problème.<br />
M. M. Quel est votre client type ?<br />
E. S. Je n’ai pas de style de client particulier. Je m’intéresse<br />
tout simplement à tous ceux qui veulent correspondre<br />
au modèle et au style d’homme que je propose.<br />
M. M. Pouvez-vous décrire l’homme Ermanno Scervino<br />
en citant un adjectif ?<br />
E. S. C’est un homme qui n’a pas peur, pudique mais sans<br />
excès. J’écarte tout ce qui est outrancier. Aujourd’hui le<br />
secret est de créer des vêtements que l’on peut arborer<br />
aussi bien sur le podium que dans la rue. Il faut être<br />
ouvert à tout type de cible, justement pour n’en viser<br />
aucune en particulier.<br />
M. M. Quels conseils donneriez-vous aujourd’hui<br />
à un nouvel Ermanno Scervino qui voudrait s’épanouir<br />
en ces temps difficiles ?<br />
E. S. Je lui dirais qu’il faut savoir utiliser ses mains, être<br />
un artisan, savoir coudre et connaître le produit que<br />
l’on a entre les mains. Nous avons toujours racheté des<br />
firmes d’excellence, employant d’anciennes générations<br />
d’artisans. Ils travaillent sur le produit et apportent la<br />
touche finale à la main. Moi-même, j’aime particulièrement<br />
le contact avec le produit, je n’aurais pas supporté<br />
de travailler dans un bureau sans être physiquement<br />
au cœur de la filière de production. Voilà donc mon<br />
conseil : avoir un contact avec le produit et développer<br />
l’habileté manuelle… n’ayant pu le faire à l’époque, j’ai<br />
dû étudier et me former auprès de l’ancienne génération<br />
de couturières qui aujourd’hui travaillent avec<br />
moi, et qui m’ont enseigné tout ce que je sais faire. Je<br />
leur dois beaucoup. Cela m’a été extrêmement utile… surtout pour la<br />
ligne femme. C’est moins vrai pour l’homme, mais aujourd’hui si je<br />
voulais un vêtement imaginé dans la matinée, je pourrais le terminer<br />
seul le soir même.<br />
M. M. Vos boutiques sont très belles ; j’ai eu l’occasion d’en visiter<br />
quelques-unes, notamment la nouvelle boutique de la via del<br />
Babbuino à Rome… un espace neuf de toute beauté.<br />
E. S. Oui, j’en suis ravi. C’est pour cette raison que nous avons quitté<br />
piazza di Spagna. Je voudrais que tous nos magasins soient comparables.<br />
J’aime beaucoup visiter mes boutiques pour m’assurer que tout<br />
À travers ce voyage dans un monde qui fait aujourd’hui de lui l’une des<br />
étoiles du firmament de la mode, j’ai pu découvrir tout simplement un<br />
homme qui, animé par la passion, la ténacité et le style, réussit envers<br />
et contre tout à continuer de vivre son rêve. Une marque très appréciée,<br />
qui offre déjà beaucoup et qui ne cesse de viser l’excellence dans<br />
sa recherche d’un vêtement fidèle aux exigences de sa clientèle.—<br />
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