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Apollo Magazine # 6

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p o r t r a i t<br />

journée pour vendre des gants. Avec pour toute arme, du talc et l’envie<br />

de survivre dans un monde qui était déjà compétitif.<br />

M. M. Comment naît le processus de création d’une nouvelle<br />

collection ?<br />

E. S. Le style est fondamental, il est remis au goût du jour mais est<br />

ce qui demeure… l’homme Scervino est en effet un homme de style,<br />

qui aime la mode sans en être la victime. Il faut donner<br />

une touche futuriste. L’homme ne doit pas avoir peur<br />

de prendre soin de soi, ni de son reflet dans le miroir.<br />

M. M. Quelle est votre icône de référence en matière<br />

de style ?<br />

E. S. J’aime les hommes qui émergent. James Franco,<br />

par exemple, correspond à mon idée du style. C’est<br />

l’homme de demain, un homme soigné, sérieux, qui<br />

vit pour son travail… comme moi, par passion et non<br />

par contrainte. Je reconnais de nombreuses facettes de<br />

l’homme Ermanno Scervino en lui.<br />

M. M. Quelle est selon vous la pièce que tout homme<br />

devrait avoir dans sa garde-robe ?<br />

E. S. La chemise blanche et le jean sont des éléments<br />

qui, associés au mocassin ou à des accessoires en cuir,<br />

assurent un look sans faute… ah ! J’ajouterais également<br />

le perfecto.<br />

M. M. Avez-vous déjà en tête une tendance particulière<br />

pour la prochaine saison ?<br />

E. S. Quelques idées commencent à prendre forme…<br />

j’aime les volumes incisifs et les pantalons ajustés ou<br />

droits. Les pièces à manches en revanche doivent<br />

être plus larges. Pour la prochaine saison, je veux de<br />

nouveau me concentrer sur les détails. Pour l’homme,<br />

ceux-ci sont de la plus haute importance : comme vous<br />

pouvez le voir, ils sont au cœur de la collection printemps-été,<br />

et je continuerai de faire vivre cette touche<br />

personnelle.<br />

Lorsque l’on crée, il faut garder à l’esprit que de nos jours toutes les<br />

garde-robes sont pleines et que nous n’avons pas de besoins réels. C’est<br />

pour cela que je veux que le vêtement dans la vitrine fasse passer un<br />

message, qu’il invite à lui seul le client à entrer et à l’acheter.<br />

« J’aime<br />

les hommes<br />

qui émergent.<br />

James Franco,<br />

par exemple,<br />

correspond<br />

à mon idée<br />

du style. »<br />

va pour le mieux, que tout est en accord avec la philosophie de la<br />

marque. Je n’aime pas voir que l’on pousse à la vente, c’est au vêtement<br />

de convaincre l’acheteur. Ma boutique préférée est celle de Londres,<br />

elle est fantastique. C’est aussi dû au contexte qui est différent. On y<br />

voit des personnes qui ont plaisir à acheter, et certaines dépensent<br />

encore des sommes d’argent considérables sans problème.<br />

M. M. Quel est votre client type ?<br />

E. S. Je n’ai pas de style de client particulier. Je m’intéresse<br />

tout simplement à tous ceux qui veulent correspondre<br />

au modèle et au style d’homme que je propose.<br />

M. M. Pouvez-vous décrire l’homme Ermanno Scervino<br />

en citant un adjectif ?<br />

E. S. C’est un homme qui n’a pas peur, pudique mais sans<br />

excès. J’écarte tout ce qui est outrancier. Aujourd’hui le<br />

secret est de créer des vêtements que l’on peut arborer<br />

aussi bien sur le podium que dans la rue. Il faut être<br />

ouvert à tout type de cible, justement pour n’en viser<br />

aucune en particulier.<br />

M. M. Quels conseils donneriez-vous aujourd’hui<br />

à un nouvel Ermanno Scervino qui voudrait s’épanouir<br />

en ces temps difficiles ?<br />

E. S. Je lui dirais qu’il faut savoir utiliser ses mains, être<br />

un artisan, savoir coudre et connaître le produit que<br />

l’on a entre les mains. Nous avons toujours racheté des<br />

firmes d’excellence, employant d’anciennes générations<br />

d’artisans. Ils travaillent sur le produit et apportent la<br />

touche finale à la main. Moi-même, j’aime particulièrement<br />

le contact avec le produit, je n’aurais pas supporté<br />

de travailler dans un bureau sans être physiquement<br />

au cœur de la filière de production. Voilà donc mon<br />

conseil : avoir un contact avec le produit et développer<br />

l’habileté manuelle… n’ayant pu le faire à l’époque, j’ai<br />

dû étudier et me former auprès de l’ancienne génération<br />

de couturières qui aujourd’hui travaillent avec<br />

moi, et qui m’ont enseigné tout ce que je sais faire. Je<br />

leur dois beaucoup. Cela m’a été extrêmement utile… surtout pour la<br />

ligne femme. C’est moins vrai pour l’homme, mais aujourd’hui si je<br />

voulais un vêtement imaginé dans la matinée, je pourrais le terminer<br />

seul le soir même.<br />

M. M. Vos boutiques sont très belles ; j’ai eu l’occasion d’en visiter<br />

quelques-unes, notamment la nouvelle boutique de la via del<br />

Babbuino à Rome… un espace neuf de toute beauté.<br />

E. S. Oui, j’en suis ravi. C’est pour cette raison que nous avons quitté<br />

piazza di Spagna. Je voudrais que tous nos magasins soient comparables.<br />

J’aime beaucoup visiter mes boutiques pour m’assurer que tout<br />

À travers ce voyage dans un monde qui fait aujourd’hui de lui l’une des<br />

étoiles du firmament de la mode, j’ai pu découvrir tout simplement un<br />

homme qui, animé par la passion, la ténacité et le style, réussit envers<br />

et contre tout à continuer de vivre son rêve. Une marque très appréciée,<br />

qui offre déjà beaucoup et qui ne cesse de viser l’excellence dans<br />

sa recherche d’un vêtement fidèle aux exigences de sa clientèle.—<br />

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