PE 238 pdf - (CCI) de Strasbourg et du Bas-Rhin

En Allemagne
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La retraite financée par les retraités
En 2003, les études démographiques ont confirmé les craintes les plus alarmistes : avec le taux de la natalité
le plus faible d’Europe* et une espérance de vie croissante, la population allemande vieillit rapidement (50 %
devraient avoir plus de 48 ans en 2050). Le gouvernement tâtonne afin d’apporter des solutions à l’effondrement
annoncé du système de retraite.
Une première réforme en
2001, la «Riester-Rente»**,
rencontre une hostilité prononcée
du côté des salariés et des
entreprises. Pour en combler les
lacunes, un réajustement «la loi
Rürup»***, entrera en vigueur dès
2005.
Réforme en profondeur
En Allemagne, l’âge de la retraite
est de 65 ans. Néanmoins, des
règlements spécifiques à chaque
branche font que la moyenne des
départs en retraite est de 60,5 ans.
Les cotisations qui s’élèvent actuellement
à 19,5 % du salaire brut,
sont prises en charge à part égale
entre employeur et employé. Le
gouvernement prévoit tout d’abord
une baisse progressive du taux de
calcul de la retraite (de 70 % à
67 % entre 2011 et 2030). Mais il
mise surtout sur un complément de
retraite financé par les salariés avec
le soutien obligatoire des entreprises.
Première étape : la loi Riester
Cette forme de «prévoyance retraite
complémentaire» était jusqu’alors
une prestation volontaire et non
imposée pour l’employeur. Depuis
2002, chaque entreprise doit proposer
au moins un plan de retraite
à ses salariés qui optent d’y adhérer
ou non. La réforme propose à cette
fin le modèle de «retraite Riester»
et espère séduire grâce à des avantages
fiscaux pour les employeurs
et des frais moindres pour les
employés. Ceux-ci peuvent en
Le gouvernement
mise sur un complément
de retraite
financé par les
salariés avec
le soutien des
entreprises.
outre emporter leurs versements
lorsqu’ils changent d’entreprise et
la loi garantit la retraite en cas d’insolvabilité.
La forme est néanmoins
étroitement définie : fonds de pension,
caisse de pension, assurances
contractées uniquement par
l’intermédiaire de l’employeur, caisses
de soutien communes entre
plusieurs employeurs ou bien
encore fonds de gestion directe au
sein de l’entreprise... Un dédale de
clauses souvent difficiles à décrypter.
Une bureaucratie lourde et des
contraintes trop restrictives ont fait
de cette loi un échec momentané :
les assureurs n’enregistrent que
relativement peu d’intérêt pour la
retraite Riester, tout un chacun préférant
se rabattre sur les placements
privés usuels comme les
assurances vie.
Une main donne, l’autre reprend
Le gouvernement a donc retravaillé
sa copie et la «réforme Rürup»
viendra se greffer dans le système
dès 2005 en tentant cette fois d’influer
plus avant sur le salarié. Pour
encourager ce financement complémentaire,
l’État augmente considérablement
le taux de défiscalisation
des versements effectués pour un
paquet financier de «prévoyance
retraite Rürup», permettant ainsi
aux actifs de bénéficier immédiatement
d’une augmentation substantielle
de leurs revenus. Pourtant
cette solution si alléchante présente
un bémol considérable : le salarié
devra payer plus d’impôts sur tous
les revenus qu’il touchera à l’heure
de la retraite. De plus, la retraite
Rürup n’est pas transmissible, ce
qui élimine toute possibilité de soutenir
les proches en cas de décès.
Reste à savoir si les intérêts fiscaux
immédiats primeront sur les désavantages
financiers futurs.
Dans l’expectative…
Les assureurs et les banques ont
déjà préparé leurs offres à la
Rürup mais ils attendent avant de
les faire connaître : ils ont profité
jusqu’à la fin 2004 d’une recrudescence
des demandes d’assurances
vie privées plus flexibles et dont le
privilège de la défiscalisation a
disparu aussi pour tout contrat
conclu à partir de 2005. Tant et si
bien que ni entreprises, ni salariés
ne savent encore exactement ce
qui les attend. La IHK-Hochrhein
Bodensee a bien présenté à ses
membres un modèle de calcul sur
l’évolution théorique du système
mais l’expérience ne viendra
qu’avec le temps. <
* 1,4 enfant par femme
** La «Riester-Rente», du nom du ministre
des affaires sociales Walter Riester
*** Conçue par le professeur en économie
Bernd Rürup
> Fin du dossier
Novembre 2004 - n°236 > 31