Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris

Revue de Presse-Press Review-Berhevoka Çapê-Rivista Stampa-Dentro
de la Prensa-Baszn Ozeti
peut voir la photo de son grand-père qui, tous qui taIsaIent travailler les Kurdes. Il n'est pas
les jours, évoquait la terre de ses ancêtres, et un déplacé: son grand-père est né dans ce vildans
un cadre doré, son titre de propriété. En lage de Shahid Asib, du nom d'un soldat
1973, les Arabes d'AI-Muntassaront tué son tombé dans la guerre ,contre l'Iran. Mais les
cousin qui tentait de ré~ister à son expropria- peshmergas n'ont pas cherché à faire la diffétion:
« Comment pourrais-je avoir pitié d'eux? rence entre les Arabes natifs de la région et
Pendant toutes ces années de souffrance, je n'ai pas ceux qui ont été transférés de force par le réeu
le temps d'avoir pitié de moi-même ... »Alors le gime dans le cadre du programme d'arabisation.
Pour eux, tous les Arabes doivent faire
jeune Kurde n'ose même plus dire devant ses place nette. Alors Salah achève aujourd'hui de
parents que son ami arabe va lui manquer. dévisser les dernières prises électriques de sa
Rassemblés sous le figuier du patio à l'heure maison de 450 mètres carrés. Du jour au lende
la sieste, toute la maisonnée expose ses demain; ses amis kurdes lui ont tourné le dos:
griefs et ses souffrances. Delmia, la grand-tante «Lorsque je vais chercher de l'essence, ils me di'"
qui vient de rentrer de son exil à Erbil et dont sent: "On n'en a pas pour toi. Rewurne chez Sad-
Ie frère et le mari, d'anciens peshmergas,
.
ont
dam." Au moins, de son temps, on était tous unis.
été pendus. « Pour moi, il est trop tard. Je ne peux ,Maintenant, chacun brandit son drapeau. C'est
plus me réjouir. Je ne sens qu'un grand vide. Pour l'anarchie.»
eux, peut-être ... », explique+elle en désignant A quelques kilomètres, il nous conduit dans
les enfants qui jouent dans la cour. Kawa, qui a un camp de tentes et de caravanes, où sa faété
réquisitionné quatre fois pour servir dans mille, chassée par les Kurdes, a trouvé refuge.
l'armée Al-Qods. Reçu par l'université de Mos- «Cela fait quatre mille ans que nous vivons dans
soul pour suivre une formation d'ingénieur, il cette région. Ils ne gagneront pas, assure-t-il, en
n'avait pu abandonner ses parents dans le be- montrant ses deux femmes 'et ses dix enfants
soin. Depuis quinze ans, il travaillait, la mort entassés dans une roulotte exiguë. Les Kurdes
dans l'âme, chez les « Arabes i). «( Ils avaient pris nous traitent comme des Palestiniens? Nous nous
notre terre et, en plus, ils nous la faisaient culti- ferons sauter comme eux pour récupérer nos droits et
ver... »
nos terres... ) Un peu plus loin, d~s peshmergas
Salah Ibrahim est l'un de ces paysans arabes observent le camp à la jumelle. Ils protègent
, dès 'villageois kUrdes qui viennent de s'installer
dans un village voisin déserté par les Arabes.
Les enfants kurdes, aussi, sont armés.
«( Ils ne veulent pas de nails ici, pas même dans
des roulottes, s'énerve Mubarak Awat, un des
réfugiés du camp battu par les peshmergas
qui lui reprochaient sa lenteur à déménager.
Mon arrière-grand-père est né ici. Mais les
Kurdes ne veulent plus d'Arabes à Kirkouk.
Nous avons èté pris entre Salidam et Bush. C'est
nous qui allons payer pour leur guerre. » Dans la '
tente voisine, Saad Farhan, 26 ,ans, est révolté.
C'est la d~uxième fois qu'il doit plier
bagage à cause d'une, guerre. En 1991, apres
l'invasion du Koweït par l'Irak et la guerre d'u
Golfe, il a dù quitter le Koweït, où il vivait
,avec ses parents. Personne ne voulait plus
d'eux. (' Saddam m'a 'volé mon enfarlce, les
Kurdes me gâchent ma vie d'adulte », dit-il.
Comment Saad s'imagine-t-i1 dans dix ans?
(I S'ils ne nous [