Brochure CDH-SHS 2012-2013 - EPFL

014 CDH — EPFL PROGRAMME DE SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES (SHS)
CDH — EPFL PROGRAMME DE SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES (SHS)
015
L’importance
des compétences
non
techniques
Transversalité
et pluridisciplinarité
Savoir,
savoir-faire,
savoir-être,
savoir-agir
Aux niveaux national et international, les expertises convergent pour
souligner l’importance des compétences dites « non techniques » dans la
formation des scientifiques et des ingénieurs 4 . Les grandes universités
techniques et scientifiques s’accordent en effet aujourd’hui pour identifier
une transformation majeure de ces métiers dans les domaines scientifiques et
technologiques orientés vers l’innovation et la production : le glissement vers
des profils professionnels dotés de la polyvalence nécessaire à la réalisation
de tâches et de problèmes caractérisés par une complexité croissante, dans
des situations de flexibilité accrue impliquant des acteurs et des objets de
plus en plus nombreux et diversifiés, du concepteur à l’usager, de l’innovation
à ses effets dans les contextes sociaux, économiques, politiques, culturels et
environnementaux.
De nouvelles manières de travailler découlent de cette situation. Les
professionnels formés à l’EPFL occupent et occuperont de plus en plus
des fonctions transversales d’encadrement, dans des contextes d’actions
complexes, au sein d’équipes pluridisciplinaires, attachées à la réalisation de
projets nécessitant, en plus de leurs compétences techniques, des compétences
analytiques, organisationnelles, communicationnelles, sociales, politiques,
économiques et éthiques, mais aussi réflexives, imaginatives, esthétiques
et culturelles. Les études menées sur ces nouveaux profils d’ingénieur et
de scientifique montrent également que l’on identifie, au fil des carrières de
ces professionnels à haut niveau de qualification, une tendance à fortement
valoriser les compétences non techniques qui enrichissent les compétences
scientifiques et techniques acquises lors de la formation ou par la suite.
Ces évolutions ont aujourd’hui des incidences claires sur les exigences
d’accréditation professionnelle 5 . Les formations polytechniques doivent
désormais intégrer de nouveaux domaines : économie, gestion, éthique
ou encore maîtrise des impacts sociaux des technologies. Selon l’office
d’accréditation des Etats-Unis par exemple, six compétences nécessaires sur
neuf sont liées à des apports relevant des sciences humaines et sociales :
3 modèles
d’intégration
des SHS dans
les écoles
d’ingénieur
– une éducation ouverte nécessaire à la compréhension de l’impact
de solutions d’ingénierie dans un contexte économique, social et
environnemental global ;
– une connaissance des enjeux contemporains 6 .
Remplir ces exigences nécessite d’élargir la mission et les objectifs des
formations traditionnelles des ingénieurs et des chercheurs pour englober de
manière dynamique et réflexive les savoirs, savoir-faire, savoir-être et savoir-agir,
dispensés par les SHS.
Quelles sciences humaines et sociales pour les polytechniciens ?
L’élargissement du spectre de compétences des futurs polytechniciens
peut se faire dans différentes directions. D’une manière générale, les écoles
d’ingénieurs au niveau international ont connu le développement de trois
modèles de formation :
– le modèle de la transmission des humanités, qui vise le développement
de savoirs généraux sur l’homme, son histoire et ses productions,
dans l’optique d’une culture générale facilitant l’acquisition d’une
conscience morale et d’un sentiment de responsabilité ;
– le modèle du développement personnel, qui vise un idéal
d’épanouissement et d’émancipation individuel et social souvent
axé sur les aspects communicationnels et les dimensions
psychosociologiques des relations de travail ;
– le modèle des sciences humaines et sociales spécifiques pour
l’ingénieur, centré quant à lui sur l’application des sciences
humaines et sociales à la professionnalisation du polytechnicien,
dans une optique pragmatique répondant aux besoins
opérationnels de l’entreprise et dans une optique réflexive
concernant les sciences et les technologies.
– une capacité à concevoir un système, un composant ou un processus
pour répondre aux besoins souhaités, en respectant les contraintes
réalistes en termes économiques, environnementaux, sociaux,
politiques, éthiques, de santé et de sécurité, de faisabilité industrielle et
de développement durable ;
– une aptitude à être opérationnel dans des équipes multidisciplinaires ;
– une compréhension de la responsabilité éthique et professionnelle ;
– une aptitude à communiquer avec efficacité ;
4
Le CDH a lui-même mandaté une étude qui en arrive aux mêmes conclusions :
Sainsaulieu I., Jammet T., Les ingénieurs et leurs compétences non techniques.
Le cas des diplômés de l’EPFL. Une approche sociologique, EPFL, mai 2011, 138 p.
5
Pour la Suisse et l’EPFL en particulier, cf. Organe d´accréditation et d´assurance
qualité des hautes écoles suisses (OAQ, www.oaq.ch).
6
Accreditation Board for Engineering and Technology (ABET), Criteria for
Accrediting Engineering Programs, 2012-2013 (www.abet.org).