Prévention au travail - Bibliothèque
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La mission terrestre<br />
du Centre de médecine<br />
de plongée du Québec<br />
Heureux comme un poisson dans l’e<strong>au</strong>, c’est l’état du<br />
plongeur, professionnel ou sportif. S<strong>au</strong>f qu’à l’encontre<br />
du poisson, il doit remonter à la surface, sain et s<strong>au</strong>f.<br />
Si un problème survient, il y va de sa vie.<br />
Par Guy Sabourin<br />
Les accidents de plongée sousmarine<br />
constituent de grandes urgences<br />
et, à ce titre, exigent des soins immédiats<br />
et coordonnés. Chaque minute<br />
compte, et ce n’est pas une métaphore !<br />
Voilà pourquoi il f<strong>au</strong>t se réjouir de la<br />
création, en mai 2004, du Centre de médecine<br />
de plongée du Québec (CMPQ),<br />
installé à l’Hôtel-Dieu de Lévis. Sa mission<br />
? Intervenir vite et bien.<br />
Le CMPQ répond présent 24 heures<br />
par jour, sept jours sur sept, et il dispose<br />
d’une solide organisation pour éviter<br />
que les accidents de plongée fassent des<br />
victimes. Sa venue fournit une bonne<br />
bouffée d’oxygène <strong>au</strong>x milieux de la<br />
plongée sous-marine du Québec. Les<br />
princip<strong>au</strong>x intéressés affirment à l’unanimité<br />
que ce centre accroît be<strong>au</strong>coup<br />
leur sentiment de sécurité.<br />
La CSST a contribué à la naissance<br />
du centre et le soutient financièrement,<br />
en collaboration avec le ministère de<br />
la Santé et des Services soci<strong>au</strong>x. « Son<br />
existence constitue une grande valeur<br />
ajoutée à la sécurité des <strong>travail</strong>leurs subaquatiques<br />
», affirme Cl<strong>au</strong>de Rochon,<br />
ingénieur et chargé de projets à la Direction<br />
de la prévention-inspection, secteur<br />
de la construction, à la CSST.<br />
« Les frais d’exploitation relativement<br />
modestes du CMPQ ne sont rien<br />
en regard de ce que coûtent à la société<br />
les invalidités permanentes des plongeurs<br />
ayant subi un accident », soutient<br />
pour sa part le D r Mario Côté, urgentologue<br />
et chef du Service de médecine<br />
hyperbare à l’Hôtel-Dieu de Lévis.<br />
Il f<strong>au</strong>t le reconnaître, le centre arrive<br />
à point nommé dans un Québec qui détient<br />
le triste record nord-américain du<br />
plus grand nombre d’accidents de<br />
plongée, tant chez les professionnels<br />
que chez les sportifs. Selon la CSST, et<br />
à titre de comparaison, le t<strong>au</strong>x de mortalité<br />
attribuable à des accidents du <strong>travail</strong><br />
chez les plongeurs professionnels<br />
est 20 fois plus élevé que chez les <strong>travail</strong>leurs<br />
du bâtiment et des trav<strong>au</strong>x<br />
publics et 65 fois plus élevé que dans<br />
l’ensemble des secteurs d’activités<br />
économiques. « Depuis six ans, on<br />
manque de plongeurs tant les trav<strong>au</strong>x<br />
de réfection de barrages, de prises d’e<strong>au</strong><br />
et de quais sont nombreux et effervescents<br />
», résume Pierre Larivière, directeur<br />
des interventions sous-marines<br />
<strong>au</strong> Groupe Océan Québec et spécialiste<br />
en trav<strong>au</strong>x maritimes. Il était donc d’<strong>au</strong>tant<br />
plus pressant de prendre les<br />
moyens de mieux protéger les plongeurs<br />
québécois.<br />
Dangereuses petites bulles<br />
Anatomie : sous l’e<strong>au</strong>, le plongeur<br />
respire généralement de l’air comprimé.<br />
Son sang et ses tissus se chargent de<br />
bulles d’azote, que la pression des profondeurs<br />
garde fines. Quand il remonte,<br />
il doit le faire lentement et respecter<br />
une p<strong>au</strong>se tous les trois mètres (dix<br />
pieds). À chacun de ces « paliers de décompression<br />
», le plongeur donne à son<br />
corps le temps d’évacuer les bulles d’azote,<br />
qui grossissent à mesure qu’il approche<br />
de la surface. Quand il sort de<br />
l’e<strong>au</strong>, son organisme doit être exempt de<br />
toute surcharge d’azote.<br />
S’il remonte trop rapidement, les<br />
bulles d’azote emprisonnées dans son<br />
corps peuvent provoquer de graves dommages.<br />
En voyageant dans le sang, elles<br />
prennent le chemin du cerve<strong>au</strong>, des<br />
poumons, du cœur et peuvent c<strong>au</strong>ser, entre<br />
<strong>au</strong>tres, des lésions neurologiques permanentes,<br />
des paralysies plus ou moins<br />
Illustration : Benoît Laverdière<br />
36 Prévention <strong>au</strong> <strong>travail</strong> Automne 2006