LA NATURE FAIT BIEN LES CHOSES - SCA Forest Products AB

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On a souvent dit que l’informatique allait entraîner la disparition du papier. Pourtant, une équipe de chercheurs suédois a amalgamé les deux en inventant le papier électronique. PAPIER ANIMÉ PAR Luise Steinberger ILLUSTRATION Daniel Egnéus UN HOMME REGARDE la télévision chez lui. Son téléviseur mince comme du papier à cigarettes est fixé au mur. Il enlève son gilet et le pose à côté de lui. Soudain, une lumière rouge commence à clignoter sur la petite étiquette cousue dans le col. Le gilet a besoin d’être lavé et en profite pour indiquer à quelle température il doit l’être. Après avoir mis son gilet dans le lave-linge, l’homme se plonge dans le magazine auquel il est abonné. Il l’a attendu avec impatience car il envisage de se rendre aux Antilles et ce numéro doit comporter un reportage avec de belles photos. Il y a même un encadré avec le prix des hôtels et des billets d’avion où il inscrit sa localité de départ. Le magazine commence alors à rechercher pour lui les meilleures offres. De la science-fiction ? Aujourd’hui peut-être, mais pas dans 50 ans. C’est ce que croit Magnus Berggren, professeur d’électronique organique à l’université de Linköping, en Suède. « À l’heure actuelle, l’électronique est une boîte, un téléphone portable ou un ordinateur. Mais bientôt, l’électronique pourra se fixer sur des surfaces comme le papier et le tissu. Elle sera omniprésente et s’occupera d’un tas de choses sans que nous nous en rendions vraiment compte. » AFFICHEURS AU PREMIER PLAN Depuis trois ans, le professeur mène un projet de recherche sur le papier intelligent. En compagnie de sa dizaine de collègues, il a mis au point une méthode pour concevoir une sorte d’écran minimaliste en imprimant des encres conductrices sur du papier normal. « Nous imprimons une trame à base d’afficheurs sur le papier. À côté de chaque afficheur, nous imprimons un transistor qui gère son afficheur et détermine quelle information il doit afficher. Ainsi, nous pouvons piloter toute la matrice d’afficheurs depuis la périphérie du papier. En principe, nous pouvons imprimer ce que nous voulons sur le papier. » Chaque mise à jour nécessite de l’électricité. Elle peut être fournie au papier soit par induction, soit à l’aide de petits accumulateurs imprimés à côté des afficheurs, soit en reliant le papier à un cordon d’alimentation normal. Peu de courant est nécessaire car la mémoire des afficheurs dure longtemps, deux heures et plus. L’encre est fabriquée à l’aide de 12 SCA Customer Magazine 2/2003 Graphic Paper
polymères, des plastiques organiques conducteurs, qui sont dissous dans l’alcool ou l’eau avant d’être introduit dans la presse comme n’importe quel autre type d’encre. Jusqu’à présent, les chercheurs ont produit tous leurs tirages de manière artisanale. Ils ont acheté récemment une presse pour perfectionner leur méthode et l’adapter aux procédures de travail des imprimeries normales. Lorsque tout sera testé, l’impression d’un mètre carré de papier à afficheurs ne devrait pas coûter plus d’un euro. PUBLICITÉ ET LOGISTIQUE Quels seront les débouchés de ce papier ? Pas les écrans de téléviseur dans un premier temps, estime Magnus Berggren. Les écrans en papier sont beaucoup plus lents et leur résolution moins bonne car les polymères conduisent moins « La surface la plus souple qui soit est le papier. Pour nous, cela a constitué une sorte de défi du point de vue recherche » MAGNUS BERGGREN bien l’électricité que le cuivre, par exemple. En revanche, on pourra fixer un petit indicateur sur une étiquette collée sur un emballage pour indiquer, par exemple, où en est la livraison. Ou pour ajouter une animation à une affiche publicitaire. « Nous ne mettons pas au point un système électronique qui peut être mis à jour à toute vitesse, lance Magnus Berggren. Nous nous concentrons sur une électronique qui fonctionne vraiment sur la surface du papier et nous laissons aux chercheurs de demain le soin de régler le problème de la vitesse. » Que son application soit le papier est purement le fruit du hasard. Spécialiste de la physique des solides, Magnus Berggren a déjà travaillé sur les polymères conducteurs. L’une des tendances actuelles en physique est la modification des surfaces souples : la plupart SCA Customer Magazine 2/2003 Graphic Paper 13
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