Vol. 18 - No. 3, Hiver 2005 - Www3.carleton.ca - Carleton University
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esponsables de communautés (représentants religieux,<br />
membres de différents groupes ethniques) qui<br />
connaissent, ou entendent parler de telle ou telle personne<br />
se faisant exploiter; c’est alors qu’ils composent<br />
le numéro d’appel de l’alliance, joignable 24 heures<br />
sur 24. Mme Minkova a rappelé qu’en raison d’une<br />
mauvaise connaissance de la législation en matière<br />
de trafic humain dans les communautés ethniques,<br />
peu de personnes faisaient appel aux services d’aide<br />
existants. Cependant, grâce aux efforts fournis récemment<br />
pour se faire connaître dans des endroits toujours<br />
plus nombreux – notamment par la multipli<strong>ca</strong>tion<br />
des présentations – les demandes d’aide ont afflué<br />
dernièrement.<br />
En plus des communautés, divers groupes fournissent<br />
à la ReWA des informations sur de potentielles<br />
victimes à contacter; parmi ces groupes, on retrouve<br />
les centres d’accueil pour femmes victimes de violence,<br />
des associations d’aide aux réfugiés et aux immigrants,<br />
des prestataires de soins de santé (services<br />
hospitaliers pour personnes démunies ou sans assurance<br />
notamment), et les services d’appli<strong>ca</strong>tion de la<br />
loi. En fait aujourd’hui, la plupart des informations<br />
recueillies proviennent d’agents travaillant dans des<br />
services d’appli<strong>ca</strong>tion de la loi (FBI, immigration,<br />
douanes), parce que ce sont eux qui enquêtent sur<br />
des affaires de trafic humain et reçoivent les victimes.<br />
D’où l’importance, comme Mme Minkova le<br />
soulignait, de travailler en collaboration avec toutes<br />
les institutions possibles, dans une atmosphère de<br />
confiance mutuelle.<br />
Revenant sur l’identifi<strong>ca</strong>tion des victimes, Mme Resh<br />
a néanmoins précisé que même les agents de services<br />
de police étaient mal formés sur les problèmes de<br />
traite humaine. Peu d’agents de police lo<strong>ca</strong>ux<br />
avaient rencontré le terme et le comprenaient convenablement.<br />
Pour pallier à ce problème, l’équipe<br />
du projet a créé des <strong>ca</strong>rtes de type <strong>ca</strong>rte professionnelle,<br />
avec cinq questions permettant d’identifier<br />
les victimes éventuelles. La ReWA a formé<br />
l’ensemble des agents de police de Seattle à l’utilisation<br />
de ces <strong>ca</strong>rtes, qui se sont révélées un excellent<br />
outil d’aide à l’identifi<strong>ca</strong>tion.<br />
La ReWA procède également à un premier filtrage,<br />
en plus de l’identifi<strong>ca</strong>tion du client (la victime). Le<br />
but principal de ce filtrage est de comprendre quelle<br />
définition s’applique le mieux au <strong>ca</strong>s de l’individu,<br />
ou dans quelle <strong>ca</strong>tégorie le classer. Par exemple, bien<br />
qu’on puisse présenter un individu comme une victime<br />
de traite à l’association, il peut très bien n’être<br />
qu’une victime de passage de clandestins, ou alors la<br />
définition exacte du trafic humain peut ne pas s’appliquer<br />
exactement au trafic mis en <strong>ca</strong>use et, suivant<br />
les <strong>ca</strong>s, différentes mesures doivent être prises. Ainsi,<br />
le trafic humain dans le <strong>ca</strong>s de mariages par correspondance<br />
requiert une approche spécifique.<br />
Après ce premier filtrage, la cellule d’action fait une<br />
évaluation des risques encourus par la victime. Les<br />
circonstances dans lesquelles la personne a échappé<br />
à sa <strong>ca</strong>ptivité ainsi que les mesures de protection<br />
existantes – ou nécessaires – sont analysées, afin d’assurer<br />
la sécurité future de la victime. Souvent, cela<br />
signifie mettre la personne dans un lieu sûr jusqu’à<br />
ce qu’elle soit en mesure de se protéger elle-même,<br />
et émettre une ordonnance restrictive ou un mandat<br />
de protection – ce qui provoque en général une action<br />
rapide des forces de l’ordre.<br />
Après qu’on a dressé l’historique du trafic dont l’individu<br />
a été victime, ce dernier répond à une série de<br />
questions concernant les détails du trafic et de la<br />
fuite. On évalue également les besoins immédiats<br />
de la victime (soins de santé, nourriture, logement,<br />
habits). <strong>No</strong>mbre de victimes d’abus sexuels ne<br />
possèdent pas les vêtements adéquats pour affronter<br />
le froid de Seattle.<br />
L’équipe du projet propose également un plan de traitement<br />
médi<strong>ca</strong>l pour chaque personne. Il consiste en<br />
une liste de services et de recours possibles, ainsi<br />
qu’en une série de moyens d’action à mettre en oeuvre<br />
pour aider la personne touchée de la meilleure manière<br />
possible. Mme Minkova a soulevé le fait qu’il<br />
apparaît très souvent extrêmement difficile, voire insurmontable,<br />
pour les victimes de comprendre les<br />
différents types d’organisation chargées de leur protection,<br />
et de faire la distinction entre elles. Les victimes<br />
viennent souvent de cultures pour lesquelles une<br />
telle variété d’organismes et de services sociaux<br />
n’existe pas. Ainsi, en raison de la barrière linguistique,<br />
surmonter la complexité du plan de traitement<br />
s’avère toujours un défi.<br />
Pour les aider à s’intégrer dans la société, la ReWA<br />
offre aux victimes des cours de langue et d’adaptation<br />
à la vie en société dans lesquels ils apprennent,<br />
entre autres choses, à obtenir leurs <strong>ca</strong>rtes d’identité<br />
et à ouvrir un compte ban<strong>ca</strong>ire.<br />
La ReWA ne prend pas part directement au sauvetage<br />
effectif des victimes de trafic, mais essaie néanmoins<br />
de participer aussi tôt que possible à l’intervention,<br />
afin d’obtenir la confiance et de pouvoir dresser<br />
un historique de l’expérience des victimes.<br />
La période durant laquelle l’alliance s’implique le plus<br />
activement est celle de la convalescence. Pendant cette<br />
période, elle aide la personne libérée à s’adapter à<br />
son nouvel environnement, qui est en général très<br />
différent de celui dont elle s’est échappée.<br />
Mme Minkova a soulevé le fait que, au cours de la<br />
gestion du <strong>ca</strong>s et du travail de défense, il est primordial<br />
de n’avoir qu’une unique personne responsable<br />
de l’affaire, et qu’elle supervise le déroulement de<br />
l’ensemble des actions menées dans le <strong>ca</strong>dre de celleci.<br />
De cette manière, elle peut faire part à la victime<br />
de l’avancement de son dossier. <strong>No</strong>n seulement le<br />
21 INSCAN <strong>Vol</strong> <strong>18</strong> (3) <strong>2005</strong>