Rééducation et réadaptation de l'adulte brûlé - SFETB
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Kinésithérapie<br />
RÉÉDUCATION ET RÉADAPTATION DE L’ADULTE BRÛLÉ<br />
26-280-C-10<br />
reprise <strong>de</strong> contact avec le proche environnement, du cheminement<br />
personnel <strong>et</strong> collectif vers la réalité <strong>de</strong>s séquelles <strong>et</strong> pour certains c’est le<br />
début d’un travail <strong>de</strong> « <strong>de</strong>uil ». C’est donc un moment capital,<br />
particulièrement difficile à franchir qui nécessite un soutien<br />
psychologique.<br />
Les précé<strong>de</strong>ntes métho<strong>de</strong>s kinésithérapiques sont adaptées à la solidité<br />
<strong>de</strong> la peau. Ainsi, les postures cutanées sont globales, le plus souvent<br />
associées à <strong>de</strong>s massages, les autopostures sont largement utilisées <strong>et</strong><br />
réalisées plus facilement car moins douloureuses. On peut utiliser<br />
d’autres techniques <strong>de</strong> rééducation : la technique <strong>de</strong> Kabat assurant un<br />
renforcement musculaire global, <strong>et</strong> surtout pour lutter contre les troubles<br />
du tonus musculaire en recréant un équilibre entre les agonistes <strong>et</strong><br />
antagonistes <strong>et</strong> favoriser le mouvement, les techniques <strong>de</strong> gymnastiques<br />
globalistes (type Fel<strong>de</strong>nkrais) pour faire prendre conscience <strong>de</strong>s<br />
possibilités gestuelles <strong>et</strong> fonctionnelles, les métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> rééducation<br />
posturale comme celle <strong>de</strong> Mézières qui, à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> postures d’étirement<br />
<strong>de</strong>s chaînes myofasciales, corrige les attitu<strong>de</strong>s vicieuses induites par les<br />
rétractions cutanées, <strong>de</strong>s techniques <strong>de</strong> str<strong>et</strong>ching [81] dans l’optique<br />
d’assurer un assouplissement cutané <strong>et</strong> musculoaponévrotique <strong>et</strong><br />
d’obtenir ainsi une mobilisation articulaire secondaire. La rééducation<br />
maxillofaciale [17] est systématiquement utilisée <strong>de</strong>vant toute brûlure <strong>de</strong><br />
la face <strong>et</strong> particulièrement lors du port d’un conformateur cervical ou<br />
facial. Elle perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> contrôler le bon fonctionnement <strong>de</strong>s articulations<br />
temporomandibulaires <strong>et</strong> <strong>de</strong> proposer, le cas échéant, une série<br />
d’exercices, réalisés <strong>de</strong>vant la glace, choisis en fonction <strong>de</strong>s anomalies.<br />
Parallèlement, <strong>de</strong>s massages endobuccaux associant <strong>de</strong>s étirements<br />
périorificiels (fig 48) sont réalisés en complément du port <strong>de</strong><br />
conformateurs buccaux [17, 75] pour restaurer l’ouverture <strong>de</strong> la bouche <strong>et</strong><br />
améliorer le confort lors <strong>de</strong> l’enfournement <strong>de</strong>s aliments. On <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />
toujours une radiographie temporomandibulaire pour vérifier l’intégrité<br />
articulaire.<br />
Les massages cicatriciels peuvent être introduits à ce sta<strong>de</strong> [48, 67] , mais<br />
certains préfèrent attendre que la maturation cicatricielle soit parvenue<br />
plus à terme (fig 49) [5, 45] , considérant que les massages aggravent<br />
l’inflammation <strong>et</strong> sont donc plus nocifs que bénéfiques. Pour définir le<br />
niveau <strong>de</strong> l’inflammation, on utilise <strong>de</strong>ux tests cliniques :<br />
– le test <strong>de</strong> blanchiment dynamique correspondant à la mise en tension<br />
<strong>de</strong> la peau cicatricielle qui blanchit d’autant plus (en étendue <strong>et</strong> intensité<br />
pour une faible traction) qu’elle est inflammatoire (fig 50) <strong>et</strong> blanchit<br />
d’autant moins, inversement, lorsqu’elle parvient à maturité. Ce test est<br />
surtout utile pour définir le risque évolutif <strong>de</strong> la zone rétractile étudiée ;<br />
– le test <strong>de</strong> vitropression [45] qui entraîne, par simple pression pulpaire<br />
<strong>de</strong> la cicatrice, son blanchiment cutané. Dès le r<strong>et</strong>rait du doigt, on mesure<br />
le temps <strong>de</strong> recoloration <strong>de</strong> la cicatrice (qui se fait <strong>de</strong> la périphérie vers<br />
le centre) : pour 1 secon<strong>de</strong> = +++, entre 1 <strong>et</strong> 2 secon<strong>de</strong>s = ++, presque<br />
3 secon<strong>de</strong>s =+<strong>et</strong>au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> 3 secon<strong>de</strong>s = normal. L’inflammation est<br />
d’autant plus forte que la recoloration est rapi<strong>de</strong>. Les massages sont<br />
possibles à ++ [45] , mais recommandés à +. Ils n’apporteraient néanmoins<br />
aucune modification sur la maturation cicatricielle [72, 92] ; mais ils<br />
perm<strong>et</strong>tent la restauration <strong>de</strong>s plans <strong>de</strong> glissement tissulaire en les<br />
libérant <strong>de</strong> leurs adhérences profon<strong>de</strong>s. Ils sont aussi particulièrement<br />
appréciés <strong>de</strong>s patients. En assurant la stimulation <strong>de</strong>s récepteurs<br />
nociceptifs <strong>et</strong> proprioceptifs <strong>et</strong> en l’accompagnant d’une hydratation, le<br />
massage modifie probablement les messages extéro- <strong>et</strong> intéroceptifs en<br />
sensation <strong>de</strong> bien-être. Ils consistent en <strong>de</strong>s pressions puis <strong>de</strong>s ponçages<br />
effectués avec la pulpe <strong>de</strong>s doigts <strong>et</strong> <strong>de</strong>s pétrissages dont le palpé-roulé<br />
qui se pratique en <strong>de</strong>rnier en fonction <strong>de</strong> la tolérance <strong>et</strong> <strong>de</strong> la solidité<br />
cutanées [48, 67, 81] .<br />
Les ultrasons pulsés sont utilisés pour leur action fibrolytique <strong>et</strong><br />
analgésique [5, 81] (contre-indiqués dans le cas d’infections cutanées <strong>et</strong><br />
ostéoarticulaires non résolues). La douche filiforme avec l’eau du<br />
robin<strong>et</strong> (fig 51) réalise <strong>de</strong>s micromassages sous une pression <strong>de</strong> 5 à<br />
17 bars. Elle peut être utilisée dès le troisième mois <strong>de</strong> la brûlure si la<br />
cicatrisation est complète [51] . Elle ai<strong>de</strong> à la libération <strong>de</strong>s adhérences<br />
profon<strong>de</strong>s, améliore l’aspect <strong>de</strong> la peau <strong>et</strong> le bien-être général si elle est<br />
poursuivie sur plusieurs semaines, mais surtout elle prépare le patient à<br />
la cure thermale. L’air comprimé peut être utilisé <strong>de</strong> la même manière [50]<br />
(fig 52).<br />
La compression : lorsque la solidité <strong>de</strong> la peau le perm<strong>et</strong>, on réalise <strong>de</strong>s<br />
vêtements compressifs avec <strong>de</strong>s tissus élastiques en Lycrat en attendant<br />
les vêtements compressifs industriels faits sur mesure dont la durée <strong>de</strong><br />
vie est plus longue. Les zones corporelles anfractueuses sont difficiles à<br />
comprimer, on utilise <strong>de</strong>s adjonctions <strong>de</strong> tous types pour comprimer<br />
48 Étirement périorificiel d’ une rétraction buccale.<br />
49 Massage d’une cicatrice peu inflammatoire.<br />
50 Blanchiment dynamique (lors <strong>de</strong> la mise en tension <strong>de</strong> la cicatrice).<br />
(mousses, silicones) (fig 53) <strong>et</strong> <strong>de</strong>s gels (fig 54) pour assouplir [38, 63] . Les<br />
zones d’accès difficile comme la face <strong>et</strong> le cou sont comprimées par <strong>de</strong>s<br />
orthèses rigi<strong>de</strong>s ou semi-rigi<strong>de</strong>s réalisées d’après un moulage travaillé<br />
<strong>de</strong> manière à corriger les hypertrophies <strong>et</strong> à posturer la peau [27, 67, 91] .<br />
Ainsi, pour le visage, on confectionnera un véritable conformateur facial<br />
(fig 55) selon la technique <strong>de</strong> Sainte-Foy L’Argentière [7, 67] qui se<br />
distingue du simple masque par l’importance <strong>de</strong>s évi<strong>de</strong>ments pratiqués<br />
sur le positif plâtré pour r<strong>et</strong>rouver le relief osseux du visage <strong>et</strong> ainsi<br />
comprimer, immobiliser <strong>et</strong> étirer efficacement le revêtement cutané<br />
facial qui est embouti. Après vérification <strong>de</strong>s zones d’appui, on réalise<br />
les finitions <strong>et</strong> on adapte une sangle élastique en forme <strong>de</strong> « tortue ».<br />
Comme pour tous compressifs, les conformateurs <strong>et</strong> les orthèses<br />
rigi<strong>de</strong>s [27] doivent être portés le plus longtemps possible, idéalement<br />
23 h/j, cependant les contraintes qu’ils réalisent réclament la<br />
page 17