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LE GENOCIDE DES ARMENIENS et DES KURDES DE ... - Pen-Kurd

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SEVE EVÎN ÇIÇEK<br />

Fribourg, le 24 avril 2010<br />

<strong>LE</strong> GENOCÌ<strong>DE</strong> <strong><strong>DE</strong>S</strong> ARMENĐENS ET <strong>LE</strong> GENOCÌ<strong>DE</strong> <strong><strong>DE</strong>S</strong><br />

KUR<strong><strong>DE</strong>S</strong> <strong>DE</strong> KOÇGÌRÎ <strong>DE</strong>RSĐM<br />

INTRODUCTĐON<br />

La commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants<br />

américaine a adopté le 4 mars 2010 dernier une résolution qualifiant de<br />

génocide les massacres d'Arméniens par les forces ottomanes au début du XX e<br />

siècle, en dépit des pressions de Barack Obama <strong>et</strong> d'Ankara.<br />

La commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants<br />

américaine a adopté le 4 mars 2010 dernier une résolution qualifiant de<br />

génocide les massacres d'Arméniens par les forces ottomanes au début du XX e<br />

siècle, en dépit des pressions de Barack Obama <strong>et</strong> d'Ankara. Les autorités<br />

arméniennes se sont félicitées de ce vote, tandis qu'Ankara a rappelé son<br />

1


ambassadeur à Washington pour consultations, a annoncé le premier ministre,<br />

Recep Tayyip Erdogan. Le chef du gouvernement s'inquiète dans un<br />

communiqué des conséquences de c<strong>et</strong>te décision sur les relations entre Ankara<br />

<strong>et</strong> Washington <strong>et</strong> sur le processus de réconciliation avec l'Arménie. La question<br />

arménienne a déjà envenimé par le passé les relations entre Ankara <strong>et</strong><br />

Washington.<br />

Pour le député arménien du parti Dachnaktsoutioun (nationaliste) Armen<br />

Roustamian, président de la commission parlementaire des Relations<br />

internationales, "la Turquie a une fois de plus montré qu’elle savait utiliser le<br />

chantage", rapporte le site d’information arménien Panorama.am. Quant au<br />

président du Parlement arménien, Ovik Abramian, il a adressé une l<strong>et</strong>tre de<br />

remerciement à Nancy Pelosi, présidente de la Chambre des représentants,<br />

rapporte Armenia Today. "Le vote du 4 mars n’est pas simplement un devoir<br />

moral envers le peuple arménien, mais une réponse juste au crime de lèsehumanité<br />

perpétré au début du siècle dernier", est-il écrit dans la l<strong>et</strong>tre, qui par<br />

ailleurs affirme que "c<strong>et</strong>te décision sera un pas important pour la réconciliation<br />

des peuples arménien <strong>et</strong> turc". Golos Armenii, le quotidien russophone d'Erevan,<br />

estime que "la diplomatie arménienne doit s’en tenir, sans conditions préalables,<br />

à sa politique de rapprochement avec Ankara, initiée en octobre 2009".<br />

La résolution, qui parle ouvertement du "génocide des arméniens"<br />

conduit entre 1915 <strong>et</strong> 1923 par l'Empire ottoman, a été adoptée par vingt-trois<br />

voix contre vingt-deux. Le texte, qui n'a pas force de loi, appelle le président<br />

américain à "qualifier de façon précise l'extermination systématique <strong>et</strong> délibérée<br />

de 1 500 000 Arméniens, de génocide". En d'autres termes, elle enjoint les<br />

autorités américaines à utiliser le terme de "génocide" à chaque fois qu'elles<br />

évoqueront le suj<strong>et</strong>. En avril dernier, Obama s'était abstenu de l'utiliser, lui<br />

préférant celui d'"atrocités".<br />

Les intellectuels turcs <strong>et</strong> arméniens se réuniront à Ankara les 24 <strong>et</strong> 25 avril<br />

pour discuter des événements de 1915 <strong>et</strong> tenter d’améliorer le dialogue entre les<br />

deux pays, lors d’une rencontre organisée par Initiative de la Liberté de pensée<br />

d’Ankara.<br />

"Nous pensons que le problème entre les deux nations ne sera résolu que<br />

par le dialogue," a déclaré Sait Ç<strong>et</strong>inoglu, écrivain <strong>et</strong> militant des droits de<br />

l’homme, <strong>et</strong> l’un des organisateurs du Forum, au quotidien Hürriy<strong>et</strong> Nouvelles<br />

& Revue Économique."Les questions qui nous concernent au premier chef sont<br />

en cours de discussion dans les capitales du monde, car nous ne parvenons pas à<br />

en parler [entre nous]. La sincérité de l’Occident est discutable, <strong>et</strong> la Turquie a<br />

une attitude de déni," a ajouté Ç<strong>et</strong>inoglu.<br />

2


Les participants au forum parleront des événements qui ont conduit aux<br />

massacres de 1915, ainsi que leurs implications politiques. Les suj<strong>et</strong>s de<br />

discussion porteront sur : ‘La question arménienne dans une perspective<br />

historique’ ; ‘du Comité Union <strong>et</strong> Progrès au kémalisme – le déni idéologique<br />

officiel <strong>et</strong> de la fin de la question’ ; ‘La turquisation du capital’ ; <strong>et</strong> ‘Le problème<br />

arménien : comment le gérer ’ sans participation des intellectuels <strong>Kurd</strong>es<br />

au débat au niveau national <strong>et</strong> international il est impossible de juger les<br />

criminels du génocide des nos peuples, en premier lieu des criminels du<br />

Génocide des Arméniens.<br />

Si pour la première fois, l’avocate kurde EREN Keskin a fait la<br />

réouverture de commémoration du génocide des 'Arméniens de 1891-1923 à<br />

Constantinople à la pace de Taksim, en plein centre ville, où plusieurs<br />

centaines de personnes sont restées de longues minutes assises à même le sol,<br />

des oeill<strong>et</strong>s rouges <strong>et</strong> des bougies à la main, avant d'écouter des enregistrements<br />

de musique arménienne, il est in utile que des négationnistes comme Insel ou<br />

Akçam font des récupérations. D’abord, le génocide n’est pas d’une "Grande<br />

catastrophe", qu’elle n’est pas d’autre chose que l’âme criminelle des<br />

négationnistes kémalistes <strong>et</strong> pan turkistes <strong>et</strong> panturanistes <strong>et</strong> panislamistes. La<br />

question qui se pose est ce que Orhan Pamuk, Ahm<strong>et</strong> Insel, Taner Akçam,<br />

Lucas Hans Kieser, Martin Van Bruinessen <strong>et</strong> les autres sont d’accord, pour<br />

juger des criminels de génocide en premier lieu Mustafa Kemal que nous avons<br />

cité dans l’Acte d’Accusation <br />

.<br />

3


C’est l’avocate EREN KESKIN, d’origine kurde qui prend la parole.<br />

4


Photos : Saban DAYANAN - Constantinople<br />

7


POSĐTĐON DU PROB<strong>LE</strong>ME<br />

Si on examine en détail des résolutions de la reconnaissance du génocide<br />

des Arméniens, nous constatons que de nombreuses erreurs commises sont<br />

opposées à la réalité. Par conséquence, ces contradictions constituent le<br />

fondement d’un refus du processus génocidaire qui veut limiter les faits du<br />

génocide d’une part <strong>et</strong> en accentuant que ces faits sont produits seulement<br />

sous l’empire Ottoman mais pas sous le régime kémaliste quı n’a pas participé<br />

au génocide d’autre part. C<strong>et</strong>te logique veut séparer des crimes commis par<br />

l’organisation Spéciale du CUP <strong>et</strong> de ceux des kémalistes.Elle nie de la période<br />

des Hamidiehs de 1891 à 1914 pendant laquelle, l’armée officielle de l’Empire<br />

impérialiste ottoman a participé directement au génocide des Arméniens, des<br />

Grecs des Assyro Keldaniens <strong>et</strong> des <strong>Kurd</strong>es. Or, nous constatons suite à l'étude<br />

des filiations entre unionistes, responsables du génocide des Arméniens, <strong>et</strong> les<br />

kémalistes ont été justifiées. La responsabilité des promoteurs de la Turquie<br />

kémaliste est inséparable d’Enver, Talaat, Djemal y compris Kemal ont joué un<br />

rôle capital dans l’extermination des peuples. La méthode s'inspire des<br />

techniques micro historiques, en développant une prosopographie de la<br />

génération des responsables turcs nés dans les années 1870-1880 <strong>et</strong> morts après<br />

la fondation de la République en 1923. Les dates de décès sont très diverses de<br />

1924 à 1986. La question posée pour chaque individu est: quelles responsabilités<br />

a-t-il assumées pendant le génocide des Arméniens en 1915 puis au sein de la<br />

République de Turquie Nous avons aussi r<strong>et</strong>ourné la problématique en<br />

considérant les plus hauts dirigeants turcs de 1920 à 1960 <strong>et</strong> en recherchant leurs<br />

liens avec le Comité Union <strong>et</strong> Progrès: les dirigeants turcs de 1920 à 1960 <br />

La vérité c’est qu’il n’y a pas d’une rupture entre la politique d’Enver, Talaat<br />

Djemal <strong>et</strong> de celle de Mustafa Kemal dans la mesure où il est l’un des<br />

fondateurs du CUP <strong>et</strong> de l’Organisation Spéciale. C’est la raison pour laquelle<br />

dans un premier temps, nous posons la problématique du génocide à partir de<br />

l’analyse de <strong>LE</strong>MKĐN, dans un deuxième temps nous examinerons la politique<br />

anti arménienne contre les peuples opprimés le rôle des Unionistes <strong>et</strong> des<br />

kémalistes dans les génocides des peuples, des Arméniens, des Grecs, des<br />

Assyro Keldaniens, des <strong>Kurd</strong>es ainsi que de la déportation des Juifs. Dans un<br />

troisième nous posons la question de la finalité des enjeux des reconnaissances<br />

qu’il est indispensable de créer d’une structure juridictionnelle Đnternationale<br />

pour juger des crimes de génocides <strong>et</strong> des responsables criminels qui sont<br />

fondateurs de la République de Turquie, que nous avons présenté lors de la<br />

Conférence de Stockholm sur le génocide de Dersim Koçgiri du fait que le Dr<br />

8


RĐZA NUR, Ministre de la Santé du Gouvernement kémaliste ente l’Empire<br />

Ottoman <strong>et</strong> la République <br />

PREMĐERE PARTĐE<br />

1 -Qu’est ce qu’un Génocide Qu signifie le génocide des<br />

Arméniens <br />

En tant que membre du Centre de PEN KUR<strong>DE</strong> <strong>et</strong> de PEN<br />

International qui ont réunit des écrivains, des journalistes, des poètes - toute<br />

personne qui utilise l'écriture afin de transm<strong>et</strong>tre des idées - qui croient de façon<br />

commune que c'est par le partage <strong>et</strong> l'échange que des ponts de compréhension<br />

peuvent être construits entre les personnes. Ces ponts traversent des clivages<br />

aussi bien politiques que géographiques, <strong>et</strong>hniques, la défense des droits pour la<br />

liberté d'expression - la liberté d'exprimer des idées sans crainte d'être attaqué,<br />

arrêté ou persécuté - a été au coeur du travail de PEN international depuis sa<br />

fondation en 1921. En mon nom je condamne tous les génocides dans le monde.<br />

C’est mon droit en tant qu’écrivaine.<br />

L’opinion publique mondiale sait que le travail <strong>et</strong> la prise de position de<br />

PEN International étaient déjà efficaces lorsque la Déclaration des droits de<br />

l'homme fut prononcée <strong>et</strong> adoptée par l'Organisation des nations unies en 1948.<br />

Il est dit que PEN International a participé à l'élaboration du concept de liberté<br />

d'expression aujourd'hui employé dans l'Article 19 de la Déclaration, un droit<br />

aussi essentiel aujourd'hui qu'au moment de sa définition, après la seconde<br />

guerre mondiale.<br />

Tout individu a droit à la liberté d'opinion <strong>et</strong> d'expression, ce qui implique<br />

le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions <strong>et</strong> celui de chercher, de<br />

recevoir <strong>et</strong> de répandre, sans considérations de frontières, les informations <strong>et</strong><br />

les idées par quelque moyen d'expression que ce soit.<br />

I. Qu’est ce qu’un génocide <br />

Selon professeur RAFAEL <strong>LE</strong>MKĐN “le Génocide. Un nouveau terme <strong>et</strong> une<br />

nouvelle conception pour la destruction des nations » y compris la nation <strong>Kurd</strong>e<br />

<strong>et</strong> le peuple <strong>Kurd</strong>e de Koçgiri. Il développe « de nouvelles conceptions exigent<br />

des termes nouveaux. » que j’avais élargi lors de ma Conférence à Stockholm<br />

sur le génocide de <strong>DE</strong>RSIM.<br />

Professeur <strong>LE</strong>MKIN « Par «génocide» nous entendons la destruction<br />

d'une nation ou d'un groupe <strong>et</strong>hnique. Ce nouveau terme, créé par l'auteur pour<br />

désigner une vieille pratique dans sa forme moderne, est formé du grec ancien<br />

9


genos (race, tribu) <strong>et</strong> du latin cide (qui tue), <strong>et</strong> renvoie dans sa formation à des<br />

mots tels que tyrannicide, homicide, infanticide, <strong>et</strong>c. 1. D'une manière générale,<br />

le génocide ne signifie pas nécessairement la destruction immédiate d'une<br />

nation, sauf quand il est accompli par un massacre de tous ses membres. Il<br />

signifie plutôt la mise en œuvre de différentes actions coordonnées qui visent à<br />

la destruction des fondements essentiels de la vie de groupes nationaux, en vue<br />

de leur anéantissement. Une telle politique a pour objectifs la désintégration de<br />

leurs institutions politiques <strong>et</strong> sociales, de leur culture, de leur langue, de leur<br />

conscience nationale, de leur religion <strong>et</strong> de leur existence économique, la<br />

destruction de la sécurité, de la liberté, de la santé, de la dignité individuelle <strong>et</strong><br />

de la vie même des individus. Le génocide est dirigé contre un groupe national<br />

en tant qu'entité, <strong>et</strong> les actions sont menées contre les individus, non pour ce<br />

qu'ils sont, mais pour leur appartenance à ce groupe.<br />

L'illustration qui suit sera suffisante. La confiscation des biens des<br />

ressortissants d'une zone occupée pour le simple fait qu'ils ont quitté le pays peut<br />

être considérée comme une simple privation de leurs droits de propriété individuels.<br />

Mais, si les confiscations sont ordonnées contre des individus simplement<br />

parce qu'ils sont polonais, juifs ou tchèques, alors ces mêmes confiscations ont<br />

pour obj<strong>et</strong> d'affaiblir les entités nationales dont ces personnes sont membres.<br />

Le génocide comprend deux phases: l'une est la destruction des<br />

caractéristiques nationales propres au groupe opprimé; l'autre, l'instauration des<br />

caractéristiques nationales propres à l'oppresseur. C<strong>et</strong>te instauration est imposée<br />

à la population opprimée autorisée à subsister, ou est appliquée sur le seul<br />

territoire, vidé de sa population <strong>et</strong> colonisé par les ressortissants de l'oppresseur.<br />

La dénationalisation a été le terme utilisé dans le passé pour décrire la destruction<br />

des caractéristiques nationales 2. L'auteur croit toutefois que ce terme est<br />

inadéquat pour trois raisons: 1) il ne comprend pas la notion de destruction de la<br />

structure biologique ; 2) il renvoie bien à la notion de destruction des<br />

caractéristiques nationales, mais non à celle d'instauration des caractéristiques<br />

nationales propres à l'oppresseur; 3) la dénationalisation est employée par<br />

certains auteurs pour signifier simplement la privation de nationalité.<br />

De nombreux auteurs, au lieu d'utiliser un terme générique, emploient<br />

couramment des termes qui renvoient simplement à certains aspects<br />

fonctionnels de la notion générique de génocide. Les termes «germanisation », «<br />

magyarisation », «italianisation» sont utilisés, par exemple, pour signifier<br />

l'instauration de caractéristiques nationales d'un groupe plus fort (1'Allemagne,<br />

la Hongrie, l'Italie) sur un groupe national qu'il contrôle. L'auteur pense que ces<br />

termes sont également inadéquats dans la mesure où ils ne renvoient pas à la<br />

véritable notion générique, mais évoquent seulement les aspects culturels,<br />

économiques <strong>et</strong> sociaux du génocide <strong>et</strong> laissent de côté l'aspect biologique<br />

10


caractérisé par le déclin physique <strong>et</strong> même la destruction de la population en<br />

question. Si on emploie le terme « germanisation » des Polonais, par exemple,<br />

cela signifie que les Polonais en tant qu'êtres humains sont préservés, <strong>et</strong> que<br />

seules les caractéristiques nationales des Allemands leur sont imposées. Un tel<br />

terme est beaucoup trop restrictif pour s'appliquer à un processus dans lequel la<br />

population est agressée, au sens physique du terme, déplacée <strong>et</strong> supplantée par<br />

des populations de leur oppresseur.<br />

Le génocide est l'antithèse de la doctrine Rousseau Portalis, qui peut être<br />

considérée comme implicite dans les conventions de La Haye. C<strong>et</strong>te doctrine<br />

spécifie que la guerre est menée contre les souverains <strong>et</strong> les armées, non contre<br />

les suj<strong>et</strong>s <strong>et</strong> les civils. Dans son application moderne à une société civilisée, la<br />

doctrine signifie que la guerre est menée contre les États <strong>et</strong> les forces armées <strong>et</strong><br />

non contre les populations. Une longue évolution a été nécessaire dans la société<br />

civilisée pour passer des guerres d'extermination 4 qui eurent lieu dans<br />

l'Antiquité <strong>et</strong> au Moyen Âge, à la conception de guerres essentiellement limitées<br />

aux activités menées contre les armées <strong>et</strong> les États. Dans la guerre actuelle<br />

toutefois, le génocide est largement pratiqué par l'occupant allemand.<br />

L'Allemagne ne pourrait accepter la doctrine Rousseau Portalis: tout d'abord<br />

parce que l'Allemagne mène une guerre totale, <strong>et</strong> ensuite parce qu'en vertu de la<br />

doctrine du national-socialisme, le facteur prédominant est la nation <strong>et</strong> non<br />

l'État 5 • Dans c<strong>et</strong>te conception allemande, la nation fournit l'élément biologique<br />

pour l'État. En conséquence, avec leur «ordre nouveau », les Allemands ont<br />

préparé <strong>et</strong> mènent une guerre non seulement contre les États <strong>et</strong> leurs armées<br />

mais contre les peuples. Pour les autorités d'occupation allemandes, la guerre<br />

apparaît ainsi offrir la solution la plus appropriée pour m<strong>et</strong>tre en œuvre leur<br />

politique de génocide. Leur raisonnement semble être le suivant:<br />

La nation ennemie sous le contrôle de l'Allemagne doit être détruite,<br />

anéantie ou affaiblie jusqu'à un certain point pour les décennies à venir. Ainsi le<br />

peuple allemand dans la période d'après-guerre sera en position de traiter avec<br />

les autres peuples européens du point de vue avantageux de la supériorité<br />

biologique. Dans la mesure où c<strong>et</strong>te politique de génocide est plus destructrice<br />

pour un peuple que les dommages subis au cours de combats réels 7, le peuple<br />

allemand après la guerre sera plus fort que les peuples soumis, même si l'armée<br />

allemande est vaincue. Le génocide est donc une nouvelle technique<br />

d'occupation qui vise à sortir vainqueur de la guerre même si la guerre ellemême<br />

est perdue.<br />

L'occupant a dans ce but élaboré un système destiné à détruire les<br />

nations selon un plan préparé à l'avance. Même avant la guerre, Hitler<br />

envisageait le génocide comme moyen de changer les interrelations biologiques<br />

en Europe en faveur de l'Allemagne 8. La conception que Hitler a du génocide<br />

11


est fondée non pas sur le culturel mais sur le biologique. Il pense que la<br />

«germanisation ne peut être mise en œuvre qu'avec le sol <strong>et</strong> non avec les<br />

hommes. »<br />

Lorsque l'Allemagne a occupé les différents pays européens, Hitler a<br />

considéré que leur administration était une question si importante que les<br />

commissaires du Reich <strong>et</strong> les gouverneurs sont directement responsables devant<br />

lui 10. Le plan du génocide devait être adapté dans les divers pays en raison de<br />

considérations politiques. Il ne pouvait être mis en œuvre brutalement dans tous<br />

les pays conquis, <strong>et</strong> c'est la raison pour laquelle le plan varie dans son obj<strong>et</strong>, ses<br />

modalités <strong>et</strong> son degré d'intensité selon le pays occupé. Certains groupes -<br />

comme les Juifs - doivent être intégralement détruits Il. Une distinction est<br />

opérée entre peuples considérés comme apparentés au peuple allemand (les<br />

Néerlandais, les Norvégiens, les Flamands, les Luxembourgeois), <strong>et</strong> les peuples<br />

qui ne le sont pas (les Polonais, les Slovènes, les Serbes). Les populations du<br />

premier groupe sont jugées dignes d'être germanisées. En ce qui concerne les<br />

Polonais tout particulièrement, Hitler est d'avis que seul leur sol peut <strong>et</strong> doit être<br />

germanisé avec profit.<br />

II. Les différentes techniques de génocide<br />

Les techniques de génocide que l'occupant allemand a mises en œuvre<br />

dans les divers pays occupés représentent une agression ciblée <strong>et</strong> coordonnée de<br />

tous les éléments qui fondent une nation. Ainsi le génocide est mis à exécution<br />

dans les domaines suivants:<br />

Domaine politique<br />

Dans les zones annexées, Pologne de l'Ouest, Eupen, Malmédy <strong>et</strong><br />

Moresn<strong>et</strong>, Luxembourg, <strong>et</strong> Alsace-Lorraine, les institutions locales de<br />

gouvernement sont abolies <strong>et</strong> remplacées par un système administratif allemand<br />

imposé. Tout ce qui peut rappeler les anciennes caractéristiques nationales a été<br />

aboli. Même les enseignes commerciales, les inscriptions sur les bâtiments, les<br />

routes, les rues, ainsi que les noms des communes <strong>et</strong> des localités ont été changés<br />

en allemand. Les ressortissants du Luxembourg qui ont des prénoms<br />

étrangers ou non germaniques sont priés de les changer pour les prénoms<br />

allemands correspondants; au cas où cela est impossible, ils doivent choisir un<br />

prénom allemand. En ce qui concerne les noms de famille, s'ils sont d'origine<br />

allemande <strong>et</strong> s'ils ont été changés en une forme non germanique, ils doivent être<br />

remplacés par leur forme germanique d'origine. Les personnes qui ne se sont pas<br />

pliées à ces exigences au cours de la période prescrite sont passibles de<br />

sanctions, <strong>et</strong>, de plus, peuvent se voir imposer des noms allemands, Des mesures<br />

analogues ont été prises pour la Lorraine.<br />

12


Des commissaires spéciaux pour le renforcement de la germanisation sont<br />

rattachés à l'administration <strong>et</strong> ont pour mission de coordonner toutes les actions<br />

qui perm<strong>et</strong>tent de promouvoir la germanisation dans une zone donnée. Les<br />

habitants d'origine allemande qui habitaient les pays occupés avant l'occupation<br />

jouent un rôle particulièrement actif sur ce point. Après avoir accompli leur<br />

mission de membres de ce que l'on appelle la cinquième colonne, ils forment le<br />

noyau actif de la germanisation. Il est établi un registre des Allemands<br />

(Volksliste 16) <strong>et</strong> une carte spéciale leur perm<strong>et</strong> de jouir de certains privilèges <strong>et</strong><br />

les avantage, en particulier dans les domaines du rationnement, de l'emploi, de la<br />

direction des entreprises sur les habitants locaux, pour ne citer que ceux-ci. Afin<br />

de briser l'unité nationale de la population locale, il a été déclaré que les non<br />

Allemands mariés aux Allemands peuvent, en en faisant la demande, être<br />

inscrits sur la Volkingen.<br />

Afin de briser davantage encore l'unité nationale, des partis nazis furent<br />

organisés, comme le Nasjonal Samling Party en Norvège, <strong>et</strong> le Mussert Party<br />

aux Pays-Bas, <strong>et</strong> ceux qui, au sein de la population locale, en deviennent<br />

membres se voient accorder des privilèges politiques. Les autres partis<br />

politiques sont dissous. Ces partis nazis dans les pays occupés se voient aussi<br />

accorder une protection spéciale par les cours de justice.<br />

De pair avec c<strong>et</strong>te politique de germanisation, tout particulièrement dans<br />

les territoires annexés, l'occupant organise un système de colonisation de ces<br />

zones. En Pologne de l'ouest, en particulier, ceci a été réalisé sur une grande<br />

échelle. La population polonaise a été déplacée pour laisser place aux colons<br />

allemands amenés des États baltes, des régions du centre <strong>et</strong> de l'est de la<br />

Pologne, de Bessarabie <strong>et</strong> du Reich lui-même. Les biens <strong>et</strong> les maisons des<br />

Polonais sont attribués aux colons allemands; <strong>et</strong> pour les inciter à venir résider<br />

dans ces zones, les colons se voient accorder de nombreux privilèges, tout<br />

particulièrement sous forme d'exonération fiscale.<br />

Domaine social<br />

Dans le domaine social, la destruction des caractéristiques nationales est en<br />

partie réalisée par l'abolition de la législation locale <strong>et</strong> des cours de justice<br />

locales <strong>et</strong> par l'instauration de la législation <strong>et</strong> des cours allemandes, ainsi que<br />

par la germanisation de la langue judiciaire <strong>et</strong> du barreau 19. La structure sociale<br />

d'une nation étant vitale pour son développement national, l'occupant s'efforce<br />

également d'accomplir des changements qui ont pour eff<strong>et</strong> d'affaiblir les<br />

ressources spirituelles nationales. Le point central de l'agression s'est focalisé sur<br />

l'intelligentsia, parce que ce groupe fournit en grande partie les dirigeants<br />

nationaux <strong>et</strong> organise la résistance à la nazification. Ceci est particulièrement<br />

vrai pour la Pologne <strong>et</strong> la Slovénie où l'intelligentsia <strong>et</strong> le clergé ont été en<br />

grande partie séparés de la population <strong>et</strong> déportés aux travaux forcés en<br />

13


Allemagne. La tendance en Pologne est de ne r<strong>et</strong>enir que les ouvriers agricoles<br />

<strong>et</strong> les paysans, tandis que dans les pays occidentaux occupés, les ouvriers de<br />

l'industrie sont aussi autorisés à rester, dans la mesure où ils peuvent aider les<br />

industries locales à prendre part à l'économie de guerre allemande.<br />

Domaine culturel<br />

Dans les zones annexées, la population locale n'a le droit d'employer sa propre<br />

langue ni dans les écoles, ni dans les textes imprimés. En vertu du décr<strong>et</strong> du 6<br />

août 1940, la langue d'enseignement de toutes les écoles du Luxembourg est<br />

devenue exclusivement l'allemand. Le français ne peut être enseigné à l'école<br />

primaire; les cours de français peuvent continuer à être donnés dans les écoles<br />

secondaires seulement. Des professeurs allemands sont nommés dans les écoles<br />

<strong>et</strong> doivent enseigner selon les principes du national-socialisme. En Lorraine,<br />

l'enseignement obligatoire commence à l'âge de six ans <strong>et</strong> doit assurer l’éducation<br />

de la jeunesse dans l'esprit du national-socialisme. Il dure huit ans, jusqu'à<br />

la fin du collège (Volksschule) <strong>et</strong> ensuite il y a encore trois années de lycée<br />

professionnel. De plus, dans les zones à population polonaise, les jeunes ne sont<br />

pas autorisés à poursuivre des études littéraires <strong>et</strong> sont pour la plupart dirigés<br />

vers des collèges techniques. L'occupant croit apparemment que les études<br />

littéraires peuvent engendrer des idées d'indépendance nationale polonaise, <strong>et</strong><br />

tend donc à préparer les jeunes à des métiers d'ouvriers qualifiés pour être<br />

employés dans des industries allemandes.<br />

Afin d'empêcher l'expression du sentiment national au moyen des arts, toutes les<br />

activités culturelles sont strictement contrôlées. Toute personne qui peint,<br />

dessine, sculpte, compose de la musique, écrit, fait du théâtre, doit obtenir une<br />

licence pour pouvoir poursuivre son activité. Ce sont les autorités allemandes<br />

qui contrôlent ces domaines. Au Luxembourg, le département des relations<br />

publiques du Bureau de la propagande du Reich exerce ce contrôle <strong>et</strong> couvre la<br />

musique, la peinture, le théâtre, l'architecture, la littérature, la presse, la radio <strong>et</strong><br />

le cinéma. Chacune de ces activités est contrôlée par une chambre, <strong>et</strong> toutes ces<br />

chambres sont contrôlées par la Chambre de la culture du Reich<br />

(Reichskulturkammer 22 ). Les chambres de la culture locales sont placées sous la<br />

présidence du chef de la propagande du parti national-socialiste de la zone. Non<br />

seulement les activités créatrices nationales dans le domaine artistique <strong>et</strong><br />

culturel sont devenues impossibles du fait de c<strong>et</strong> embrigadement, mais la<br />

population est également privée de l'inspiration que peuvent donner les valeurs<br />

artistiques <strong>et</strong> culturelles existantes. Ainsi, en Pologne tout particulièrement, les<br />

monuments nationaux sont détruits, les bibliothèques, les archives, les musées,<br />

les galeries d'art, vidés 23 • En 1939, les Allemands incendient la grande<br />

bibliothèque du séminaire de théologie juive de Lublin en Pologne. Les<br />

Allemands ont rendu compte de l'événement de la façon suivante: «Pour nous,<br />

14


ce fut un grand honneur de détruire l'académie talmudique qui était connue pour<br />

être la plus grande en Pologne. [ ... ] Nous avons j<strong>et</strong>é par les fenêtres les livres<br />

de la grande bibliothèque talmudique, <strong>et</strong> nous les avons transportés jusqu'au<br />

marché. Là nous avons mis le feu à ces livres. Le feu a duré vingt heures. Les<br />

Juifs de Lublin étaient assemblés tout autour <strong>et</strong> pleuraient en se lamentant. Leurs<br />

lamentations ont failli nous réduire au silence. Puis nous avons appelé la fanfare<br />

<strong>et</strong> les cris joyeux des soldats ont couvert le bruit des lamentations. »<br />

Domaine économique<br />

La destruction des fondements de l'existence économique d'un groupe<br />

national entraîne nécessairement la paralysie de son essor, <strong>et</strong> même une<br />

régression. L'abaissement du niveau de vie ne perm<strong>et</strong> plus de répondre aux<br />

besoins culturels <strong>et</strong> spirituels. Par ailleurs, un véritable combat quotidien pour le<br />

pain <strong>et</strong> pour la survie physique ne favorise sans doute guère la réflexion en<br />

général ou la réflexion sur les problèmes de la nation.<br />

Le dessein de l'occupant était de créer de telles conditions pour les<br />

peuples des pays occupés, en particulier les peuples promis les premiers au<br />

génocide - les Polonais, les Slovènes, les Juifs.<br />

Les Juifs ont été immédiatement privés des moyens élémentaires<br />

d'existence 25 • Quant aux Polonais de la Pologne annexée, le but de l'occupant a<br />

été de transférer les ressources économiques du groupe national polonais au<br />

groupe national allemand. Ainsi le groupe national polonais doit être appauvri,<br />

<strong>et</strong> le groupe national allemand enrichi. Ceci a été effectué essentiellement par la<br />

confiscation des biens polonais sous l'autorité du commissaire du Reich pour le<br />

renforcement de la germanisation. C<strong>et</strong>te politique a été poursuivie par<br />

l'encadrement du commerce <strong>et</strong> de l'artisanat, puisque les licences pour ces<br />

activités sont données aux Allemands, <strong>et</strong> exceptionnellement seulement aux<br />

Polonais. Les Polonais furent ainsi interdits d'activité commerciale, <strong>et</strong> laissèrent<br />

le champ libre aux Allemands.<br />

Comme l'occupant a pris la direction des banques, une politique spéciale<br />

pour les dépôts bancaires est instituée afin de renforcer l'élément allemand. Une<br />

des banques polonaises les plus populaires, appelée la Caisse d'épargne de la<br />

Poste (PKO), comptait, le jour de l'occupation, des dépôts de millions de<br />

Polonais. L'occupant ne crédita les dépôts qu'aux seuls clients allemands sur la<br />

justification d'un certificat prouvant leur origine allemande 26.<br />

Ainsi la partie allemande de Pologne devint en un jour financièrement<br />

plus forte que la partie polonaise. En Slovénie, les Allemands ont liquidé les<br />

coopératives financières <strong>et</strong> les associations agricoles qui, depuis des décennies,<br />

se sont montrées être l'instrument le plus efficace du relèvement du niveau de<br />

15


vie <strong>et</strong> du progrès social <strong>et</strong> national.<br />

Dans d'autres pays, en particulier en Alsace-Lorraine <strong>et</strong> au Luxembourg,<br />

le génocide dans le domaine économique a été poursuivi d'une manière<br />

différente. Comme les Luxembourgeois sont considérés comme apparentés par<br />

le sang, il leur est donné une possibilité de reconnaître en eux-mêmes les<br />

éléments allemands. S'ils ne saisissent pas c<strong>et</strong>te «occasion », leurs biens leur<br />

sont r<strong>et</strong>irés <strong>et</strong> donnés à ceux qui sont prêts à promouvoir la germanisation 27.<br />

La participation à la vie économique implique que l'on soit allemand ou<br />

que l'on se consacre à la cause de la germanisation. En conséquence, défendre<br />

une idéologie nationale autre que l'idéologie allemande s'avère difficile <strong>et</strong><br />

dangereux.<br />

Domaine biologique<br />

Les pays « de ressortissants non apparentés par le sang» voient se<br />

poursuivre une politique de dépopulation. La méthode la plus importante pour<br />

parvenir à c<strong>et</strong>te fin est l'adoption de mesures calculées pour abaisser le taux de<br />

natalité des groupes nationaux non apparentés par le sang, tandis que dans le<br />

même temps des dispositions sont prises pour augmenter le taux de natalité des<br />

Volksdeutsche habitant dans ces pays. Ainsi, dans la Pologne annexée, les<br />

mariages entre Polonais sont interdits sans l'autorisation spéciale du gouverneur<br />

(Reichsstatthalter) du district; <strong>et</strong> ce dernier, par principe, n'autorise pas les<br />

mariages entre Polonais .<br />

De plus, le taux de natalité du groupe non désirable baisse du fait de la<br />

séparation des hommes <strong>et</strong> des femmes due à la déportation du travail<br />

obligatoire. Par ailleurs, la sous-alimentation des parents, de par la<br />

discrimination du rationnement, entraîne non seulement une baisse du taux de<br />

natalité, mais également une diminution de la capacité de survie des enfants nés<br />

de parents sous-alimentés.<br />

Comme nous l'avons dit plus haut, l'occupant essaie d'accroître le taux de<br />

natalité des Allemands. Différentes méthodes sont mises en œuvre pour cela.<br />

Des subventions spéciales sont données aux familles allemandes de Pologne qui<br />

ont au moins trois enfants mineurs 30. Dans la mesure où les Néerlandais <strong>et</strong> les<br />

Norvégiens sont considérés comme apparentés par le sang, des subventions<br />

encouragent les femmes néerlandaises <strong>et</strong> norvégiennes à avoir des enfants avec<br />

des soldats allemands.<br />

D'autres mesures adoptées sont de la même inspiration. Ainsi le commissaire du<br />

Reich s'est arrogé le droit d'agir comme un tuteur ou un parent envers une jeune<br />

fille néerlandaise mineure si elle veut épouser un Allemand 32. Le soin<br />

16


particulier donné à la légitimation des enfants au Luxembourg, comme le montre<br />

l'ordonnance du 22 mars 1941 relative à la nouvelle législation sur la famille, est<br />

dicté par le désir d'encourager la procréation extra-maritale avec les Allemands.<br />

Domaine physique<br />

L'affaiblissement physique <strong>et</strong> même l'anéantissement de groupes<br />

nationaux dans les pays occupés se déroulent de différentes manières:<br />

1. Discrimination raciale dans l'alimentation. Le rationnement de la<br />

nourriture est organisé en vertu de principes raciaux dans tous les pays occupés.<br />

«Le peuple allemand passe devant tous les autres peuples pour la nourriture 33<br />

», déclare le ministre du Reich, Göring, le 4 octobre 1942. En vertu de ce<br />

programme, la population allemande a 93 % de ce qu'elle avait avant la guerre,<br />

alors que les habitants des pays occupés reçoivent n<strong>et</strong>tement moins: à Varsovie,<br />

par exemple, les Polonais reçoivent 66 % de leurs rations d'avant la guerre, <strong>et</strong><br />

les Juifs seulement 20 %34. Les chiffres qui suivent montrent la différence de<br />

pourcentage de ration de viande accordée aux Allemands <strong>et</strong> à la population des<br />

territoires occupés: Allemands, 100 %; Tchèques, 86 % ; Néerlandais, 71 %;<br />

Polonais (Pologne annexée), 71 %; Lituaniens, 57 % ; Français, 51 % ; Belges,<br />

40 % ; Serbes, 36 %; Polonais (Generalgouvernement), 36 %; Slovènes, 29 %;<br />

Juifs, 0 %35.<br />

Le pourcentage de nourriture des rations actuelles (en calories par<br />

consommateur) par rapport à la consommation d'avant-guerre est le suivant 36 :<br />

Allemands, 93 %; Tchèques, 83 %; Polonais (Pologne annexée), 78 % ;<br />

Néerlandais, 70 % ; Belges, 66 %; Polonais (Generalgouvernement), 66 %;<br />

Norvégiens, 54 %; Juifs, 20 %.<br />

En ce qui concerne la composition de la nourriture, les pourcentages de<br />

substances nutritives de base accordées dans les rations actuelles (par<br />

consommateur) sont les suivants :<br />

Consommateu<br />

Farine %<br />

rs<br />

Protéines % Gras %<br />

Allemands 100 97 77<br />

Tchèques 90 92 65<br />

Hollandais 84 95 65<br />

Belges 79 73 29<br />

Polonais 85 49<br />

(Pologne 76<br />

annexée)<br />

Polonais<br />

77<br />

62 18<br />

17


(Generalgouvernement<br />

)<br />

Norvégiens 69 65 32<br />

Français 58 71 40<br />

Grecs 38 38 1,14<br />

Juifs 27 20 0,32<br />

La nourriture octroyée selon des critères raciaux entraîne le déclin de la<br />

santé des nations concernées, <strong>et</strong> l'accroissement du taux de mortalité. À<br />

Varsovie, l'anémie a augmenté de 113 % chez les Polonais <strong>et</strong> de 435 % chez les<br />

Juifs 38. Le taux de mortalité pour mille en 1941 augmente dans les Pays-Bas de<br />

10 % ; en Belgique de 14,5 % ; en Bohême-Moravie de 13,4 % 39. La mortalité<br />

polonaise à Varsovie en 1941 s'élève en juill<strong>et</strong> à 1,316 40 , en août à 1 729 41 <strong>et</strong> en<br />

septembre à 2,160•<br />

2. La santé mise en danger. Les groupes nationaux indésirables, en particulier en<br />

Pologne, sont privés des nécessités élémentaires à la préservation de la santé <strong>et</strong><br />

de la vie. C<strong>et</strong>te dernière méthode consiste, par exemple, à réquisitionner des<br />

vêtements chauds <strong>et</strong> des couvertures au cours de 1 'hiver, ainsi que le bois de<br />

chauffage <strong>et</strong> les médicaments. Au cours de l'hiver 1940-1941, seule une pièce<br />

par maison peut être chauffée dans le gh<strong>et</strong>to de Varsovie, <strong>et</strong> les enfants doivent<br />

attendre leur tour pour venir s'y chauffer. Aucun combustible n'a été donné aux<br />

Juifs du gh<strong>et</strong>to.<br />

Dans le gh<strong>et</strong>to, les Juifs sont entassés dans des conditions d'hygiène désastreuses<br />

<strong>et</strong> sont même privés du droit au grand air puisque les parcs leur sont interdits.<br />

Ces mesures, particulièrement néfastes pour la santé des enfants entraîneront le<br />

développement de diverses maladies. Le transfert dans des fourgons à bestiaux<br />

ou des fourgons de marchandises non chauffés de centaines de milliers de<br />

Polonais de la Pologne annexée vers le Generalgouvernement qui aura lieu au<br />

milieu d'un hiver particulièrement rigoureux, décimera les Polonais victimes de<br />

c<strong>et</strong>te expulsion.<br />

3. Massacres systématiques. La technique du massacre systématique est<br />

employée essentiellement contre les Polonais, les Russes, les Juifs, ainsi que<br />

contre des personnalités marquantes des groupes non collaborationnistes de tous<br />

les pays occupés. En Pologne, Bohême-Moravie, <strong>et</strong> en Slovénie, les intellectuels<br />

sont « liquidés» parce qu'ils ont toujours été considérés comme les principaux<br />

porteurs d'idéaux nationaux <strong>et</strong> ont été soupçonnés, au moment de l'occupation,<br />

d'être les organisateurs de la Résistance. Les Juifs, pour la plus grande partie<br />

18


d'entre eux, sont liquidés dans les gh<strong>et</strong>tos 44, ou déportés par trains spéciaux<br />

vers une destination « inconnue ». Le nombre de Juifs de tous les pays d'Europe<br />

victimes de ce meurtre organisé s'élève, selon l'InstItut des Affaires juives du<br />

Congrès juif américain, à 1 702 500•<br />

Domaine religieux<br />

Au Luxembourg, où la population est essentiellement catholique <strong>et</strong> où la<br />

religion joue un rôle important dans la vie nationale, en particulier dans le<br />

domaine de l'enseignement, l'occupant a essayé de briser ces influences<br />

nationales <strong>et</strong> religieuses. Les enfants de quatorze ans sont autorisés légalement à<br />

renoncer à leurs affiliations religieuses 46 car l'occupant tient avant tout à<br />

enrôler ces enfants dans les organisations de jeunesse exclusivement pronazies.<br />

De plus, afin de protéger ces enfants de toute mise en cause publique, une autre<br />

loi, instaurée en même temps, prévoit une amende pouvant aller jusqu'à 15000<br />

Reichsmarks pour toute publication de nom ou toute annonce générale<br />

concernant l'abandon des congrégations religieuses 47. De la même manière, en<br />

Pologne, par le pillage systématique <strong>et</strong> la destruction des biens de l'Église, ainsi<br />

que la persécution du clergé, les autorités allemandes d'occupation ont cherché à<br />

détruire le leadership religieux de la nation polonaise.<br />

Domaine moral<br />

Afin d'affaiblir la résistance spirituelle du groupe national, l'occupant s'efforce<br />

de créer une atmosphère d'avilissement moral au sein de ce groupe. En vertu de<br />

ce plan, l'énergie mentale de ce groupe doit être dirigée vers les bas instincts <strong>et</strong><br />

doit être détournée de la réflexion morale <strong>et</strong> nationale. Pour la réussite de ce<br />

plan, il est important que le plaisir individuel facile soit substitué à celui de<br />

partager un idéal collectif fondé sur une morale plus élevée. C'est pourquoi<br />

l'occupant s'efforce d'imposer aux Polonais des publications <strong>et</strong> des films<br />

pornographiques. La consommation d'alcool est encouragée, car, alors que les<br />

prix de la nourriture se sont envolés, les Allemands maintiennent bas le prix de<br />

l'alcool, <strong>et</strong> les paysans sont forcés d'en accepter en guise de paiement de produits<br />

agricoles. Le couvre-feu, appliqué très strictement aux Polonais, est assoupli s'ils<br />

peuvent montrer aux autorités un tick<strong>et</strong> de l'une de ces maisons de jeux créées<br />

avec la permission des Allemands<br />

Interdiction du génocide en temps de guerre <strong>et</strong> en temps de paix<br />

Les techniques de génocide décrites ci-dessus représentent un système élaboré,<br />

presque scientifique d'une ampleur jamais égalée par aucune nation 49 • D'où la<br />

signification du terme génocide <strong>et</strong> la nécessité de revoir le droit international à la<br />

lumière des pratiques allemandes de la guerre actuelle. Ces pratiques surpassent<br />

par leur caractère dénué de tout scrupule tout procédé ou toute méthode envi-<br />

19


sagés quelques décennies auparavant par les conventions de La Haye. Personne<br />

à c<strong>et</strong>te époque ne pouvait concevoir qu'un occupant puisse recourir à la<br />

destruction des nations au moyen de pratiques rappelant les pages les plus<br />

sombres de l'Histoire. C'est la raison pour laquelle, parmi d'autres domaines<br />

couverts par les conventions de La Haye, seules quelques règles techniques<br />

traitent de certains droits individuels essentiels (mais non de tous). Ces règles ne<br />

prennent pas en considération les relations réciproques entre ces droits <strong>et</strong><br />

l'ensemble du problème de nations captives. Les conventions de La Haye traitent<br />

également de la souverain<strong>et</strong>é des États, mais ne disent mot sur la préservation de<br />

l'intégrité des peuples. L'évolution du droit international, en particulier depuis<br />

l'élaboration des conventions de La Haye, a toutefois engendré un intérêt<br />

considérable pour les groupes nationaux en tant qu'entités différentes des États<br />

<strong>et</strong> des individus. Les groupes nationaux <strong>et</strong> religieux ont été placés sous<br />

protection spéciale par le traité de Versailles <strong>et</strong> par les traités spécifiques sur les<br />

minorités, quand il est devenu évident que les minorités nationales étaient<br />

forcées de vivre à l'intérieur d'États dirigés par des gouvernements représentant<br />

la population majoritaire. Les Constitutions élaborées après 1918 contiennent<br />

également des articles spécifiques sur la protection des droits des groupes<br />

nationaux. De plus, les codes pénaux promulgués à c<strong>et</strong>te époque prévoient la<br />

protection de ces groupes, en particulier en ce qui concerne leur honneur <strong>et</strong> leur<br />

réputation.<br />

C<strong>et</strong>te orientation est tout à fait naturelle, si l'on considère que les nations sont les<br />

éléments essentiels de la communauté mondiale. Le monde n'a pour toute<br />

culture <strong>et</strong> force intellectuelle que celles créées par les groupes nationaux qui le<br />

composent So . L'idée de nation signifie essentiellement une coopération<br />

constructive <strong>et</strong> des contributions originales fondées sur d'authentiques traditions,<br />

sur une culture authentique <strong>et</strong> une psychologie nationale forte. La destruction<br />

d'une nation entraîne donc la perte de ses contributions futures au monde. De<br />

plus, une telle destruction choque notre sentiment moral <strong>et</strong> notre sentiment de<br />

justice de la même manière que le fait le meurtre d'un être humain: le crime dans<br />

le premier cas est un meurtre, comme dans le second, mais sur une échelle qui<br />

est sans aucune commune mesure. Le respect <strong>et</strong> l'appréciation des<br />

caractéristiques <strong>et</strong> des qualités nationales qui ont fait la culture mondiale des<br />

nations sont deux des traits fondamentaux qui ont marqué le progrès de la<br />

civilisation, <strong>et</strong> ces caractéristiques <strong>et</strong> ces qualités qui, comme l'illustrent les<br />

contributions des nations faiblement armées <strong>et</strong> économiquement pauvres, ne<br />

doivent pas être mesurés en termes de richesse <strong>et</strong> de puissance nationales.<br />

Dès 1933, l'auteur de c<strong>et</strong> ouvrage a soumis à la Conférence internationale pour<br />

l'unification du droit pénal, qui s'est tenue au mois d'octobre de la même année à<br />

Madrid en coopération avec le Comité de la Société des Nations, un rapport<br />

accompagné d'un proj<strong>et</strong> prévoyant que les actions qui auraient pour but la<br />

20


destruction <strong>et</strong> l'oppression des populations (ce qui recouvre le concept actuel de<br />

génocide) devraient être sanctionnées. L'auteur a défini deux nouveaux crimes<br />

de droit international à introduire dans la législation pénale des trente-sept pays<br />

participants : le crime de barbarie, conçu comme des actions destructrices <strong>et</strong><br />

tyranniques dirigées contre des individus membres d'un groupe racial, religieux<br />

ou national, <strong>et</strong> le crime de vandalisme, conçu comme la destruction malfaisante<br />

de la culture <strong>et</strong> des œuvres d'art représentant les créations spécifiques du génie<br />

de ces groupes. De plus, ce proj<strong>et</strong> prévoyait l'internationalisation de ces crimes<br />

afin que leur auteur soit puni lorsqu'il serait appréhendé dans son propre pays, si<br />

c'est là le lieu de ses crimes, ou dans tout autre pays signataire où il serait<br />

appréhendé.<br />

Ce principe de répression universelle des pratiques génocidaires défendu par<br />

l'auteur à la conférence ci-dessus mentionnée, s'il avait été accepté <strong>et</strong> concrétisé<br />

en bonne <strong>et</strong> due forme par une convention internationale dûment signée <strong>et</strong><br />

ratifiée par les pays représentés en 1933, aurait rendu possible, dès c<strong>et</strong>te date,<br />

l'inculpation des personnes convaincues de telles actions criminelles qui se<br />

trouveraient être sur le sol d'un des pays signataires. Ce proj<strong>et</strong>, s'il avait été<br />

adopté à l'époque par les pays participants, s'avérerait aujourd'hui utile parce<br />

qu'il fournirait un instrument efficace pour le châtiment des criminels de guerre<br />

de l'actuel conflit mondial. Il doit être une fois de plus souligné que les<br />

propositions de l'auteur à la conférence de Madrid embrassaient les actions<br />

criminelles qui, d'après les vues de l'auteur, couvriraient en grande partie les<br />

domaines dans lesquels les crimes sont commis dans c<strong>et</strong>te guerre par les<br />

puissances de l'Axe. En outre, l'adoption par les pays appartenant aujourd'hui<br />

aux groupes des non-belligérants ou des neutres, de ce principe de répression<br />

universelle adapté au génocide, m<strong>et</strong>trait ainsi ces pays dans l’obligation de punir<br />

les criminels de guerre impliqués dans le génocide ou de les extrader vers les<br />

pays où ces crimes sont commis. Si la sanction pour crimes de génocide avait<br />

figuré dans le droit international de ces pays depuis 1933, il n'y aurait plus<br />

besoin actuellement de m<strong>et</strong>tre en garde les pays neutres de ne pas donner refuge<br />

aux criminels de guerre.<br />

Il sera judicieux, à la lumière de ces observations, de considérer la place du<br />

génocide dans l'actuel <strong>et</strong> futur droit international. Le génocide est, comme nous<br />

l'avons noté, un ensemble de différents actes de persécution ou de destruction.<br />

Un grand nombre de ces actes, quand ils constituent une atteinte à l'honneur <strong>et</strong><br />

aux droits, quand ils sont une transgression contre la vie, la propriété privée <strong>et</strong> la<br />

religion, ou les sciences <strong>et</strong> l'art, ou même quand ils empiètent indûment sur les<br />

domaines de la fiscalité <strong>et</strong> des services personnels, sont interdits par les articles<br />

46, 48, 52 <strong>et</strong> 56 des conventions de La Haye. Plusieurs d'entre eux, comme ceux<br />

qui causent l'humiliation, l'affaiblissement par sousalimentation, ou m<strong>et</strong>tent la<br />

santé en danger, sont une violation des lois de l'humanité telles qu'elles sont<br />

21


définies dans le préambule des conventions de La Haye. Mais d'autres actes<br />

relèvent du domaine du génocide, comme, par exemple, subventionner des<br />

enfants engendrés par des membres des forces armées de l'occupant <strong>et</strong> nés de<br />

femmes de nationalité du pays occupé, appliquer diverses mesures ingénieuses<br />

pour affaiblir, détruire les éléments politiques, sociaux <strong>et</strong> culturels de groupes<br />

nationaux, même s'ils ne sont pas explicitement interdits par les conventions de<br />

La Haye. La totalité du problème du génocide doit être traitée dans son<br />

ensemble; il est trop important pour qu'il fasse l'obj<strong>et</strong> de discussions <strong>et</strong> de<br />

solutions éparses à l'avenir. Nous sommes nombreux à espérer qu'il n'y aura plus<br />

de guerre, mais nous n'osons nous reposer sur de simples espoirs pour assurer la<br />

protection contre les pratiques génocidaires de conquérants sans loi. C'est<br />

pourquoi, sans m<strong>et</strong>tre un terme à nos tentatives pour œuvrer à ce que c<strong>et</strong>te<br />

guerre soit la dernière, nous devons veiller à ce que les conventions de La Haye<br />

soient amendées afin d'interdire le génocide dans toute guerre à venir. De [ego<br />

ferenda, la définition du génocide dans les conventions de La Haye ainsi<br />

amendées devrait comporter essentiellement deux parties: la première<br />

comporterait toute action portant atteinte à la vie, la liberté, la santé, l'intégrité<br />

corporelle, l'existence économique, <strong>et</strong> l'honneur des habitants commise en<br />

raison de l'appartenance des victimes à un groupe national, religieux, ou racial;<br />

la seconde viserait toute politique qui aurait pour fin la destruction ou le<br />

développement de l'un de ces groupes au préjudice <strong>et</strong> au détriment d'un autre.<br />

Nous ne devrions pas sous-estimer le fait que le génocide est un problème non<br />

seulement de guerre mais également de paix. C'est un problème particulièrement<br />

important en Europe, où la différenciation de nationalité est tellement marquée<br />

que, malgré le principe d'autodétermination politique <strong>et</strong> territoriale, certains<br />

groupes nationaux peuvent être obligés de vivre minoritairement à l'intérieur de<br />

frontières d'autres États. Si ces groupes ne sont pas adéquatement protégés, un<br />

tel manque de protection entraînera des perturbations internationales, en<br />

particulier sous la forme d'émigration anarchique des persécutés qui<br />

chercheraient refuge ailleurs 53. Ceci étant le cas, tous les pays doivent se sentir<br />

concernés par un tel problème, non seulement pour des raisons humanitaires,<br />

mais aussi pour des raisons pratiques affectant l'intérêt de chaque pays. Le<br />

système de protection légale des minorités adopté dans le passé, fondé<br />

principalement sur les traités internationaux <strong>et</strong> les Constitutions des pays<br />

respectifs, s'est avéré insuffisant parce que les pays européens n'ont pas tous un<br />

système judiciaire suffisant pour faire respecter leur Constitution. On peut dire<br />

en fait que les pays européens ont un système judiciaire plus efficace pour faire<br />

appliquer le droit civil <strong>et</strong> pénal que pour faire appliquer le droit constitutionnel.<br />

Le génocide étant d'une telle importance, sa répression doit être fondée non<br />

seulement sur le droit international <strong>et</strong> constitutionnel, mais aussi sur le droit<br />

pénal des divers pays. La procédure à adopter à l'avenir face à ce problème doit<br />

être la suivante:<br />

22


Un traité international multilatéral devra instaurer non seulement dans la<br />

Constitution mais aussi dans le code pénal de chaque pays les dispositions pour<br />

la protection des groupes minoritaires face à l'oppression dont ils peuvent être<br />

victimes en raison de leur nationalité, de leur religion ou de leur race. Chaque<br />

code pénal devra comporter des dispositions infligeant des sanctions pour des<br />

pratiques génocidaires. Ain d'empêcher l'invocation du principe de l'obéissance<br />

aux ordres donnés par des supérieurs, la responsabilité des personnes qui<br />

ordonnent les pratiques génocidaires, ainsi que celle de ceux qui exécutent de<br />

tels ordres, devra être expressément inscrite dans le code pénal de chaque pays.<br />

En raison des implications particulières du génocide dans les relations<br />

internationales, le principe de répression universelle devra être adopté pour le<br />

crime de génocide. En vertu de ce principe, le coupable devra pouvoir être jugé<br />

non seulement dans le pays où il a commis le crime, mais également, en cas de<br />

fuite, dans tout autre pays où il pourrait trouver refuge 54. En fait, les<br />

génocidaires devront être soumis au principe de répression universelle de la<br />

même manière que d'autres criminels coupables de ce que l'on appelle delicta<br />

juris gentium (comme, par exemple, la traite d'esclaves <strong>et</strong> d'enfants, la piraterie,<br />

le trafic de drogue, la publication d'ouvrages obscènes, <strong>et</strong> la fabrication de fausse<br />

monnaie) . En fait, le génocide devra être ajouté à la liste des delicta juris<br />

gentium<br />

Contrôle international des pratiques de l'occupation<br />

Le génocide tel que nous l'avons décrit présente l'une des illustrations les plus<br />

complètes <strong>et</strong> les plus criantes de la violation du droit international <strong>et</strong> des lois de<br />

1 'humanité. Dans plusieurs de ses manifestations, le génocide représente aussi<br />

une violation des règles spécifiques des conventions de La Haye comme celles<br />

qui protègent les biens, la vie, 1 'honneur. Il est donc essentiel que les<br />

procédures du génocide ne soient pas seulement interdites par le droit, mais<br />

également empêchées au cours de l'occupation militaire.<br />

Dans un autre domaine important, celui du traitement des prisonniers de guerre,<br />

des contrôles internationaux ont été instaurés afin de s'assurer que les<br />

prisonniers sont traités selon les règles du droit international (voir les articles 86<br />

à 88 de la convention concernant le traitement des prisonniers de guerre, en date<br />

du 27 juill<strong>et</strong> 1929 57 ). Mais le sort des nations captives, des femmes <strong>et</strong> des<br />

enfants sans ressources n'a apparemment pas paru assez important pour attirer<br />

l'attention des autorités d'occupation. Alors que pour les prisonniers de guerre il<br />

est possible d'obtenir des informations exactes, l'absence de témoignages directs<br />

sur la situation de groupes de population des pays occupés gêne<br />

considérablement les mesures destinées à aider <strong>et</strong> à porter secours à ces hommes<br />

<strong>et</strong> à ces femmes qui se trouvent être dans une situation probablement inhumaine<br />

<strong>et</strong> intolérable. Les informations <strong>et</strong> les témoignages qui passent les frontières des<br />

23


pays occupés sont très souvent considérés comme des histoires atroces <strong>et</strong><br />

douteuses, car ils sont si horribles que les gens refusent simplement de les<br />

croire. C'est pourquoi les conventions de La Haye doivent être modifiées de<br />

manière à inclure une agence internationale de contrôle investie de pouvoirs<br />

spéciaux, tels que la possibilité de visiter les pays occupés, de faire des enquêtes<br />

sur la manière dont l'occupant traite les nations captives. Dans la situation<br />

actuelle, il n'existe aucun moyen de soulager la condition des populations qui<br />

subissent l'occupation avant l'heure de la libération. Il sera alors trop tard pour<br />

les remèdes, car, après la libération, ces populations pourront au mieux obtenir<br />

réparation des dommages subis mais non la restauration de ce qui a été détruit <strong>et</strong><br />

ne pourra être restitué, comme la vie humaine, les œuvres d'art <strong>et</strong> les archives<br />

historiques.<br />

III. <strong>LE</strong> CRĐME <strong>DE</strong> GENOCĐ<strong>DE</strong><br />

La guerre qui vient de se terminer a concentré notre attention sur le phénomène<br />

de destruction de populations entières, groupes nationaux, raciaux <strong>et</strong> religieux,<br />

tant du point de vue biologique que du point de vue culturel. Les méthodes<br />

allemandes, particulièrement en tant que forces d'occupation, ne sont que trop<br />

bien connues. Leur plan général consistait à gagner la paix, bien que la guerre<br />

fût perdue, <strong>et</strong> ce but pouvait être atteint en renversant d'une façon permanente en<br />

faveur de l'Allemagne la balance politique <strong>et</strong> démographique européenne . La<br />

population qui survivait devait être intégrée dans le système culturel <strong>et</strong> politicoéconomique<br />

allemand. En vue de réaliser ces fins, une vaste destruction de<br />

groupes humains en Europe fut entreprise. Les dirigeants nazis avaient montré<br />

sans ambages leurs intentions de détruire les Polonais, les Russes; d'éliminer<br />

démographiquement <strong>et</strong> culturellement l'élément français, alsacien-lorrain,<br />

l'élément slovène de la Carniole <strong>et</strong> de la Carinthie. Ils ont été très près d'atteindre<br />

leur but quant à l'extermination des Juifs <strong>et</strong> des Tziganes en Europe 3. Il est clair<br />

que l'expérience allemande est la plus manifeste, la plus délibérée <strong>et</strong> qu'elle a été<br />

poussée le plus loin; cependant, l'histoire nous fournit d'autres exemples de<br />

destruction de groupes nationaux, <strong>et</strong>hniques <strong>et</strong> religieux. Citons, pour illustrer<br />

c<strong>et</strong>te assertion, la destruction de Carthage; celle de groupes religieux au cours<br />

des guerres islamiques <strong>et</strong> pendant les croisades; les massacres des Albigeois <strong>et</strong><br />

des Vaudois; <strong>et</strong>, plus près de nous encore, celui des Arméniens.<br />

Tandis que la société cherche protection contre les crimes individuels, ou plutôt<br />

contre des crimes dirigés contre les individus, nous ne pouvons relever<br />

l'existence d'un sérieux effort en vue d'éviter <strong>et</strong> de punir le meurtre <strong>et</strong> la<br />

destruction de milliers d'êtres humains. Plus fort même, un nom adéquat pour le<br />

phénomène n'existait même pas. Se référant à la boucherie dont se sont rendus<br />

coupables les nazis au cours de la guerre que nous venons de gagner, Winston<br />

Churchill disait dans un discours radiophonique d'août 1941 : « We are in the<br />

24


presence of a crime without a na me » (


ses nationaux. Les États-Unis ont désavoué tant le gouvernement de la Russie<br />

tsariste que celui de la Roumanie pour les honteux pogroms dont ces États furent<br />

les instigateurs, ou qu'ils ont tolérés. Il y eut également des protestations<br />

diplomatiques en faveur des Grecs <strong>et</strong> des Arméniens, lorsque ces derniers furent<br />

massacrés par différents États, spécifiant les obligations qu'ils s'engageaient à<br />

assumer quant au traitement de leurs propres nationaux. À ce suj<strong>et</strong>, rappelons le<br />

traité signé entre les États-Unis <strong>et</strong> l'Espagne en 1898, par lequel le libre exercice<br />

du culte était garanti par les États-Unis aux habitants des territoires que<br />

l'Espagne leur cédait.<br />

Un autre exemple classique de règlement international quant au traitement des<br />

citoyens d'autres pays par leurs gouvernements nous est montré par les traités de<br />

minorités rédigés sous les auspices de la Société des Nations, traités qui furent<br />

signés par un certain nombre de pays européens à l'issue de la Première Guerre<br />

mondiale. De plus, le protocole de la 8 e Conférence internationale des États<br />

américains proclame que toute persécution motivée par des considérations<br />

raciales ou religieuses rendant impossible une vie décente pour un groupe d'êtres<br />

humains est contraire au système politico judiciaire de l'Amérique. De son côté,<br />

la Charte des Nations unies protège, elle aussi d'une façon internationale, les<br />

droits de l 'Homme, spécifiant que le refus de ces droits par un État quelconque<br />

intéresse ipso facto l 'humanité entière.<br />

Des considérations d'ordre culturel plaident en faveur d'une protection<br />

internationale des groupes nationaux, religieux <strong>et</strong> raciaux. Tout notre héritage<br />

culturel est le fruit des apports de toutes les nations. Nous comprenons ceci<br />

d'autant mieux lorsque nous pensons combien appauvrie eût été notre culture si<br />

les peuples condamnés par l'Allemagne n'eussent point été capables, tels les<br />

Juifs, de créer la Bible ou de donner le jour à un Einstein, à un Spinoza; si les<br />

Polonais n'eussent été à même d'offrir au monde un Copernic, un Chopin, une<br />

Curie; si les Tchèques n'eussent produit un Huss, un Dvorak; si les Grecs n'eussent<br />

donné un Platon ni un Socrate; si les Russes n'avaient offert au monde un<br />

Tolstoï <strong>et</strong> un Rimski-Korsakov; les Français un Voltaire, un Montesquieu, un<br />

Pasteur; les Hollandais un Érasme, un Grotius <strong>et</strong> un Rembrandt; les Belges un<br />

Rubens <strong>et</strong> un Ma<strong>et</strong>erlinck; les Norvégiens un Grieg; les Yougoslaves un Negosti<br />

; les Danois un Kirkegaard.<br />

Des considérations pratiques sautent aussi aux yeux. Les expulsions des<br />

résidents se soustrayant à la loi, en dehors de l'Allemagne, avant c<strong>et</strong>te guerre,<br />

provoqueront des frictions avec les contrées avoisinantes vers lesquelles ces<br />

populations étaient expulsées. Les persécutions massives engendrèrent des fuites<br />

massives. De par ce phénomène, le mouvement migratoire normal entre contrées<br />

trahit des proportions pathologiques.<br />

Le commerce international est fonction de la confiance dans la capacité des<br />

26


individus prenant part à l'échange des matériaux, de remplir leurs obligations.<br />

Les confiscations arbitraires <strong>et</strong> entières de propriétés d'un groupe entier de<br />

citoyens d'un État pour des raisons raciales ou autres les privent de leur capacité<br />

de décharger leurs obligations vis-à-vis des citoyens des autres États. Plus d'un<br />

citoyen d'un pays non dictatorial a été privé de la possibilité de réclamer les<br />

d<strong>et</strong>tes faites par des importateurs allemands après que ces importateurs eurent vu<br />

leurs firmes détruites par le régime hitlérien.<br />

En conclusion, le génocide en temps de paix provoque des tensions<br />

internationales <strong>et</strong> conduites inévitablement à la guerre. Le génocide fut<br />

l'instrument par lequel le régime nazi renforça la prétendue unité <strong>et</strong> le contrôle<br />

totalitaire du peuple allemand comme une préparation à la guerre.<br />

Dès que nous avons reconnu la portée internationale des pratiques de génocide,<br />

nous avons eu l'obligation d'élaborer l'instrument juridique pour la<br />

reconnaissance du génocide en tant que crime de droit des gens. Par suite de sa<br />

portée internationale, la qualité de crime de droit des gens est la reconnaissance<br />

que le génocide doit être puni <strong>et</strong> punissable par la voie d'une coopération<br />

internationale. L'établissement d'un mécanisme international pour une semblable<br />

répression est essentiel. Par conséquent, le droit international <strong>et</strong> les codes<br />

pénaux de différents pays ont reconnu que des crimes m<strong>et</strong>tant en jeu le bien-être<br />

commun de 1 'humanité (comme, par exemple, la piraterie, la production <strong>et</strong> le<br />

commerce illégaux des stupéfiants, le faux monnayage, la traite des femmes <strong>et</strong><br />

des enfants, la traite des esclaves) sont des crimes touchant au droit des gens<br />

(delicta juris gentium). Pour de pareils crimes, le principe de répression universelle<br />

a été admis, à savoir, l'auteur du crime peut être puni, non seulement par<br />

les tribunaux du pays où le crime fut commis, mais aussi par les tribunaux des<br />

pays où l'inculpé peut être appréhendé s'il a échappé à la justice de son propre<br />

pays. Par exemple, un faux-monnayeur qui a commis son crime à Paris <strong>et</strong> s'est<br />

échappé à Prague peut y être légalement poursuivi pour son délit. En 1933, à la<br />

Conférence internationale pour l'unification du droit pénal (en collaboration<br />

avec le Comité de la SDN), l'auteur de c<strong>et</strong> article a présenté un rapport déclarant<br />

les actes de barbarisme <strong>et</strong> de vandalisme qui rentrent dans le critère du génocide<br />

comme délits de droit des gens 6. Malheureusement à c<strong>et</strong>te époque sa<br />

proposition ne fut point acceptée. Si ce principe eût été admis à c<strong>et</strong>te époque par<br />

un traité international, nous n'aurions actuellement point toutes les discussions<br />

concernant une loi subséquente aux faits eu égard aux crimes perpétrés par les<br />

Allemands <strong>et</strong> leurs satellites contre leurs propres citoyens avant <strong>et</strong> pendant la<br />

guerre.<br />

Un régime dépourvu de scrupules se rend facilement coupable de génocide en<br />

temps de guerre. C'est tout un problème que le traitement ou pour mieux dire le<br />

mal traitement d'une population civile par une autorité occupante. La 4 e<br />

27


Convention de La Haye a établi un ordre juridique réglant la protection des<br />

populations civiles que l'occupant doit respecter. Dans le cadre de c<strong>et</strong>te loi,<br />

rentrent la protection de 1 'honneur, de la liberté, de la vie, des droits familiaux<br />

<strong>et</strong> des droits de propriété de la population en territoire occupé. Le génocide peut<br />

être perpétré par des actes frappant des individus, lorsque l'intention finale est<br />

l'annihilation du groupe entier dont ces individus font partie; tout acte spécifique<br />

de génocide en tant que dirigé contre des individus en leur qualité de membres<br />

d'un groupe national ou racial est illégal d'après la Convention de La Haye. Si le<br />

meurtre d'un seul Juif ou d'un Polonais est un crime, le meurtre ou la tentative de<br />

meurtre de tous les Polonais ne l'est sûrement pas moins. Bien plus, l'intention<br />

criminelle de meurtre ou de destruction des membres de pareils groupes prouve<br />

la préméditation <strong>et</strong> l'intention délibérée <strong>et</strong> un état de criminalité systématique qui<br />

n'est rien de plus qu'une circonstance aggravante pour la répression.<br />

Le génocide a été inclus dans l'acte d'accusation des principaux criminels de<br />

guerre à Nuremberg. Il y est dit:<br />

« Les accusés se sont rendus coupables de génocide délibéré <strong>et</strong> systématique,<br />

c'est-à-dire, des groupes nationaux <strong>et</strong> raciaux, contre les populations civiles de<br />

certains territoires occupés, en vue de détruire des races <strong>et</strong> des classes<br />

déterminées, <strong>et</strong> des groupes nationaux, raciaux ou religieux, plus spécialement<br />

des Juifs, des Polonais, des Tziganes <strong>et</strong> d'autres encore. »<br />

En introduisant le génocide dans l'acte d'accusation, l'énormité des crimes nazis<br />

a été définie d'une façon plus précise. De même que, en cas d'homicide, le droit<br />

naturel de l'individu à l'existence est impliqué, de même en cas de génocide en<br />

tant que crime, le principe que tout groupe national, racial <strong>et</strong> religieux a un droit<br />

naturel à l'existence ressort clairement. Des attentats contre pareils groupes<br />

violent ce droit à l'existence <strong>et</strong> celui du développement au sein d'une<br />

communauté internationale. Concluons: le génocide n'est pas seulement un<br />

crime contre les règles de la guerre, mais encore un crime contre l'humanité.<br />

Ce n'est qu'après la fin des hostilités que l'horrible tableau du génocide commis<br />

en territoire occupé vient à la lumière. Durant l'occupation militaire, des bruits<br />

incontrôlés, concernant le génocide, s'échappèrent de derrière le rideau d'acier<br />

masquant l'esclavage de l'Europe. La Croix-Rouge internationale ne pouvait pas<br />

visiter les pays occupés ni récolter des informations concernant le mal traitement<br />

des populations civiles. Ceci est une conséquence de ce que la Convention de<br />

Genève n'autorisait la Croix-Rouge internationale qu'à contrôler le traitement<br />

des prisonniers de guerre. Une situation paradoxale en découla: les hommes qui<br />

partirent au combat avec un énorme danger de mort survécurent, tandis que leurs<br />

familles, restées à l'arrière, supposée en sûr<strong>et</strong>é, furent détruites. L'auteur de c<strong>et</strong><br />

28


article propose dans son volume Le Pouvoir de l'Axe en Europe occupée de<br />

réformer la Convention de Genève <strong>et</strong> de La Haye de telle sorte qu'en temps de<br />

guerre le traitement des populations civiles soit également placé sous le contrôle<br />

d'un organisme international, tel que la Croix-Rouge internationale. Le quotidien<br />

suédois Dagens Nyh<strong>et</strong>er, en date du 2 novembre 1945, communiqua que le<br />

président de la Croix-Rouge suédoise, le comte Bernadotte, déclara la proposition<br />

de l'auteur suj<strong>et</strong>te à l'étude à la prochaine conférence de la Croix-Rouge<br />

internationale, <strong>et</strong> que, de plus, la Croix-Rouge suédoise soutiendrait c<strong>et</strong>te<br />

proposition. Très honoré par ce fait, l'auteur espère que d'autres gouvernements<br />

soutiendront la proposition tendant à réformer le droit international à c<strong>et</strong> eff<strong>et</strong>.<br />

À la base des considérations précédentes, l'auteur suggère que les Nations<br />

unies, d'un commun accord avec d'autres nations invitées, concluent un<br />

traité international proclamant le génocide crime contre le droit des gens <strong>et</strong><br />

prenant des dispositions afin de le prévenir <strong>et</strong> de le punir, en temps de paix<br />

comme en temps de guerre. Ce traité en principe contiendrait parmi d'autres<br />

dispositions les points suivants:<br />

29


1. Le crime de génocide serait reconnu dans ce traité comme un complot visant à<br />

annihiler ou affaiblir des groupes d'ordre national, religieux ou racial. La<br />

manifestation de ce crime peut s'extérioriser par des attaques contre la vie, la<br />

liberté ou la propriété de membres de pareils groupes, <strong>et</strong> ce, en leur qualité de<br />

membres de ce groupe. La caractérisation de ce crime peut se rendre comme<br />

suit:<br />

« Quiconque, tandis qu'il participe à un complot visant la destruction ou<br />

l'affaiblissement d'un groupe national, racial ou religieux, comm<strong>et</strong> un attentat<br />

contre la vie, la liberté, la propriété de membres d'un tel groupe, est coupable du<br />

crime de génocide. » Le crime ainsi caractérisé serait à inclure dans chaque code<br />

pénal national des signataires.<br />

2. Les inculpés pourraient être appelés à répondre de ce crime non seulement<br />

30


devant le tribunal du pays où l'acte fut commis, mais encore, en cas de fuite, <strong>et</strong><br />

ce avec la même autorité, devant les tribunaux du pays où ils furent<br />

appréhendés.<br />

3. Les personnes accusées de génocide ne devraient pas être considérées comme<br />

criminels politiques en vue de l'extradition. L'extradition ne serait accordée<br />

qu'au cas où des garanties suffisantes seraient fournies par le pays requérant, que<br />

les coupables seront effectivement poursuivis.<br />

4. L'inculpation de génocide serait à charge de ceux qui ont donné <strong>et</strong> exécuté les<br />

ordres aussi bien qu'à chacun des incitateurs au crime, quelles qu'aient été leurs<br />

méthodes, inclus l'élaboration <strong>et</strong> l'enseignement de la doctrine criminelle de<br />

génocide. Les membres des gouvernements <strong>et</strong> des organismes politiques qui ont<br />

organisé ou toléré le génocide seront également responsables.<br />

5. Indépendamment de la responsabilité des individus au génocide, les États<br />

dans lesquels une pareille politique serait suivie, seraient tenus responsables<br />

devant le Conseil de Sécurité des Nations unies. Le Conseil peut requérir au<br />

Tribunal international de Justice, de délivrer un avis facultatif, afin de<br />

déterminer si un état de génocide existe dans un pays donné, avant de requérir,<br />

parmi d'autres, des sanctions à prendre contre le pays concerné. Le Conseil de<br />

Sécurité peut agir de par sa propre initiative ou sur la base de pétitions à lui<br />

soumises, par des membres des groupes nationaux, religieux ou raciaux<br />

intéressés, qu'ils résident ou non dans l'État accusé.<br />

6. Les membres de gouvernements, les dirigeants d'organisations criminelles<br />

coupables de génocide, tout comme des cas dans lesquels le génocide a été<br />

instigué de l’étranger, seront jugés par un Tribunal international à créer dans ce<br />

but.<br />

7. La Convention de La Haye <strong>et</strong> d'autres traités patents seraient à changer de<br />

telle sorte qu'en cas de guerre un organisme international (telle, par exemple, la<br />

Croix-Rouge internationale) ait le droit de contrôler le traitement des<br />

populations civiles par les occupants, en temps de guerre, afin de se rendre<br />

compte si ces pouvoirs occupants se rendent coupables de génocide.<br />

8. Un traité plurilatéral pour la prévention <strong>et</strong> la répression du génocide ne devrait<br />

pas empêcher deux ou plusieurs pays de conclure des traités bilatéraux ou<br />

régionaux, protégeant d'une façon plus complète encore contre le génocide. Sous<br />

ce rapport nous devons noter que les gouvernements alliés, en plein accord avec<br />

les décisions de la conférence de Moscou de décembre 1945, ont décidé de<br />

passer des traités de paix avec les pays satellites de l'Axe, Hongrie, Bulgarie,<br />

Roumanie, Italie, qui se sont rendus coupables de génocide, au cours de c<strong>et</strong>te<br />

guerre, suivant en cela l'exemple allemand. Il est d'une importance transcendante<br />

31


que des clauses prévenant le génocide soit inclus dans ce traité.<br />

Mémorandum sur la nécessité d'inclure les clauses contre le génocide dans<br />

les traités de paix<br />

1 0 L'acte d'accusation contre les principaux criminels de guerre à Nuremberg<br />

comporte une inculpation pour le crime de génocide (voir page 12 du texte<br />

anglais) formulée comme suit: «Ils [les accusés] pratiquaient le génocide<br />

délibéré <strong>et</strong> systématique - c'est-à-dire l'extermination de groupes raciaux <strong>et</strong><br />

nationaux - contre les populations civiles de certains territoires occupés afin de<br />

détruire certaines races <strong>et</strong> certains groupes nationaux, raciaux ou religieux,<br />

particulièrement les Juifs, Polonais, Tsiganes <strong>et</strong> autres. » L'auteur du présent<br />

mémorandum a développé la conception du génocide sur une plus large échelle<br />

<strong>et</strong> en englobant à la fois la destruction physique, biologique <strong>et</strong> culturelle d'une<br />

nation, race ou groupe religieux, indépendamment du fait que les membres du<br />

groupe détruit est citoyenne du pays qui pratique le génocide.<br />

2 0 L'atmosphère politique <strong>et</strong> morale créée dans le monde après que l'attention<br />

publique a été attirée sur la pratique du génocide justifie l'espoir d'une possibilité<br />

de convaincre toutes les nations intéressées de la nécessité d'inclure des clauses<br />

contre le génocide dans les traités de paix. La destruction d'une nation ou d'une<br />

race peut comprendre différents procédés d'exécution, mais pour servir aux<br />

négociations internationales il apparaît plus pratique de restreindre la formule à<br />

l'anéantissement physique <strong>et</strong> aux procédés biologiques tendant finalement à une<br />

telle destruction. Dans des buts de coopération internationale, il est nécessaire<br />

d'exclure les cas moins importants <strong>et</strong> sporadiques.<br />

Toute la concentration doit être portée sur le génocide organisé <strong>et</strong> systématique.<br />

La formule à employer serait celle de complot.<br />

3° Pour autant qu'il s'agisse des droits de l'homme, la nécessité urgente s'impose<br />

de discerner entre le droit à l'existence <strong>et</strong> les droits au développement. Les droits<br />

à l'existence impliquent en fait le droit à la vie. On peut égaIement concevoir<br />

qu'ils impliqueraient le droit de ne pas être dépouillé <strong>et</strong> de ne pas être placé dans<br />

des conditions telles que la perte de la vie soit imminente ou possible (camps de<br />

concentration, de déportation <strong>et</strong> de travail forcé, <strong>et</strong>c.). Les droits au<br />

développement impliquent les droits d'utiliser les moyens économiques pour<br />

exercer les droits à la liberté d'expression, les droits aux libertés d'opinion<br />

culturelle <strong>et</strong> religieuse, <strong>et</strong>c. C<strong>et</strong>te distinction peut comporter quelques difficultés<br />

d'ordre académique pour les professeurs, mais pas pour les victimes d'Auschwitz<br />

<strong>et</strong> de Buchenwald. Le droit à l'existence doit se voir attribuer en tant que droit<br />

suprême, la protection suprême en usage dans la société humaine, c'est-à-dire la<br />

protection par la loi criminelle <strong>et</strong> ses organes d'exécution tels que police <strong>et</strong> cours<br />

de Justice, tandis que d'autres droits (tel que le droit à la liberté d'opinion<br />

32


culturelle <strong>et</strong> religieuse, <strong>et</strong>c.) peuvent être placés sous telle protection que les<br />

contingences politiques perm<strong>et</strong>tent d'envisager. Les expériences acquises en fait<br />

de génocide durant c<strong>et</strong>te guerre ne devraient être perdues ni moralement, ni<br />

politiquement, ni légalement. Les droits des êtres humains à l'existence en tant<br />

que membres de groupes nationaux, raciaux <strong>et</strong> religieux ne devraient pas être<br />

seulement sous la protection des lois criminelles locales, mais également sous la<br />

protection du système de coopération internationale dans le domaine du droit<br />

pénal. Le statut légal du génocide devrait être assimilé au statut légal des crimes<br />

internationaux déjà reconnus tels que la piraterie, la contrefaçon de monnaies, la<br />

traite des Blanches <strong>et</strong> des esclaves, le trafic de publications pornographiques <strong>et</strong>,<br />

dans une certaine mesure, le trafic <strong>et</strong> la production des stupéfiants. Ces crimes<br />

internationaux sont d'une telle nature que la société humaine éprouve à les<br />

combattre une si grande solidarité morale qu'elle adm<strong>et</strong> qu'un criminel puisse<br />

être traduit devant le tribunal du pays où il est appréhendé, indépendamment du<br />

lieu où le crime a été commis. Lorsque quelqu'un a fabriqué de la fausse<br />

monnaie à Prague, il peut être mis en jugement à Paris pour ce crime.<br />

4° Lorsque le crime du génocide aura été reconnu comme crime international, il<br />

pourra être envisagé d'autres méthodes de prévention, de poursuite <strong>et</strong> de<br />

sanction. Le génocide étant un crime commis le plus souvent par des organisations,<br />

partis politiques ou directement par des gouvernements (lesquels peuvent<br />

même ne pas agir directement), la législation locale ainsi que l'appareil judiciaire<br />

ne suffirait pas pour de tels crimes de génocide. Il y aurait lieu de charger le<br />

Tribunal international de La Haye du jugement des cas spécifiques de génocide;<br />

une Cour internationale de Justice pourrait même être créée à c<strong>et</strong> eff<strong>et</strong>. Les<br />

affaires de génocide suivantes tomberaient sous la juridiction de ce Tribunal<br />

international:<br />

1. Crimes commis par des chefs d'organisations criminelles.<br />

2. Les causes de membres de gouvernements coupables d'avoir toléré ou d'avoir<br />

organisé eux-mêmes le génocide.<br />

3. Toute affaire de génocide commise dans un pays à l'instigation ou avec la<br />

collaboration d'individus appartenant à une organisation <strong>et</strong> résidant dans un autre<br />

pays.<br />

5° Le Conseil économique <strong>et</strong> social ou bien le Conseil de sécurité des Nations<br />

unies devraient être habilités pour l'envoi de commissions d'enquête dans les<br />

pays soupçonnés de comm<strong>et</strong>tre le génocide <strong>et</strong> une possibilité légale devrait être<br />

établie perm<strong>et</strong>tant de traduire les représentants de tels pays devant l'Organisation<br />

des Nations unies. Les organismes des Nations unies nommés plus haut<br />

devraient pouvoir agir soit de leur propre initiative soit sur la base de requêtes<br />

qui leur seraient soumises par des membres de groupes menacés dans le pays<br />

33


intéressé ou en dehors de ce pays.<br />

6° Au point de vue historique <strong>et</strong> numérique, la plupart des persécutions ont été<br />

commises contre des groupes <strong>et</strong> des individus appartenant à de tels groupes, <strong>et</strong><br />

ayant servi uniquement de boucs émissaires ou symboles dans de telles<br />

persécutions. L'attention devrait porter plus sur les droits collectifs que sur les<br />

droits individuels. Cependant, ce fait ne préviendrait ni n'exclurait la possibilité<br />

de persécutions sporadiques individuelles. Il est pourtant plus justifié au point de<br />

vue international de protéger des groupes humains compacts que des individus<br />

isolés. Sans perdre de vue les droits individuels, l'importance particulière du traitement<br />

des cas collectifs devrait être prise en considération de façon primordiale.<br />

7° Une grande partie de la zone géographique actuellement considérée par la<br />

Conférence de la Paix a été depuis de nombreuses années (avant même que<br />

l'Allemagne n'ait donné l'exemple) la scène d'actes de génocide, sporadiques<br />

mais pénibles, au cours desquels des centaines de milliers de membres de<br />

groupes raciaux, nationaux ou religieux ont perdu la vie. Dans c<strong>et</strong>te zone, les<br />

haines raciales <strong>et</strong> nationales ont toujours été très vives. Il est par conséquent<br />

nécessaire d'accorder une protection particulièrement forte aux groupes humains<br />

exposés à de telles attaques. Il ne faut pas perdre de vue le fait que dans la<br />

majorité des pays de c<strong>et</strong>te zone, les Constitutions ne sont pas directement<br />

soumises au contrôle du pouvoir judiciaire comme c'est le cas dans les pays<br />

anglo-saxons. Selon les coutumes locales <strong>et</strong> les systèmes légaux existants <strong>et</strong><br />

conformément à la psychologie de la majorité des peuples de c<strong>et</strong>te zone, le code<br />

pénal inspire plus de respect que la Constitution <strong>et</strong> l'on s'y soum<strong>et</strong> plus<br />

volontiers. Il faut se souvenir de ce fait particulier si l'on désire éviter la création<br />

d'un système légal qui serait inapplicable dans certaines éventualités. Un traité<br />

de paix pourrait rendre obligatoire l'incorporation de certaines de ses<br />

dispositions dans différentes lois nationales telles que Constitutions ou codes<br />

pénaux. La prévention du génocide doit être logiquement établie sur les codes<br />

pénaux des pays en question.<br />

8° L'auteur du présent mémorandum propose que l'une des formules suivantes,<br />

concernant le génocide, soit insérée dans les codes criminels des pays avec<br />

lesquels des traités de paix doivent être conclus:<br />

Formule n O 1. - Quiconque, en participant à un complot ayant pour but de<br />

détruire des groupes nationaux, religieux ou raciaux, se livre à une attaque<br />

contre la vie, la liberté ou les biens de membres de tels groupes, se rend<br />

coupable de crime de génocide <strong>et</strong> est punissable de ...<br />

Autre foule éventuelle. - Quiconque, en participant à un complot ayant pour but<br />

de détruire des groupes nationaux, raciaux ou religieux, se livre à une attaque<br />

contre la vie, l'intégrité corporelle ou se livre à des procédés biologiques sur les<br />

34


membres de tel groupe, est reconnu coupable de crime de génocide <strong>et</strong> est<br />

punissable de ...<br />

9° L'auteur du présent mémorandum n'est pas au courant des aspects techniques<br />

des négociations sur les droits de l’homme actuellement Poursuivies à Paris. Si<br />

certaines foules ont été omises dans les Propositions à soum<strong>et</strong>tre, la possibilité<br />

d'insérer le crime du génocide dans ces traités doit être envisagée, car la foule du<br />

génocide peut être considérée Comme l'application <strong>et</strong> le développement logique<br />

d'une idée fondamentale déjà contenue dans les proj<strong>et</strong>s d'ores <strong>et</strong> déjà présentés.<br />

C'est un principe accepté <strong>et</strong> reconnu par le droit international que les traités<br />

soient conclus de bonne foi <strong>et</strong> dans l'intention sérieuse de prêter à l'application<br />

de ces traités l'appui le plus compl<strong>et</strong> <strong>et</strong> le plus étendu. La foule du génocide est<br />

pratiquement une foule servant à m<strong>et</strong>tre à exécution l'un des éléments les plus<br />

fondamentaux des droits de l'homme - à savoir le droit à l'existence en tant<br />

qu'individus <strong>et</strong> en tant que groupe. »(Prof. Lemkin)<br />

<strong>DE</strong>UXIEME PARTĐE<br />

II. Le Génocide des Arméniens <strong>et</strong> la politique anti-arménienne du<br />

CUP de l’OS<br />

Selon Chérif Pacha (1) guerre des alliés balkaniques contre la Turquie a eu<br />

son origine dans la mauvaise foi dont le Comité Union <strong>et</strong> Progrès a usé envers<br />

les nationalités après la proclamation de la Constitution, notamment aux<br />

élections législatives de 1908 qu’il fit au préjudice des droits des chrétiens.<br />

Les <strong>Kurd</strong>es comptent environ cinq millions. Guerriers intrépides <strong>et</strong><br />

indomptables, ils sont, en quelque sorte, les Albanais de l’Asie-Mineure. Dans<br />

les premières années de la révolution, ils s’étaient rangés sous la bannière du<br />

Comité qui les employa aux besognes exécutives en se gardant de leur<br />

accorder les privilèges inhérents à l’égalité des races. Leurs déceptions, leurs<br />

rancoeurs <strong>et</strong> leurs rancunes, bien qu’elles se soient manifestées après celles<br />

des Arabes, n’en ont pas moins abouti à les désaffectionner du Comité, <strong>et</strong> qui<br />

plus est, des Turcs dont ils parlent déjà de se séparer. Le mot d’autonomie a<br />

été prononcé.<br />

Les Arméniens sont au nombre de deux millions <strong>et</strong> demi. Tout a été dit sur<br />

leur compte; nous n’ajouterons que ce simple fait tout récent, peu connu <strong>et</strong><br />

leur comité Tachnaktzoutioun qui, dès le début de la révolution de 1908,<br />

avait fait cause commune avec le Comité Union <strong>et</strong> Progrès <strong>et</strong> lavait soutenu<br />

dans toutes les affaires, vient de séparer de lui non sans éclat. On sait que ce<br />

comité arménien est un comité d’action de propagande révolutionnaire.<br />

1 , Mechrouiti<strong>et</strong>te, N°50.<br />

35


Quelles surprises il nous ménage<br />

Outre ces trois groupements très importants au point de vue du nombre,<br />

l’Asie Mineure renferme un million de Tcherkesses, des Lazes, des<br />

Tchingbariés, des Druzes, des Mutualis, des Ismaïliens, des Yézidis, des<br />

Chaldéens, des Syriens Jacobites, des Maronites, des Israélites, <strong>et</strong>c...<br />

Dans ces conditions, peut-on dire que les Turcs soient en situation<br />

d’imposer leur volonté aux autres nationalités Et n’y a-t-il pas lieu de<br />

craindre que, si Union <strong>et</strong> Progrès reprend à leur égard les mêmes procédés de<br />

turquisme qui lui ont aliéné les populations non-musulmanes d’Europe,<br />

l’Asie- Mineure ne subissent un jour le sort de notre empire européen.<br />

Chérif Pacha défend la tradition libérale du Coup d’Etat Militaire de 1908<br />

<strong>et</strong> les principes de l’égalité des races « Notre but final est de grouper sous la<br />

même bannière politique les divers éléments qui composent la nation<br />

ottomane. Nous voulons que la patrie, que la nation soient à tous les<br />

Ottomans: Nous respecterons toujours ta langue <strong>et</strong> la nationalité de toutes les<br />

fractions de la nation... » (2)<br />

Une autre fois, c’est le bureau central du Comité Union <strong>et</strong> Progrès qui<br />

communique à toute la presse la proclamation suivante:<br />

«.. .Le Congrès adopte comme principe invariable de travailler à grouper<br />

sous la même bannière politique de 1’Ottomanisme toutes les races qui ont des<br />

aspirations communes <strong>et</strong> dont il veut l’union <strong>et</strong> non pas la fusion. II respecte la<br />

langue nationale de chacun, les droits des nationalités, ainsi que les<br />

revendications qui reposent sur des liens historiques indestructibles... (3)<br />

Mais pourquoi avoir séduit le monde <strong>et</strong> les Ottomans qui ne sont pas de<br />

race turque par une affirmation solennelle d’égalité, de liberté, — que le<br />

comité devait, en eff<strong>et</strong>, peu après, démentir par ses actes — alors qu’il eût été<br />

bien plus simple de se contenter de déposer Abdul-Hamid <strong>et</strong> d’instituer<br />

immédiatement un gouvernement truquiste composé « d’un Sultan, d’un grand<br />

vizir <strong>et</strong> d’un Conseil États pour élaborer les lois)) si tel est le régime que<br />

rêvaient pour la Turquie certains membres du Comité Union <strong>et</strong> Progrès<br />

Ceux qui doutaient que le Comité eût tenu aux officiers un pareil langage<br />

ne tardèrent pas à être édifiés lorsqu’ils virent qu’il avait trouvé son<br />

expression dans une campagne de presse, notamment sous la plume de Djahid<br />

bey, l’enfant terrible <strong>et</strong> fougueux du comité, directeur du Tanine. Quelques<br />

jours avant les élections législatives, ce journal publia des articles aussi<br />

2 L’Alliance, 14 novembre 1910<br />

3, L’Alliance 19 novembre 1910.<br />

36


grossiers que violents, où, prenant à parti les non Turcs, il leur signifiait<br />

hautement que les jours de l’égalité s’étaient éteints avec l’enthousiasme des<br />

premiers temps, <strong>et</strong> que les Turcs ayant, par droit de conquête, des privilèges<br />

supérieurs, il n’y avait pas lieu de reconnaître aux autres races l’égalité<br />

politique.<br />

Revenant sur c<strong>et</strong>te idée qui lui tenait au coeur, le Tanine un an après, en<br />

septembre 1909, publiait un article intitulé: « L’Islamisme <strong>et</strong> l’Ottomanisme »<br />

dans lequel il disait notamment:<br />

« ... Ces unions que nous désirons doivent avoir lieu, entre Turcs,<strong>et</strong> entre<br />

musulmans, <strong>et</strong> 3° enfin entre les Otto malade en développant toujours le cercle<br />

de leurs influences... L’union des races qui est un des plus grands désirs du<br />

comité Union <strong>et</strong> Progrès ne pourra se faire que sur des bases ainsi consolidées<br />

<strong>et</strong> avec beaucoup de mesure. »<br />

Après avoir développé c<strong>et</strong>te idée <strong>et</strong> toujours préoccupé de donner<br />

l’hégémonie aux Turcs, le Tan concluait: « S’il y a une race qui peut servir de<br />

modèle (type) aux diverses autres nations, c’est la race turque. »<br />

I. Le role de l’armée turque dans le génocide des Arméniens<br />

Dans le livre l’Europe avec ou sans la Turquie (4 ) « Les eurodéputés qui<br />

ont refusé d’ajouter de nouvelles conditions à l’ouverture des<br />

négociations,ont toutefois demandés aux autorités turques sans en faire<br />

préalable à l’ouverture des négociations « la reconnaissance formelle de la<br />

réalité du génocide des Arméniens »(332 voix contre 325).<br />

Les deux chercheurs turcs pensent qu’« En 1915, au moment de la<br />

désignation de l’Empire ottoman, dans le contexte d’interférence étrangère,<br />

en particulière russe, , Le Comité Union <strong>et</strong> Progrès au pouvoir à Istanbul, a<br />

pris une décision dramatique <strong>et</strong> lourde de conséquences .Face à elle,<br />

considérait comme des troubles à l’Est de l’Anatolie, la fraction nationaliste<br />

des Jeunes Turcs a eu recours à une pratique courante de l’empire, le<br />

déplacement de populations (techir), en l’occurrence arméniennes 250 00<br />

d’entre eux (selon le chiffre officieux des autorités ottomanes), 800.000<br />

selon la plupart des arméniens) ont trouvé la mort à la suite de divers<br />

affrontements,exactions <strong>et</strong> épidémies, au cours des déplacements ».<br />

L’idéologie officielle de l’Etat Kémaliste turc, est une négation totale du<br />

génocide des arméniens. Avant 1915, la nation arménienne a fait l’obj<strong>et</strong> des<br />

massacres programmés directement par l’Etat turc. ,<strong>Pen</strong>dant la période de<br />

Sultan-Hamid,Au printemps 1894, les habitants de Sassoun <strong>et</strong> sa région [à<br />

4 Akagül, Deniz Vaner, Semih L'Europe avec ou sans la Turquie [préface de Philippe Moreau Defarges]<br />

Publication : Paris : Éd. d'Organisation, DL 2005,pp.88-89<br />

37


l’ouest du lac de Wan] s’insurgèrent contre les <strong>Kurd</strong>es venus les rançonner<br />

pour la énième fois. Le sultan Abdulhamid profita de c<strong>et</strong>te occasion pour<br />

tester la réaction des puissances européennes. Il envoya sur Sassoon une<br />

véritable armada ; La 4e Armée Turquie <strong>et</strong> la 26e division commandée par<br />

Zeki pacha, forte de 12.000 hommes, ainsi que par les régiments Hamidiyé<br />

formé en tant qu’une armée officielle par AbdulaHamid par des Tribus<br />

<strong>Kurd</strong>es Sunnites, Par les azéris, des turcomans, une armée de 600.000 en<br />

Afrique du Nord ,dont 450.000 sont morts lors de la guerre de Tripoli dirigée<br />

par Enver <strong>et</strong> Kémal, ainsi que dans les pays Balkanique <strong>et</strong> en Albanie les<br />

régiments d’Hamidiyé sont formés <strong>et</strong> armés par les généraux allemands<br />

jusqu’aux dents, qui se livrèrent à une véritable boucherie qui dura plusieurs<br />

semaines. Les réactions des Européens, bien que parfois outragées, ne furent<br />

que verbales. C’est ce qu’attendait le sultan qui pouvait désormais m<strong>et</strong>tre en<br />

application son plan d’extermination à grande échelle, à travers tout l’empire,<br />

dès l’année suivante.5<br />

Dès avril 1909 des massacres commencent en Cilicie, d’abord à Adana,<br />

puis dans le reste de la région. Les Jeunes Turcs se montrent les dignes<br />

héritiers du « sultan rouge ». Il ne manquera rien à leur panoplie des cruautés.<br />

Il y aura au total 30.000 morts. Certains attribuèrent les massacres de Cilicie à<br />

l’ancien régime du sultan, revenu un court moment au pouvoir, mais les vrais<br />

responsables étaient bien les Jeunes Turcs.<br />

5 Documenti diplomatici italiani sont des premierès éléments sur la formation des régiments d’Hamiehs<br />

Sources Archives diplomatiques italiennes <strong>et</strong> françaises<br />

5 Ennio di Nolfo, Italie. Commissione per la pubblicazione dei documenti italiani sull'Armenia<br />

Titre(s) : Documenti diplomatici italiani sull'Armenia. Seconda serie, 1891-1916 [Texte imprimé] / Commissione per la<br />

pubblicazione dei documenti italiani sull'Armenia<br />

Publication : Firenze : Commissione per la pubblicazione dei documenti italiani sull'Armenia, [199-]-<br />

Description matérielle : 24 cm(Br.) Notice n° : FRBNF38954114<br />

6 Ennio di Nolfo, Italie. Commissione per la pubblicazione dei documenti italiani sull'Armenia<br />

Titre(s) : Documenti diplomatici italiani sull'Armenia. Seconda serie, 1891-1916 [Texte imprimé] / Commissione per<br />

lapubblicazione dei documenti italiani sull'Armenia<br />

Publication : Firenze : Commissione per la pubblicazione dei documenti italiani sull'Armenia, [199-]-<br />

Description matérielle : 24 cm(Br.) Notice n° : FRBNF3895411463<br />

La formation des régiments d’ hamidié, document signépar Enver Pacha<br />

• Documents d’Archives de Seve Evin Cicek<br />

38


En 1913, les trois dirigeants de l’Ittihat, Talât, Enver <strong>et</strong> Djemal, établissent<br />

une dictature militaire. Le 29 octobre 1914, la Turquie s’allie à l’Allemagne <strong>et</strong><br />

entre en guerre contre les Alliés. Le champ est désormais libre. Dès janvier<br />

1915, on désarme les 250.000 soldats arméniens de l’armée ottomane pour les<br />

affecter dans des « bataillons de travail ».<br />

À l’aube du 24 avril, qui deviendra la date commémorative, le coup<br />

d’envoi du génocide est donné par l’arrestation à Constantinople de 650<br />

intellectuels <strong>et</strong> notables arméniens. Dans les jours suivants, ils seront en tout<br />

2.000, dans la capitale, à être arrêtés, déportés <strong>et</strong> assassinés. Dans tout<br />

l’Empire ottoman, c’est le même scénario : on arrête puis on assassine partout<br />

les élites arméniennes. Le peuple arménien est décapité.<br />

39


Les soldats arméniens affectés dans les « bataillons de travail » seront<br />

assassinés par p<strong>et</strong>its groupes, le plus souvent après avoir creusé eux-mêmes<br />

les « tranchées » qui leurs serviront de fosses communes. Le peuple arménien<br />

est non seulement décapité, mais il est dorénavant privé de ses défenseurs. Il<br />

ne reste plus aux dirigeants de l’Ittihat qu’à achever le génocide.<br />

L’idée est nouvelle <strong>et</strong> terriblement efficace: c’est la déportation de toutes<br />

les populations civiles arméniennes vers les déserts de Syrie pour des<br />

prétendues raisons de sécurité. La destination réelle est la mort.<br />

D’après l’ambassadeur des États-Unis à Constantinople de 1913 à 1916,<br />

Henri Morgenthau, « Le but véritable de la déportation des Arméniens était le<br />

vol <strong>et</strong> la destruction. Quand les autorités ottomanes donnèrent l’ ordre des<br />

déportations,elles délivrent simplement l’arrêt de mort de toute une race,elles<br />

le comprenaient bien ainsi <strong>et</strong> dans nos entr<strong>et</strong>iens ne cherchèrent pas à s’en<br />

cacher ».La question qui se pose pour raison Deniz Akagul <strong>et</strong> S. Vener nient<br />

comme les chefs de l’Etat Major turc <strong>et</strong> quelle est la politique de l’armée<br />

turque dans la tête soit disant des intellectuels turcs. Ce serait les Allemands<br />

qui auraient suggéré c<strong>et</strong>te nouvelle méthode. D’ailleurs, pendant toute la<br />

guerre, la mission militaire allemande était omniprésente en Turquie, <strong>et</strong> il est<br />

vrai qu’un général allemand, Bronsart Von Schellendorf, avait<br />

40


(imprudemment) signé un ordre de déportation avec une recommandation<br />

spéciale de prendre des « mesures rigoureuses » à l’égard des Arméniens<br />

regroupés dans les « bataillons de travail ». Or « déportation » <strong>et</strong> « mesures<br />

rigoureuses » étaient des mots codés qui signifiaient la mort. Quant au<br />

commandant Wolffskeel, comte de Reichenberg, chef d’état-major du<br />

gouverneur de Syrie, il s’était distingué lors des massacres des populations de<br />

Moussa-Dagh <strong>et</strong> d’Urfa.<br />

En ce qui concerne, la décision « des eurodéputés qui ont refusé<br />

d’ajouter de nouvelles conditions à l’ouverture des négociations,ont<br />

toutefois demandés aux autorités turques sans en faire préalable à<br />

l’ouverture des négociations « la reconnaissance formelle de la réalité du<br />

génocide des Arméniens .D’abord, le titre du livre de la propagande de<br />

l’armée turque L'Europe avec ou sans la Turquie nous fait rappel du livre<br />

du Général A.TCHEREP-SIPIRIDOVITCH, intitulé » l’Europe sans<br />

Turquie, ancien Président de la Société Slave(1901-1913)(6) deuxièmement<br />

la reconnaissance du génocide n’est pas formelle, les chiffres sont erronées les<br />

chiffres sont complètement erronées.<br />

Selon le Général Sipiridovitc, »Le Panislamisme compte 300 millions de<br />

musulmans, désirant s’affranchir aussi des Anglais, des Français <strong>et</strong> des Russes<br />

qui ont conquis en Asie <strong>et</strong> en Afrique des provinces entières musulmanes. La<br />

tête du Panislamisme c’est la Turquie qu’il faut à tout prix faire tomber <strong>et</strong><br />

renvoyer en Asie en la «diminuant » en Sultanat Turc au lieu d’Empire Ottoman.<br />

Tant qu’il existera un tel « Empire » en Europe <strong>et</strong> à Constantinople, les yeux <strong>et</strong><br />

les espoirs des musulmans du monde entier y seront tournés dans l’attente qu’un<br />

jour le Padishah les libèrera. Pour que les musulmans d’Asie <strong>et</strong> d’Afrique se<br />

résignent à la domination européenne, il faut briser la Turquie, la rej<strong>et</strong>er de<br />

l’Europe <strong>et</strong> démontrer clairement aux mahométans qu’un empire musulman ne<br />

peut pas exister. Seulement alors, en fatalistes, ils se soum<strong>et</strong>tront aux Européens,<br />

deviendront maniables <strong>et</strong> abandonneront leurs révoltes continuelles (comme au<br />

Maroc). Voilà les raisons principales pour lesquelles chaque Français doit<br />

désirer la disparition de la Turquie de l’Europe. »<br />

Deuxièmement, c’est une question du Panturquisme. » Pour égarer la<br />

nation, arrive ensuite le Turcophilisme (7) qui a eu comme conséquence la prise<br />

de Paris en 1815 <strong>et</strong> 1871.<br />

A peine M. Pichon, d’accord avec sir E. Grey, après leur entrevue de<br />

Londres, eût-il déclaré que les Anglais <strong>et</strong>, les Français travailleraient « pour<br />

6 Général, A Tchrep-Spiridovitch,l’Europe sans Turquie, in vers la Débacle, le « partage » de la France,<br />

Dangers <strong>et</strong> Remedes, Paris, Librairie Chapelot, 1914, p.54-,pp119-120-121.<br />

7 Lire l’Intransigeant du 1 er juill<strong>et</strong> : « La politique anglo-française <strong>et</strong> la Turquie », où l’on voit comment M.<br />

Pichon <strong>et</strong> Sir E.Grey s’entraînent à pratiquer le « Turcophilisme » anti-français <strong>et</strong> anti-anglais.<br />

41


endre la Turquie heureuse <strong>et</strong> prospère » que je m’écriai : « Qu’est-ce que c<strong>et</strong>te<br />

nouvelle aberration coûtera à la France <strong>et</strong> aux Slaves ! »<br />

La réponse à c<strong>et</strong>te question ne tarda pas : Les Turcs envahirent<br />

Andrinople, encouragés par la France <strong>et</strong> l’Angl<strong>et</strong>erre <strong>et</strong>, bien que toujours<br />

membres de la vraie Triplice austro-germano-turque, endossée par l’« Alliance<br />

Fatale ».Allez les y déloger, maintenant !<br />

«Le Turcophilisme » a été payé par la perte d’Andrinople, par la<br />

mobilisation des Alliés, inutile depuis Novembre passé, par leur épuisement, par<br />

la dislocation de l’Alliance Balkanique à la veille d’une invasion de la Coalition<br />

en France. Il coûtera cher dans l’avenir.<br />

Cependant le Journal du 19 juill<strong>et</strong> publie un article de M. Hyacinthe<br />

Philouze qui, oubliant que la sécurité de la France exige l’écrasement de la<br />

Turquie, c<strong>et</strong>te tête du Panislamisme, inféodée au Pangermanisme, menaçant tous<br />

deux l’Empire Africain français, fait appel à un sentimentalisme déplacé, auquel<br />

les Turcs fient écho par une marche en avant, véritable provocation à la Russie.<br />

Si la France désire sauver ses milliards en Turquie, c’est précisément, en<br />

éloignant les Turcs de l’Europe (où ils ne feront que des guerres intérieures ou<br />

extérieures, comme le dit M. Philouze lui-même) <strong>et</strong> en les forçant à vivre en<br />

Anatolie, qu’ils exploiteront à leur gré.<br />

Tant que ces hommes resteront en Europe, c’est la ruine, le deuil <strong>et</strong> les<br />

dépenses en ambassades inutiles pour un Sultanat de 4 millions de Turcs, en<br />

subventions suspectes pour les articles turcophiles, en espionnage <strong>et</strong> autres<br />

gaspillages coûteux !<br />

Dans notre livre l’Europe sans Turquie - La Sécurité de la France l’exige,<br />

nous avons dit combien la France aurait gagné de voir les Turcs partis de<br />

l’Europe. Ici nous ne donnerons qu’un bref aperçu de c<strong>et</strong>te question.<br />

Voici les quinze raisons pour lesquelles il fallait perm<strong>et</strong>tre aux alliés la<br />

prise de Constantinople :<br />

1) La véritable Triplice est Austro-Germano-Turque, (l’Italie étant placée<br />

entre les deux Triplices). Pour isoler l’Allemagne, il faut : que la Turquie<br />

disparaisse <strong>et</strong> que l’Autriche soit disloquée. Il est donc absolument<br />

indispensable que les Balkaniques puissent attaquer c<strong>et</strong>te dernière sans souci<br />

d’un assaut des Turcs au midi — par derrière.<br />

2) La Turquie r<strong>et</strong>ient trois corps d’armée russe au Caucase qui sont<br />

nécessaires sur la frontière prussienne.<br />

42


3) Elle prive aussi la France du concours de la flotte russe de la Mer<br />

Noire, nécessaire dans la Méditerranée pour y sauvegarder la suprématie sans<br />

laquelle il n’y a pas d’Empire Français en Afrique.<br />

4) En protégeant 4 millions de Turcs la France s’attire la haine de 224<br />

millions de Slaves <strong>et</strong> autres peuples.<br />

5) Si l’on ne brise la Turquie, c<strong>et</strong> espoir suprême du Panislamisme, on<br />

aura toujours à essuyer les révoltes des musulmans en Afrique <strong>et</strong> partout<br />

ailleurs.<br />

6) Les avances de l’épargne française aux Turcs ne peuvent être<br />

remboursées que s’ils quittent l’Europe pour exploiter l’Anatolie. Leur exode<br />

produira aussi la cessation des folles dépenses que nécessitent leur maintien<br />

d’ambassades, de hordes d’espions, <strong>et</strong> la folle affectation de « Grand Empire ».<br />

7) La perte des provinces européennes (Constantinople incluse) serait<br />

d’un bon débarras pour les Turcs, - d’après les propres paroles de Djavid bey,<br />

ministre des Finances, - qui y enterrent en vain leurs soldats <strong>et</strong> l’argent qu’ils<br />

empruntent.<br />

8) Le départ en Asie du gouvernement turc, réfractaire aux innovations du<br />

progrès, ferait gagner beaucoup à toutes les entreprises françaises en Turquie.<br />

9) Le «Turcophilisme» des Napoléon eût pour conséquence l’entrée des<br />

Prussiens à Paris en 1815 <strong>et</strong> 1871. Le Turcophilisme » de M. Pichon pourrait<br />

bien être cause d’un état de choses dont nous ne verrons que plus tard les<br />

regr<strong>et</strong>tables eff<strong>et</strong>s ! Mais à coup sûr ce quelque chose sera fort désavantageux<br />

pour la France !<br />

10) Les Turcs démoralisent l’Europe. Leur exemple y enraye le progrès de<br />

la civilisation.<br />

Si le monde civilisé est surpris <strong>et</strong> scandalisé par les « massacres bulgares », c’est<br />

qu’il oublie que ces Bulgares ne sont que des anciens suj<strong>et</strong>s turcs, éduqués dans<br />

les écoles turques, «transformés » en Bulgares il y a 35 ans à peine <strong>et</strong> affranchis<br />

totalement depuis cinq ans seulement.<br />

Tous les chefs actuels en Bulgarie ont été Turcs dans leur jeunesse, imbus<br />

des principes <strong>et</strong> de la mentalité turcs. Toute l’explication des massacres est là !<br />

11) La lecture des crimes <strong>et</strong> des récits de massacres impunis, augmente le<br />

nombre des jeunes apaches en Europe.<br />

12) La prise de Constantinople par un souverain catholique à la tête du<br />

moins intransigeant des peuples orthodoxes (les Bulgares), concourrait<br />

fortement à l’Union des Eglises <strong>et</strong> à la confraternité des peuples Blancs.<br />

13) La Turquie est l’avant-garde du Panasiatisme <strong>et</strong> du Panislamisme qui<br />

se réveillent <strong>et</strong> se joignent au Pangermanisme pour envahir les Blancs. La<br />

simple prudence exige qu’elle soit rej<strong>et</strong>ée en Asie, en lui arrachant le Bosphore<br />

— c<strong>et</strong>te communication avec l’Europe.<br />

14) Il est temps « d’européaniser » le midi de l’Europe. Au point de vue<br />

du progrès européen, conserver la Turquie, c’est introduire dans une escadre<br />

moderne filant à 20 noeuds, un vieux bateau à voiles. Toutes les forces<br />

43


éactionnaires, récalcitrantes au progrès à la liberté, à la paix, trouvent leur<br />

justification dans le régime ottoman. La Turquie est une « gangrène » qui<br />

s’accroche à l’Europe comme une toile d’araignée ensanglantée.<br />

15) Les Turcs sont restés « asiatiques » ; c’est ainsi que les juge (dans<br />

l’Ikdam) leur meilleur publiciste, Ali Kemal bey, — <strong>et</strong> ils sont d’un<br />

tempérament incompatible avec les conditions de vie moderne. »(8)<br />

C<strong>et</strong>te approche du Général, A Tchrep-Spiridovitch développée dans<br />

,l’Europe sans Turquie, renverse la logique des chercheurs turcs qui nient le<br />

génocide des Arméniens de l’Arménie Occidentale y compris du rapport de<br />

Kara Schemsi, responsable de l’Organisation Spéciale à Genève. Selon Kara<br />

Schemsi, dans le même sens de l’Etat Major Turc. Selon Kara « La question<br />

d’Arménie pendant la guerre mondiale présente deux faces biens distinctes.<br />

L’une envisage les mesures exagérées <strong>et</strong> inhumains dont a dû souffrir la<br />

fraction innocente de la population arménienne des vilay<strong>et</strong>s orientaux de<br />

l’Empire ottoman que les Russes <strong>et</strong> les révolutionnaires arméniens tentèrent de<br />

soulever contre les Turcs ; l’autre pressente les complots <strong>et</strong> crimes<br />

terroristes arméniens-je ne dit pas de la nation arménienne, d’après<br />

moi,irresponsable en général-puis les soi-disant représailles auxquelles leurs<br />

bandes sanguinaires se livrèrent sur la population musulmane, quand à nos<br />

provinces envahies par les hordes du tzar, dont les Arméniens, ne se cachaient<br />

pas d’être partout les éclaireurs, les espions,les guides de l’avant-garde. Si deux<br />

à trois cent mille malheureux Arméniens sont morts au cours des déportations<br />

en masse dont ils furent l’obj<strong>et</strong> à partir de juin 1915,puis de Musulmans<br />

encore- de ceux que Glagstone appelait » les sectateurs du Livre Maudit, le<br />

Coran »-ont été sauvagement mutilés <strong>et</strong> massacrés par les revolutionnairesanarchistes<br />

arméniens, pendant la marée russe de 1914-1917 <strong>et</strong> le reflux de<br />

1918, sans compter plus d’un million de Turcs, fuyant l’invasion russoarménienne,périrent<br />

de faim <strong>et</strong> de froid pendant leur inénarrable exode »(9)<br />

Pour Kara « La tragédie turque est bien plus ample <strong>et</strong> autrement poignante que<br />

le drame arménien ». 90 ans après la publication du livre de Kara Schemsi,<br />

l’Etat Major turc a publié six volumes de livres pour falsifier le génocide des<br />

arméniens de l’Arménie Occidentale <strong>et</strong> l’Etat Major turc pose la question<br />

arménienne de la manière suivante :<br />

II. Le Génocide des Arméniens <strong>et</strong> l’Etat Major Turc<br />

« Selon l’Etat major turc (10 ) est la question du « terrorisme sanglant » suite<br />

à la campagne entamée depuis 1973. (Http//www.tsk.mil.tr). Ce sont des<br />

des<br />

8 Général, A Tchrep-Spiridovitch,l’Europe sans Turquie, in vers la Débacle, le « partage » de la France,<br />

Dangers <strong>et</strong> Remedes, Paris, Librairie Chapelot, 1914, pp119-120-121.<br />

9, Kara Schemsi, Turcs <strong>et</strong> Arméniens devant l’Histoire, Genève Impremerie Nationale, 1919,p ;3<br />

10 ,TC Genel Kurmay Baskanligi, (http//www.tsk.mil.tr)<br />

44


activités visant la Turquie selon le plan « Quatre T ».L’Etat major pose la<br />

question de l’identité arménienne « où se trouve dans l’histoire<br />

l’Arménie » » D’où commence ses frontières où se terminent Il est<br />

difficile de trouver une réponse à c<strong>et</strong>te question posée. Selon les sources<br />

Encyclopédiques ce sont des villes d’Erivan, Gokçegol, le lac d’Urmié<br />

Nahçivan <strong>et</strong> la région de Mako qui correspond à l’Arménia. Une partie des<br />

historiens arméniens considèrent que ce sont des gens originaires d’Hittites<br />

qui ont venu au VI. Siècle avant J.C.au Nord de la Syrie <strong>et</strong> puis dans la<br />

région de Cilicie. On ne sait pas le nombre exact des arméniens dans les<br />

régions concernées. Même au suj<strong>et</strong> des origines des arméniens il n’ y a pas<br />

de l’unité des idées entre les historiens des arméniens. Il est impossible que<br />

les arméniens disent que c<strong>et</strong>te partie du pays « est ma patrie ». Selon l’Etat<br />

major turc ce sont des turcs qui ont sauvé les arméniens de la menace de<br />

Byzance en 1071. » Les arméniens ont endommagé les intérêts du peuple turc<br />

lors de la première guerre mondiale. Contrairement les chiffres avances par<br />

les arméniens ce sont des arméniens qui ont massacrés entre 300.000 <strong>et</strong> 400.<br />

000 turcs Selon la déclaration faite par Mustafa Kemal, dirigeant de la lutte<br />

nationale turque au correspondant du « Public Ledger le 21 février 1921.«<br />

Lors de la grande attaque de l’armée russe contre nous en 1915, les unités<br />

militaires du Parti Dasnak étaient à la disposition de l’armée du Tzar. Nous<br />

étions obligé de se r<strong>et</strong>irer face à la supériorité de l’ennemi. Nos convois<br />

logistiques, les ponts, les routes nos matériaux ont été complètement détruits.<br />

Dans le village turc la terreur arménienne dominait. »Selon l’Etat major turc,<br />

le 24 avril 1915 seulement les Comités arméniens ont été dissous. L’Etat major<br />

accepte la déportation des arméniens <strong>et</strong> nie le génocide des arméniens. » ; Pour<br />

l’Etat Major Turc « contrairement les chiffres avances par les arméniens ce<br />

sont des arméniens qui ont massacrés entre 300.000 <strong>et</strong> 400. 000 turcs, » mais<br />

pour Kara Schemsi, « , sans compter plus d’un million de Turcs, fuyant<br />

invasion russo-arménienne,périrent de faim <strong>et</strong> de froid pendant leur inénarrable<br />

exode ». Il y a une différence de 600.000 sans compter un million <strong>Kurd</strong>es entre<br />

les données de l’Etat Major turc <strong>et</strong> Kara Schemsi dont la thèse négationniste<br />

turque est unique mensonge dans le monde.Selon la quelle « Afin d'appuyer leurs<br />

accusations de "génocide" contre l'Empire ottoman, les propagandistes arméniens proclament<br />

depuis peu que les Turcs ont toujours maltraité les non musulmans <strong>et</strong> plus particulièrement les<br />

Arméniens. Il leur serait en eff<strong>et</strong> difficile d'expliquer autrement pourquoi les Turcs, qui avaient<br />

vécu paisiblement côte à côte avec les Arméniens pendant plusieurs siècles, se seraient soudain<br />

soulevé afin de les massacrer tous. De plus, les Arméniens ont essayé d'assimiler la souverain<strong>et</strong>é<br />

turque à une lutte constante entre Christianisme <strong>et</strong> Islam pour faire accepter plus facilement dans<br />

le monde chrétien moderne leur propagande contre les Turcs. Or, l'histoire prouve abondamment<br />

que ces affirmations sont fausses ».C<strong>et</strong>te thèse a été défendue par l’Etat major Turc <strong>et</strong><br />

par les uiniversaitaires américains <strong>et</strong> les intellectuels turcs. Kemal Karpat,<br />

explique les faits de la même façon « Comme il n’a pas été possible de faire agir<br />

les Arméniens Ottomans par l’intermédiaire des comités créés localement, on a<br />

45


c<strong>et</strong>te fois-ci opté pour la création de comités en dehors des terres Ottomanes<br />

par les Arméniens Russes. Ainsi, en 1887 à Genève le comité Hınçak, militant<br />

modéré, à tendance socialiste, en 1890 à Tiflis, le comité Taşnak à tendance<br />

extrémiste, terroriste, révolutionnaire, proclamant la lutte pour l’indépendance,<br />

ont été créés. Ces comités avaient pour objectif “la libération des terres<br />

d’Anatolie <strong>et</strong> des Arméniens Ottomans”. Les tentatives de révolte initiées par les<br />

Hınçak organisés à Đstanbul, pour provoquer les Arméniens Ottomans en<br />

attirant l’attention des Etats Européens sur le problème Arménien, ont été suivis<br />

par ceux des Taşnak avec lesquels une lutte politique a commencé. Les points<br />

communs de ces tentatives de révolte sont les suivants: ils ont été planifiés par<br />

des comités venant de l’extérieur au pays Ottoman <strong>et</strong> la contribution des<br />

missionnaires en Anatolie dans ces activités est considérable.<br />

La première révolte a eu lieu à Erzurum en 1890. Celle-ci a été suivie de<br />

la révolte de Kumkapı réalisée la même année, les révoltes de Kayseri, Yozgat,<br />

Çorum <strong>et</strong> Merzifon en 1892-93, la révolte de Sasun en 1894, de Babıali <strong>et</strong><br />

Zeytun en 1894, la révolte de Van <strong>et</strong> l’occupation de la Banque Ottomane en<br />

1896, la seconde révolte de Sasun en 1903, la tentative d’attentat contre le<br />

Sultan Abdülhamit en 1905 <strong>et</strong> finalement la révolte d’Adana en 1909. En 1914 à<br />

Zeytun 100, en 1915 lors des évènements à Van 3.000 <strong>et</strong> en 1914-1915 lors des<br />

évènements à Muş 20.000 Turcs sont morts, victimes de la cruauté Arménienne.<br />

L’oppression des révoltes par les forces Ottomanes a été reflétée au public<br />

mondial comme “les Musulmans massacrent les Chrétiens” pour cause<br />

intentionnée de propagande <strong>et</strong> le problème Arménien a progressivement revêtu<br />

un caractère international. D’ailleurs, les rapports des représentations<br />

diplomatiques anglais <strong>et</strong> russes de l’époque indiquent que “le but des<br />

révolutionnaires Arméniens est de créer des troubles, faire riposter les<br />

Ottomans <strong>et</strong> assurer ainsi l’intervention des Etats étrangers”. D’autre part,<br />

les représentations diplomatiques des Etats exploitants ont joué avec les<br />

missionnaires Chrétiens en Anatolie un rôle important dans la transmission au<br />

public européen <strong>et</strong> l’appropriation de la propagande Arménienne. » selon<br />

Karpat.. « Les Arméniens ont donné le plus grand préjudice au peuple Turc<br />

avec leurs massacres lors de la I.Guerre Mondiale. Dans c<strong>et</strong>te période, les<br />

Arméniens ont servi d’espions au profit des Russes, ont déserté de l’appel à<br />

l’armée en raison de la mobilisation, ont déserté de l’armée pour passer aux<br />

côtés de l’armée russe, trahissent ainsi le pays. Déjà au début de la mobilisation,<br />

les troupes Arméniennes qui ont commencé à attaquer les forces armées turques,<br />

ont fait de grands massacres. Par exemple, tout le village de Zeve à Van a été<br />

massacré par les arméniens, y compris les femmes, les enfants, les personnes<br />

46


âgées. » (11 ) M. Karpat ses milieux réactionnaires turcs, américains <strong>et</strong><br />

européennes nient le génocide des arméniens <strong>et</strong> des autres peuples. (Annexe)<br />

Alors que le génocide des arméniens de l’Arménie Occidentale est une<br />

vérité historique. Monseigneur Grigoris Balakian explique « <strong>LE</strong> PLAN<br />

D’ANÉANTISSEMENT <strong><strong>DE</strong>S</strong> ARMEN1ENS » de l’Arménie Occidentale de la<br />

manière suivante :<br />

« Conformément à la décision prise lors du congrès général de 1915 du<br />

comité panturquiste Ittihad vé Terakki, Union <strong>et</strong> Progrès, le peuple arménien<br />

était voué à disparaître suivant le plan criminel secr<strong>et</strong> exposé ci-après.<br />

1. Premièrement, en vertu de nouvelles lois martiales, tout droit d’aller <strong>et</strong> venir<br />

en Asie Mineure était supprimé pour les Arméniens, Il était strictement défendu<br />

de se rendre même dans la ville <strong>et</strong> le village les plus proches. Le mot d’ordre du<br />

gouvernement ittihadiste turc concernant les Arméniens était le suivant: Qui est<br />

Arménien doit demeurer à sa place!..<br />

2. Dans toutes les agglomérations peuplées d’Arméniens, les acteurs de la vie<br />

nationale, ecclésiastiques <strong>et</strong> laïcs, politiques <strong>et</strong> apolitiques, libéraux <strong>et</strong><br />

conservateurs, qui exerçaient une quelconque influence sur le peuple devaient<br />

être arrêtés <strong>et</strong> isolés du monde extérieur pour être empêchés d’appeler la<br />

population à la révolte contre le pouvoir. Comme cela fut fait à Constantinople.<br />

3. Le peuple arménien dans son ensemble devait être désarmé, même de ses<br />

couteaux de cuisine, pour rendre ainsi impossible tout probable mouvement de<br />

résistance.<br />

4. Sous le couvert de l’éloignement ou du bannissement, toute la population<br />

arménienne d’Asie Mineure devait être massacrée sur les routes menant à Deir<br />

es-Zor, depuis le nourrisson jusqu’au vieillard de quatre-vingt dix ans, ou bien<br />

périr de faim <strong>et</strong> de soif dans les déserts de Deir es-Zor pour celle originaire<br />

d’autres provinces que les six vilay<strong>et</strong> concernés par les réformes (Van, Baghéch,<br />

Erzeroum, Kharpout, Sivas <strong>et</strong> Diarbékir).<br />

5. Il serait permis d’enlever les belles jeunes femmes <strong>et</strong> jeunes filles pour les<br />

harems turcs76<br />

6. Aucune demande de conversion à l’islam ne devait être agréée, les<br />

événements de 1895-96 ayant montré que la conversion des Arméniens ne<br />

pouvait être sincère...<br />

11 , la liste des intellectuels turcs qui nient le génocide des Arméniens de l’Arménie Occidentale ( voir<br />

Annexe)<br />

47


7. Toute la richesse nationale <strong>et</strong> individuelle du peuple arménien constituée par<br />

les biens meubles <strong>et</strong> immeubles, les sommes déposées dans les banques du pays,<br />

les bijoux en or <strong>et</strong> en argent considérés comme biens abandonnés, devait être<br />

confisquée au profit de l’Etat par les commissions spécialement mises en place<br />

appelées «Emvali Métrouké»’.<br />

8. Les autorités policières dans les provinces devaient dresser les listes noires<br />

des Arméniens des deux sexes <strong>et</strong> de tous âges conduits à l’abattoir, dont une<br />

copie devait être envoyée au ministère de l’Intérieur à Constantinople pour que<br />

celui-ci, autrement dit Talaat <strong>et</strong> le comité de l’Ittihad, soit informé au jour le jour<br />

du nombre d’Arméniens tués <strong>et</strong> restants à tuer... Un autre exemplaire devait en<br />

être communiqué au ministère de la Guerre destiné, par comparaison avec le<br />

chiffre des soldats musulmans tués sur les champs de bataille, à tenir la balance<br />

journalière des morts turcs <strong>et</strong> des morts arméniens.<br />

Afin de pouvoir m<strong>et</strong>tre en oeuvre ce plan monstrueux d’extermination de tout un<br />

peuple, il fut décidé de recourir à un certain nombre de moyens criminels.<br />

1. Tous les condamnés à mort, les forçats <strong>et</strong> les malfaiteurs<br />

croupissant dans les prisons d’Asie Mineure devaient être graciés <strong>et</strong> enrôlés dans<br />

des bandes de brigands (tehété), avec pour mission de piller <strong>et</strong> de massacrer sans<br />

pitié les Arméniens <strong>et</strong> de protéger ainsi les arrières de l’année ottomane...<br />

2-Tous les vali, mutessarif <strong>et</strong> kaïmakam refusant d’appliquer les ordres<br />

d’extermination des Arméniens donnés par le pouvoir central seraient<br />

immédiatement destitués <strong>et</strong> remplacés par des fonctionnaires plus dociles.<br />

3-Le contrôle de l’exécution scrupuleuse de ces décisions prises par le<br />

comité central de l’Ittihacl serait confié aux sections locales de l’Ittihad dans<br />

toute l’Asie Mineure, qui auraient carte blanche pour agir avec une dur<strong>et</strong>é<br />

accrue dans le cas où les circonstances l’exigeraient <strong>et</strong> le perm<strong>et</strong>traient.<br />

Lors d’une visite rendue par l’un de nos compagnons de déportation<br />

(encore en vie actuellement) au secrétaire du comité local de l’Ittihad à<br />

Tchanghiri, Onuz, ce dernier quitte un moment son cabin<strong>et</strong>. Avant qu’il<br />

revienne, notre compagnon j<strong>et</strong>te instinctivement un coup d’oeil sur un document<br />

traînant sur le bureau dont la teneur était la suivante: «Tuer sans quartier <strong>et</strong> sans<br />

pitié depuis le nourrisson d’un mois jusqu’au vieillard de quatre-vingt dix ans,<br />

mais en prenant garde que le massacre n’ait pas lieu dans les villes <strong>et</strong> sous les<br />

yeux de la population.»<br />

Pour que ce terrifiant plan criminel ourdi par le comité de l’Ittihad, sans<br />

précédent dans l’histoire de l’humanité, ait un caractère légal, le gouvernement<br />

ittihadiste présenta au Parlement ottoman un proj<strong>et</strong> de loi relatif à la déportation<br />

des Arméniens <strong>et</strong> à la confiscation au profit de l’Etat de leurs biens meubles <strong>et</strong><br />

immeubles, lequel, inutile de le dire, fut adopté dès la première lecture <strong>et</strong> reçut<br />

l’aval du sultan Réchad<br />

48


Lorsque début juin à Tchangbiri nous eûmes connaissance de c<strong>et</strong>te loi<br />

arménocide comprenant des articles longs <strong>et</strong> circonstanciés, publiée dans la<br />

presse, nous conclûmes tous : «C’est l’épitaphe du peuple arménien...»<br />

Le plan secr<strong>et</strong> d’extermination des Arméniens de Béhaeddine Chakir;<br />

Talaat <strong>et</strong> Dr. Nazim éclatait tout à coup paré de la légalité conférée par le<br />

Parlement ottoman. La guerre sainte ou djihad proclamée contre les puissances<br />

de l’Entente allait être livrée uniquement contre le peuple arménien désarmé <strong>et</strong><br />

sans défense de la plus féroce des manières.<br />

Quant aux quatre cent millions de musulmans, aucun ne se révolta comme<br />

l’Ittihad l’espérait; au contraire, le roi Hussein d’Arabie promulgua une f<strong>et</strong>wa’<br />

inverse à l’instigation des Anglais.<br />

Après la ratification par le Parlement ottoman du plan d’extermination<br />

mis au point par Béhaeddine Chakir <strong>et</strong> Talaat, ce dernier incita le cheikh-uiislam<br />

à délivrer une f<strong>et</strong>wa proclamant les Arméniens ennemis de la religion<br />

musulmane <strong>et</strong> de la patrie. Après quoi, le sultan ordonna à son tour l’exécution<br />

du plan d’extermination des Arméniens. »12<br />

La déporation <strong>et</strong> l’assassinat des deux députés arméniens, Zohrap <strong>et</strong><br />

Vartkès sont un élément du génocide des Arméniens. Monseigneur Grigoris<br />

Balakian, interprète de la manière<br />

suivante. «<br />

D’autre part, il contacte personnellement Talaat, «ami personnel» de<br />

Zobrap <strong>et</strong> de Après le sanguinaire gouverneur de Diarbékir le I)r. Récbid, les<br />

personnages les plus influents dans la région étaient à c<strong>et</strong>te époque Tcherkez<br />

Ajamed, l’auteur du meurtre de Zéki à Constantinople, <strong>et</strong> Khalil, l’oncle du<br />

ministre de la Guerre Envér. A la tête de bandes de tchété à cheval, ils<br />

infestaient toutes les routes allant du nord vers les déserts du sud <strong>et</strong> massacraient<br />

impitoyablement les débris des convois d’Arméniens, transformant en un<br />

gigantesque abattoir les environs de Malatya, d’Ourfa <strong>et</strong> de Diarbékir.<br />

A Ourfa, Zohrap <strong>et</strong> Vartkès se voient inviter le soir à dîner par Mahmoud<br />

Nédim, député de la ville au Parlement ottoman <strong>et</strong> par conséquent leur collègue.<br />

Mais c<strong>et</strong>te invitation cache un piège. En eff<strong>et</strong>, le repas à peine terminé, quatre<br />

policiers surgissent pour sommer le maître de maison turc de leur rem<strong>et</strong>tre les<br />

deux déportés, affirmant qu’une calèche les attend pour les conduire à Kharpout.<br />

12 Monseigneur Grigoris Balakian Le Golgotha arménien ,: de Berlin à Deir es-Zor / monseigneur Grigoris<br />

Balakian ;: Haï Goghtotan<br />

49


Devinant que Vartkès <strong>et</strong> lui-même vont être conduits à la mort <strong>et</strong> que leurs<br />

heures sont désormais comptées, Zohrap se j<strong>et</strong>te au cou de Mahmoud Nédini <strong>et</strong><br />

le supplie: «lis nous emmènent pour nous tuer je vous implore d’intervenir!..»<br />

Avec le sang-froid qui sied à un révolutionnaire, Vartkès reste, lui, impassible<br />

face à l’iriéluctable ; l’action révolutionnaire l’ayant familiarisé avec la mort<br />

depuis son adolescence, il s’estimait en sursis... Mahmoud Nédim prom<strong>et</strong><br />

d’intervenir, mais personne ne sera en mesure de percer le mystère recouvrant<br />

c<strong>et</strong>te péripétie tragique...<br />

Aussitôt, l’on fait monter Zobrap <strong>et</strong> Vartkès dans une calèche <strong>et</strong> le<br />

vartapétArtavazd Kalénderian, archiprêtre d’Ourfa, dans une deuxième calèche<br />

avec les deux notables arméniens arrêtés, <strong>et</strong> les deux voitures escortées par des<br />

gendarmes à cheval prennent la route de Diarbékir...<br />

Le lieu-dit Karakôprti atteint à une heure d’Ourfa, le p<strong>et</strong>it convoi est cerné<br />

par les tchété à cheval armés jusqu’aux dents commandés par Tcherkesse<br />

AJamed <strong>et</strong> Khalil, qui ordonnent aux gendarmes de leur livrer les prisonniers <strong>et</strong><br />

de rebrousser chemin, leur mission s’arrêtant là.<br />

Le moment fatidique approche... Les deux chefs de bandes sanguinaires<br />

font descendre les déportés des voitures <strong>et</strong> les clouant au sol avec des piques de<br />

fer longues d’un mètre, ils leurs infligent divers supplices avant de leur trancher<br />

la tête. Après avoir déshabillé leurs victimes, ils les amputent de tous leurs<br />

membres. »(13)<br />

Le gouverneur d’Ourfa télégraphie la nouvelle du meurtre de Zohrap <strong>et</strong> de<br />

Vartkès à Constantinople, où elle était quotidiennement attendue par Talaat <strong>et</strong><br />

les membres du comité central de l’lttihad. Dès qu’il la reçoit, le ministre de<br />

l’intérieur Talaat se prétendant l’ami des deux hommes annonce à l’épouse de<br />

Zohrap que celui-ci a succombé à une attaque cardiaque dans la voiture qui le<br />

conduisait à Diarbékir... Par mesure d’exception, il autorise l’épouse de Vartkès<br />

à partir en Bulgarie ; jusqu’alors, il s’était opposé à son départ, <strong>et</strong> à toutes les<br />

demandes de Vartkès il avait toujours répondu: «Vartkès, je ne te donnerai pas<br />

l’autorisation de partir en Bulgarie. Je sais que tu veux sauver ta tête, mais rien à<br />

faire, tu es logé à la même enseigne que nous...» Ces hommes-là aussi tombèrent<br />

au champ d’honneur, immolés<br />

à la veille de la libération de la patrie... Quant à Khalil, oncle d’Envér <strong>et</strong><br />

principal protagoniste de ce crime abominable, le gouvernement le récompensa<br />

en le nommant commandant en chef de l’armée turque de Bagdad avec le titre<br />

de pacha, pour qu’il puisse se livrer en toute liberté à de nouveaux crimes. »(14)<br />

13 Monseigneur Grigoris Balakian Le Golgotha arménien ,: de Berlin à Deir es-Zor / monseigneur Grigoris<br />

Balakian<br />

14 Monseigneur Grigoris Balakian Le Golgotha arménien ,: de Berlin à Deir es-Zor / monseigneur Grigoris<br />

Balakian ;<br />

50


Henry Barby, Correspondant de guerre du Journal, dans son livre « Au<br />

pays de l’épouvante, l’Arménie martyre « Qu’est-ce donc c<strong>et</strong>te Arménie que la<br />

barbarie turque a Transformée ainsi en un champ de carnage Qu’est ce que ce<br />

peuple arménien,déjà tant de fois éprouvé, <strong>et</strong> qui vient de subir un martyre sans<br />

exemple Quelle mostreuse haine a voulu l’extermination d’une race<br />

entière » <strong>et</strong> ajoute »Les plus effroyables massacres ,dont l’homme ait gardé<br />

mémoire,n’approchent pas des massacres qui vont la population presque toute<br />

entière a été victime de féroces exécutions en masse. » 15Contrairement aux<br />

universitaires turcs <strong>et</strong> américains nous constatons la vérité du génocide dans le<br />

notre remis par le député arménien de Van ,M.O.Dertzikian-Vramian à<br />

Monsieur le Ministre de l’Intérieur, Mehmed Talaat » Mes convictions s’étant<br />

trouvées confirmées depuis par de nombreux arguments, je prends la liberté<br />

d’attirer l’attention du gouvernement central sur les questions suivantes.Les<br />

causes de c<strong>et</strong>te situation anormale sont au nombre de quatre, découlant l’une de<br />

l’autre, <strong>et</strong> s’expliquent l’une par l’autre.<br />

Savoir:<br />

1° Le désarmement des soldats <strong>et</strong> des gendarmes arméniens.<br />

2° La réapparition d’événements de nature à menacer l’existence de la<br />

nation arménienne.<br />

3° La question des déserteurs arméniens.<br />

4° La déclaration de «Djihat», qui explique les désertions d’Arméniens,<br />

survenues après la mobilisation générale, désertions qui ont trois raisons, à la<br />

fois sociales <strong>et</strong> religieuses<br />

a) Les Arméniens au-dessus de vingt-quatre ans ne connaissait pas le maniement<br />

des armes.<br />

b) Ils n’étaient pas habitués aux privations imposées dans l’armée après la<br />

déclaration de la guerre.<br />

c) Leurs besoins religieux étaient négligés dans l’armée.<br />

Si on prend en considération, en temps voulu, les causes qui provoquent<br />

les désertions, on pourra, par des mesures appropriées, empêcher graduellement<br />

ces désertions. Au lieu de cela, la méfiance regr<strong>et</strong>table du gouvernement vis-àvis<br />

des Arméniens d’une part, <strong>et</strong>, d’autre part, les événements menaçant<br />

l’existence de ceux-ci, donne une apparence politique mauvaise à la question de<br />

la désertion.<br />

Ainsi:<br />

1° Le désarmement des soldats <strong>et</strong> des gendarmes arméniens, en créant une<br />

méfiance politique autour de la nation arménienne, provoqua une tension entre<br />

les relations des Arméniens <strong>et</strong> des Turcs.<br />

2° En désarmant les Arméniens on les a réduits pour ainsi dire au rôle de<br />

bêtes de somme, <strong>et</strong> on a blessé, ainsi, gravement leur amour-propre national.<br />

15 ,Barby, Henry (1876-19..) Au pays de l'épouvante, l'Arménie martyre ,préface de M. Paul Deschanel,...<br />

51


3° Les Arméniens désarmés ayant été mis sous la surveillance de<br />

musulmans armés, ou bien étant obligés de circuler parmi eux, voyaient leur vie<br />

exposée à de sérieux dangers. Ainsi, le bruit court avec persistance que des<br />

centaines de soldats arméniens ont été noyés, fusillés ou poignardés dans<br />

l’armée, surtout aux environs d’Erzeroum <strong>et</strong> de la frontière persane.<br />

4° Les Arméniens désarmés ont été expulsés de leur pays <strong>et</strong> déportés dans<br />

des localités inconnues.<br />

5° Sous le prétexte de former une milice, des <strong>Kurd</strong>es <strong>et</strong> des Turcs, entre<br />

seize <strong>et</strong> soixante ans, ont été armés <strong>et</strong> nommés agents de police ou gendarmes, <strong>et</strong><br />

transformés ainsi en un pouvoir exécutifs vis-à-vis des Arméniens.<br />

6° Les dits miliciens ont ravagés les villages arméniens.Par exemple, les<br />

miliciens de Tahar ont commis des viols <strong>et</strong> des assassinats dans les villages<br />

arméniens de Havannès, d’Alaï <strong>et</strong> d’Enik. Ceux de Bitlis ont pillé les villages de<br />

Gardjikan, de Pélou <strong>et</strong> de Khanik. La bande de Béchéri-Tchoto, composée de six<br />

cents hommes, a ravagé les villages de Malazkert, <strong>et</strong>, dernièrement, lorsqu’elle<br />

se rendait en Perse, ceux situés au nord- est de notre vilay<strong>et</strong> »16<br />

François Georgeon (17) dans son livre paru chez Fayard en 1989:«Mais<br />

ce sont les loges maçonniques de Salonique qui ont été le canal le plus efficace<br />

pour propager l’idéologie jeune- turque. Certains membres du comité étaient<br />

eux-mêmes affiliés à la franc-maçonnerie, comme Tal’at ou Midhat Chtikrû. Il y<br />

avait une certaine convergence d’idées entre les militants jeunes-turcs <strong>et</strong> les<br />

francs-maçons, en particulier le libéralisme <strong>et</strong> la haine de la tyrannie. Surtout les<br />

loges étrangères, plus ou moins protégées par les Capitulations, offraient un<br />

réseau sûr aux membres du comité qui pouvaient y travailler à l’abri. On peut<br />

ainsi parler d’une influence de la franc-maçonnerie sur le mouvement jeun<strong>et</strong>urc,<br />

sans doute, mais peut-être plus encore d’une utilisation des loges par les<br />

Jeunes-Turcs pour pénétrer le milieu salonicien. Il faut ajouter qu’à travers les<br />

loges d’obédience française, le comité était en contact avec la bourgeoisie juive,<br />

laquelle partageait avec les Jeunes-Turcs le désir de voir rester dans l’empire la<br />

Macédoine qui constituait le débouché de ses activités économiques à<br />

Salonique.»<strong>et</strong> . «Si l’on considère qu’autour de Djavid-bey, qui lui-même est un<br />

deunmé, s’exercent des influences juives <strong>et</strong> maçonniques, que plusieurs députés<br />

du groupe sont eux-mêmes israélites ou francs-maçons, on comprend que les<br />

ambitions impatientes ou jalouses aient tout naturellement accusé les hommes au<br />

pouvoir d’impiété, de républicanisme, d’infidélité aux traditions ottomanes, de<br />

manque de respect à la personne <strong>et</strong> aux droits du Padischah.»(18) <strong>et</strong> Celil<br />

16 , Barby, Henry (1876-19..) Au pays de l'épouvante, l'Arménie martyre ,préface de M. Paul Deschanel,...<br />

17 François Georgeon, 1’Histoire de l’Empire ottoman,Fayard,1989, p. 575<br />

18,René Pinon, L’Europe <strong>et</strong> la Jeune Turquie, Librairie académique Perrin, Paris, 1911, p. 146, René Pinon.<br />

L'Europe <strong>et</strong> la Jeune Turquie : les aspects nouveaux de la question d'Orient... [Texte imprimé]<br />

Publication : Paris : Perrin, 1911Description matérielle : In-16, XVI-500 p., carte<br />

52


Layiktez, franc-maçon turc, dans son article intitulé «The History of<br />

Freemasonry in Turkey» paru le 9.4.2001 dans «Pi<strong>et</strong>re-Stones Review of Freemasonry»:«La<br />

seconde monarchie constitutionnelle. Un grand nombre<br />

d’officiers de haut rang étaient francs-maçons, en même temps que membres du<br />

parti Union <strong>et</strong> Progrès, il n’était pas exigé des officiers subalternes de devenir<br />

Francs-maçons pour être admis dans le parti Union <strong>et</strong> Progrès, mais ils avaient<br />

de meilleures chances d’obtenir une rapide promotion s’ils étaient d’abord<br />

initiés. L’action du parti Union <strong>et</strong> Progrès <strong>et</strong> sa menace de lancer sur Istanbul les<br />

troupes stationnées en Thrace obligèrent Abdul-Hamid à promulguer une fois de<br />

plus la monarchie constitutionnelle le 23 juill<strong>et</strong> 1908. La réaction ne se fit pas<br />

attendre. Le 31 mars 1909, les fondamentalistes prirent le contrôle d’Istanbul.<br />

Les Francs-maçons de Thrace, en particulier de Salonique mirent sur pied une<br />

armée de réservistes. Presque tous les officiers étaient francs-maçons. Il y avait<br />

énormément d’officiers qui se joignirent à la force expéditionnaire comme<br />

simples soldats. L’armée reprit Istanbul aux fondamentalistes, il y eut des<br />

combats <strong>et</strong> des accrochages sanglants, <strong>et</strong> AbdulHamid fut détrôné par un comité<br />

de 5 parlementaires, tous Francs-maçons.Comme résultat de tout cela, les<br />

Francs-maçons devinrent la cible de la haine de l’Islam<br />

fondamentaliste.Toujours dans la même revue : «L’Etat maçonnique. Selon<br />

l’historien français Thierry Zarcone, la période entre 1908 <strong>et</strong> 1918 pourrait être<br />

appelée «l’Etat maçonnique». Le parti Union <strong>et</strong> Progrès au pouvoir se servirent<br />

de la Franc-maçonnerie pour ses relations extérieures. Des délégations de<br />

parlementaires maçons se rendirent en Italie, en France, en Hongrie <strong>et</strong> en<br />

Allemagne. Les députés francs-maçons affirmaient que grâce à leurs efforts la<br />

démocratie, s’inspirant de la devise française «liberté, égalité <strong>et</strong> fraternité»,<br />

prévalait maintenant en Turquie <strong>et</strong> que les puissances européennes se devaient<br />

de les soutenir. Les Albanais s’étaient révoltés contre la domination ottomane <strong>et</strong><br />

le parlement italien proj<strong>et</strong>ait de voter un programme d’aide aux rebelles, mais<br />

après l’intervention de la Grande Loge de Turquie, les Francs-maçons italiens au<br />

sein du parlement firent preuve d’efficacité <strong>et</strong> la motion ne passa pas.La création<br />

de la Grande Loge de Turquie (Grand Orient Ottoman). Le 3 mars 1909, le<br />

Suprême Conseil de Turquie en sommeil (1861) fut ranimé. Ce Conseil Suprême<br />

consacra d’abord 4 loges turques. Ces 4 loges avec 3 loges italiennes, 2<br />

françaises, 1 espagnole <strong>et</strong> 2 égyptiennes se réunirent pour former la Grande<br />

Loge de Turquie le 13 juill<strong>et</strong> 1909, <strong>et</strong> elle élirent son premier Grand Maître, le<br />

Ministre de l’Intérieur Talaat S. Pacha, qui devint plus tard Grand Vizir (Premier<br />

Ministre). C<strong>et</strong>te Grande Loge fut consacrée par le Conseil Suprême.»<br />

En 1917, Harry Stuermer ne pouvait évidemment pas prévoir<br />

l’émergence, presque immédiatement après la guerre, ni du mouvement<br />

Note(s) : Paru dans la ″Revue des Deux-Mondes″, septembre 1908-juin 1911<br />

53


kémaliste grâce à l’appui moral <strong>et</strong> matériel des Allemands au nom de la<br />

«solidarité des vaincus», ni l’établissement de liens germano-kémalistes<br />

privilégiés, comme l’avaient été les liens germano-jeunes-turcs. Et pour cause,<br />

puisque les kémalistes étaient tous d’anciens Jeunes-Turcs!<br />

Il ne pouvait davantage imaginer ce qu’Orner Kiazim écrirait en 1921 <strong>et</strong><br />

1922 dans ses mémoires: «Un fait que la plupart de ceux qui traitent des<br />

questions orientales négligent ou, peut-être bien, ignorent, est que l’amitié<br />

germano-jeune-turque de 1914, qui conduisit la Turquie à entrer en guerre<br />

contre les Alliés, a survécu aux événements, pourtant désastreux pour elle, de<br />

l’automne 1918. C<strong>et</strong>te alliance existe toujours en fait, <strong>et</strong> n’a cessé de se<br />

consolider.<br />

Au lendemain même de l’effondrement de l’armée turque, la première idée qui<br />

vint à l’esprit des meurtriers de notre pays, les Enver, les Talaat <strong>et</strong> consorts, fut<br />

de se réfugier en Allemagne <strong>et</strong> de demander au gouvernement allemand<br />

d’accourir in extremis au secours de la Turquie. Leurs aspirations sont<br />

uniquement de «continuer la même politique jusqu ‘ici poursuivie avec l’aide de<br />

l’Allemagne». Enver pacha croyait, avec sa mentalité aven-turière, que la<br />

Turquie «aurait pu fermer les Détroits, se r<strong>et</strong>irer en Anatolie <strong>et</strong> continuer la<br />

résistance».(19) «Puis, Mustapha Kemal fait son apparition à Angora. Les<br />

sympathies se vivifient avec les espoirs que fait naître son aventure. La Turquie<br />

de Mustapha Kemal n’est-elle pas, comme hier, la Turquie des Enver <strong>et</strong> des<br />

Talaat, l’amie <strong>et</strong> l’alliée de l’Allemagne<br />

Les officiers allemands selon Henry Margenteau déployèrent, pendant c<strong>et</strong>te<br />

mobilisation, un zèle presque égal à celui des Turcs eux-mêmes. Ils prenaient<br />

aux préparatifs un plaisir extrême ; en fait, ils paraissaient vivre les moments les<br />

plus heureux de leur existence ! Bronssart, Humann <strong>et</strong> Lafferts ne quittaient plus<br />

Enver, conseillant <strong>et</strong> dirigeant les opérations. A toute heure du jour, les uns ou<br />

les autres traversaient les rues de la ville comme la foudre, dans des automobiles<br />

monstres, réquisitionnées aux civils ; la nuit, ils envahissaient les restaurants <strong>et</strong><br />

les lieux de plaisir, consommant de grandes quantités de Champagne -<br />

également réquisitionné - pour célébrer les événements. Une figure<br />

particulièrement théâtrale <strong>et</strong> tapageuse était celle de von der Goltz Pacha ! Tel<br />

un vice-roi, il parcourait chaque jour Constantinople dans une énorme<br />

automobile, sur les portières de laquelle flamboyait l'aigle germanique, marchant<br />

à une allure folle, éclaboussant tout sur son passage ; sur le siège de devant, un<br />

tromp<strong>et</strong>te lançait au passage de la voiture des avertissements bruyants <strong>et</strong><br />

provocants, maugréant contre quiconque - Turc ou autre - avait le malheur de se<br />

trouver sur le chemin ! Les Allemands se considéraient les maîtres du pays <strong>et</strong> ne<br />

19 ,Omer Kiazim L’Aventure Kémaliste» & «Angora <strong>et</strong> Berlin», . 185-186<br />

54


cherchaient pas à le dissimuler. De même que Wangenheim avait établi une<br />

«p<strong>et</strong>ite Wilhelmstrasse dans son ambassade, de même les officiers installèrent<br />

un quartier général dépendant du Grand Etat-major de Berlin ; ils avaient amené<br />

leurs femmes <strong>et</strong> leurs familles; je me souviens d'avoir entendu la baronne<br />

Wangenheim faire c<strong>et</strong>te remarque « qu'elle tenait sa p<strong>et</strong>ite cour particulière. »<br />

Toutefois, les Allemands étaient à peu près les seuls à trouver du plaisir à la<br />

mobilisation. La réquisition, qui accompagna celle-ci, n'était que le pillage à<br />

peine déguisé des civils. Les Turcs prenaient tous les chevaux, mules,<br />

chameaux, moutons, vaches <strong>et</strong> autres bêtes dont ils pouvaient s'emparer. Enver<br />

me confia qu'ils avaient de la sorte recueillie 150.000 animaux. Ils procédèrent<br />

sans aucune intelligence, ne se préoccupant pas de préserver la race ; par<br />

exemple, dans de nombreux villages, ils ne laissèrent que deux vaches ou deux<br />

juments. Ainsi dépeint, ce système eut pour conséquence inévitable de ruiner<br />

l'agriculture <strong>et</strong>, en fin de compte, d'affamer des centaines de milliers d'individus.<br />

Comme les Allemands, les Turcs estimaient que la guerre serait de courte durée<br />

<strong>et</strong> qu'ils récupéreraient rapidement les dommages causés par l'application de ces<br />

méthodes à leurs paysans. Le gouvernement n'agit pas avec moins d'imprudence<br />

<strong>et</strong> d'incompréhension quand il réquisitionna les approvisionnements des<br />

marchands <strong>et</strong> des boutiques ; il procéda à peu près comme un voleur de grand<br />

chemin, conscient de son métier ; or, parmi ces commerçants, il n'y avait aucun<br />

musulman ; la plupart d'entre eux étaient chrétiens, quelques-uns juifs(..)Je fis<br />

remarquer à Enver que ces procédés barbares ruineraient son pays ; ce qui fut<br />

bientôt facile à vérifier. Sur une population de 4.000.000 d'adultes mâles,<br />

1.500.000 furent finalement enrôlés <strong>et</strong> un million de familles laissées sans<br />

gagne-pain, toutes dans des conditions de dénuement extrême. Le gouvernement<br />

payait les soldats 25 cents par mois <strong>et</strong> donnait aux familles une allocation<br />

mensuelle d'un dollar 20. Comme résultat, des milliers d'individus moururent,<br />

par suite de privations, <strong>et</strong> un plus grand nombre encore fut débilité, en raison de<br />

l'insuffisance de nourriture..; j'estime que depuis le début de la guerre l'Empire a<br />

perdu un quart de sa population turque. Je demandai à Enver pourquoi il<br />

perm<strong>et</strong>tait que son peuple fût anéanti de c<strong>et</strong>te manière mais pareilles souffrances<br />

ne l'impressionnaient pas. Il était fier d'avoir levé une armée importante presque<br />

sans argent, chose - il s'en vantait - qu'aucune autre nation n'avait pu faire avant<br />

lui.(..) Que les Allemands aient dirigé c<strong>et</strong>te mobilisation n'est pas une question<br />

d'opinion : les preuves sont là. Il suffira, par exemple, de dire qu'ils<br />

réquisitionnaient des produits, sous leur propre nom, pour leurs besoins<br />

personnels. J'ai entre les mains la photographie d'une mesure semblable,<br />

appliquée par Humann, l'attaché naval allemand pour un chargement de<br />

tourteau. Ce document porte la date du 29 septembre 1914. « Le lot chargé par<br />

le vapeur Derindje, que vous mentionnez dans votre l<strong>et</strong>tre du 26, dit c<strong>et</strong> acte, a<br />

été réquisitionné par moi, pour le Gouvernement allemand. »<br />

55


Proclamation de la guerre sainte (djihad) a Constantinople le 14<br />

Novembre 1914<br />

"L'Europe Centrale n'a pu échapper aux calamités déchaînées dans le Proche-<br />

Orient <strong>et</strong> l'Extrême-Orient par le gouvernement moscovite qui, s'efforçant<br />

d'anéantir les bienfaits de l'indépendance céleste, présent pour les nations <strong>et</strong> les<br />

peuples, n'a d'autre but que d'asservir l'humanité <strong>et</strong> qui depuis des siècles, s'est<br />

montré l'ennemi le plus cruel <strong>et</strong> acharné de la félicité humaine, entraînant c<strong>et</strong>te<br />

fois dans la guerre générale les gouvernements anglais <strong>et</strong> français dont l'orgueil<br />

national a, pour suprêmes délices, l'asservissement de milliers de musulmans <strong>et</strong><br />

qui, tout en nourrissant l'ignoble aspiration d'assouvir leur convoitise en<br />

ravissant la liberté aux populations soumises à leur tyrannique <strong>et</strong> illégitime<br />

domination, n'ont jamais cessé de manifester la haine invétérée qui les pousse à<br />

ébranler <strong>et</strong> affaiblir le plus possible le Khalifat parce que ce haut pouvoir<br />

constitue le soutien du monde musulman <strong>et</strong> la force de l'Islam.<br />

"Le gouvernement oppresseur qui porte le nom d’Entente a, non seulement<br />

au cours des siècles derniers, ravi aux peuples musulmans des Indes, de l'Asie<br />

Centrale <strong>et</strong> de la plupart des contrées africaines leur indépendance politique, leur<br />

gouvernement <strong>et</strong> même leur liberté mais depuis plus d'un demi-siècle, grâce au<br />

mutuel appui des trois puissances qui le composent, il nous a fait perdre les plus<br />

précieuses parties de l'Empire Ottoman. Enfin, à une époque plus récente, hier<br />

pour ainsi dire, durant la guerre balkanique qu'il a provoquée, en encourageant <strong>et</strong><br />

en protégeant nos voisins, il a été la cause morale <strong>et</strong> matérielle de<br />

l'anéantissement de centaines de milliers de musulmans innocents, du viol de<br />

milliers de vierges musulmanes <strong>et</strong> de la profanation fanatique des choses sacrées<br />

de l'Islam <strong>et</strong> il vient encore de susciter des complications de nature à transformer<br />

le monde en un immense champ de bataille, s'efforçant de répandre au coeur<br />

même du peuple de Mahom<strong>et</strong>, les plus ardentes étincelles de ce brasier de guerre<br />

<strong>et</strong> de massacrer <strong>et</strong> d'étouffer, ce qu'à Dieu ne plaise, les lumières de la foi divine.<br />

"Il est évident que ceux qui persécutent la religion musulmane (oeuvre due à<br />

l'inspiration même du Créateur, dont l'homme est incapable de comprendre la<br />

toute puissance <strong>et</strong> la force du châtiment, pour le bonheur de l'humanité dans<br />

c<strong>et</strong>te vie <strong>et</strong> dans l'autre) seront, tôt ou tard, les victimes du courroux céleste qui<br />

les écrasera moralement <strong>et</strong> matériellement. Aussi, le Serviteur des deux Villes<br />

Saintes, Khalife des Musulmans <strong>et</strong> Commandeur des Croyants, a-t-il considéré<br />

comme le plus grand des devoirs du Kalifat mahométan d'appeler à la Guerre<br />

Sainte musulmane les peuples musulmans, conformément aux dispositions des<br />

f<strong>et</strong>vas sacrés, afin de recourir à toutes les mesures <strong>et</strong> à toutes les vaillances de la<br />

foi pour préserver des atteintes immondes, avec l'aide divine, le tombeau du<br />

Prohète, prunelle des yeux des vrais croyants, Jérusalem, Nedjef, Kerbela, le<br />

siège du Khalifat, enfin toutes les localités musulmanes où se trouvent des lieux<br />

prophétiques ainsi que des sépultures de saints <strong>et</strong> de martyrs <strong>et</strong> de supplier le<br />

56


Dieu Tout Puissant d'accorder son concours vengeur pour l'anéantissement des<br />

ennemis de l'Islam.<br />

"Le Khalifat a appelé sous les armes, sans exception, tous les suj<strong>et</strong>s de vingt<br />

à quarante cinq ans vivant sous son sceptre <strong>et</strong> tout en concentrant aujourd'hui<br />

graduellement sur les champs de la Guerre Sainte, l'armée <strong>et</strong> la flotte impériales<br />

ainsi que les Ulémas, les professeurs en théologie <strong>et</strong> les instituteurs qui, jusqu'à<br />

ce jour, avaient consacré leur vie à la diffusion de l'instruction, les étudiants en<br />

théologie <strong>et</strong> en science, espoirs de la religion <strong>et</strong> de la nation, la plupart des<br />

fonctionnaires <strong>et</strong> les enfants de la patrie, soutiens de familles miséreuses <strong>et</strong> de<br />

vieux parents, il a donné à tous les croyants l'ordre de prendre part à la Guerre<br />

Sainte <strong>et</strong> d'y apporter le concours de leurs personnes <strong>et</strong> de leurs biens.<br />

"Par conséquent, conformément à la teneur des f<strong>et</strong>vas sacrés, tous les<br />

musulmans habitant dans les pays exposés aux persécutions des dits Etats<br />

oppresseurs, comme en Crimée, à Kazan, au Turkestan, à Boukhara, à Khiva ou<br />

aux Indes, ou résidant en Chine, en Afghanistan, en Perse, en Afrique <strong>et</strong> dans les<br />

autres contrées doivent, de concert avec les ottomans, considérer comme le plus<br />

impérieux des devoirs religieux de participer à la Guerre Sainte en corps <strong>et</strong> en<br />

biens <strong>et</strong>, en méditant les vers<strong>et</strong>s sacrés du Coran, de se soustraire ainsi aux<br />

supplices qui pourraient les frapper dans ce monde <strong>et</strong> dans l'autre, pour mériter<br />

au contraire, la félicité éternelle. Bien plus, considérant que nos ennemis, en<br />

appelant sous les armes, les musulmans soumis à leur domination, en les<br />

envoyant contre le Khalife ou ses alliés <strong>et</strong> en les faisant tuer dans les zones les<br />

plus meurtrières des champs de bataille de l'est <strong>et</strong> de l'ouest, ou, en d'autres<br />

termes, en comm<strong>et</strong>tant la vilènie mille fois plus satanique de faire exécuter leurs<br />

crimes contre le religion de l'Islam par la main même de vrais Croyants,<br />

ourdissant ainsi la plus atroce des calamités qui puissent atteindre des coeurs<br />

musulmans, le monde mahométan ne doit reculer devant aucun sacrifice pour<br />

m<strong>et</strong>tre le plus tôt possible un terme à c<strong>et</strong> affreux fléau <strong>et</strong>, pour cela, confiant en<br />

Dieu, supporter les plus dures contraintes. Les musulmans qui s'empresseront de<br />

participer à la Guerre Sainte au nom de de leur divine religion pourront compter<br />

sur l'assistance de Dieu <strong>et</strong> le peuple élu qui sacrifiera sa vie <strong>et</strong> ses biens pour le<br />

relèvement de la gloire du Chériat musulman jouira de l'aide spirituelle du<br />

Prophète.<br />

O Peuple de Mohammed !<br />

Puisque, conformément au vers<strong>et</strong> du Coran, il s'est formé un peuple vertueux,<br />

digne de servir d'exemple au monde, doué qu'il est de tous les mérites <strong>et</strong> de<br />

toutes qualités que doit posséder le genre humain, tous ceux qui professent c<strong>et</strong>te<br />

divine religion ayant pour base l'unité <strong>et</strong> l'union, pour caractéristique la science<br />

<strong>et</strong> le travail <strong>et</strong> pour objectif le droit <strong>et</strong> le bonheur de l'homme, doivent, quels que<br />

soit la race, le pays <strong>et</strong> le gouvernement auxquels ils appartiennent se grouper<br />

57


sous l'étendard de Mohammed, le coeur tourné vers Dieu <strong>et</strong> la face vers la<br />

Kaaba, vivre en une grande nation confessionnelle n'ayant d'autre Maître que<br />

Dieu parce qu'elle porte au front le signe sublime de la majesté éternelle <strong>et</strong> se<br />

montrer capables de résister aux oppresseurs <strong>et</strong> aux perturbateurs qui veulent<br />

porter atteinte à leur grandeur.<br />

O Musulmans fidèles serviteurs de Dieu!<br />

"Ceux qui prendront part à la Guerre Sainte pour le bonheur <strong>et</strong> le salut des<br />

Croyants <strong>et</strong> en reviendront vivants, jouiront du bonheur ; quant à ceux qui y<br />

trouveront la mort, ils auront droit au titre de martyrs. Conformément à la<br />

promesse divine, ceux qui se sacrifient pour la cause du droit auront la gloire <strong>et</strong><br />

le bonheur ici-bas, le paradis là-haut.<br />

"O Musulmans, épris de gloire <strong>et</strong> de félicité, prêts à sacrifier votre vie <strong>et</strong> vos<br />

biens <strong>et</strong> à braver tous les périls <strong>et</strong> toutes les luttes pour la défense du droit,<br />

groupez vous, solidaires <strong>et</strong> unis autour du Trône impérial, conformément à<br />

l'ordre du Très-Haut qui nous a promis le bonheur dans ce monde <strong>et</strong> dans l'autre,<br />

pressez d'une étreinte commune le socle du Khalifat <strong>et</strong> sachez qu'en ce jour où<br />

notre Etat se trouve en guerre avec la Russie, la France, l'Angl<strong>et</strong>erre <strong>et</strong> leurs<br />

alliés, ennemis mortels de l'Islamisme, le Commandeur des Croyants, Khalife<br />

des Musulmans, vous appelle à la Guerre Sainte.<br />

"Combattants musulmans ! Avec l'aide de Dieu <strong>et</strong> l'assistance spirituelle<br />

du Prophète, vous vaincrez <strong>et</strong> écraserez les ennemis de la religion <strong>et</strong> vous<br />

remplirez d'une joie éternelle les coeurs musulmans suivant la promesse divine.<br />

"(20) Quelle la réponse des universitaires turc ou américains Est-ce que ce<br />

sont « les représentations diplomatiques des Etats exploitants ont joué avec les<br />

missionnaires Chrétiens en Anatolie un rôle important dans la transmission au<br />

public européen <strong>et</strong> l’appropriation de la propagande Arménienne. » ou les<br />

pratiques de l’Etat Turc W. Weiter défend l’Empire Ottoman de la même<br />

façon <strong>et</strong> nie le génocide des arméniens comme les chercheurs turcs. W. Weiter<br />

20 , Proclamation de la guerre sainte (djihad), Revue du Monde Musulman (Welt des<br />

Islams) 15 mars 1915, Koloniale Rundschau – 1914, Presse turque de l'époque) Signé par<br />

Haïri, Cheikh ul Islam, Zia de Din, ancien Cheikh ul Islam, Moussa Kiazim, ancien Cheikh<br />

ul Islam, Essad, ancien Cheikh ul Islam, Ali Haïdar, F<strong>et</strong>va Emini, Eumer Houloussi <strong>et</strong>c...les<br />

neuf Casaskiers, Ibrahim Evlia, Conseiller du Cheikh ul Islamat, Hussaëin Kiamil,<br />

Président du Conseil des Etudes Théologiques, Douze Ulemas Supérieurs,<br />

58


considère que « Afin d'appuyer leurs accusations de "génocide" contre l'Empire<br />

ottoman, les propagandistes arméniens proclament depuis peu que les Turcs ont<br />

toujours maltraité les non musulmans <strong>et</strong> plus particulièrement les Arméniens. Il<br />

leur serait en eff<strong>et</strong> difficile d'expliquer autrement pourquoi les Turcs, qui<br />

avaient vécu paisiblement côte à côte avec les Arméniens pendant plusieurs<br />

siècles, se seraient soudain soulevé afin de les massacrer tous. De plus, les<br />

Arméniens ont essayé d'assimiler la souverain<strong>et</strong>é turque à une lutte constante<br />

entre Christianisme <strong>et</strong> Islam pour faire accepter plus facilement dans le monde<br />

chrétien moderne leur propagande contre les Turcs. » (21) C<strong>et</strong>te thèse a été<br />

défendue par Unsaldi Levent ; universitaire militaire turc. « « Nous avons alors<br />

recourru aux techniques bien connues de l’observation participante ( une<br />

approche qualitative sur le terrain , conversations <strong>et</strong> entr<strong>et</strong>iens informels sur le<br />

suj<strong>et</strong> d’étude ; collecte de témoignages qualitatifs) dans le cadre de notre<br />

service militaire, dans un premier temps comme cad<strong>et</strong> militaire(askar ogrenci)<br />

entre le 1 er décembre 2000 <strong>et</strong> le premier mars 2001 à l’école d’attelerie<br />

(Topçu ve Fuze Okulu Komutanligi ) à Polatli/Ankara, puis comme officier<br />

decréserve-aspirant (Astegmen-Yedel Subay ) entre ler 15 mars 2001 <strong>et</strong> le 20<br />

mars 2002 dans l’Ecole de la Gendarmerie ( Jandarma Okullar Komutanligi)<br />

Beytepe Ankara »(4) C<strong>et</strong>te thèse « de doctorat en sociologie, soutenue en juin<br />

2004 à l'Université de Paris I <strong>et</strong> couronnée ensuite par le deuxième prix dans la<br />

catégorie doctorat du concours des prix scientifiques de l'Institut des hautes<br />

études de Défense nationale (IHEDN). En s'inscrivant dans le cadre des travaux<br />

effectués par les sociologues de la chose militaire sur la spécificité du métier<br />

des armes <strong>et</strong> sur son évolution, l'objectif central de c<strong>et</strong> ouvrage est de tenter de<br />

disséquer le phénomène militaire en Turquie non pas du dehors, mais du<br />

dedans. » Comme les auteurs chercheurs turcs M. Unsaldi nie les pratiques<br />

dans le passé <strong>et</strong> de l’Armée turque actuelle dans la guerre au <strong>Kurd</strong>istan ; comme<br />

il nie le génocide des arméniens. Alors que les pertes des forces armées turques<br />

affichées sur la Site (www.tsk.tr) s’élèvent aux « 14526 soldats tués , 7691<br />

blessés , l’Etat major a pris en charges 3360 familles des soldats tués 3340<br />

familles des soldats blessés avec 3091 enfants .L’Etat major turc verse 1596<br />

bouses aux élèves du Lycée <strong>et</strong> aux 384 bourses de l’enseignement supérieurs ;<br />

hébergé 161 paralysés <strong>et</strong> a pris en charges 206 nouveaux nés enfants des soldats<br />

blessés <strong>et</strong> 117 enfants des soldats tués ».22 Ce n’est pas un problème du<br />

terrorisme <strong>et</strong>hnique, mais c’est une guerre de libération nationale niée<br />

sociologiquement .Dans la thèse de doctorat en sociologie sur l’armée turque<br />

pas un mot sur la guerre au <strong>Kurd</strong>istan <strong>et</strong> sur les pratiques du génocide.. Le titre<br />

académique attribué à Unsaldi Leven t, est un éloge aux crimes commis par<br />

21 , Weiker, Walter F. The modernization of Turkey ,from Ataturk to the present day /<br />

Walter F. WeikerPublication : New York ; London : Holmes & Meier, 1981 Description<br />

matérielle : XIX-303 p. : carte, tabl. ; 23 cm-.<br />

22 ,TC Genel Kurmay Baskanligi, www.tsk.tr<br />

59


l’armée turque ; n’est-il pas comme un titre académique accordé aux travaux de<br />

la Gestapo sous l’occupation des nazis de la France . Il n’est pas seul ;<br />

Akagul, Deniz <strong>et</strong> Vaner Semih dans « L’Europe avec ou sans la Turquie » sur<br />

« la question de la reconnaissance du génocide arménien »(23) est une<br />

négation.. Alors que les convois de déportation étaient formés par des<br />

regroupements de 1.000 à 3.000 personnes. Très rapidement, on sépare des<br />

convois les hommes de plus de 15 ans qui seront assassinés à l’arme blanche par<br />

des équipes de tueurs dans des lieux prévus à l’avance. Parfois les convois sont<br />

massacrés sur place, à la sortie des villages ou des villes, notamment dans les<br />

provinces orientales isolées. Les autres, escortés de gendarmes, suivront la<br />

longue marche de la mort vers le désert, à travers des chemins arides ou des<br />

sentiers de montagne, privés d’eau <strong>et</strong> de nourriture, rapidement déshumanisés<br />

par les sévices, les assassinats, dans le désert <strong>et</strong> seront exterminés, par p<strong>et</strong>its<br />

groupes, par les tueurs de l’Organisation spéciale <strong>et</strong> les Tchétchènes<br />

spécialement recrutés pour c<strong>et</strong>te besogne. Beaucoup seront attachés ensemble <strong>et</strong><br />

brûlés vifs. C’est un génocide.La question qui se pose est de savoir pour quelle<br />

raison les scientifiques sont à la dispositions de l’idéologie négationniste de<br />

l’Etat Major turc, dans la mesure, le génocide des Arméniens de l’Arménie<br />

occidentale est un crime contre l’humanité Par quelles recherches <strong>et</strong> des<br />

moyens les scientifique c<strong>et</strong>te réalité Quelles sont leurs thèses négationnistes<br />

des académiciens américains en date du 19 mai 1985<br />

« Les soussignés, académiciens américains, spécialistes en matière<br />

des études turques, ottomanes <strong>et</strong> Moyen-Orient sont d'avis que le langage<br />

utilisé dans la résolution 192 du Congrès est inapproprié <strong>et</strong> ne correspond<br />

pas aux réalités à plusieurs égards.Tout en soutenant pleinement le concept<br />

d'une "Journée Nationale de Commémoration de l'inhumanité de l'Homme<br />

envers l'Homme", nous souhaitons prendre nos distances en ce qui concerne la<br />

partie du texte qui souligne une reconnaissance spéciale: "... le million <strong>et</strong> demi<br />

d'arméniens qui furent victimes du génocide perpétré en Turquie entre 1915 <strong>et</strong><br />

1923..." Nos réserves portent sur les mots "... Turquie.." <strong>et</strong> "...Génocide.." <strong>et</strong><br />

peuvent être résumées comme suit:<br />

Depuis le quatorzième siècle jusqu'en 1922, la région actuellement<br />

appelée "Turquie", ou plus correctement "République de Turquie", faisait<br />

partie intégrante du territoire de l'état multinational <strong>et</strong> multi religieux connu<br />

sous le nom d'Empire Ottoman. Il est également faux de confondre l'Empire<br />

Ottoman avec la République de Turquie, comme il est faux de confondre<br />

l'Empire des Habsbourg avec la République d'Autriche. L'Empire Ottoman<br />

s'effondra en 1922 <strong>et</strong> la victoire de la révolution turque instaura en 1923<br />

23 Akagül, Deniz Vaner, Semih L'Europe avec ou sans la Turquie [préface de Philippe Moreau Defarges]<br />

Publication : Paris : Éd. d'Organisation, DL 2005,pp.88-89<br />

60


l'actuelle République de Turquie. C<strong>et</strong> Empire regroupait des territoires <strong>et</strong> des<br />

peuples qui de nos jours sont répartis dans plus de 25 pays différents en<br />

Europe du sud-est, en Afrique du nord <strong>et</strong> au Moyen-Orient, l'un d'eux étant la<br />

République de Turquie. La République de Turquie n'est nullement responsable<br />

des événements qui se sont déroulés pendant la période ottomane bien que, en<br />

se servant de l'appellation "Turquie" dans la Résolution, ses auteurs aient<br />

implicitement accusé la République de Turquie coupable du prétendu<br />

"génocide" qui aurait lieu entre 1915 <strong>et</strong> 1923. »(24)<br />

« En ce qui concerne l'accusation de "génocide", nul signataire de c<strong>et</strong>te<br />

déclaration ne cherche à diminuer l'ampleur des souffrances arméniennes.<br />

Nous sommes également conscient du fait, que ces souffrances ne peuvent être<br />

prises en considération en marge des souffrances endurées par les habitants<br />

musulmans de c<strong>et</strong>te région. La majeure partie des preuves connues jusqu'à ce<br />

jour nous indique que de sérieux combats intercommunautaires (perpétrés par<br />

des forces irrégulières autant chrétiennes que musulmanes) eurent lieu <strong>et</strong> qu'ils<br />

furent aggravés par des maladies, des famines, des souffrances <strong>et</strong> des<br />

massacres en Anatolie <strong>et</strong> dans les régions avoisinantes durant la Première<br />

Guerre Mondiale. II est indéniable que pendant la période mentionnée <strong>et</strong><br />

similairement à la tragédie qui a ravagé le Liban au cours de la dernière<br />

décennie, c<strong>et</strong>te région ait connu des combats plus ou moins continuels. Les<br />

pertes humaine au sein des communautés Chrétienne <strong>et</strong> Musulmane furent<br />

énormes. Néanmoins, de nombreux détails doivent toujours être éclaircis avant<br />

que les historiens soient à même de discerner clairement la part de<br />

responsabilité qui revient aux innocents <strong>et</strong> aux coupables <strong>et</strong> de déterminer les<br />

raisons de ces événements qui aboutirent à la mort <strong>et</strong> au déplacement de<br />

grandes parties de la population d'Anatolie orientale, touchant indifféremment<br />

Chrétiens <strong>et</strong> Musulmans. »(25) Mais le Dr Husam<strong>et</strong>tin Yildirim(26) a<br />

complètement falsifié <strong>et</strong> changé la déclaration des Universitaires américains<br />

opposés à la Convention de l’ONU. Les signataires de c<strong>et</strong>te déclaration ni le<br />

génocide des arméniens. C’est une falsification. Mais les modifications ont<br />

étéfaires Yildirim Husam<strong>et</strong>tin est la falsification de la falsificati.<br />

« Les scientifiques percevant l'histoire dans les cadres <strong>et</strong> les principes de la<br />

science d'histoire sont ceux qui ont rejoint les connaissances <strong>et</strong> les documents<br />

relatifs concernant ce suj<strong>et</strong>, depuis 1925 à nos jours; qui ont écouté les<br />

témoins survivants <strong>et</strong> qui ont réalisé lui-même des observations sur place.<br />

Ceux-ci sont des scientifiques sachant que les archivent Ottomanes sont<br />

ouvertes aux chercheurs depuis 1925 <strong>et</strong> qui avaient rejoint eux-mêmes ces<br />

documents. Par conséquent, l'interprétention de convictions ou le point de vue<br />

contraire ne sera exposée que par ceux qui ont une connaissance approfondie<br />

24 , La déclaration des universitaires américains en date du 19 mai 1985<br />

25 , La déclaration des universitaires américains en date du 19 mai 1985, voir Annexes.<br />

26 , Dr Yildirim Husam<strong>et</strong>tin, les réclamations Arméniens <strong>et</strong> Les vérités Ankara 2000<br />

61


sur le suj<strong>et</strong> comme eux. C'est pourquoi, une déclaration présentée à<br />

l'Assemblée des représentants par les 69 scientifiques Américains est<br />

extrêmement importante. Dans c<strong>et</strong>te déclaration, on cite ceux qui suivent:<br />

Les académiciens Américains <strong>et</strong> le génocide des<br />

Arméniens<br />

"A l'attention des membres de l'Assemblée des représentants des Etats-Unis,<br />

Les académiciens Américains, soussignés, experts sur les études Turques<br />

Ottomanes <strong>et</strong> sur le Moyen Orient sont dans l'avis que le langage utilisé dans la<br />

résolution du numéro 192 de l'Assemblée des représentants des Etats-Unis est<br />

illusoire <strong>et</strong>/ou faux.<br />

Nous trouvons la partie citée ci-dessous sur laquelle on attire l'attention dans le<br />

texte, alors que nous soutenons complètement la notion de 'la journée nationale<br />

de mémoire des conduites inhumaines':<br />

…. 1,5 millions de gens d'origine Arménienne, victimes du génocide effectué<br />

entre les années de 1915 <strong>et</strong> 1923 en Turquie."<br />

Etant donné que notre abstention optée sur l'usage des termes de 'Turquie <strong>et</strong><br />

génocide' peut être résumée:<br />

Le territoire appelé La Turquie à vrai dire appelée comme 'la République de<br />

Turquie' était, entre le 14iéme siècle <strong>et</strong> 1922, une partie de l'Empire Ottomane,<br />

un Etat abritant plusieurs régions <strong>et</strong> nations sur un territoire. Si la considération<br />

de l'Empire Habsburg <strong>et</strong> de la République d'Autriche de nos jours comme égale<br />

est injuste, celle de la Turquie <strong>et</strong> de l'Empire Ottoman aussi est le même.<br />

L'Empire Ottomane, effacée sur la scène de l'histoire <strong>et</strong> pris fin en 1922à la suite<br />

de la création de la République de Turquie par la révolution Turque; était un Etat<br />

englobant la population <strong>et</strong> le territoire de plus de 25 Etats qui se trouvent<br />

actuellement en Europe sud-est, en Afrique du sud <strong>et</strong> au Moyen Orient, dont un<br />

seul aujourd'hui est la République de Turquie. La République de Turquie ne<br />

serait jamais considérée comme responsable d'aucun incident déroulé à l'époque<br />

ottomane. Mais les rédacteurs de c<strong>et</strong>te proposition qui ont usé le nom de<br />

'Turquie' pendant sa rédaction ont voulu attribuer à la Turquie, la responsabilité<br />

du 'prétendu génocide' entre les années de 1915 <strong>et</strong> 1923. »(27) L’idée selon<br />

laquellle « L'Empire Ottomane, effacée sur la scène de l'histoire <strong>et</strong> pris fin en<br />

1922à la suite de la création de la République de Turquie par la révolution<br />

27 Dr Yildirim Husam<strong>et</strong>tin, ibid.(Voir Annexes)<br />

62


Turque; était un Etat » prouve la continuité de l’Etat Turc qui n’a pas massacré<br />

les Arméniens, mais aussi les Grecs <strong>et</strong> les <strong>Kurd</strong>es.<br />

Après la reconnaissance du génocide des arméniens le Recteur de<br />

l’Université Galatasaray, Erdogan Teziç a envoyé une l<strong>et</strong>tre à Monsieur le<br />

Président de Chaque Chirac le 19 juill<strong>et</strong> 2001,en lui demandant « Le Sénat de<br />

l’Université de Galatasaray me demande, avec beaucoup d’insistance, de porter<br />

à votre connaissance sa résolution dans laquelle il vous invite à saisir le Conseil<br />

constitutionnel en vertu du pouvoir dont vous disposez pour lui perm<strong>et</strong>tre de<br />

juger de la conformité de c<strong>et</strong>te loi à la Constitution ».Or, contrairement à la<br />

demande d’Erdogan Teziç, le Conseil d’Etat a confirmé la reconnaissance du<br />

génocide arménien conformément à la Constitution.28<br />

Puis le 25 mars 2005, la déclaration du Groupe des Ambassadeurs<br />

r<strong>et</strong>raites d’Ankara <strong>et</strong> Istanbul, sur les revendications arménienne de<br />

« Génocide » a été publiée.<br />

« Selon la convention des Nations Unies, relative à la Prévention <strong>et</strong> aux<br />

Punitions du Crime de Génocide, du 09 décembre 1948, un génocide est un<br />

crime relevant de la juridiction internationale. Ce crime ne peut être commis<br />

que pas des personnes réelles. Seul un tribunal compétent peut déterminer si le<br />

crime a été commis ou non. Le tribunal en charge de cela est soit le tribunal de<br />

l’Etat dans lequel le crime est commis, soit un tribunal pénal international qui<br />

aurait c<strong>et</strong>te compétence vis-à-vis des parties concernées, lesquelles parties<br />

ayant reconnu c<strong>et</strong>te compétence. Le tribunal doit reconnaître le droit du<br />

défenseur à se défendre lui-même, ou elle-même, examiner si le crime a été<br />

commis ou non, <strong>et</strong> décider en conséquence, comme il convient. En l’absence<br />

d’une telle décision du tribunal compétent, le crime de génocide ne peut pas être<br />

établi « de jure » <strong>et</strong> la plainte pour génocide ne peut pas être déposée ou plaidée<br />

sur des bases légales.<br />

Aucun parlement national, sénat national, conseil municipal ou local, individu<br />

ou association, aucun des organes d’une organisation internationale ou<br />

régionale ou une cours non officiellement désignée, peut avoir le pouvoir de<br />

décider, à la place d’un tribunal compétent, sur la demande de reconnaissance<br />

d’un génocide ou si le crime a été commis ou non.<br />

La Convention des Nations Unies relative aux Génocides, mentionnée ci-dessus,<br />

est partie pleine <strong>et</strong> entière du système juridique turc. Aucune partie ou personne<br />

doit s’attendre à ce que le Gouvernement turc, en contradiction avec la<br />

convention internationale <strong>et</strong> en l’absence de la décision d’un tribunal<br />

28 , La l<strong>et</strong>tre du Recteur de l’Université Galatasaray à Monsieur le Président Jacques Chirac le 19 juill<strong>et</strong><br />

2001<br />

63


compétent, accuse de génocide certaines personnes dont la plus part d’entre<br />

elles ne seraient plus vivantes.<br />

Aujourd’hui, non seulement le gouvernement turc, mais aussi le gouvernement<br />

de Grande Br<strong>et</strong>agne, ont déclarées publiquement, par leurs porte-parole, que<br />

les évènements de 1915 ne peuvent pas être qualifiés de génocide. Ceux qui<br />

réalisent que leur demande de reconnaissance du génocide est dépourvue de<br />

bases légales essaient maintenant de fonder leur demande sur des arguments<br />

politiques, faisant référence à un « génocide politique » ;Or, contrairement à<br />

c<strong>et</strong>te négation de Turquie, de nombreux pays, ont reconnu le, génocide des<br />

arméniens, conformément au Droit International.Car, nous pensons que pendant<br />

longtemps, les négationnistes pensaient compter sur la passivité de la<br />

communauté internationale. Ils pensaient qu'avec le temps tout serait oublié pour<br />

des raisons d'Etat. Reconnaître le génocide arménien ne signifie nullement<br />

imposer un point de vue sur la Turquie. Il est par contre de notre droit souverain<br />

de chaque Etat de faire son devoir de mémoire <strong>et</strong> de dire publiquement à la<br />

communauté internationale que le génocide à l'égard des Arméniens est un<br />

crime contre l'humanité <strong>et</strong> qu'il ne saurait être effacé. C’est le cas de Suisse,<br />

d’Argentine, de France <strong>et</strong> du Canada, de Luxembourg <strong>et</strong>c.<br />

La définition du génocide <strong>et</strong> la falsification du génocide<br />

des arméniens<br />

Sur le plan du Droit International, conformément à l'article 6 c) de la<br />

Charte du Tribunal militaire international dite Statut de Nuremberg, annexé à<br />

l'Accord de Londres du 8 août 1945, énumère les crimes contre l'humanité sans<br />

utiliser le terme de génocide: "l'assassinat, l'extermination, la réduction en<br />

esclavage, la déportation <strong>et</strong> tout autre acte inhumain commis contre toutes<br />

populations civiles avant ou pendant la guerre, ou bien les persécutions pour<br />

des motifs politiques, raciaux ou religieux". La qualification de ces crimes<br />

marque un progrès dans le droit pénal international. La notion de génocide est<br />

employée pour la première fois le 18 octobre 1945 dans un document de portée<br />

internationale, l'acte d'accusation contre les grands criminels de guerre<br />

allemands traduits devant le tribunal de Nuremberg. Il stipule que les inculpés<br />

"... se livrèrent au génocide délibéré <strong>et</strong> systématique, c'est-à-dire à<br />

l'extermination de groupes raciaux <strong>et</strong> nationaux parmi la population civile de<br />

certains territoires occupés, afin de détruire des races ou classes déterminées de<br />

populations, <strong>et</strong> de groupes nationaux, raciaux ou religieux...". Le terme est<br />

ensuite juridiquement défini par la Convention pour la prévention <strong>et</strong> la<br />

répression du crime de génocide, adoptée à l'unanimité par l'Assemblée générale<br />

des Nations Unies le 9 décembre 1948 <strong>et</strong> ratifiée par la Turquie le 31 juill<strong>et</strong><br />

1951.<br />

64


Selon c<strong>et</strong>te Convention, le génocide est un acte "commis dans l'intention<br />

de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, <strong>et</strong>hnique, racial ou<br />

religieux". Enumérés par l'article 2, ces actes peuvent être les suivants : "meurtre<br />

de membres du groupe, atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de<br />

membres du groupe, soumission intentionnelle du groupe à des conditions<br />

d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle, mesures<br />

visant à entraver les naissances au sein du groupe, transfert forcé d'enfants du<br />

groupe à un autre groupe". La Convention précise aussi qu'il est indifférent que<br />

ces actes soient commis en temps de paix ou en temps de guerre. Elle oblige<br />

l'Etat sur le territoire duquel le génocide a été commis, à punir ses auteurs,<br />

"gouvernants, fonctionnaires ou particuliers" <strong>et</strong> l'Etat responsable, à réparer les<br />

préjudices qui en résultent.<br />

Les actes constitutifs du génocide aboutissent toujours à l'anéantissement<br />

physique <strong>et</strong> biologique du groupe, ce qui constitue d'ailleurs l'essence de ce<br />

crime, quels que soient les moyens mis en oeuvre pour atteindre ce but. Visant<br />

non seulement à punir mais aussi à prévenir, l'article 3 déclare criminels aussi<br />

bien le génocide proprement dit que l'entente en vue de comm<strong>et</strong>tre le génocide,<br />

l'incitation directe <strong>et</strong> publique, la tentative pour le m<strong>et</strong>tre en oeuvre <strong>et</strong> la<br />

complicité dans sa Réalisation.<br />

L'importance de ces incriminations <strong>et</strong> la volonté affichée de la<br />

communauté internationale de réprimer les crimes contre l'humanité <strong>et</strong> le<br />

génocide, aboutit à l'adoption par les Nations Unies, le 26 novembre 1968, de la<br />

Convention sur L’imprescriptibilité des crimes de guerre <strong>et</strong> des crimes contre<br />

l'humanité. C<strong>et</strong>te Convention étend à tous les crimes de guerre <strong>et</strong> crimes contre<br />

l'humanité l'imprescriptibilité appliquée par l'acte d'accusation du Tribunal<br />

militaire de Nuremberg aux criminels de guerre nazis. Entrée en vigueur le 11<br />

novembre 1970, elle renforce le caractère spécifique de ces crimes." "Par<br />

génocide, nous voulons dire la destruction d'une nation ou d'un groupe <strong>et</strong>hnique<br />

(...) En général, le génocide ne veut pas dire nécessairement la destruction<br />

immédiate d'une nation. Il signifie plutôt un plan coordonné d'actions différentes<br />

qui tendent à détruire les fondations essentielles de la vie des groupes<br />

nationaux, dans le but de détruire ces groupes mêmes. le terme négationnisme<br />

désigne dans sa signification première, la négation de la réalité du génocide<br />

pratiquée par les gouvernements successifs de l’Empire ottoman (vieux<br />

ottomans <strong>et</strong> jeunes turcs) durant la période 1894 à 1923 contre les Arméniens<br />

d’Arménie occidentale occupée. (art.211-1 du code pénal français) Autrement<br />

dit, « Le négationnisme consiste ainsi à prétendre, notamment par la négation<br />

de l’existence des Arméniens en Arménie occidentale, la volonté délibérée<br />

d’extermination des Arméniens par les gouvernements successifs d’occupation<br />

turque, ou la réalité de ces crimes relèverait de simple massacre dans un cadre<br />

de conflit armé. L’expression publique de ces propos n’est sanctionnée, ce jour,<br />

65


dans aucun pays. » « L’Etat Turc », nie non pas l’existence de la déportation<br />

des Arméniens, ni la mort d’une grande partie d’entre eux, mais l’utilisation du<br />

terme de génocide pour qualifier ces crimes commis par les gouvernements<br />

successifs de l’Empire ottoman, à l’encontre des populations arméniennes de<br />

1894 à 1923, dont on estime que 1.830.000 individus ont été assassinés dans le<br />

cadre d’un plan d’extermination décidé par les gouvernements successifs turcs<br />

occupant l’Arménie occidentale.<br />

Au suj<strong>et</strong> des Chiffres des victimes pendant le génocide des arméniens de<br />

l’Arménie Occidentale, nous constatons qu’il y a plusieurs approches parmi les<br />

chercheurs turcs <strong>et</strong> Arméniens . Deniz Akagun <strong>et</strong> Semih Vener,(29) pensent<br />

qu’il y a eu de 250.000, arméniens sont morts lors du déplacement, mais l’Etat<br />

Major Turc nie le génocide, selon les militaires turcs ce sont les arméniens qui<br />

ont tués 400.000 turcs. Pour Kara Shemsi, responsable de Teskilat-i-Mahsusa à<br />

Genève un million turcs sont tués par les Arméniens, comme Kémal Karpat<br />

les universaitaires américains <strong>et</strong> turcs défendent la même ligne négationniste<br />

que l’Etat Major de l’Etat Turc <strong>et</strong> il faut ajouter les structures universitaires<br />

qui collaborent avec l’Etat Major Turc à l’intermédiaire à l’ADD(Ataturkçu<br />

Dusunce Dernegi) « Association pour la Pénsée Ataturkiste »De la Société de<br />

l’Histoire turque, Yusuf Halaçoglu <strong>et</strong> Kémal Cicek, sont deux représentants<br />

officeux de l’Etat turc qui nient le génocide des arméniens. Pour eux ce n’est<br />

pas d’un génocide, est déplacement en raison de la guerre. Halaçoglu parle<br />

jamais des massacres de 1894 <strong>et</strong> 1909. Il est dans la même politique de l’Etat<br />

major turc. Il tente de justifier par un rapport établi par Joseph Pomiantowski,<br />

Attaché militaire de l’Empire Austro-Hongrois (30) Alors que Mr Halaçoglu,<br />

n’a pas lu le livre du Vice Marcéhal Pomiantowski, le texte a été cité de la<br />

page 159 par de N.Goyunç(31) Bien que l'Autriche n'ait pas présenté beaucoup<br />

de statistiques <strong>et</strong> estimations, on peut en trouver quelques unes.Le consul<br />

autrichien de Trébizonde <strong>et</strong> de Samsun, le Docteur Kwatkiowski, a envoyé un<br />

rapport à Vienne le 13 mars 1918. Se restreignant aux six vilay<strong>et</strong>s orientaux <strong>et</strong><br />

aux districts de Trébizonde <strong>et</strong> Samsun, il affirme que sur le million d'Arméniens<br />

déportés, la plupart sont morts. Le consul austro-hongrois d'Adrianople, le<br />

Docteur Nadamlenzki, rapporta quant à lui que l'ensemble des 1,5 million de la<br />

population arménienne de l'Empire aurait été déportée [32] , mais c<strong>et</strong>te thèse n'est<br />

largement pas admise par la communauté scientifique. Le Vice-Maréchal<br />

29 Vaner, Semih Deniz Akagül, L'Europe avec ou sans la Turquie ,préface de Philippe<br />

Moreau Defarges] Publication : Paris : Éd. d'Organisation, DL 2005,pp.88-89<br />

Paris : Impr. JouveDescription matérielle : 1 vol. (X-163 p.) : graph., cartes ; 22 cm<br />

30 Joseph Pomiankowski, Der Zusammenbruch des Ottomanischen Reiches, Graz, Austria, 1969, p. 160<br />

(imprimé tout d'abord en 1928)<br />

31 ,Yusuf Halaçoglu, Ermenilerin Suriye b,Yusuf Halaçoglu, Ermenilerin Suriye b’yen nakli : Surgun mu,<br />

soykirim mi p. 6. Turk Tarih Kurumu, Ankara<br />

32 Archives du ministères des affaires étrangères autrichien, 12 Türkei/380, ZI.17/pol <strong>et</strong> 12 Türkei/463, Z.94/P.<br />

66


autrichien Pomiankowski a estimé les pertes arméniennes à environ 1 million [33] .<br />

De plus , selon un document secr<strong>et</strong> des Services des Renseignements de l’Etat<br />

Major de l’Armée MARINE concernant « l’accord secr<strong>et</strong> Austro-Turc de 1916<br />

<strong>et</strong> la sorte de l’Escadre Aurtricienne- » vers la fin d’octobre 1916, le<br />

commandant de la defense des Dardanelles reçut des instructions secrètes du<br />

ministère de la marine <strong>et</strong> du commandant des Détroits le prévenant de l’arrivée<br />

prochaine d’une escadre autricienne <strong>et</strong> lui enjoignant de c » n’opposer aux<br />

bâtiments qui la composeraient aucune résistance, pas plus à coup de canon qu’à<br />

coups de torpilles. »(34). En falsifiant les arguments du vice Maréchal, Attaché<br />

Militaire1 Joseph Pomiankowski Yusuf Halaçoglu, tente de falsifier les autres<br />

documents <strong>et</strong> les chiffres concernant le génocide des Arméniens Selon lui, en<br />

1916 seulement « entre 30 <strong>et</strong> 40.000 arméniens sont morts de la maladie <strong>et</strong> des<br />

attaques des bandits »(35).Il ajoute « selon une déclaration publiée par<br />

American Committee for Arménian and Syrian Reliefs, en Anatolie 500.000,<br />

en Syrie 1.200.000 en Caucasie 350.000, en Iran 90.000, en totale 2.140.000 ont<br />

besoin d’aide. Les personnes qui ont besoind’aide en Syrie il est probable qu’ils<br />

sont des arméniens , c’est naturel , mais les chiffres donnés en 1917 sont<br />

exactes, si on fait la comparaison avec les chiffres <strong>et</strong> les statistiques avant la<br />

guerre concernant les Arméniens , dans ce sens il y a aucune perte des<br />

arméniens » Selon Halaçoglu, 450.000 arméniens sont partis en Caucase<br />

spontanément, Le nombre de ceux qui ont fait l’exode <strong>et</strong> de ceux qui ont été<br />

forcé à la déportation est environ un million de personnes. Selon les sources<br />

turques <strong>et</strong> occidentales 400.000 ne sont pas envoyés en exil. »Halaçoglu à la fois<br />

falsifie les documents ( N°12- <strong>et</strong> N°13-1,2,3) de l’Archives Américains( US<br />

ARCHIVES NARA), car dans des deux documents qu’il a présenté ne concerne<br />

pas de 644.000 arméniens chez eux, le contenu du document concerne selon le<br />

traité de Sèvres le nombre d’habitants qui résident dans les Wilay<strong>et</strong>s où<br />

l’Empire ottoman <strong>et</strong> selon document N° « ces chiffres ne représentent pas la<br />

totalité des arméniens , une grande partie sous l’Empire ottoman <strong>et</strong> selon<br />

document N° « ces chiffres ne représentent pas la totalité des arméniens , une<br />

grande partie s’est convertie à l’Islam afin de ne pas subir des persécutions ou<br />

de ne pas être l’obj<strong>et</strong> des crimes , environs 20.000 personnes sont dans les<br />

montagnes ».L’analyse du Prof . Halaçoglu justifie la politique négationniste de<br />

l’Etat turc. Contrairement à ces falsifications du Président de la Société de<br />

l’Histoire turque Prof. Yusuf Halaçoglu <strong>et</strong> le chef du département chargé<br />

l’Affaire Arménienne, Prof. Kemal Cicek,nous trouvons une autre explication<br />

dans un rapport établi par Bombare Barbere (36) sur la séance de la Souscommission<br />

des Minorités qui a eu lieu à Lausanne en date du 13-12-<br />

33 , Joseph Pomiankowski Der Zusammenbruch des Ottomanischen Reiches,ibid.p.<br />

34 ,ETA,SR.MARINE,--TURQUIE N°2180-B10, 27eme Bureau , Constantinople, 12 juin 1920, OAA,15/8<br />

N°III3,<br />

35 , Yusuf Halaçoglu,ibid.p.15,<strong>et</strong>18-19<br />

36 ,Etat Major de l’Armée, Section d’Afrique, Numéro de télégramme 146, arrivée de Lausanne le 13-12-1922<br />

à 14h8, Minorités, p.2 in 7N3217, Archives de Vincennes.<br />

67


1922 « Lord Curson a ensuite très longuement réfutés les deux exposés fats par<br />

Ism<strong>et</strong> Pacha ; Après avoir contesté les déductions historiques du délégué turc, il<br />

a rappelé que si l’on voulait se livrer au jeu des citations il ne serait que trop<br />

facile d’en trouver d’accablantes pour les turcs dans les livres d’histoire <strong>et</strong> les<br />

notes diplomatiques.Il marqué une vive indignation de voir Ism<strong>et</strong> Pacha<br />

d’efforcer de rej<strong>et</strong>er sur les malheureux Arméniens la responsabilité des<br />

événements. Si les Turcs n’ont rien à se reprocher à leur égard, d’où vient que<br />

de trois millions ils soient aujourd’hui réduits à 130.000, d’où vient que lorsque<br />

les troupes françaises ont abandonné la Cilicie, elles aient été suivies par<br />

80.000 fugitifs. Il est bien tard pour parler de clémence envers les Arméniens<br />

alors qu’ils sont réduits à une poignée d’hommes <strong>et</strong> que la question arménienne<br />

est devenue l’un des grands scandales du Monde »(37)<br />

« En réalité, il faut considérer le problème sous au moins deux angles :<br />

tout d’abord, la capacité de la Turquie <strong>et</strong> de sa société à assumer ses<br />

responsabilités ; mais aussi la dimension politique de ce geste. Il est<br />

vraisemblable que l’État fera en sorte qu’il y ait le moins de conséquences<br />

possibles à tout geste de sa part. Le terme de génocide recouvre en fait une<br />

dimension juridique, qui induit une réparation. Il faut rappeler que la république<br />

turque a hérité directement des biens « abandonnés » d’environ 1 700 000<br />

personnes. Ce dossier est purement juridique <strong>et</strong> ne relève donc pas<br />

nécessairement d’une négociation d’État à État. Il implique une réparation<br />

morale <strong>et</strong> matérielle dans laquelle nous, fils <strong>et</strong> p<strong>et</strong>its-fils de rescapés, nous nous<br />

inscrivons parfaitement. »(38)<br />

La plupart des sources arméniennes parlent d’au moins 2.200.000<br />

Arméniens en Turquie dite d’Europe <strong>et</strong> en Anatolie au début de la guerre.<br />

Cependant, comme tu dois le savoir, les instances dirigeantes arméniennes<br />

diminuaient volontairement le nombre des Arméniens pour des raisons fiscales,<br />

alors que les autorités ottomanes faisaient la même chose pour contrer la<br />

légitimité des revendications de réformes notamment dans les vilay<strong>et</strong>s orientaux.<br />

D’autre part, sauf erreur de ma part, ces chiffres ne comprenaient pas les<br />

Arméniens catholiques, le mill<strong>et</strong> catholique - environ 250.000 en 1914 - <strong>et</strong> les<br />

protestants, tous aussi Arméniens que les apostoliques n’en déplaise à certains,<br />

qui n’étaient considérés comme tels ni par les autorités patriarcales arméniennes,<br />

ni par la Sublime-Porte. Il est bien connu que les Arméniens catholiques euxmêmes<br />

évitaient de se dire Arméniens pour des raisons qu’on peut juger<br />

légitimes ou non. Donc, on arrive, d’après les sources arméniennes que je n’ai,<br />

quand même, aucune raison de ne pas privilégier ou d’écarter en faveur d’autres<br />

37 Etat Major de l’Armée, Section d’Afrique, Numéro de télegramme 146, arrivée de Lausanne le 13-12-1922<br />

à 14h8, Minorités, p.2 in 7N3217, Archives de Vincennes,ibid.<br />

38 ,Raymond Kevorkian, in Nouvelles d’Arménie N°107 avril 2005 <strong>et</strong> interview(2) par Denis Donikian, 19-11-<br />

2004 in www.yevrobatsi.org<br />

68


sources ou versions, à plus de 2.500.000 Arméniens. Monseigneur Jean Naslian,<br />

qui n’est pas un farfelu, a donc raison de citer, lui, dans ses «Mémoires», le<br />

chiffre de 3.000.000 d’Arméniens, un chiffre qu’on n’a aucune raison de<br />

considérer comme fantaisiste : «On évaluait l’élément arménien en Turquie au<br />

nombre approximatif de 3,000.000. Au suj<strong>et</strong> du nombre des chrétiens <strong>et</strong> plus<br />

particulièrement de celui des Arméniens, il faut remarquer que le Gouvernement<br />

Turc tenait à les faire figurer aussi peu nombreux que possible dans les<br />

registres officiels <strong>et</strong> que les chrétiens à leur tour pour se soustraire à l’impôt<br />

Bédéli-Askerié, pour exemption du service militaire <strong>et</strong> à d’autres poursuites,<br />

fréquentes surtout en Anatolie, cachaient tous les nouvaux-nés.»(39)<br />

En eff<strong>et</strong>, pourquoi pas 3.000.000 puisque Ubicini cite déjà en 1853 dans<br />

«L<strong>et</strong>tres sur la Turquie» le chiffre de 2.400.000 pour l’Asie Mineure <strong>et</strong> la<br />

Thrace Et même, pourquoi pas beaucoup plus que 3.000.000, puisque le même<br />

Ubicini parle de 2.000.000 de Grecs en 1853 dans l’Empire ottoman, dont la<br />

moitié en Anatolie, <strong>et</strong> Harry Stuermer, en 1917, de plus de 4.000.000 à<br />

5.000.000 de Grecs Pourquoi ceux-ci auraient-ils multiplié leur nombre par au<br />

moins deux, <strong>et</strong> pas les Arméniens Ces derniers auraient été n<strong>et</strong>tement moins<br />

prolifiques que les Grecs Si on considère qu’entre 1853 <strong>et</strong> 1894 il n’y a pas eu<br />

de massacres de l’ampleur de ceux de 1894-1896 (plus ou moins 200.000<br />

victimes), que l’émigration des Arméniens hors de l’Empire ottoman n’a<br />

commencé véritablement qu’après ces massacres, qu’elle semble avoir concerné<br />

200.000 à 300.000 personnes au grand maximum, <strong>et</strong> si on tient compte d’une<br />

évolution démographique normale entre 1853 <strong>et</strong> 1915 - deux générations, ce<br />

n’est pas rien! -, le chiffre de 3.000.000 d’Arméniens en Anatoue <strong>et</strong> en Thrace<br />

avant le génocide n’est non seulement pas absurde mais «paraît assez cohérent»<br />

aussi.<br />

Si on additionne les différents chiffres de la population arménienne en<br />

1915, tes 2.000.000, les 3.000.000 de Naslian, les 2.200.000 généralement admis<br />

<strong>et</strong>, pour ne pas favoriser la «version arménienne» <strong>et</strong> pour faire plaisir aux<br />

falsificateurs de tous poils, le chiffre de 1.500.000 de Paul Dumont <strong>et</strong> de<br />

François Georgeon(40) dont l’arménophilie <strong>et</strong> l’impartialité crèvent bien sûr les<br />

yeux, on obtient malgré tout, en divisant par quatre, une population moyenne de<br />

2.175.000 Arméniens au début de la guerre. Enfin, si on déduit de ce total les<br />

250.000 Arméniens réfugiés au Caucase <strong>et</strong> les 300.000 Arméniens survivants,<br />

on obtient déjà le chiffre de 1.625.000 victimes entre 1915 <strong>et</strong> 1918, compte non<br />

tenu des victimes des «exactions génocidaires» <strong>et</strong> des «opérations militaires»<br />

kémalistes <strong>et</strong> azéries dans le Caucase <strong>et</strong> en Cilicie, un chiffre déjà supérieur de<br />

300.000 à ton chiffre minimum de 1.300.000.<br />

39 , Les mémoires de Mgr Jean Naslian, évêque de Trébizonde», Imprimerie mekhitariste,<br />

Vienne, 1954, t. I, pp. 89-90.<br />

40 , François Georgeon, l’Histoire de l’Empire ottoman,p.624<br />

69


Dumont <strong>et</strong> Georgeon dénombrant, eux, 70.000 survivants à la fin de la<br />

guerre, <strong>et</strong> non pas 300.000, on obtiendrait même, pour une fois grâce à<br />

«l’honnêt<strong>et</strong>é» de ces historiens, un total de victimes de 1.855.000! Supérieur de<br />

500.000 à ton chiffre de 1.300.000!<br />

Et si on devait faire abstraction du chiffre de la population arménienne de<br />

1.500.000 de ces deux historiens - <strong>et</strong> pourquoi pas puisque rien ne m’oblige à<br />

faire mienne leur «version des événements» - on obtiendrait une moyenne de<br />

2.400.000 Arméniens au début de la guerre, <strong>et</strong>, moins les 550.000 survivants,<br />

1.850.000 victimes. Chiffre toujours supérieur de 500.000 à ton chiffre de<br />

1.300.000!<br />

Mais comme il serait pour le moins anormal de ne pas accorder crédit à<br />

Jean Naslian, j’ai toutes les raisons de penser que le génocide a fait entre avril<br />

1915 <strong>et</strong> novembre 1918, en Turquie dite d’Europe <strong>et</strong> en Anatolie, plus de<br />

2.400.000 victimes.<br />

Voilà pourquoi ton chiffre revu <strong>et</strong> corrigé à la baisse de 1.300.000 tient de<br />

la falsification pure <strong>et</strong> simple!<br />

D’autres chiffres cités par toi ont de quoi laisser perplexe. «On estime à<br />

environ 120.000 le nombre d’Arméniens mobilisés sous le drapeau russe» - distu.<br />

Quelle est c<strong>et</strong>te manie de diminuer toujours les chiffres favorables aux<br />

Arméniens Et puis, c’est qui «on» Henry Barby, présent, lui, sur le théâtre<br />

des opérations, parle de «cent cinquante mille soldats de race arménienne qui se<br />

trouvaient dans l’armée russe».(41) Selon Simon Vratsian, personnalité<br />

politique de premier plan <strong>et</strong> dernier Premier ministre de la première République<br />

arménienne <strong>et</strong> auteur de «La République Arménienne», qui est encore mieux<br />

placé pour le savoir, leur nombre était de 250.000.<br />

A ce suj<strong>et</strong>, il faut ajouter la déclaration de M. Aharonian, membre de la<br />

délégation arménienne entendu par la Sous-commission des Minorités à<br />

Lausanne le 27 décembre 1922 « Mr Aharonian estime à 700.000 le nombre<br />

des arméniens de Turquie <strong>et</strong> de l’étranger qui peupleraient le territoire destiné à<br />

servir de foyer. Il pense que qu’une entente serait possible entre les Arméniens<br />

<strong>et</strong> les <strong>Kurd</strong>es qui ont avec eux des affinités de race <strong>et</strong> les ont aidés pendant la<br />

guerre. »(42)<br />

41 , Henry Barby Au pays l’épouvante, l’Arménie martyre, (1917) réédité par «Le Cercle d’Ecrits Caucasiens»<br />

en 2004, p. 124.<br />

42 , Etat Major de l’Armée, Section d’Afrique, Numéro de télegramme 146, arrivée de Lausanne le 27-12-<br />

1922 à 8h30 Minorités, p.2 in 7N3217, Archives de Vincennes,ibid.<br />

70


Il y a une dizaine d’années, j’avais lu dans le «Figaro Magazine» un<br />

article de Marek Halter consacré, il va de soi, à l’extermination des juifs en<br />

Europe, où il posait la question suivante : «Sur une population mondiale de<br />

18.000.000 de juifs, 6.000.000 ont été exterminés, soit un tiers du peuple juif.<br />

Qui dit mieux» Il ressort de mon analyse des différents chiffres <strong>et</strong> estimations<br />

de la population arménienne de la Turquie dite d’Europe <strong>et</strong> de l’Anatolie avant<br />

1915 donnés par des témoins tout à fait dignes de foi, auxquels il faut ajouter les<br />

quelque 2.500.000 de Russie <strong>et</strong> de Transcaucasie <strong>et</strong> d’ailleurs, que c’est 45% de<br />

la totalité de notre peuple qui a disparu entre 1915 <strong>et</strong> 1918! Et je ne compte pas<br />

les 150.000 à 200.000 morts dans les rangs de l’armée russe!<br />

Et l’ampleur, jamais égalée depuis, de c<strong>et</strong>te extermination est démontrée<br />

par les chiffres des populations turque (de Turquie, évidemment!) <strong>et</strong> arménienne<br />

dans le monde. En eff<strong>et</strong>, comment se fait-il qu’aujourd’hui les Turcs soient<br />

quelque 50.000.000 (on ne compte pas les 20.000.000 de <strong>Kurd</strong>es, alevis <strong>et</strong><br />

autres), alors qu’ils n’auraient été plus que 5 à 6.000.000 à la fin de la guerre, <strong>et</strong><br />

que les Arméniens soient dans le monde entier environ 8.000.000, alors qu’ils<br />

étaient quelque 2.000.000 en 1918-1920 Les Turcs auraient donc multiplié par<br />

au moins 8 leur nombre en quatre-vingts ans, soit en un peu moins de trois<br />

générations, <strong>et</strong> les Arméniens seulement par 3 Ah, c’est vrai, près de 200.000<br />

soldats arméniens ont été tués au cours de la seconde guerre mondiale, pendant<br />

que les Turcs, eux, comptaient tranquillement les coups!<br />

C<strong>et</strong>te énorme différence est la meilleure réponse à ceux qui prétendent que ce<br />

sont les Arméniens qui ont massacrés les Turcs en 1915-1918 <strong>et</strong> non le<br />

contraire. »<br />

Paul Boghossian, professeur de philosophie à l’université de New York,<br />

malgré ses capacités philosophiques n’a pas pu répondre clairement à la<br />

question posée par Khatchig Mouradian « Le terme génocide est-il applicable<br />

aux meurtres de masse des Arméniens de l'Empire Ottoman en 1915 »<br />

Du point de vue de l’analyse du concept de la philosophie linguistique<br />

Anglo-saxone, l’agnosticisme kantien apparaît dans la réponse de Paul<br />

Boghossian : « 'il est impossible de prétendre que l'extermination de masse<br />

des Arméniens de l'Empire Ottoman en 1915 ne correspond pas à un<br />

génocide au motif que ce terme n'existait pas à l'époque, <strong>et</strong> fut créé dans les<br />

années 1940. <strong>et</strong> il dit-il: « Un autre mauvais argument pour refuser d'appliquer<br />

le mot génocide à 1915, est à peu près le suivant: La Convention des Nations<br />

Unies sur le Génocide, qui définit le mot pour la première fois avec précision,<br />

n'a été adoptée qu'en 1948. Les traités ne s'appliquent pas rétroactivement. Donc<br />

la Convention, ainsi que la notion qu'elle définit, ne pouvait pas s'appliquer aux<br />

événements de 1915 ». L'historien turc Halil Berktay, partage l’avis de M<br />

Boghossian, selon Berktay « En 1915, c<strong>et</strong>te convention (la convention des<br />

71


Nations Unies sur le génocide) n'existait pas, une telle légalité n'existait pas, <strong>et</strong><br />

de plus, l'expérience humaine <strong>et</strong> la pensée qui s'est finalement infiltrée dans<br />

c<strong>et</strong>te convention, n'existaient pas. Je ne dis pas qu'il n'y a pas eu à l'époque des<br />

gens qui ne se soient opposés au n<strong>et</strong>toyage <strong>et</strong>hnique, je dis qu'il n'existait pas<br />

une culture anti-génocidaire, compréhensive, universelle, <strong>et</strong> en circulation<br />

mondiale, <strong>et</strong> qu'elle n'était pas une partie ni même une parcelle de l'atmosphère<br />

dans laquelle fonctionnaient à c<strong>et</strong>te époque-là les hommes d'Etat, les politiciens,<br />

les seigneurs de la guerre, y compris les seigneurs Unionistes. » Plus tard<br />

Berktay « J'avais déjà dit en Turquie <strong>et</strong> à d'autres tribunes qu'en un certain sens<br />

ce qui était arrivé en 1915 était un génocide, ou que c'était un proto-génocide,<br />

ou même si nous m<strong>et</strong>tons de côté le mot "génocide", : C'est vraiment malheureux<br />

que ce qui est arrivé en 1915-1916 <strong>et</strong> le sort des Arméniens Ottomans pendant<br />

la disparition de l'Empire soit réduit à : "Est-ce que c'était un génocide ou pas <br />

" C'est là un cas extrême de réductionnisme. Quand on a un auditoire mixte, de<br />

Turcs <strong>et</strong> d'Arméniens, (c'est ce qui m'est arrivé lors d'une conférence à Mülheim<br />

en Allemagne en mars 2001), si l'on dit : oui, c'était un génocide, les<br />

Arméniens vous applaudissent <strong>et</strong> les Turcs vous huent, <strong>et</strong> tout le monde<br />

arrête d'écouter, parce qu'ils ont entendu ce qu'ils viennent d'entendre. Et<br />

si on dit que ce n'était pas un génocide, il arrive exactement l'inverse, les<br />

Arméniens huent <strong>et</strong> les Turcs applaudissent, <strong>et</strong> tout le monde arrête encore<br />

d'écouter. Mais le Parti politique de Mr Berktay TIP (Parti des Ouvriers de<br />

Turquie ) son Président Dogu Periçek, a nié le génocide arménien <strong>et</strong> a organisé<br />

une manifestation à Lausanne <strong>et</strong> à Berlin, en raison de l’exaltation des crimes<br />

du génocide, ils ont l’obj<strong>et</strong> de la procédure pénale comme Bernard Leslie qui<br />

aété condamné par le Tribunal de Paris.<br />

Finalement le 6 mars 2007, le procès de Dogu Perinçek s’est ouvert<br />

devant le Tribunal de police de Lausanne. Le président du Parti des travailleurs<br />

turcs est accusé de discrimination raciale pour avoir nié le génocide arménien de<br />

1915. Le Tribunal de police de Lausanne a donc reconnu Dogu Perinçek,<br />

président du Parti des travailleurs turcs, coupable de discrimination raciale pour<br />

avoir nié le génocide arménien.Le juge Pierre-Henri Winzap a affirmé que le<br />

leader turc est «un provocateur arrogant» qui connaissait la loi helvétique<br />

sanctionnant les propos négationnistes lors de sa venue en Suisse en 2005,<br />

séjour durant lequel il avait déclaré que le génocide arménien était «un<br />

mensonge international» est «un acte intentionnel».<br />

Au fond, Dogu Perinçek est «un raciste». Sa démarche «s'apparente à<br />

l'évidence à des motifs racistes <strong>et</strong> nationalistes», a poursuivi le juge. Il ne mérite<br />

«aucune circonstance atténuante». Le génocide arménien est «un fait historique<br />

avéré selon l'opinion publique suisse». La justice suisse a appliqué la norme<br />

antiraciste (art. 261bis du code pénal) -jusque-là uniquement appliquée au cas<br />

de la Shoah- au cas du génocide arménien de 1915. Ainsi, l’opinion affirmée<br />

72


lors des débats parlementaires que l’article pénal en question ne s’appliquait pas<br />

seulement à la Shoah a été confirmée par la décision d’un tribunal.<br />

Par conséquence, le 18 juin 2007- la Cour de Cassation vaudoise a<br />

confirmé le verdict prononcé par le Tribunal de Police de Lausanne<br />

condamnant Dogu Perinçek, pour violation de l’article 261bis du Code<br />

pénal. En eff<strong>et</strong>, en 2005, Dogu Perinçek avait nié publiquement <strong>et</strong> à plusieurs<br />

reprises le Génocide des Arméniens. La décision intervient à un moment<br />

politique marqué par les manoeuvres du Conseiller fédéral Christoph Blocher,<br />

visant à la suppression de la norme pénale antiraciste.La condamnation de M.<br />

Perinçek constitue la confirmation de ce que nous avons toujours dit, à savoir<br />

que l’article 261bis du Code pénal en matière de négationnisme ne pose pas de<br />

problèmes particuliers d'application. Loin de vouloir transformer la justice suisse<br />

en tribunal de l’Histoire, ce verdict ne fait que réaffirmer la réalité du génocide<br />

commis à l'encontre des Arméniens en 1915 <strong>et</strong> la nécessité de condamner tout<br />

acte raciste visant à nier l’existence des crimes contre l’humanité.Periçek n’est<br />

pas seul « Ne nions pas la douleur arménienne, (Par AHMET INSEL (Ahm<strong>et</strong><br />

Insel enseigne à l'université Paris-I Panthéon-Sorbonne <strong>et</strong> à l'université<br />

Galatasaray. Ce texte est paru dans le quotidien turc «Radikal»), Libération,<br />

Rebonds, 5 fevrier 2001, p. 6. ), Personne n’a pas porté plainte contre lui à Paris<br />

qui dans le même cas que Dogu Periçek. « Le vote par le Parlement français,<br />

dans l'urgence <strong>et</strong> à l'unanimité, d'une loi reconnaissant le génocide arménien,<br />

s'explique probablement par l'approche des élections municipales. Le sentiment<br />

de culpabilité de la France au suj<strong>et</strong> de son passé colonialiste, les souvenirs<br />

refoulés de sa responsabilité en Algérie ou de son rôle ambigu dans d'autres<br />

massacres du passé ont dû jouer dans ce travail de mémoire. » Mais Ahm<strong>et</strong> Insel<br />

n’a jamais parlé du génocide des grecs <strong>et</strong> des <strong>Kurd</strong>es, lors d’une conférence<br />

organisé par les Verts à Paris à la municipalité, il parlait des « Bandes <strong>Kurd</strong>es »<br />

alors que lui même fait parties « des bandes neo-fascistes turcs » de l’Etat<br />

Major.. Or les « bandes » des protecteurs de villages qui ont été invités par<br />

Yasarbuyukkanit au siège de l’Etat Major.Ces 65.000 kurdes paramilitaires<br />

sous la direction de l’Etat Major formés,militarisés contre l’indépendance du<br />

<strong>Kurd</strong>istan actuel sont des « bandes <strong>Kurd</strong>es « d’Ahm<strong>et</strong> Insel, comme 53.000<br />

militaires des régiments Hamidié, qui font partie l’armée officielle de l’Empire<br />

Ottoman, qui ont été utilisés comme les musulmans albanais <strong>et</strong> de l’Afrique du<br />

Nord, des musulmans de Caucase, qui ont été utilisés par unionistes <strong>et</strong><br />

Kémalistes dans le génocide des arméniens jusqu’en 1923.Le chef de l’Etat<br />

Major turc a reçu au siège de l’Etat une délégation des protecteurs <strong>Kurd</strong>es<br />

sunnites le 14-08-2007, date à laquelle les organisation terroristes de l’Armée<br />

turque TIT <strong>et</strong> JITEM ont massacré la population de la ville de Shengal <strong>et</strong> ont<br />

tués 800 <strong>et</strong> blessés 820 personnes.<br />

73


« Si le génocide est défini comme une politique délibérée, systématique,<br />

organisée <strong>et</strong> universelle qui vise à l'élimination physique d'un groupe de<br />

population, on ne peut affirmer avec certitude que la décision de déportation des<br />

populations arméniennes, prise en 1915 <strong>et</strong> appliquée durant quelques années,<br />

était une politique de génocide. Mais, dans la mise en place de c<strong>et</strong>te politique de<br />

déportation, une branche du pouvoir, celle contrôlée par le Parti union <strong>et</strong><br />

progrès, a mis en branle la machinerie infernale par l'entremise de son<br />

Organisation spéciale. » Insel nie aussi que Mustafa Kémal était l’un des<br />

fondateurs de l’Organisation Spéciale qui a joué un rôle très grands dans les<br />

génocides des arméniens,des grecs <strong>et</strong> des <strong>Kurd</strong>es. « Certains responsables<br />

ottomans » y compris Mustafa Kémal « de l'époque ont jugé qu'il serait<br />

préférable «pour l'intérêt de l'Etat» de ne pas seulement déporter, mais<br />

d'éliminer physiquement une partie des Arméniens. Ils vivaient dans le vertige<br />

de la perte de l'empire. Ils ont aussi été aidés dans c<strong>et</strong>te tâche lugubre par<br />

certaines tribus kurdes. Mais la déportation n'a pas touché toutes les populations<br />

arméniennes vivant dans l'Empire ottoman. » « Jusqu'aux années 70, un silence<br />

pudique couvrait en Turquie c<strong>et</strong>te page douloureuse. Dans l'histoire officielle,<br />

on n'en parlait pas, mais, dans l'histoire officieuse, on utilisait couramment le<br />

terme de «massacres réciproques». Les historiens les plus proches des thèses<br />

officielles avançaient le chiffre de 300 000 morts du côté des Arméniens.<br />

D'autres, plus tard, ont reconnu 500 000, voire 800 000 victimes ou disparus<br />

arméniens après 1915, ce qui représente un peu moins de la moitié des<br />

Arméniens vivant dans l'est de l'Anatolie. Ce qui est considérable. En tout cas,<br />

nous reconnaissions qu'ils se comptaient par centaines de milliers »Face à la<br />

qualification d’Insel, sans connaître le rapport du Consul des USA à Harpoute,<br />

combien des dizaines de milliers arménien ont été sauvé par les <strong>Kurd</strong>es de<br />

Dersim, il avance l’idée selon laquelle, « dans c<strong>et</strong>te tâche lugubre par certaines<br />

tribus kurdes » mais pas des tributs turcs de caucasie karakalpak <strong>et</strong> les autres ,<br />

forces officielles de l’armée de l’Empire Ottoman. Alors que selon Henry<br />

Barby d« De nombreux <strong>Kurd</strong>es sont restés à Erzindjan, mais ces <strong>Kurd</strong>es sont<br />

des «Kizil-bach», dont les tribus sont disséminées dans la région comprises entre<br />

Mamakhatoun, Arabkir <strong>et</strong> Kharpout, avec la ville de Dersim (Khozat) pour<br />

agglomération principale. Ils ne ressemblent guère, comme mentalité, aux<br />

<strong>Kurd</strong>es des districts de Bitlis <strong>et</strong> de Mouch. Ils détestent profondément les Turcs<br />

<strong>et</strong>, pendant l’offensive russe, ils ont pris les armes <strong>et</strong> ont considérablement gêné<br />

l’armée turque, par d’incessantes guérillas, au cours desquelles ils lui coupèrent<br />

ses voies de communication, désorganisèrent ses services arrières <strong>et</strong> lui<br />

causèrent, en outre, des pertes sensibles. Les <strong>Kurd</strong>es Kizil-bach ont même sauvé<br />

de nombreuses familles arméniennes qui ont trouvé dans leurs villages un refuge<br />

inespéré.Je dois mentionner aussi qu’à Erzindjan, les Grecs, malgré leur p<strong>et</strong>it<br />

nombre <strong>et</strong> le danger encouru, ont caché chez eux quelques femmes <strong>et</strong> quelques<br />

74


enfants qui échappèrent ainsi aux bourreaux. »(43). Nous trouvons chez Mgr<br />

Girorias Balakian l’argument suivant :<br />

« c’étaient ceux de femmes...<br />

- Bey, comment se fait-il qu’il y ait tous ces ossements humains sur notre<br />

chemin Qui a massacré ces gens-là <strong>et</strong> comment ont-ils été dispersés dans ces<br />

champs<br />

Le capitaine répondit:<br />

Ce sont les ossements des Arméniens massacrés en août <strong>et</strong> septembre 1915 par<br />

les paysans turcs des environs dans la vallée encaissée en face de nous (il la<br />

montra de la main) sur ordre arrivé d’istanbul. Bien qu’on ait ramassé tous les<br />

cadavres <strong>et</strong> qu’on les ait enterrée dans de grandes fosses en octobre de l’année<br />

dernière sur instruction du ministre de l’intérieur, qui voulait qu’on fasse<br />

disparaître les traces des massacres, les pluies torrentielles de 1 ‘hiver ont<br />

emporté la terre recouvrant les charniers <strong>et</strong> mis au jour les ossements <strong>et</strong> une<br />

partie des corps en décomposition... C’est ce que tu as vu.»(44 )<br />

C<strong>et</strong>te attitude des Kizil-bach est confirmée par Mgi Grigoris<br />

BALAKIAN : «Après huit heures d’un voyage pénible (sur la route de<br />

Tchanghiri à Tchoroum), nous descendîmes au crépuscule dans un village de<br />

Qizilhachs. Ceux-ci, adeptes d’un islam hérétique empreint de vieilles pratiques<br />

chrétiennes, avaient toujours été hostiles aux Turcs <strong>et</strong> avaient souvent secouru<br />

secrètement les Arméniens en période de persécutions.En nous accueillant, ils<br />

manifestèrent beaucoup de compassion <strong>et</strong> refusèrent d’être payés pour le yaourt<br />

<strong>et</strong> les oeufs que nous leur ach<strong>et</strong>âmes. Dans tous les villages turcs où nous fîmes<br />

halte par la suite, l’on devait carrément nous piller sans égard pour notre<br />

situation d’êtres humains persécutés <strong>et</strong> déportés.Quelques-uns de nos<br />

compagnons d’infortune tchanghiriotes comptant parmi les Qizilbachs des amis<br />

de longue date, ceux-ci, en cach<strong>et</strong>te des gendarmes, ne manquèrent pas de<br />

déplorer amèrement notre sort <strong>et</strong> de leur consiller de s’évader...» (45)<br />

Comme les kémalistes, Hilmar Kaiser docteur en philosophie spécialisé<br />

dans l'Histoire Sociale <strong>et</strong> Economique ottomane, de même que dans le Génocide<br />

arménien interrogé par Khatchig Mouradian a nié la participation directe de<br />

l’Allemagne impérialiste au génocide des arméniens. « Je n'ai pas de preuve que<br />

43 , Henry Barby,ibid.pp.88-89<br />

44, Mgr. Grigoris BALAKIAN, «Le Golgotha Arménien», tome 1, pp. 19 1-193,<br />

45, Mgr Grigoris BALAKIAN, «Le Golgotha Arménien», tome I, p. 179<br />

75


le Gouvernement allemand ait soutenu le génocide arménien ou même ait<br />

participé à la tuerie. Les preuves montrent plutôt le contraire. Pour avoir une<br />

meilleure compréhension il nous faut accéder aux Archives militaires turques,<br />

qui contiennent aussi des dossiers allemands. C'est pourquoi je dis que pour le<br />

moment tout est préliminaire. Mais le débat réel au suj<strong>et</strong> des Allemands,<br />

particulièrement l'hypothèse que le gouvernement ottoman était trop stupide<br />

pour savoir comment comm<strong>et</strong>tre un génocide, <strong>et</strong> devait se tourner vers les<br />

Allemands pour qu'ils lui disent comment procéder, <strong>et</strong> les tentatives de<br />

comparaison du rôle des Allemands dans le génocide arménien avec le rôle des<br />

Allemands dans l'Holocauste, est une sorte de complexe d'infériorité. Le<br />

génocide arménien peut se tenir debout tout seul. Il n'a pas à rivaliser avec<br />

l'Holocauste pour être validé. Il y a des différences majeures <strong>et</strong> structurelles.<br />

Toute la question de l'implication allemande est une diversion. ; Quant à Elif<br />

Safak, elle est dans la même lige politique <strong>et</strong> militaire du Général Yasar<br />

Buyukkanit,elle dit comme lui « Pour le nationalisme turc, on peut être kurde,<br />

arménien, serbe…ça revient au même tant qu'on prononce les mots:" Qu'il est<br />

heureux celui qui s'appelle un Turc !" C'est là une caractéristique très<br />

intéressante de l'identité nationale turque. Quoi qu'on dise, quoi qu'on fasse, en<br />

d'autres termes, c'est toujours l'apparence extérieure qui est essentielle. »<br />

Ben Kiernan est professeur d’histoire <strong>et</strong> directeur du programme d’études<br />

du Génocide à l’Université de Yale le10 mai 2004 a déclaré que – En 1919,<br />

une Cour d’Istanbul a déclaré Enver Pacha, l’ex-ministre de la Guerre « Jeune<br />

Turc », coupable de « crime de massacre » pendant le Génocide arménien. Suite<br />

à ce jugement, <strong>et</strong> en l’absence de condamnation, Enver se rendit en Asie<br />

Centrale. Le 1er septembre 1920, Enver fit sensation au Congrès des Peuples de<br />

l’Est à Bakou, en Azerbaidjan soviétique. Enver exprima son regr<strong>et</strong> d’avoir<br />

combattu aux côtés des « Impérialistes d’Allemagne que je hais <strong>et</strong> que je<br />

maudis, exactement comme je hais <strong>et</strong> maudits ceux de Grande Br<strong>et</strong>agne ». Mais<br />

il prit soin de justifier son alliance lors de la Première Guerre Mondiale : « Nous<br />

nous sommes rangés aux côtés de l’Allemagne qui avait consenti à nous laisser<br />

vivre. Les Impérialistes allemands nous ont habitués à parvenir à leurs fins<br />

malhonnêtes ; mais notre but était seulement de préserver notre indépendance.<br />

Les sentiments qui nous guidaient…n’étaient pas des sentiments impériaux. » Il<br />

dit qu’il « reconnaissait » maintenant que l’Azerbaidjan devait appartenir à son<br />

propre peuple ». Mais Enver ne mentionna pas l’Arménie. Il déguisa son<br />

chauvinisme génocidaire en un désir de vivre <strong>et</strong> de laisser vivre, chérissant<br />

l’indépendance nationale ; <strong>et</strong> même en solidarité internationale, comme lorsqu’il<br />

fit l’éloge de son armée turque pour avoir aidé à renverser le tsar. »<br />

Grue, d’où viens-tu, je me languissais de ta voix,<br />

76


Grue, n’as-tu pas une nouvelle de mon pays<br />

Ne va pu si vite, tu rattraperas bien ta nuée,<br />

Grue, n’as-tu pas une nouvelle de mon pays<br />

J’ai abandonné mes biens <strong>et</strong> vergers pour venir ici...<br />

Je crois rendre l’âme à chacun de mes soupirs.<br />

Grue, arrête-toi un instant, je me languis de ta voix,<br />

Grue, n’as-tu pas une nouvelle de mon pays<br />

N’écoutant que notre envie nous avons émigre’,<br />

De ce monde faux nous avons goûté les amertumes,<br />

Nous avons regr<strong>et</strong>té le pain <strong>et</strong> le sel des hommes vrais,<br />

Grue, n’as-tu pas une nouvelle de mon pays<br />

Le coeur de l’exilé n’est que plaie, son foie qu’un ulcère,<br />

L’eau qu’il boit est amère, le pain indigeste,<br />

Grue, n’as-tu pas une nouvelle de mon pays<br />

Je veux bien me consumer, je meurs en exilé,<br />

Grue, n’as-tu pas une nouvelle de mon pays<br />

TROĐSĐEME PARTĐE<br />

I MUSTAFA KEMAL ET <strong>LE</strong> CUP <strong>et</strong> l’organisation SPECĐA<strong>LE</strong><br />

DANS <strong>LE</strong> GENOCĐ<strong>DE</strong> <strong><strong>DE</strong>S</strong> ARMENĐENS<br />

En juill<strong>et</strong> 1921 selon Kiazim Kara Bekir « L’Armée Turque possède actuellement<br />

(juill<strong>et</strong>) 1922, les cadres ottomans nécessaire pour 400.000 h il n’est pas<br />

certains que l’on puisse mobiliser 400.000 h mais certainement 350.000h.<br />

Actuellement l’armée régulière a un effectif de 200.000 h. On peut considérer<br />

qu’un soldat turc vaut 3 Grecs.<br />

Au cas où l’offensive en préparation ne donnerait pas de résultats<br />

décisions le gouvernement d’Angora est prêt à faire appel à 80.000 Russes »<br />

(46)<br />

Dans ce sens on peut poser la question en quoi sert le plan de Ludendorff<br />

quel est son but <br />

Premier objectif du plan allemande est de susciter le maximum de<br />

difficultés à l’Entente : entr<strong>et</strong>enir tous les foyers d’opposition aux alliés. Ayant<br />

perdu le Berlin-Bagdad-Bakou le rétablir plus à l’Est par la Russie <strong>et</strong> le<br />

Transcaspien, par ce moyen entr<strong>et</strong>enir tous les centres d’insurrection sur les<br />

marches de l’Inde.<br />

Selon un document de l’Archives de Vincennes « On signale que Djemal<br />

Pacha, ancien Commandant en Chef de l’Armée turque en Syrie, <strong>et</strong><br />

46 EMA, Midi, Mal Foch, S. Afrique, Paris, le 11-09-1922, in 7 N 32 16<br />

77


actuellement instructeur en chef de l’armée afghane, a quitté la Suisse, i l y a<br />

quelques jours, à destination de Moscou où il se rencontrerait Trotski <strong>et</strong><br />

quelques autres membres du Gouvernement des Sovi<strong>et</strong>s.<br />

De Moscou, il compte rentrer directement en Afghanistan. »(47)<br />

Ce programme est celui de l’avant-guerre, il a été n<strong>et</strong>tement définit par<br />

Liman von Sarders qui travaillé avec Djemal Pacha en Syrie. La présence en<br />

Anatolie de nombreux allemands possèdent des papier tchéco-slovaque ou<br />

hongroise le rétablissement de l’ex-Deutsch Levant LIyod sous le nom «<br />

Laster, Silbermann and C° » à Constantinople avec service avec les ports de la<br />

Baltique <strong>et</strong> les plages de Mer Noire, la Constitution à Berlin d’un Comité de<br />

secours à la Turquie « Deutsch Hilforwehre für die kampfund Türkei » qui<br />

doit probablement avoir un organe correspondant à Angora. De plus la<br />

propagande nembreuse d’apparence communiste par les journaux de langue<br />

pose la question entre les Unionistes, Enver pacha, Djemal, Pacha <strong>et</strong> Talaat<br />

Pacha.<br />

a) Enver Pacha <strong>et</strong> Mustafa Kémal<br />

D’abord, après le départ les relations politiques <strong>et</strong> militaires entre<br />

Mustafa Kémal <strong>et</strong> Enver Pacha, Talaat Pacha <strong>et</strong> Djemal Pacha ont poursuivi.<br />

C’est une collaboration militaire politique pour sauvegarder le pouvoir. Nous<br />

allons voir comment la politique machiavélienne de Mustafa Kemal qui a<br />

éliminé les opposants <strong>et</strong> a bénéficié de leur compétences par tous les moyens<br />

C’est dans les œuvres complètes de Mustafa Kémal <strong>et</strong> ainsi que dans les<br />

Archives Françaises que nous trouvons des preuves justifiants les faits allégués<br />

. Selon le un document secr<strong>et</strong> « Ism<strong>et</strong> Inonu, chef d’Etat –Major de<br />

Mustafa Kémal, a pris (passade) sur vapeur français »TADLA » <strong>et</strong> débarqué à<br />

Batoum le 1 er décembre , il se rendrait en Perse <strong>et</strong> de là sur Turkestan pour<br />

rejoindre Enver Pacha signé par le Général Defrance »(48)<br />

Puis les journaux d’Anatolie annoncent que « Halil Pacha oncle<br />

d’Enver Pacha , a été nommé ambassadeur nationaliste à Moscou, où il serait<br />

déjà installé , ajoutant que la Russie soviétique, à l’instar de la France <strong>et</strong> de<br />

l’Italie, a reconnu ainsi le régime nationaliste » (49).<br />

Mustafa Kémal dans sa l<strong>et</strong>tre avait confirmé que les trois caisses d’or<br />

envoyées par Halil Pacha. Sur la base de l’intérêt les relations entre Enver<br />

47 le 19-06-1922, in 7 N 3216<br />

48 Constantinople, le 17-décembre 1920, récu le 18-12-1920, Télégramme N° 1738-D, N° arrivée à paris le 20-<br />

12-1920 N-3894-f-131<br />

49-S.R. Marine, Turquie, N°2297-A-21, le 3-08-1920<br />

78


Pacha <strong>et</strong> Mustafa Kémal dès au début de sa vie politique jusqu’à la fin de sa vie<br />

ont continué<br />

. Dans sa l<strong>et</strong>tre en date du 4 octobre 1915, Kémal remercie au Vice<br />

Commandant Général Enver Pacha qu’il attend des « ordres afin de rendre de<br />

grands services aux personnalités d’Etat », c'est-à-dire à Enver Pacha.(50)<br />

Dans sa demande (51) Kémal Affirme que « j’ai accepté à vos ordres<br />

superieurs concernant ma nomination au poste du commandement du VII ème<br />

Armée <strong>et</strong> je les ai cru profondément que vos ordres sont des taches destinées<br />

de servir aux intérêts supérieurs de la patrie »<br />

L<strong>et</strong>tre en date du 30-09-1917 à ENVER « j’attendrai Cemal Pacha, je suis<br />

à la disposition de vos ordres (52) l<strong>et</strong>tre en date du 7 octobre 1917, « après avoir<br />

demandé votre avis (l<strong>et</strong>tre du 4-10-1917) j’ai démissionné de mon poste sur<br />

l’avis de Cemal Pacha » (53),<br />

Mustafa Kémal nie lors de l’entr<strong>et</strong>iens avec le Journaliste de l’Agence<br />

United States radio( 54), il déclare qu’il n’est pas vrai que nous ne travaillons<br />

pas avec Enver Pacha. Nous pensons que les politiques d’Enver ne sont pas<br />

utiles pour la Turquie. On dit qu’il était avec les bolcheviks russes, j’ai vu l’une<br />

des l<strong>et</strong>tres qu’il voulait constituer un gouvernement indépendant en<br />

Azerbajan, » Alors que selon un rapport (55)<br />

« Au Congrès qui sera tenu à Sivas le concours des délégués d’Enver<br />

pacha, des Azerbaidjan <strong>et</strong> d’Arabes viendront se rejoindre de l4afghanistan,<br />

Obeidullah Me Malek Han, Habib Han, de laz Perse KUTCHUK HAN, il y a<br />

aussi des délégués de Crimée.<br />

Enver dans son télégramme au Congrès déclare que : 1°ses forces<br />

augmentent de jour en jour 2°qu’Azerbaidjan déclarera la guerre à l’Arménie,<br />

3° qu’il ne faut absolument pas accepter les décision abusives de la Conférence<br />

de la Paix »<br />

Selon le document secr<strong>et</strong> «56 )<br />

« Enver avait proposé, alors qu’il se trouvait au causasse à Mustafa<br />

Kémal, de l’assister <strong>et</strong> de travailler ensemble. Sur la réponse négative, qu’il<br />

avait reçue, il se rendit par voie de Russie <strong>et</strong> grâce à l’appui de Trotsky en<br />

50- Mustafa Kemal, Œuvres Complèètes volume, .I.p.271<br />

51- Mustafa Kemal, Œuvres Complèètes volume, .II,p.110 le 03-07-1917<br />

52 - Mustafa Kemal, Œuvres Complèètes volume, .II,p.130<br />

53 -Mustafa Kemal, Œuvres Complètes volume, .II,pp.133-135<br />

54 - Mustafa Kemal, Œuvres Complètes volume, .IV,p.314 ; le 15-10-1919<br />

55 - EMA, 20 N 1115, 26-11-1919<br />

56-S.R.Marine*Turquie, N° 1419-F-6, Constantinople 12-12-1919 in 20 N 168<br />

79


Afghanistan. Une fois arrivé dans la capitale de c<strong>et</strong>te contrée, il fut chargé par<br />

l’Emir de l’Organisation <strong>et</strong> de l’Administration des Affaires militaires du Pays.<br />

L’Emir lui accorda le titre de Han », <strong>et</strong> lui offrit une couronne qu’Enver porta<br />

sur tête. En outre le Han Emir nomme à la suite d’Enver un grand nombre des<br />

spécialistes, partisans de Lénine. Grâce à partisans Enver reçoit des armes, des<br />

munitions <strong>et</strong> de grandes somme d’argent »<br />

La question qui se pose pour quelle raison le bolchevik a accordé l’aide à<br />

Enver à Kémal alors qu’Enver travaillait à confédérer tous les Turcs de l’Asie<br />

Centrale avec l’accord de Kémal qui a envoyé Ism<strong>et</strong> Inonu au Turkestan pour<br />

rencontrer Enver. Finalement, non seulement avec l’aide des bolcheviks, mais<br />

également avec l’aide militaire fourni par le Japon, Enver Pacha a formé quatre<br />

Corps Armées <strong>et</strong> de deux Divisions d’Infanteries <strong>et</strong> le Comité d’Enver de<br />

Constantinople a commencé à travailler pour s’attacher les officiers turcs qui<br />

n’ont pas reçu d’emploi du Gouvernement kémaliste.<br />

En juin 1922, « Ali Fuad Pacha qui a quitté Moscou à la suite de<br />

persistions des Sovi<strong>et</strong>s à, l’Ambassade turque, perquisitions qu’Angora n’a pas<br />

pu adm<strong>et</strong>tre <strong>et</strong> ainsi des menées d’Enver Pacha » (57 ) C’est en raison de<br />

l’espionnage en faveur des britanniques qu’Ali Fuad Pacha a été expulsé de<br />

Moscou. Selon le Général Pelle, « on peut estimer à 100.000.000 de roubles or<br />

l’avance faite actuellement par les Russes. »(ibidem).<br />

Le 4 aout 1922 Enver Pacha, suite au soulèvement anti bolchevique, a été<br />

tué par l’Armée Rouge. « C’est à c<strong>et</strong>te époque qu’Enver Pacha apparu en<br />

scène » écrit la Pravda « il avait l’intention de faire Boukhara oriental le centre<br />

de la propagande panislamiste espérant pouvoir étendre son influence sur<br />

FERGAN <strong>et</strong> en Chine occidentale, où le mouvement national menaçait le<br />

pouvoir chois, émissaires d’Enver –Pacha déployaient une grande activité.<br />

Enver Pacha avait résolu d’employer des bandes isolées afin d’en former<br />

ensuite une armée régulière, sous un seul commandant <strong>et</strong> voulait que le<br />

mouvement fut guidé par l’idée de l’islamisme » (58).<br />

Dans la Pravda, nous trouvons un autre article sur les circonstances de la<br />

mort d’Enver Pacha.<br />

« Ces derniers temps, contrairement aux renseignements donnés<br />

antérieurement, le bruit s’est répandu qu’Enver Pacha était en vie <strong>et</strong> se dirigeait<br />

vers l’Inde. Nous estimons devoir rétablir les faits expliquer dans quelles<br />

circonstances fut tué Enver Pacha. Ces circonstances ne perm<strong>et</strong>tent pas douter<br />

de sa mort.<br />

57 -EMA, -N°651, 24-06-1922 N°606,<br />

58 - La Pravda N°226 du 7 Octobre 1922,Moscou in EMA 7 N 3216<br />

80


Le 4 août, à 12 verstes de Baldjouane, des forces très de l’Armée rouge<br />

cernaient un p<strong>et</strong>it détachement de Basmatchs,où se trouvaient Enver Pacha en<br />

personne <strong>et</strong> son lieutenant Davi<strong>et</strong>min Bey, Chef basmatchs très important ;<br />

Après une résistance opiniâtre, le détachement fut anéanti. Parmi les morts on<br />

trouve un cadavre vêtu d’un uniforme anglais, chaussé de bottes <strong>et</strong> coiffé d’un<br />

turban turc. Le corps était percé de 5 balles de mitrailleuses. Dans ses poches du<br />

mort se trouvaient deux cach<strong>et</strong>s personnels appartenant à Enver Pacha, des<br />

l<strong>et</strong>tres de sa femme, une l<strong>et</strong>tre de son fils en résidence à Berlin, un paqu<strong>et</strong> de<br />

journaux anglo-hindous, des papiers divers dont certains étaient chiffrés.<br />

Les habitants de la région ont reconnu le cadavre pour être celui d’Enver<br />

Pacha <strong>et</strong> les prisonniers basmatchs ont confirmé leurs dires.D’autres personnes<br />

qui connaissaient Enver Pacha ont également reconnu son cadavre » (59)<br />

b)-Mustafa Kémal <strong>et</strong> Talaat Pacha <strong>et</strong> Cemal Pacha : le débat à<br />

l’Assemblée Nationale sur Enver Pacha<br />

Malgré le départ d’Enver, Talat, <strong>et</strong> Cemal avec l’aide des allemands, le<br />

relations entre Mustafa Kémal <strong>et</strong> Talaat Pacha ont continué jusqu’au moment<br />

l’argent collecté en Roumanie a été envoyé à Mustafa Kémal.<br />

En 1917, Kémal a écrit à Talaat qu’il « repris des activités au sein de)<br />

l’Armée » ( 60) repris des activités au sein de ) l’Armée ». Après deux ans du<br />

départ de Talaat nous trouvons une longue l<strong>et</strong>tre en trois pages comme un<br />

rapport détaillé à un cadre supérieur, Kémal a écrit que « Conformément aux<br />

principes adoptés par els congrès d’Erzeroum <strong>et</strong> de Sivas, pour sauver la<br />

Turquie limitée par les frontières des turcs <strong>et</strong> des <strong>Kurd</strong>es nous avons accepté<br />

comme l’objectif pour l’indépendance des nations <strong>et</strong> de l’Etat Ottoman « notre<br />

armée de ses commandants supérieurs jusqu’aux soldats sont membre de notre<br />

Organisation. ;; Nuri pacha est parti de Bakou pour Daghestan, il est le<br />

commandant de l’Armée islamique au Caucase du Nord. ; Nos membres ont<br />

établi des liens avec les Bolcheviks en Azerbaïdjan <strong>et</strong> au Daghestan <strong>et</strong> au<br />

Turkestan. Mirza Kucuk han a aussi a établi des liens avec les Bolcheviks Les<br />

bolchevik ont aidé beaucoup à Daghestan, au Turkestan <strong>et</strong> en Afghanistan »(61)<br />

ce que est important, c<strong>et</strong>te période, coïncide avec les activités de l’Armée verte<br />

qui ont point de vue que Talaat.Et une autre explications , c’est le concept de<br />

« la Turquie par les frontières des turcs <strong>et</strong> des <strong>Kurd</strong>es » qui n’était jamais mis en<br />

pratique politique dans les limites de la démocratie dont l’ dont l’idéologie<br />

kémaliste ne disposait pas.<br />

59 - La Pravda,N°229 du 11-10-1922,, in EMA, Midi, Maréchal Foch, in 7 N 3216)<br />

60 - Mustafa Kemal, Œuvres Complètes volume, .II,p.119, le 20-09-1917<br />

61 - Mustafa Kemal, Œuvres Complètes, Volume VI, pp. 407 <strong>et</strong> 408 29-02-1924<br />

81


Dans sa l<strong>et</strong>tre à Cemal Pacha Ministre de la Guerre, l’attitude de Mustafa<br />

Kémal est comme un enfant qui écrit une l<strong>et</strong>tre à son père. C<strong>et</strong>te tendance de la<br />

personnalité de Mustafa Kémal, est mise en évidence au moment qu’il rencontre<br />

avec le Sultan, mais il a un complexe d’infériorité, que nous trouvons une<br />

explication scientifique faite par le Dr Zia Nour, Ministre de la Santé <strong>et</strong> le<br />

député de Sinop. En raison des explications psychiatriques des personnalités,<br />

comme , Kémal ,Ism<strong>et</strong>, Enver, Talat, Fevzi, les livres du Dr Zia Nour sont<br />

interdits, Dans sa l<strong>et</strong>tre «dès que votre amour parental <strong>et</strong> votre parenté reste<br />

invariable je ne manquerai pas, j’aurais toujours besoin de vos<br />

éclaircissements »(62 ) « je vous embrasse de vos mains, je vous prie d’accepter<br />

mes respects »(63)<br />

Dans son télégramme au Ministre de la Guerre Cemal Pacha « Vous avez<br />

participé aux négociations de Cilicie, où se trouve le centre de c<strong>et</strong>te<br />

délégation Qui sont les membres, comment pouvons nous établir des relations<br />

avec eux » (64» nous trouvons une autre explication au suj<strong>et</strong> du transport des<br />

« 800 arméniens de Kayseri à Cilicie, (Ibid, p.76 par le télégramme chiffré<br />

envoyé de Sivas du 3-11-1919, » notre premier but est de ne pas m<strong>et</strong>tre le<br />

gouvernement dans les difficultés »(65 .)<br />

Quant au commandant de la IV .ème Armée Cemal Pacha qui se<br />

trouvait à Taskent, il écrit « « mon frère J’ai bien reçu votre l<strong>et</strong>tre à<br />

l’intermédiaire d’ Halil Pacha en date du 11 juin 1920 que vous m’avez<br />

envoyée de Moscou <strong>et</strong> nous avons eu l’information de l’arrivée d’Enver Pacha<br />

à Moscou… J’accord une valeur assez importante à vos activités politiques <strong>et</strong><br />

prend en sérieux vos activités ainsi que de celles d’Enver pacha au Turkestan<br />

en Afghanistan <strong>et</strong> en Inde contre nos ennemis anglais <strong>et</strong> de l’ embranler la<br />

puissance anglaise , je prie de dieu que vos efforts soient couronnés Le but de<br />

c<strong>et</strong>te politique consiste à frapper les anglais en Inde, pour c<strong>et</strong>te raison la<br />

constitution des forces militaires suffisantes au Turkestan <strong>et</strong> en Afghanistan <strong>et</strong><br />

la réorganisation de notre organisation nationale est très importante je suis prêt<br />

à vous aider avec tout de mon cœur Je prie de dieu que sa grâce porte des<br />

succès ainsi qu’ à c<strong>et</strong>te lutte sacrée pour la patrie » (66)<br />

Alors que Mustafa Kamal dans sa l<strong>et</strong>tre à Enver pacha (4-10-1920)<br />

affirmait qu’il n’a pas d’effectifs des formateurs militaires suffisants.<br />

il<br />

62 - Mustafa Kemal, Œuvres Complètes Volume II, ,pp..19-20, le 15-12-1915<br />

63 Mustafa Kemal, Œuvres Complètes Volume II, ,p..22-, le 15-12-1915<br />

64 - Mustafa Kemal, Œuvres Complètes Volume II, ,p..383-, le 16-06-1919<br />

65 - Mustafa Kemal, Œuvres Complètes Volume , V,.p.60, l<strong>et</strong>tre (1-11-1919)<br />

66 -Mustafa Kemal, L<strong>et</strong>tre à Cemal Pacha, Volume X,p.21, 01-10-1920 envoyé à Taskent p.22<br />

82


La logique utilitariste <strong>et</strong> machiavélienne de Kémal apparaît dans ses<br />

l<strong>et</strong>tres à Kiazim Karabekir, commandant du Front Oriental M Kémal déclare<br />

que « Talat, Cemal, Enver, n’ont pas de l’autorisation de mener des activités à<br />

l’extérieur au nom de la Grande Assemblée Nationale de Turquie,c’est la<br />

raison pour laquelle , il faut une décision du Gouvernement, au suj<strong>et</strong> Halil <strong>et</strong><br />

Nuri Pacha , il vous a été demandé la rédaction d’un rapport concernant leurs<br />

activités <strong>et</strong> de bien vouloir envoyé au gouvernement » il a é écrit le même<br />

Jour à Kazim Kara Bekir « pour les négociations entre la république Soviétique<br />

russe <strong>et</strong> la Grande Assemblée Nationale de Turquie ,il a été décidé d’octroyer<br />

des pouvoirs extraordinaires à Bekir Sami bey, Ministre turc des Affaires<br />

Etrangères à Yusuf Kémal bey, Ministre de l’Economie <strong>et</strong> à Kazim Karabekir<br />

commandant du Front Oriental » (67)<br />

Dans une autre l<strong>et</strong>tre Mustafa Kémal précise que « Chef de Bataillon<br />

Naim Cevat Bey a été envoyé par Enver pour mener des activités politiques de<br />

l’Organisation , est arrêté , ,il faut prendre des précautions »(68). Mais pour<br />

quelle raison Mustafa Kémal a peur comme il avait de Cerkez Ethem <strong>et</strong> les<br />

autres qui ont été condamnés à mort Pourquoi, il est à la fois monarchiste, puis<br />

une autre fois contre la monarchie, pour quelle raison il est pro-bolchévique <strong>et</strong><br />

anti Bolchévique , pourquoi il est pro-kurde,puis ant-kurde, comment pouvons<br />

nous expliquer c<strong>et</strong>te hypocrisie dans la politique <br />

Dans sa l<strong>et</strong>tre Kémal déclare que « Enver Pacha a dit 14 mai 1921 à<br />

Fuad Pacha qu’il voyager en dehors de Russie, il m’a informé que son but <strong>et</strong><br />

sa destination est inconnue, je vous rappelle que c<strong>et</strong>te personne pourra entre en<br />

Anatolie clandestinement avec fausse d’identité <strong>et</strong> costume déguisé » (69). Il<br />

envoie un télégramme urgent à Naci bey Gouverneur de Trabzon « j’ai reçu<br />

une information selon laquelle Enver Pacha en changeant son nom <strong>et</strong> déguisé<br />

entrera en Anatolie, il faut prendre des précautions indispensable au bord des<br />

rives de la Mer Noire »( 70) Puis il corrige sa l<strong>et</strong>tre destinée à Kazim Karabekir<br />

« Il est douteux qu’Enver Pacha entre en Anatolie, l’intéressé se trouvent à<br />

Berlin, c<strong>et</strong>te information m’a été communiquée par Ali Fuad Pacha, notre<br />

ambassadeur à Moscou »( 71) à Kazim Karabekir Pacha) L<strong>et</strong>tre à Ali Fouad<br />

Pache “ Cemal jusqu’à maintenant était correct avec nous , il faut dire qu’il m<strong>et</strong><br />

fin de ses relations avec Enver, vous pouvez le dire de ma part, Fahr<strong>et</strong>tin Pacha<br />

est désigné au poste de l’ambassadeur en Afghanistan, je voudrais lui expliquer<br />

la situation de Cemal Pacha afin de garantir son pouvoir en Afghanistan”(72 )<br />

67 - Mustafa Kemal, Œuvres Complètes l<strong>et</strong>tre à K Karabekir Volume, VIII, pp 346-347<br />

68 - Mustafa Kemal, Œuvres Complètes, Vol. XI,p.177 l<strong>et</strong>tre à Kazim karabekir 17-05-1921<br />

69 - Mustafa Kemal, Œuvres Complètes , Vol.XI, p.185 14 Mai 1921<br />

70 - Mustafa Kemal, Œuvres Complètes , Vol.XI, p.187<br />

71- Mustafa Kemal, Œuvres Complètes , Vol.ume, XI, p.206<br />

72- Mustafa Kemal, Œuvres Complètes, Vol.ume XII,p. 83-en date du 8-11-1921<br />

83


Il est très significatif la politique machiaveliste de Mustafa Kémal à<br />

l’encontre d’Enver pacha puis à l’envers de l’opposition y compris le<br />

commandant Kazim Karabekir accusé par le Procureur général de la Cour<br />

d’Indépendance d’Ankara d’avoir organisé un complot contre Mustafa Kémal ,<br />

il a été, arrêté <strong>et</strong> jugé par la Cour avec les co-accusés,Ali Fuat Pacha, Ref<strong>et</strong><br />

Pacha,Cafer Tayyar Pasa,Ismail Canbulat, ancien ministre de l’Intérieur, Sabit<br />

bey , Hal<strong>et</strong> Bey, halis Turgut bey feridun Fikri bey, Ihsan Bey(Ergani) Muhtar<br />

bey( Trabzon) Sukru bey (Izmit) Munir Husrev Bey( Erzurum) Abidin Bey<br />

(Saruhan), Rustu Pacha( Erzurum) .. En dehors de ces députés, arrétés jugés par<br />

la Cour, les six autres députés ont été condamnés à mort <strong>et</strong> exécutés le 13<br />

juill<strong>et</strong> 1926.<br />

Les députés qui ont été condamnés à mort par la Cour sont les suivants.<br />

Arif Bey( député d’Eskisehir) Sukru bey(députés d’Izmit) Halis Turgut<br />

Bey(députés de Sivas) Ismail Canbolat Bey( député d’ Istanbul) Abidin Bey<br />

( député de Saruhan), Rustu Pacha( député d’Erzurum).(73)<br />

.. Pour préciser la situation il convient de citer le debatl ors de la séance à<br />

l’Assemblée au suj<strong>et</strong> de la proposition de la loi relative l’octroi du pouvoir <strong>et</strong><br />

de la compétence au président de l’Assemblée lors de la discussion le<br />

dialogue entre le député de Dersime Hasan Hayri Bey <strong>et</strong> Mustafa Kemal.<br />

Hasan Hayri bey- je voudrais concrétiser mon point de vue en donnant<br />

un exemple, comment vous avez connu Enver Pacha depuis de la guerre<br />

balkanique jusqu’à la Guerre générale Je sais qu’Enver Pacha a fait beaucoup<br />

de sacrifices, c’est nous que nous l’avons attribué, accordés des pouvoirs à<br />

Envers Pacha <strong>et</strong> mais lui a renversé tout le pays, pouvez vous dire, c’est Enver<br />

ce n’est pas nous que nous avions commis des erreurs ; C’est nous qui nous<br />

avions crée Enver Pacha en lui donnant autant des pouvoirs <strong>et</strong> maintenant, c’est<br />

vous , si nous voulons vous attribués ces pouvoirs alors le résultats sera<br />

comme la fin celui d’Enver, mais que pouvons nous faire à ce Monsieur(<br />

Mustafa Kémal) allons y accordons les »<br />

Gazi Mustafa Kémal- tu n’as pas du pouvoir de m<strong>et</strong>tre dans la<br />

situation le cas du Président (Mustafa Kemal) au même cas d’Enver ;<br />

Hasan Hayri Bey Car, je veux dire Enver pacha n’a pas pu diriger la<br />

nation.<br />

G.M. Kemal- je vous demande ne me comparez pas avec lui<br />

Hasan Hayri Bey, -C’est faux Monsieur le Pacha<br />

G.M.Kemal( Ankara), Ce n’est pas faux, ce n’est pas faux je comprends<br />

très bien.<br />

73 -Archives de la Grande Assemblée Nationale de Turquie ( TBMM,Zabit Ceridesi, Ikinci Donem Dorduncu<br />

Toplanti yili, 3 -11-1926 gunlu oturum,Cilt27 sayfa 18-19 Cf. Ism<strong>et</strong> Inonu, Hatiralar,Volumme,II,p.320<br />

84


Hasan Hayri bey- non, non Pacha.. Le reste est censuré. (74)<br />

Le député kurde du département de Dersime, en raison de son engagement<br />

en faveur du peuple kurde, est accusé par Mustafa Kemal <strong>et</strong> il a été condamné à<br />

mort par pendaison.<br />

En conclusion nous pouvons citer Moustapha Kémal lors de ses entriens<br />

avec l’Ambassadeur des USA afin de présenter de quelle race appartient<br />

Mustafa Kemal . C’est une question que les chercheurs n’ont pas examiné<br />

scientifiquement.<br />

D’abord, le Général Charles Cherrill, « Ces historiens devaient montrer<br />

les traces profondes laissées par c<strong>et</strong>te marche de la race, traces rendues<br />

évidentes par le fait que de nos jours celui qui parle turc est en mesure de se<br />

faire comprendre tout le long des chemins qui mènent de la Méditerranée aux<br />

hautes montagnes d’Altaï, <strong>et</strong> même à la frontière mongole. C<strong>et</strong>te nouvelle<br />

histoire a été écrite <strong>et</strong> la jeune Turquie peut maintenant réfuter le jugement de<br />

l’Occident sur c<strong>et</strong>te noble race venant d’Orient. Bien mieux encore, un congrès<br />

d’historiens eut lieu à Ankara en juill<strong>et</strong> 1932; il obtint un grand succès; ce<br />

congrès établit un centre <strong>et</strong> une règle de recherches historiques qui ont pour<br />

toujours purifié l’atmosphère d’erreur de l’histoire turque, de même Que la<br />

Révolution française avait balayé les tendances conservatrices de la France du<br />

dix- huitième siècle.<br />

De toutes les révolutions du Ghazi, aucune n’a eu autant d’importance<br />

pour le futur esprit de corps de la Turquie que celle-ci, la neuvième, qui a été<br />

dirigée contre le jugement erroné de l’histoire sur sa race.<br />

Jamais, sur aucun suj<strong>et</strong>, le Ghazi n’est aussi à son aise que lorsqu’il<br />

explique les cartes <strong>et</strong>hnologiques <strong>et</strong> les documents illustrant la marche vers l’est<br />

des Turcs partant de leur lieu d’origine centre asiatique. Je n’ai jamais vu un<br />

homme aussi emporté par son suj<strong>et</strong> que l’après-midi où, dans sa bibliothèque, U<br />

me conduisait d’une carte à l’autre, ou me montrait, dans sa nombreuse<br />

collection de livres, la suite des faits <strong>et</strong> arguments confirmant sa confiance<br />

enthousiaste en la race turque. C<strong>et</strong> après-midi reste gravé dans ma mémoire non<br />

seulement à cause du charme qu’un esprit tel que le sien exerce sur un homme<br />

désireux de s’instruire, mais aussi à cause de la superbe érudition patriotique de<br />

c<strong>et</strong> homme.<br />

Perm<strong>et</strong>tez-moi de citer le souvenir que j e conserve de c<strong>et</strong>te conversation<br />

«Notre race turque est ancienne <strong>et</strong> honorable. Originairement destinée à vivre<br />

sur les hauts plateaux de l’Altaï en Asie centrale, elle acquit de bonne heure les<br />

74 - Mustafa Kemal, Œuvres Complètes, Vol.ume, XII, p.108<br />

85


qualités de l’aigle vision lointaine, vol rapide, corps robuste. Essentiellement<br />

hostile à tout obstacle physique ou intellectuel, elle s’insurgea contre<br />

l’isolement de son pays natal en un lieu si élevé. Ces Turcs de la première heure<br />

s’aventurèrent hors de chez eux <strong>et</strong> progressèrent à la fois vers l’est <strong>et</strong> vers<br />

l’ouest. Parmi ces premiers raids de nos ancêtres aventureux, ceux qui nous<br />

intéressent le moins, nous Turcs d’aujourd’hui, sont les migrations connue celle<br />

qui par delà la grande Muraille de Chine pénétra au coeur même de c<strong>et</strong>te<br />

civilisation jusque- là inviolée, ou celle qui s’étendit vers le nord- ouest<br />

jusqu’aux territoires scandinaves, ou celle qui, sous le commandement d’un<br />

grand Turc, appelé dans l’histoire Attila le Hun, parcourut l’Europe centrale,<br />

ou d’autres exploits similaires de nos ancêtres. Nous intéressons naturellement<br />

surtout au groupe qui, se dirigeant de l’est vers le Proche-Orient, créa les<br />

diverses <strong>et</strong> antiques civilisations, appelées aujourd’hui sumérienne, hittite, <strong>et</strong><br />

d’autres encore de l’Asie Mineure préhistorique. La civilisation occidentale<br />

éleva contre les vagues successives de c<strong>et</strong> océan humain déferlant d’Asie un<br />

vaste rempart l’empire byzantin. La guerre s’engagea entre celui-ci <strong>et</strong> nos<br />

ancêtres turcs. Juste au moment où la victoire semblait nous appartenir, une<br />

autre vague — les Croisades venant de l’ouest c<strong>et</strong>te fois, déferla sur l’Asie<br />

Mineure <strong>et</strong> r<strong>et</strong>arda de deux siècles (jusqu’en 1453) notre victoire finale,<br />

concrétisée par l’enlèvement de c<strong>et</strong>te importante prise de guerre, symbole d’un<br />

vaste empire Constantinople.<br />

«Nous autres, Turcs, avons toujours formé le tranchant du cim<strong>et</strong>erre de<br />

l’Orient; mais de nombreux éléments levantins se joignirent à nous, vainqueurs,<br />

<strong>et</strong> Lentement se forma c<strong>et</strong> amalgame de peuples appelé Empire ottoman. C<strong>et</strong><br />

empire utilisa ses éléments turcs pour les lancer en deux grandes vagues en<br />

direction du nord-ouest sur l’Europe. Sous Soliman le Magnifique, nous<br />

atteignîmes les portes de Vienne après nous être emparés de tous les territoires<br />

intermédiaires, tout ce qu’on appelle les Balkans <strong>et</strong> au delà. Puis au Temps de<br />

Mehmed [V vint notre deuxième grande marée qui remporta les mêmes succès<br />

guerriers <strong>et</strong> territoriaux. L’Empire ottoman, grâce à nous, Turcs combattants,<br />

devint un grand Etat; notre croyance religieuse, l’islam, fut la base d’une<br />

grande Eglise. C<strong>et</strong> Etat <strong>et</strong> c<strong>et</strong>te Eglise, réunis, formèrent une puissante<br />

institution à Constantinople. Mais les guerriers turcs durent s’incliner devant<br />

les intrigues de cour <strong>et</strong> la hiérarchie ecclésiastique entourant <strong>et</strong> contrôlant un<br />

gouvernement dont l’autorité s’étendait sur de nombreux éléments établis au<br />

loin, hors de nos frontières, en Europe, Asie Mineure <strong>et</strong> Afrique du Nord. C’est<br />

ce qui m<strong>et</strong> la dernière touche à notre premier grand tableau, il a été exécuté par<br />

les Turcs, mais à ce moment ces soldats, battus dans les intrigues de cour, furent<br />

relégués à l’arrière- plan.<br />

« L’histoire suit son cours. L’Empire ottoman, grâce à son habil<strong>et</strong>é dans les<br />

intrigues de palais plus qu’à la valeur des armes turques, se défend contre la<br />

86


civilisation occidentale en dressant l’une contre l’autre les puissances qui lui<br />

étaient hostiles. Souvent c<strong>et</strong>te politique des Etats étrangers était causée par le<br />

désir d’assurer Constantinople <strong>et</strong> les détroits à l’un ou à l’autre des pavillons<br />

occidentaux. On nous appelait 1’ homme malade d’Europe »; de nombreux<br />

prétendants à sa succession surgirent. Finalement éclata entre eux une Grande<br />

Guerre dans laquelle nous fûmes entraînés par suite des ambitions des<br />

puissances centrales sur le Proche-Orient, qui, par delà notre territoire<br />

recherchaient des avantages commerciaux en Asie centrale.»(75)<br />

Grâce à l'aide des Alliés, Moustafa Kemal a trouvé prêts tous les éléments<br />

constitutifs d'une armée ; lui <strong>et</strong> ses amis n'ont eu que la peine de coordonner ces<br />

éléments <strong>et</strong> de les compléter.<br />

Jamais, en eff<strong>et</strong>, le désarmement stipulé par l'armistice n'a été opéré<br />

sérieusement. Les unités des huit corps d'armée qui se trouvaient en Anatolie<br />

sont restés constituées avec leurs cadres <strong>et</strong> leurs états-majors. Il en a été de<br />

même des débris des corps d'armée de Syrie <strong>et</strong> de Mésopotamie qui ont reflué en<br />

Anatolie. Les dépôts d'armes <strong>et</strong> de munitions plus ou moins inventoriés,<br />

sommairement <strong>et</strong> partiellement, sont restés tels quels, à la gar-de d'Allah, surtout<br />

dans l'intérieur. Quant à ceux qui étaient à proximité de Constantinople, on en a<br />

confié la surveillance à des troupes ridiculement insuffisantes, tel ce dépôt<br />

d'armes de Gallipoli que gardaient un sergent <strong>et</strong> douze hommes. Une belle nuit,<br />

une bande de 250 hommes assaillit le dépôt <strong>et</strong> enleva des milliers de fusils sans<br />

rencontrer de résistance. Cela se passait en mai 1919. L'immense stock de<br />

matériel de guerre que les Allemands avaient accumulé à Angora <strong>et</strong> à Sivas, où<br />

étaient les magasins généraux de l'armée turque pendant la guerre, est de-meuré<br />

à la disposition du premier venu. Les nationalistes n'ont eu qu'à se baisser pour<br />

ramasser fusils, mitrailleuses, canons, camions-automobiles, avions, <strong>et</strong>c... On<br />

avait bien cru parer à toute fuite du matériel de guerre en constituant comme<br />

gardiennes les autorités ottomanes ; mais celles-ci ont été généralement de<br />

complicité absolue avec les nationalistes. Une contrebande intense s'effectuait au<br />

su <strong>et</strong> au vu du gouvernement. Et d'ailleurs, parmi les Alliés, certains ai-daient les<br />

nationalistes matériellement <strong>et</strong> moralement. Adalia occupé par les Italiens est<br />

devenu le port de ravitaillement d'Angora. Fusils, mitrailleuses, grenades,<br />

lancemines, équipements, <strong>et</strong>c., passent par là sans discontinuer. C'est c<strong>et</strong>te<br />

double complicité, occulte d'abord, ouverte ensuite, qui a fait peur à Damad<br />

Ferid <strong>et</strong> qui l'a empêché de prendre contre Moustafa Kemal, alors qu'il n'était<br />

encore rien, les mesures de rigueur que recom-mandait Ali Kemal bey, ministre<br />

de l'Intérieur. Malgré tout, si n avait agi avec décision <strong>et</strong> énergie, on aurait pu<br />

s'assurer de personne du rebelle <strong>et</strong> étouffer le mouvement dans l'oeu£ On<br />

75 Sherrill, Charles Hitchcock (Gal)<br />

Mustafa Kemal, l'homme, l'oeuvre, le pays. Traduit de l'anglais par Pierre Carol<strong>et</strong>...pp.170-176<br />

87


contenta de le faire anathématiser par le Chéik-ul-Islam, ce lui ne produisait<br />

pas plus d'eff<strong>et</strong> qu'un cautère sur une jambe. Mécontent de l'attitude du cabin<strong>et</strong><br />

qu'il accusait de faibles Ali Kemal bey donna sa démission.<br />

C-Pacte National<br />

Le 23 juill<strong>et</strong> 1919 Moustafa Kemal est assez fort pour réunir <strong>et</strong> présider<br />

un Congrès à Erzeroum <strong>et</strong> proclamer à la face d'une autre impuissante <strong>et</strong> d'une<br />

Entente désunie les revendications constituent le Pacte national. Voici<br />

comment les Jeunes-turcs réglaient la question de la paix tant au point de vue<br />

intérieur qu'au point de vue extérieur; ils votèrent par acclamations s<br />

résolutions suivantes :<br />

«1° Les vilay<strong>et</strong>s orientaux, avec le vilay<strong>et</strong> de Trébizonde <strong>et</strong> le district de<br />

Djanik, forment partie intégrante de l'Empire ottoman. Ces vilay<strong>et</strong>s <strong>et</strong> :<br />

Erzeroum, Sivas, Diarbékir, Kharpout, Bitlis. Ils ne peuvent être tachés les uns<br />

des autres. Tous les musulmans habitant ces vilay<strong>et</strong>s se respectent<br />

mutuellement <strong>et</strong> sont de vrais frères ;<br />

2° Nous considérons que toute tentative d'occupation <strong>et</strong> d'interven-tion des<br />

puissances étrangères sera faite en faveur des Grecs <strong>et</strong> des Arméniens ; aussi,<br />

avons-nous résolu, à l'unanimité, de résister à pareilles tentatives. Nous<br />

reconnaissons les droits accordés à ces éléments par les lois ot-tomanes, mais<br />

nous ne perm<strong>et</strong>trons jamais que les Grecs <strong>et</strong> les Arméniens agissent à<br />

l'encontre des droits de souverain<strong>et</strong>é ottomane <strong>et</strong> contre les droits des<br />

musulmans. Nous nous défendrons contre toute agression diri-gée contre notre<br />

nation <strong>et</strong> notre patrie. Nous n'hésiterons jamais à défendre de toute notre force<br />

nos droits <strong>et</strong> nos possessions sacrés, contre toutes les démarches des<br />

Puissances ententistes qui se produiraient en faveur des chrétiens ;<br />

3 ° Notre principe fondamental est la défense de l'Empire ottoman, du khalifat<br />

des musulmans. Nous agirons avec les autres provinces de l'Empiire ; au cas<br />

où c<strong>et</strong>te coopération serait impossible, les vilay<strong>et</strong>s orientaux se défendront<br />

seuls ;<br />

4 ° Si le Gouvernement ottoman était obligé de céder ces provinces en signant<br />

un document quelconque, nous proclamerons immédiatement un lendemain<br />

de l'armistice <strong>et</strong> jusqu'au 12 décembre 1919, à laquelle le général Dufieux<br />

arrivait à Adana pour y prend commandement militaire <strong>et</strong> administratif, la<br />

Cilicie fut sous l'autorité supérieure du maréchal Allenby. Mais entente entre<br />

les cabin<strong>et</strong>s de Londres <strong>et</strong> de Paris, l'admission de la région avait été confiée<br />

au colonel Brémond. C<strong>et</strong>te élaboration interalliée fut des plus cordiales <strong>et</strong><br />

donna leurs résultats. «La Cilicie, écrit le colonel Brémond, fut la terise de<br />

l'Entente anglo-française... On n'y a pas vu les difficultés a pu relever<br />

88


ailleurs. Le mérite en revient aux exécutants. Ce n'est e des délégations<br />

diverses des différentes nationalités locales n'aient à Adana, comme ailleurs,<br />

de semer la division entre nous. Mais les répétés <strong>et</strong> invariables de ces<br />

démarches finirent par les décourager. bien à l'Etat-major anglais qu'à celui<br />

des Services administratifs, leur était faite de les accompagner chez l'autorité<br />

voisine. C<strong>et</strong>te proposition suffisait à les m<strong>et</strong>tre en déroute <strong>et</strong> à faire échouer<br />

leur oeuvre.» Pour une période de calme <strong>et</strong> de prospérité. Les populations<br />

jouissaient d'une sécurité complète. Il y avait bien eu, en <strong>et</strong> en octobre,<br />

quelques tentatives de brigandage. Des bavaient fait leur apparition en<br />

différents endroits, <strong>et</strong> le sang n’en avait encore coulé: 44 chrétiens avaient été<br />

massacrés -Mourad. Mais, grâce à l'énergie du colonel Wellis <strong>et</strong> du français<br />

André, l'Amanus fut vite n<strong>et</strong>toyé des pillards es assassins. Le succès de c<strong>et</strong>te<br />

opération produisit chez les almans <strong>et</strong> les chrétiens la meilleure impression.<br />

Les gens êtes <strong>et</strong> paisibles se sentaient enfin protégés par une force àisante.<br />

Hélas! cela ne devait pas durer longtemps.<br />

En quittant le Haut-Commissariat de Syrie, M. Georges <strong>et</strong>, ministre<br />

plénipotentiaire, étaient allés voir Moustafa Kemal. Ce voyage avait-il été<br />

autorisé par le Quai d'Orsay En t cas, il fut désapprouvé par M. Defrance,<br />

haut-commissaire C ' onstantinople, car il ne pouvait que nous comprom<strong>et</strong>tre<br />

aux yeux du sultan ; il ne pouvait aussi que déplaire aux Anglais qui avaient<br />

déclaré ne reconnaître que le gouvernement impérial. De plus, faire des<br />

avances au général rebelle, solliciter son ami-tié, c'était lui montrer qu'il était<br />

devenu une puissance <strong>et</strong> c'était l'encourager dans la révolte. L'encouragement<br />

était d'autant plus précieux qu'il venait des vainqueurs de la Marne <strong>et</strong> de<br />

Verdun. On ne l'avait pas trompé en lui disant que les Français n e<br />

demandaient qu'à se voir forcer la main pour lui abandonner la Cilicie. Il<br />

saisit admirablement la signification des avances que nous lui prodiguions, <strong>et</strong><br />

il résolut de frapper de grands coups. Dès le 30 octobre, Moustafa Kemal<br />

répondant à une dépêche du colonel Brémond, câble de Sivas pour demander<br />

que la France n'occupe pas Ourfa, Aïntab <strong>et</strong> Marache. Ce sera le meilleur<br />

moy-en, dit-il, de «renouveler l'amitié que nous portons à la France depuis des<br />

siècles». Or, ces trois villes étaient déjà occupées par nos troupes, <strong>et</strong> Moustafa<br />

Kemal ne l'ignorait pas. Mais il est clair qu'il nous cherche une querelle<br />

d'Allemand.<br />

II. MUSTAFA KEMAL ET <strong>LE</strong> GENOCĐ<strong>DE</strong> <strong><strong>DE</strong>S</strong> ARMENĐENS<br />

89


Le père de la Turquie moderne en 1936, entouré de Mustafa Abdülhalik Renda<br />

alors président de la Grande Assemblée Nationale <strong>et</strong> de Sukru Kaya son ministre<br />

de l'Intérieur. En 1915, Mustafa Abdülhalik <strong>et</strong>ait préf<strong>et</strong> de Bitlis <strong>et</strong> directement<br />

responsable des massacres des Arméniens de Bitlis <strong>et</strong> de Mouch. Sukru Kaya<br />

était le directeur général de la déportation.<br />

C'est l'étude des filiations entre unionistes, responsables du génocide des<br />

Arméniens, <strong>et</strong> kémalistes, promoteurs de la Turquie républicaine que nous avons<br />

tenté d'approfondir ici. La méthode s'inspire des techniques micro historiques,<br />

en développant une prosopographie de la génération des responsables turcs nés<br />

dans les années 1870-1880 <strong>et</strong> morts après la fondation de la République en 1923.<br />

Les dates de décès sont très diverses de 1924 à 1986. La question posée pour<br />

chaque individu est: quelles responsabilités a-t-il assumées pendant le génocide<br />

des Arméniens en 1915 puis au sein de la République de Turquie Nous avons<br />

aussi r<strong>et</strong>ourné la problématique en considérant les plus hauts dirigeants turcs de<br />

1920 à 1960 <strong>et</strong> en recherchant leurs liens avec le Comité Union <strong>et</strong> Progrès: les<br />

dirigeants turcs de 1920 à 1960<br />

Nous avons choisi une forme résolument nouvelle de publication en présentant<br />

les fiches biographiques sous forme de pages web dans lesquelles on peut<br />

naviguer. L'incorporation de photographies <strong>et</strong> les nombreux hyperliens<br />

perm<strong>et</strong>tent de rendre plus vivant l'exposé <strong>et</strong> de reconstruire le réseau des liens<br />

entre les personnes.<br />

fiches biographiques individuelles<br />

90


des unionistes recyclés<br />

Mustafa Abdülhalık [Renda]<br />

Mahmut Celal [Bayar]<br />

Halide Edip [Adivar]<br />

Ali F<strong>et</strong>hi [Okyar]<br />

Halil [Menteşe]<br />

Şükrü Kaya<br />

Kâzim Özalp<br />

1881-<br />

1948<br />

1883-<br />

1986<br />

1884-<br />

1964<br />

1880-<br />

1943<br />

1874-<br />

1948<br />

1882-<br />

1959<br />

1880-<br />

1968<br />

Ahmed Muammer 1874-<br />

Mustafa Necati Bey<br />

Rauf [Orbay]<br />

Topal Osman<br />

Dr. Tevfik Rüştü [Aras]<br />

Midhat Şükrü [Bleda]<br />

Mehm<strong>et</strong> Şükrü [Saracoğlu]<br />

Hüseyin Cahit [Yalçın]<br />

Mehm<strong>et</strong> Ziya Gökalp<br />

Dr. Refik Saydam<br />

1894-<br />

1929<br />

1881-<br />

1964<br />

1884-<br />

1923<br />

1882-<br />

1972<br />

1874-<br />

1956<br />

1887-<br />

1953<br />

1875-<br />

1957<br />

1876-<br />

1924<br />

1881-<br />

1942<br />

91


Prof.Dr.Tevfik Salim [Sağlam]<br />

Mehm<strong>et</strong> Nuri [Conker]<br />

Mustafa Reşad [Mimaroğlu]<br />

Falih Rıfkı [Atay]<br />

Dr. Ibrahim Tali [Öngören]<br />

Tahsin [Uzer]<br />

Halit [Karsıalan]<br />

1882-<br />

1963<br />

1882-<br />

1937<br />

1882-<br />

1953<br />

1894-<br />

1971<br />

1875-<br />

1952<br />

1879-<br />

1939<br />

1883-<br />

1925<br />

Hafiz Mehm<strong>et</strong><br />

Yusuf Kemal [Tengirşek]<br />

Eyüb Sabri [Akgöl]<br />

Sabit [Sağıroğlu]<br />

1876-<br />

1950<br />

1881-<br />

1960<br />

Seyfi [Düzgören]<br />

Ali<br />

Cenani<br />

Fevzi Pirinççizade [Pirinççioğlu]<br />

Nous avons également recherché quels souvenirs la République de Turquie<br />

entr<strong>et</strong>enait avec ceux des génocidaires qui ne purent prendre part à l'édification<br />

de la République par suite de mort violente. Il y a bien eu pour certains de ces<br />

criminels une volonté de réhabilitation.<br />

92


fiches sur le souvenir des<br />

Cause du<br />

génocidaires morts<br />

décès<br />

prématurément<br />

Exécuté<br />

Mehm<strong>et</strong> Kemâl Beğ 1885-1919<br />

par la<br />

Cour<br />

Martiale<br />

Nusr<strong>et</strong> bey -1920<br />

Exécuté<br />

par la<br />

Cour<br />

Martiale<br />

Talât Paşa 1874-1921<br />

lors de<br />

l'Opération<br />

Abattu<br />

Némésis<br />

Said Halim Paşa 1863-1921<br />

Abattu<br />

lors de<br />

l'Opération<br />

Némésis<br />

Cemal Azmi 1866-1922<br />

Abattu<br />

lors de<br />

l'Opération<br />

Némésis<br />

Dr. Bahattin Şakir 1877-1922<br />

Abattu<br />

lors de<br />

l'Opération<br />

Némésis<br />

Cemal Paşa 1872-1922<br />

Abattu<br />

lors de<br />

l'Opération<br />

Némésis<br />

Enver Paşa 1881-1922<br />

Dr. Nazim 1870-1926<br />

Tué par<br />

l'Armée<br />

Rouge<br />

Exécuté<br />

par Mustfa<br />

Kemal<br />

pour<br />

complot<br />

93


les drapeaux de l'Empire ottoman (à gauche <strong>et</strong> au centre) <strong>et</strong> de la République de<br />

Turquie (à droite)<br />

La République de Turquie fondée par Mustafa Kemal Atatürk en 1923 aime à se<br />

présenter comme un Etat absolument nouveau sans lien avec l'Empire ottoman<br />

sur les ruines duquel elle a été fondée. C<strong>et</strong> artifice perm<strong>et</strong> à ses dirigeants de ne<br />

pas assumer le sombre héritage légué par leurs prédécesseurs. Le génocide des<br />

Arméniens, constitue dans c<strong>et</strong> héritage, l'élément central dont il ne saurait être<br />

question autrement que sous forme de déni. Les demandes par les victimes de<br />

reconnaissance officielle de ce génocide en tant que réparation morale minimale<br />

ne se sont pas seulement vues refusées par la République Turque. L'Etat a<br />

organisé depuis les années 80 <strong>et</strong> continue à organiser un négationnisme officiel.<br />

Par décr<strong>et</strong> gouvernemental du 25 mai 2001, a été décidé la création du "Conseil<br />

de coordination pour la lutte contre les assertions de génocide" officialisant ainsi<br />

le négationnisme d'Etat. Une circulaire du Ministère turc de l'Education<br />

Nationale datée du 14 avril 2003 demande aux directeurs des établissements<br />

scolaires d'organiser des épreuves de composition dans lesquels les élèves<br />

doivent nier l'extermination des Arméniens, des Assyro Chaldéens <strong>et</strong> des Grecs<br />

du Pont au début du 20ème siècle<br />

En eff<strong>et</strong>, après la fuite des dirigeants unionistes en 1918, un pouvoir libéral<br />

s'était établi à Constantinople qui était allé jusqu'à instaurer des cours martiales<br />

pour juger les responsables de l’anéantissement des Arméniens. C<strong>et</strong>te parenthèse<br />

libérale dura deux ans. Les nationalistes de Mustafa Kemal prirent ensuite le<br />

pouvoir. Ce dernier suspendit ce processus judiciaire, puis ses successeurs<br />

rapatrièrent en grande pompe les cendres des principaux responsables du<br />

génocide <strong>et</strong> érigèrent des mausolées à leur gloire. En 1943, Hitler rendit à Inönü,<br />

successeur de Kemal, les cendres de Talât Pacha, ministre de l'Intérieur puis<br />

Grand Vizir durant la Première Guerre mondiale, <strong>et</strong> principal organisateur du<br />

génocide. Plus récemment, celles d'Enver Pacha, alors ministre de la Guerre, ont<br />

été rapatriées en 1996 d'Asie Centrale où il avait achevé ses rêves pan-turquistes<br />

en 1922.<br />

Ce travail de recherche doit être considéré comme un chantier permanent<br />

accueillant de nouveaux résultats au fur <strong>et</strong> à mesure de leurs découvertes.<br />

Que se dessine-t-il déjà <br />

La réapparition des anciens membres du Comité Union <strong>et</strong> Progrès en tant que<br />

94


Pères Fondateurs de la République n'est pas l'exception mais la règle. C'est la<br />

continuité du régime kémaliste avec le régime jeune-turc qui se dégage à la<br />

lecture de ces fiches. Le plus surprenant est peut-être le fait que presque tous les<br />

dirigeants turcs de 1920 à 1960 ont participé à des degrés divers au Comité<br />

Union <strong>et</strong> Progrès. Cela a pu resté ignoré par le fait que les deux dirigeants les<br />

plus connus (Kemal <strong>et</strong> Inönü) eurent un rôle mineur.<br />

Même si Mustafa Kemal lui-même ne fut jamais un membre de premier plan du<br />

Comité Union <strong>et</strong> Progrès, il reconnut en 1923 à propos de ce parti: "Nous fûmes<br />

tous ses membres"[1]. En y regardant de plus près, en eff<strong>et</strong>, on r<strong>et</strong>rouve les<br />

mêmes hommes qui avaient participé au travail d'anéantissement des Arméniens,<br />

aux postes de responsabilité ou dans les cercles intellectuels. Certes, peu de<br />

ministres unionistes se r<strong>et</strong>rouvent ministres de la République. Les plus connus<br />

ont été liquidés par des justiciers arméniens lors de l'Opération Némésis en<br />

1920-1922 <strong>et</strong> d'autres ont été pendus par Kémal en 1926 pour conspiration<br />

contre sa personne. Par contre, les responsables administratifs de l'Etat ottoman<br />

au temps du génocide <strong>et</strong> les cadres de l'ancien parti Union <strong>et</strong> Progrès accèdent<br />

au rang de ministres ou de députés de la République. Ainsi, le préf<strong>et</strong> de Bitlis<br />

puis d'Alep, Mustafa Abdülalhik, beau-frère de Talât Pacha <strong>et</strong> bourreau de<br />

Mouch, se r<strong>et</strong>rouve Ministre des Finances, Ministre de la Défense, <strong>et</strong> enfin<br />

Président de la Grande Assemblée Nationale. D'autres préf<strong>et</strong>s de province<br />

deviennent députés de la République représentant le parti unique de Mustafa<br />

Kemal dans les mêmes circonscriptions. Les responsables de l'ancien Parti<br />

Union <strong>et</strong> Progrès dans les Provinces dont on connaît le rôle spécial dans la<br />

supervision de la déportation refont surface. On r<strong>et</strong>rouve même un secrétaire<br />

responsable de province du Comité Union <strong>et</strong> Progrès, Mahmut Celal Bayar,<br />

Président de la République de 1950 à 1960. Les rouages de la machine<br />

génocidaire mis en place spécifiquement (Direction à l'Installation des Tribus <strong>et</strong><br />

Déportés, Organisation Spéciale) ne sont pas en reste. Par exemple, Sükrü Kaya<br />

qui fut le Directeur Général de la Déportation se r<strong>et</strong>rouve secrétaire général du<br />

Parti Républicain du Peuple de Mustafa Kémal, puis, pendant dix ans, son<br />

Ministre de l'Intérieur. Membre du Conseil Supérieur de Santé, chargé d'une<br />

mission de destruction des cadavres, le Dr. Tevfik Rustu Aras , est promu<br />

ministre des Affaires Etrangères de 1925 à 1938.<br />

Nous avons choisi une forme résolument nouvelle de publication en présentant<br />

les fiches biographiques sous forme de pages web dans lesquelles on peut<br />

naviguer. L'incorporation de photographies <strong>et</strong> les nombreux hyperliens<br />

perm<strong>et</strong>tent de rendre plus vivant l'exposé <strong>et</strong> de reconstruire le réseau des liens<br />

entre les personnes.<br />

IV QUATRĐEME PARTĐE<br />

95


1-Qu’est ce qu’un Génocide Qu signifie le génocide des<br />

<strong>Kurd</strong>es de Koçgiri Dersim <br />

Avant d’élaborer c<strong>et</strong>te question j’aimerai insister dans un premier temps sur la<br />

définition des concepts, Massacre <strong>et</strong> le génocide, l’<strong>et</strong>hnocide qui ont été utilisés<br />

différemment par les chercheurs <strong>et</strong> qui représente une confusion, surtout dans les<br />

analyses, de Martin Van Bruniennes, Robert Olson, Hans Lukas Kieser <strong>et</strong> les<br />

autres écrivains <strong>Kurd</strong>es, qui utilise à la place du génocide, le massacre, au lieu<br />

du génocide l’<strong>et</strong>hnocide, dans un deuxième temps je veux exposer le processus<br />

génocidaire dans le temps <strong>et</strong> dans l’espace souvent les chercheurs ont fait des<br />

abstractions des contradiction par rapport à la réalité, dans le cas de Koçgiri <strong>et</strong><br />

de Dersim du point de vue de la sociologie du Génocide, qui est un génocide<br />

physique, un génocide biologique, un génocide culturel <strong>et</strong> écologique. Dans un<br />

troisième temps, nous examinerons la nécessité de la fondation d’une instance<br />

juridique internationale pour juger l es criminels du génocide de Koçgiri,<br />

Dersim <strong>et</strong> du <strong>Kurd</strong>istan.<br />

Définitions<br />

En grec ancien, le concept<br />

γενεα, γενεη,η,γενοςgenea,genee,genos) signifie en latin generatio natales76<br />

C'est-à-dire il y a un passge du grec ancien au latin classique . Michel de Vaan,<br />

Dans l’Etymological Dictionnary of Latin, utilise gens, gentis, les signifieant<br />

« race, nation, peuple » dérivé du concept gentilis, qui signifie membre de la<br />

même famille. « a membre the same gens »77 ou gentilitas « membres of a<br />

gens » .<br />

En latin le verbe gigno, geui, genitum ; gignere, qui donne genus, eris<br />

dérivé du verbe grec γιγνοµαι78gignomai qui signifie au sens naître chez<br />

Homère, « devenir <strong>et</strong> naître »<br />

Genus, Και γαρ θεος ειµι ψενοσ δε µοι εν θεν ο θεν σοι.79<br />

Le perfectum est genui <strong>et</strong> le supin genitum. Formes nominales <strong>et</strong> dérivés,<br />

genitor, m, gen<strong>et</strong>rix f. Genitura, génération80<br />

Il existe deux types de verbes en grec le verbe κτειω, keito <strong>et</strong> Σφαγω,<br />

sfazo en latin plusieurs verbes au même sens jugulo,<br />

76 Lexicon Graeco Latinum,Benjamnie Hederico, Pars Prima,Romae,1832, p.184<br />

77 Michel de Vaan, l’Etymological Dictionnary of Latin,<br />

78 Pierre Chantraine, Dictionnaire étymologique de la langue grecque, Nouvelle édition 2009,klincsiec, p.212<br />

79 Thesaurus Graecae Linguae a Henrico Stephano, Volumrn Secundum, Parisiis,1833,574<br />

80 Dictionnaire Etymologique de la langue Latine, A Meill<strong>et</strong> 14 Ed ,1985,Paris,270<br />

96


macto,interrimo,caedo,occido, neco81 verbe κτειω<br />

keitole verbe qui est plus<br />

procheest occidofaire mourir, assassiner 82 Alors que le concept du massacre<br />

,est σφαγη,(sfaze) qui vent du verbe massacrer Σφαγω faire un grand<br />

massacre des ennemis<br />

φονον πολυν των πολρµεων ποιεω83<br />

Selon chercheur italien Aldo Duro, « geno –elemento terminale derivato dal<br />

tema greco γιγνοµαι gignomai <strong>et</strong> del latino gignere, nascere, genecidio,<br />

Stermino m<strong>et</strong>odico di un gruppo, <strong>et</strong>nico,razzialr, <strong>et</strong> religio.84 Occidio, onis,<br />

destruction complète85 Dans ce sens Genus Occidere, destruction complète<br />

d’une nation, d’un peuple. Nier le génocide de remplacer le concept de massacre<br />

est négation de la réalité dont le processus de c<strong>et</strong>te négation amène à la<br />

négation des crimes contre l’humanité, des crimes de guerre <strong>et</strong> des crimes du<br />

génocide, est protection favorable aux criminels <strong>et</strong> aux Etats colonialistes au<br />

<strong>Kurd</strong>istan.<br />

Je pense que la recherche scientifique doit faire une distinction entre<br />

la sociologie politique du génocide <strong>et</strong> l’<strong>et</strong>hnologie. Car <strong>et</strong>hnologie est une<br />

science humaine qui relève de l’anthropologie, <strong>et</strong> dont l’obj<strong>et</strong> est l’étude<br />

explicative <strong>et</strong> comparative de l’ensemble des caractères sociaux <strong>et</strong> culturels des<br />

groupes humains. Elle ne peut pas traiter des questions qui font l’obj<strong>et</strong> de la<br />

sociologie du génocide. C<strong>et</strong>te science naît avec le début de l’expansion coloniale<br />

; les premiers <strong>et</strong>hnologues ont ainsi travaillé à partir des descriptions laissées par<br />

les explorateurs, des officiers coloniaux ou des missionnaires. Ethnologie a<br />

longtemps privilégié l’étude des phénomènes sociaux des communautés<br />

traditionnelles extra-européennes, qui ont longtemps été considérées comme des<br />

« cultures primitives<br />

Je pense qu’il ne faut pas confondre la sociologie politique du génocide<br />

avec <strong>et</strong>hnologie L’obj<strong>et</strong> de la première science est le génocide, <strong>et</strong> de la seconde<br />

est l’<strong>et</strong>hnocide. Je pense que analyse des sources écrites, la comparaison<br />

perm<strong>et</strong>tent de construire une représentation des connaissances scientifiques pour<br />

éclairer l’histoire de la résistance du Dersim ;<br />

Le génocide de Dersim n’est pas un massacre.C’est l’Etat turc qui<br />

n’accepte lé génocide, mais de la bouche d’Erdogan le mot du massacre est<br />

sorti. De nombreux journalistes <strong>et</strong> écrivains <strong>Kurd</strong>es ont utilisé au même sens<br />

qu’ Erdogan Alors que la Convention de l’ONU, la présente le génocide<br />

81 Thesaurus Graecae Linguae a Henrico Stephano, Volumrn Septimum, Parisiis,1848-p.197<br />

82 , C Alexandre,Dictionnaire Grec Français,Paris, Hach<strong>et</strong>te,1901, p ;819<br />

83 C Alexandre, Planche <strong>et</strong> Defauconpr<strong>et</strong> Dictionnaire Français, GrecParis, Hach<strong>et</strong>te,1905, p .623<br />

84 Emidio de Felice –Aldo Duro, Dizionnario delle lingua <strong>et</strong> della civilta italina contemporanea, 1988p.845<br />

85 Henri Goelzer, Dictionnaire Latin Français,Flammarion,1966,p.405<br />

97


s'entend de l'un quelconque des actes ci-après, commis dans l'intention de<br />

détruire, ou tout ou en partie, un groupe national, <strong>et</strong>hnique, racial ou religieux,<br />

comme tel :<br />

a) Meurtre de membres du groupe;<br />

b) Atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe;<br />

c) Soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence<br />

devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle;<br />

d) Mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe;<br />

e) Transfert forcé d'enfants du groupe à un autre groupe.<br />

Article III<br />

Seront punis les actes suivants :<br />

a) Le génocide; b) L'entente en vue de comm<strong>et</strong>tre le génocide; c)<br />

L'incitation directe <strong>et</strong> publique à comm<strong>et</strong>tre le génocide; d) La<br />

tentative de génocide; e) La complicité dans le génocide.<br />

Face à c<strong>et</strong>te situation que nous pouvons dire de certains écrivains <strong>Kurd</strong>es qui<br />

ont qualifié le génocide de Koçgiri <strong>et</strong> de Dersim comme massacre, n’est il pas<br />

d’une approche pour sauver la criminalité génocidaire de Mustafa Kemal, je<br />

pense qu’il joue le même rôle que Sikh Senousie qui signé les fausses<br />

déclarations au nom des Chefs des Tribus de Nuseibin.<br />

I- <strong>LE</strong> <strong>GENOCI<strong>DE</strong></strong> <strong>DE</strong> KOCGIRI<br />

La stratégie <strong>et</strong> tactique de Mustafa Kemal a double aspect. Premièrement est<br />

de collaborer avec Sa Majesté le Sultan afin de renverser le gouvernement de<br />

Damat Ferid Pacha, deuxièmement est d’ utiliser les féodaux <strong>Kurd</strong>es sunnites<br />

contre le pouvoir du Roi Faysal <strong>et</strong> contre les anglais pour remplacer Cheik<br />

Senussi si Sa Majesté n’est pas d’accord avec lui ;pratiquer la politique<br />

panislamiste jusqu’ à la conquête du pouvoir <strong>et</strong> pour sa consolidation<br />

bénéficier l’aide des bolcheviks sous l’idéologie pseuvdo-communiste jusqu’à<br />

la suppression de l’opposition puis la liquidation de la Révoltions du <strong>Kurd</strong>istan<br />

Nord <strong>et</strong> de celle du <strong>Kurd</strong>istan Sud <strong>et</strong> en dernière analyse de réconcilier avec les<br />

forces impérialistes négocier le partage du <strong>Kurd</strong>istan.<br />

Le 12 septembre 1919 ; Ali Fuad commandant du 20.° C.A ; Cevd<strong>et</strong> Bey<br />

Commandant du 13.° C.A , Kiazim Karabekir , commandant du 15.° C.A,<br />

98


Selahattine commandant du 3° C.A envoyant une l<strong>et</strong>tre à Sa Majesté Impérial le<br />

Sultan :<br />

« Notre Souverain bien-aimé,<br />

Il est aujourd’’hui prouvé par des documents officiels authentiques ,que<br />

le Ministre de l’Intérieur Adil Bey, <strong>et</strong> le Ministre de guerre se sont engagés<br />

moyennant une somme importante à organiser suivant le plan secr<strong>et</strong> par<br />

l’entremise <strong>et</strong> sous la direction de Galip, vali de Mamour<strong>et</strong>-ul Aziz <strong>et</strong> avec le<br />

concours de quelques espions ennemis de la religion <strong>et</strong> de la patrie des bandes<br />

recrutés çà <strong>et</strong> là parmi les <strong>Kurd</strong>es, dans le but de surprendre à main armée le<br />

Congrès réuni à Sivas ; Congrès qui national <strong>et</strong> légitime dans toute<br />

l’acceptation de ces mots <strong>et</strong> pour cela jouit de la confiance <strong>et</strong> du concours de<br />

Votre impériale. L’exécution de ce plan qui ne saurait être conçu que par des<br />

ennemis aurait eu pour résultat l’effusion de sang entre musulmans <strong>et</strong> le<br />

soulèvement du <strong>Kurd</strong>istan qui est une partie inaliénable de Votre Empire <strong>et</strong><br />

attaché à Votre Trône <strong>et</strong> Votre Khalif<strong>et</strong> par les liens d’un dévouement<br />

inébranlable.<br />

Les forces réunies de toute la nation sont indemnes de toute influence<br />

politique. Vos armées impériales sont absolument à toute tendance politique <strong>et</strong><br />

ne donnent leur concours qu’à la nation qui a résolu de défendre la patrie <strong>et</strong><br />

Votre Personne sacrée.(..) Nous sommes dans l’obligation de porter à la<br />

connaissance de Votre Majesté, que l’armée ne saurait en aucune façon se<br />

séparer de nation qui vient de décider ne plus avoir de relations avec le<br />

gouvernement central tant qu’il ne sera pas donné satisfaction à Votre peuple<br />

<strong>et</strong> à Vos armées par la formation d’un nouveau cabin<strong>et</strong> entièrement fidèle à la<br />

Charte Constitutionnelle <strong>et</strong> composé de personnes honnêtes,attachées à la foi <strong>et</strong><br />

à la patrie <strong>et</strong> réellement dévouées à Votre Majesté,mesure qui doit être suivie<br />

d’une enquête <strong>et</strong> de sanctions énergiques <strong>et</strong> rapides à ‘égard de la bande<br />

d’espions qui sont en tarin de trahir la patrie <strong>et</strong> la nation » :86<br />

Nous constatons que Mustafa Kemal prépare des attaques idéologiques<br />

contre le mouvement de libération nationale du Koçgiri sous prétexte que les<br />

anglais soutiennent les <strong>Kurd</strong>es. Alors qu’il a quitté Istanbul pour Samsun. avec<br />

l’autorisation des Anglais, avec les quels il a signé un Traité secr<strong>et</strong>. Il a signé un<br />

Traité Secr<strong>et</strong> avec le Roi Faysal au nom du panislamisme. selon l’Archives<br />

Diplomatiques du Ministère des Affaires Etrangères » , « une dizaine d’agents<br />

désignés par l’Assemblée Nationale d’Angora auraient été envoyés dans les<br />

diverses villes du <strong>Kurd</strong>istan pour assassiner Mustafa Pacha condamné par<br />

contumace <strong>et</strong> considéré par le gouvernement Nationaliste comme Agent<br />

86 EMA ;S.R.R. Midi-I, Analyse de Presse du 15 juin 1921, in 7 N3215<br />

99


Anglais »([87]) Ce sont des méthodes d’exterminations de l’Organisation<br />

Teshkilat i Mahsousa que Mustafa Kemal a utilisé contre les <strong>Kurd</strong>es avec le<br />

soutien des Bolchevics.<br />

Lénine sou<strong>et</strong>nu les kémalistes <strong>et</strong> a hebergé les criminels du génocide, Enver,<br />

Talat <strong>et</strong> Cemal.<br />

Le dirigeant de la Résistance nationale de Koçgiri Aliser explique c<strong>et</strong>te<br />

situation dans une façon très n<strong>et</strong>te.<br />

L’un des fondateurs de l’Organisation spéciale, Mustafa Kemal a gardé ses<br />

relations avec Enver, Talat, Cemal. dans sa l<strong>et</strong>tre de Mustafa Kemal à Talat<br />

Pacha en date du 29-02-1920 Kemal justifie son engagement commun « notre<br />

armée des généraux plus supérieurs jusqu’ aux soldats, sont tous des membres<br />

de notre organisation il y a un Etat Major qui dépend à moi <strong>et</strong> je dirige la<br />

guerre <strong>et</strong> les activités militaires ; un bureau spécial constitué <strong>et</strong> par formé par<br />

les camarades qui mènent des actions programmées »([88]) a<br />

La lutte de libération nationale du Kotchgiri, n’est pas une révolte des<br />

paysans opprimés <strong>Kurd</strong>es. Elle elle juste <strong>et</strong> légitime conforme aux principes du<br />

Droit des peuples à disposer d’eux mêmes qui est devenu l’article de la Chartre<br />

de l’ONU.<br />

La question qui se pose est de savoir comment les forces de l’ennemi<br />

analyse la résistance armée de Koçgiri.<br />

Selon l’Etat major turc<br />

« Le 7 Mars 1921 les insurgés ont attaqué <strong>et</strong> détruit les dix villages turcs<br />

Le 13 mars sous la direction d’Alişer 500 révoltants sont venus de<br />

Dersime <strong>et</strong> ont stationné au village de Terkilo Mais l’administrateur<br />

d’Erzincan a déclaré que les révoltants sont libres <strong>et</strong> il a voulu les<br />

convaincante, mais il n’a pas pu finalement Alişer a occupé le centre ville avec<br />

ses forces <strong>et</strong> a fait prisonniers des forces gouvernementales.<br />

Le 21 mars 1921 l’affrontement a commencé entre les 300 insurgés <strong>et</strong> les<br />

forces gouvernementales au nord de Kemah <strong>et</strong> ont dominé sur les collines de<br />

Kemah <strong>et</strong> le même jours les forces du Chef de la Tribu Maksudu sous la<br />

87 Apak, Rahmi; ibid.p.155<br />

88 EVIN CICEK, Koçgiri Ulusal Kurtulus Harek<strong>et</strong>i , ibid. <strong>et</strong> Cf. Turkiye Buyuk Mill<strong>et</strong> Meclisi Gizli<br />

Zabitlari;Volume II;T.B.M.M.Y. Senem Matbaasi, (II.Ed.) Ankara ,p.250<br />

100


direction Qasim Munzuroglu sont entrées à Karamusa au sud d’Erzincan <strong>et</strong> ils<br />

ont pris la position avec les autres groupes.<br />

Le 23 mars 1921, les forces qui ont pris de l’Erzincan Sud ont attaqué<br />

<strong>et</strong> détruit les villages turcs sur ces événements les forces de la gendarmerie ont<br />

poursuit les insurgés jusqu’à Hansart<br />

Le mars 1921 les Insurgés ont mis en libertés les prisonniers de guerre <strong>et</strong><br />

le sous gouverneur <strong>et</strong> les notables de la ville étaient chez Haydar Bey ;<br />

Directeur de Buck.<br />

Le 23 Mars 1921 la nuits les insurgés sont entrés dans les villages de<br />

Karacaviran, Sorkun,Karahasan ; Atkiran <strong>et</strong> Bolucan<br />

Le 26 mars 1921 le chef de la Tribut de Kotchgiri Alişan Bey a envoyé<br />

des l<strong>et</strong>tres que l’Indépendant du <strong>Kurd</strong>istan a été reconnu par les Etats<br />

européens ; il a transmis c<strong>et</strong>te l<strong>et</strong>tre aux tribus de Pulumur.<br />

Le 27 Mars la division de la gendarmerie stationnée à la proximité de<br />

Kangal a fait l’obj<strong>et</strong> de l’attaque. Les insurgés ont confisques les armes <strong>et</strong> les<br />

animaux de la division.<br />

Le 29 mars 1921 les forces <strong>Kurd</strong>es ont pris sous le contrôle les villages<br />

les village de Kurucay <strong>et</strong> ont fait prisonniers le sous gouverneur de Divrigi ; le<br />

directeur des finances <strong>et</strong> le lieutenant de la gendarmerie <strong>et</strong> 30 mars ils marche<br />

sur Kemah »([89])<br />

Selon l’Etat major turc les causes du soulèvement sont liées aux thèses<br />

développées par la Conférence de la Paix à Paris. « Au début de l’année 1920,<br />

lors de la Conférence de Paix à Paris l’Accord armeno-kurde entre Chérif<br />

Pacha <strong>et</strong> Bogos Nubar Pacha est signé dans le but pour revendiquer la<br />

fondation d’un <strong>Kurd</strong>istan indépendant <strong>et</strong> d’une Arménie indépendante . Suite<br />

à l’accord l’Association d’Entre aide <strong>et</strong> du développement social du <strong>Kurd</strong>istan<br />

est fondé. Haydar bey fils de Mustafa Pacha avait fondé un section de<br />

l’Association Entre aide <strong>et</strong> du développement social du <strong>Kurd</strong>istan Imranli<br />

(Maciran) <strong>et</strong> il a fait adhéré tous les chefs des Tribus. Il a commencé à éditer<br />

une revue <strong>Kurd</strong>e « Jin » (la vie). C<strong>et</strong>te revue diffusait des articles consacrés à<br />

l’indépendance <strong>Kurd</strong>e. Le secrétaire de publication de la Revue était<br />

Alişer»([90])<br />

89 Les révoltes <strong>Kurd</strong>es dans les Archives de l’Etat Major turc; volume ;II. p.25<br />

90 Archıves d’Etat Major turc<br />

101


Nous constatons que la fondation d’un <strong>Kurd</strong>istan libre <strong>et</strong> indépendant a<br />

fait l’obj<strong>et</strong> des deux l<strong>et</strong>tres historiques de Koçgirizade Alicher Efendi.<br />

Les l<strong>et</strong>tres d’Alicher en date du 3 mars 1920<br />

A S. E. Chérif Pacha, Président de la délégation <strong>Kurd</strong>e auprès de la Conférence<br />

de la Paix, par l’intermédiaire de l’Association du relèvement des <strong>Kurd</strong>es, à<br />

Constantinople.<br />

Dieu a accordé la victoire à l’Entente parce qu’elle s’est battue 1° = pour<br />

assurer à toutes les nations le droit de vivre <strong>et</strong> de se développer librement <strong>et</strong> 2° =<br />

pour faire triompher la justice <strong>et</strong> l’égalité des droits de l’humanité entière. Mais<br />

pour que c<strong>et</strong>te victoire soit complète, il faut reconnaître aujourd’hui les droits de<br />

chaque nation. Aussi, c’est dans ce but que la nation <strong>Kurd</strong>e qui n’est attachée à<br />

la nation ottomane que par la religion <strong>et</strong> des lieux de voisinage, s’adresse de<br />

nouveau à votre Cour Suprême pour demander la reconnaissance de ce droit.<br />

Les <strong>Kurd</strong>es dont la patrie s’étend entre Kharpout <strong>et</strong> Dersim jusqu’à Kizil<br />

Irmak par Zaré <strong>et</strong> Cotchghiri de Sivas s’étaient battus plusieurs fois chaque<br />

siècle <strong>et</strong> cela depuis 400 ans avec les turcs pour sauvegarder leur existence <strong>et</strong><br />

leurs droits nationaux. S’ils ne s’étaient pas adressés alors aux Puissances de<br />

l’Europe, il n’en est par celles-ci avaient pour, celles-ci avaient pourtant entendu<br />

le grondement des canons des Turcs levées sur Dersim.<br />

<strong>Pen</strong>dent c<strong>et</strong>te guerre nous avons donnée asile à plusieurs milliers de grecs<br />

<strong>et</strong> d’arméniens qui étaient venus se réfugier chez nous. A ce moment, les turcs<br />

avaient tué dans les Cazas de Nazimié <strong>et</strong> de Pah plus de 17000 paisibles<br />

cultivateurs <strong>Kurd</strong>es <strong>et</strong> les avaient j<strong>et</strong>é dans l’Euphrate. D’autre part, sous le faux<br />

prétexte que les <strong>Kurd</strong>es de Cotchghiri couper couper le r<strong>et</strong>rait des armées<br />

ottomanes, des troupes furent levées contre les populations. A la suite des<br />

combats <strong>et</strong> des rencontres qui ont eu lieu, Ali Chérif de Cotchghiri, passa en<br />

1916 à Erzindjan du côté des Russes <strong>et</strong> comme chef d’une délégation des<br />

<strong>Kurd</strong>es, il présenta le 11 novembre 1916 à l’Empereur de Russie <strong>et</strong> aux<br />

Puissances alliées un mémoire signé par lui <strong>et</strong> par onze autres chefs de tribus de<br />

Dersim, décernant pour après la guerre, l’indépendance de la nation <strong>Kurd</strong>e <strong>et</strong> la<br />

reconnaissance de ses droits. Ce mémoire qui a été traduit par une commission<br />

spéciale formée à Erzindjan a été envoyé par le commandant des troupes de<br />

Dersim à l’Empereur de Russie <strong>et</strong> publié dans les journaux. Naturellement ce<br />

mémoire a été communiqué par le sou<strong>et</strong> Russe aux Alliés mais s’il ne l’a pas été,<br />

il est facile de constater les évidences, puisque nous avons entre nos mains les<br />

copies légalisées de ce document.<br />

Plus tard après la chute du Tzar, les armées russes se trouvant à Erzindjan<br />

ayant été gagnées pas Lénine, commencèrent à attaquer notre population, ce qui<br />

nous obligea de riposter <strong>et</strong> de j<strong>et</strong>er hors de notre territoire ces bolchevicks.<br />

Après la signature de l’armistice avec la Turquie nous voulions envoyer une<br />

102


délégation à la Conférence de la Paix, mais ayant appris que Chérif Pacha avait<br />

été délégué de la part de toute la population <strong>Kurd</strong>e, nous aussi avons donné à lui,<br />

comme à l’Association du relèvement des <strong>Kurd</strong>es à Constantinople, plusieurs<br />

pouvoirs pour sauvegarder nos intérêts <strong>et</strong> faire valoir les droits de la nation<br />

<strong>Kurd</strong>e.<br />

Nous avons appris en dernier lieu pas les journaux que quelques turcs,<br />

débris des unités restés chez nous avaient fabriqué de faux télégrammes aux<br />

noms des Chefs de tribus <strong>Kurd</strong>es, contre notre délégué spécial Chérif Pacha <strong>et</strong><br />

l’association du relèvement des <strong>Kurd</strong>es <strong>et</strong> les avaient envoyés aux Hauts<br />

Commissariats <strong>et</strong> à la Conférence de la Paix. Nous avons pu recueillir les<br />

preuves de ces faux télégrammes. Nous avons la force voulue pour m<strong>et</strong>tre à la<br />

raison ceux qui veulent nous empêcher d’obtenir notre indépendance, mais<br />

comme nous ne voulons pas verser inutilement du sang, nous gardons notre sang<br />

froid en nous basant sur le principe admis par la Conférence de la Paix que<br />

chaque nation à le droit préparer elle-même sa destinée, nous attendons la<br />

décision équitable de la dite Conférence de reconnaître l’indépendance du<br />

<strong>Kurd</strong>istan dont les limites commencent par Erzindjan pour aboutir à Kyzil Irmak<br />

à Zaré <strong>et</strong> Cotchghiri.<br />

Le délégué des <strong>Kurd</strong>es de Dersim, d’Erzindjan<br />

De Cangal, de Sareudé <strong>et</strong> d’Aktéké righ<br />

Ali Chéer Cotchghiri zadé.<br />

Chef des tribus de Kotcghiri<br />

Mahmoud <strong>et</strong> Mehmed Kiamil<br />

Le Chef de la tribu de Cheïk Hassan de Dersim<br />

Seid Riza<br />

Le Chef de la tribu Seidan de Dersim<br />

Ibrahim<br />

Chef de tribu : Mehmed Emine<br />

Chef de tribu : Mehmed Ibrahim<br />

Le chef de toutes tribus à Erzindjan<br />

103


A la présidence de l’Association du relèvement des kurdes<br />

à Constantinople<br />

Hussein Moustafazadé<br />

Depuis bien longtemps notre correspondance est interrompue <strong>et</strong> nous ne<br />

recevons même pas les périodiques <strong>Kurd</strong>es parce que les Bureaux<br />

télégraphiques <strong>et</strong> postaux se trouvent sous un contrôle sévère. Ce sont les<br />

organisations nationales qui ont établi ce contrôle. Les <strong>Kurd</strong>es n’ayant pas voulu<br />

prendre part à leur mouvement, les unionistes ont voulu leur faire du tort.<br />

Comme nous savions que les organisations formées sous le nom de turquisme <strong>et</strong><br />

de touranisme avaient, de tout temps, échouées dans leurs entreprises, nous<br />

avons conservé notre sang froid, en attendant des jours meilleurs <strong>et</strong> confiants en<br />

la justice divine qu’aucune force ne peut vaincre. Si jamais l’Europe allait<br />

méconnaître nos droits, Dieu ne perm<strong>et</strong>trait pas que nos droits fussent perdus <strong>et</strong><br />

il arrivera un jour ou le <strong>Kurd</strong>istan dégagé des intrigues intérieures <strong>et</strong> extérieures<br />

pourra reconquérir son indépendance. Des gens animés du sentiment du<br />

turquisme font fouler aux pieds les droits sacrés des musulmans. Nous avons lu<br />

avec stupéfaction dans les journaux que ces gens là faisaient courir le bruit que<br />

l’Association de relèvement des <strong>Kurd</strong>es établie à Constantinople était instituée<br />

contre la volonté <strong>et</strong> à l’union des <strong>Kurd</strong>es du <strong>Kurd</strong>istan <strong>et</strong> que Chérif Pacha<br />

s’était présenté à la Conférence sans avoir aucun mandat.<br />

De faux télégrammes avaient été rédigé dans ce sens aux noms de certains<br />

chefs de tributs <strong>et</strong> expédiés à des institutions officielles. De plus, ces gens<br />

appelaient les naïfs <strong>et</strong> leur disaient ; Le <strong>Kurd</strong>istan votre patrie sera occupée en<br />

partie par les Français <strong>et</strong> le reste sera donné aux arméniens. Vous serez des<br />

esclaves ; venez faire valoir vos droits. Ils faisaient ainsi signer des télégrammes<br />

aux ignorants qui se laissaient tromper <strong>et</strong> là ou ils ne trouvaient pas des naïfs<br />

pour faire leurs jeu, ils allaient dans les bureaux télégraphiques ou à la mairie de<br />

la localité <strong>et</strong> ils lançaient quand même des télégrammes fabriqués à leurs façon.<br />

Mais du moment que le principe de disposer de sa destinée est acquis pour<br />

chaque nation, des différentes nations musulmanes aussi ont le droit de profiter<br />

de ce principe. Pourquoi les turcs ne veulent-ils pas céder aux <strong>Kurd</strong>es leur<br />

patrie Ont-ils transporté par hasard du Turkistan sur leur dos, les terres<br />

comprenant formant le <strong>Kurd</strong>istan Nous voulons vous savoir surtout que le<br />

Caza de Zaré – Cotchghiri qui a été dernièrement rattaché au Vilay<strong>et</strong> de Sivas<br />

faisait précédemment partie du Vilay<strong>et</strong> de Kharpout <strong>et</strong> appartient au <strong>Kurd</strong>istan.<br />

Nous la tribu de Kotchghiri nous formons 18 clans à Dersim <strong>et</strong> nous sommes les<br />

descendants du Cheik Seid Hassan. Pour ce qui est des terres se trouvant au sud<br />

de Kizil-Irmak, elles sont complètement habitées par des kurdes ; On ne veut pas<br />

104


laisser le <strong>Kurd</strong>istan aux <strong>Kurd</strong>es ; mais les <strong>Kurd</strong>es qui ont mis en déroute les<br />

armées russes après la chute du Tzar parce qu’elles étaient devenues bolcheviks<br />

peuvent très bien se défendre contre ceux qui voudraient méconnaître leurs<br />

droits nationaux. Actuellement 300.000 braves attendent les armes à la main les<br />

ennemis qui peuvent venir du dehors ou ceux qui travaillent dans le pays même.<br />

Les kurdes ne céderont pas leur patrie : le <strong>Kurd</strong>istan est aux <strong>Kurd</strong>es.<br />

Le 3 mars 1920<br />

Lé Président de l’Association du relèvement<br />

des <strong>Kurd</strong>es<br />

Section de Sivas – Zaré – Umranié<br />

Ali Chéir de Cotchghiri<br />

Quelle était la position du sénateur Abdul Qadir <br />

Dans les documents ci joints il est pour un <strong>Kurd</strong>istan uni <strong>et</strong> indépendant.<br />

La politique autonomiste est une déformation faite par la media turque.<br />

105


Dans sa demande à la conférence Le sénateur comme Alicher Seyyid<br />

Abdul Qadir demande la reconnaissance d’un <strong>Kurd</strong>istan unique <strong>et</strong> indivisible.<br />

106


107


Malgré c<strong>et</strong>te situation, le vice président du Comité Central de la Ligue<br />

<strong>Kurd</strong>e Emin Aali Bedir Xan le 20 avril 1920 « a décidé è l’unanimité de<br />

l’exclusion de notre association » en basant sur ses déclarations publiées par la<br />

presse turque (AD-N°13) Le vice président de Ligue Emin Aali Bedir Xan en<br />

signant ce document ne pensait pas qu’il était incapable de mener la lutte qu’il<br />

ne disposait pas d’aucune force militaire il n’ a jamais participé à la lutte au<br />

Koçgiri <strong>et</strong> il demandait l’aide des autres alors que l’Assemblée Nationale<br />

turque a exterminé systématiquement la population de Koçgiri<br />

FORCES KUR<strong><strong>DE</strong>S</strong> : 6185 hommes, ainsi répartis<br />

500 Dersimis commandés par Nuri, Alişer, Munzur <strong>et</strong> Ibrahim à Umraniye.<br />

300 Dersimis commandés par Nuri, Alişer, Munzur à Divrigi.<br />

200 Dersimis dans les montagnes de Terkilo à Kemah.<br />

300 Dersimis commandés par Ates au passage d’Erkigan à Kernah.<br />

400 Dersimis commandés par Kasimo1u aux ponts d’Iliç <strong>et</strong> Seytan sur<br />

l’Euphrate.<br />

300 Dersimis commandés par Seyit Abbas dans les montagnes Hogos.<br />

150 Dersimis commandés par Zeynel à Kemah.<br />

300 Koçgiris commandés par Alisan Beyzade Mahmut <strong>et</strong> Nuri au village de<br />

Tuzla dans les montagnes Çamzti.<br />

150 Koçgiris commandés par Alişan, Mahmut <strong>et</strong> Nuri dans la région de<br />

Karaibo.<br />

85 Koçgiris commandés par Filik Ail dans les montagnes de Ba1ama.<br />

- 1 500 Koçgiris commandés par Haydar, Azam<strong>et</strong>, Taki dans la région de<br />

Bogazviran <strong>et</strong> Karata.<br />

500 Kurmean commandés par Gizel à Koçhisar.<br />

<br />

1 500 Kangal commandés par Zalim Çavus dans les montagnes de<br />

Divrigi.<br />

FORCES TURQUES<br />

108


De Giresun : 2 e section dartillerie du 11e régiment infanteries <strong>et</strong> les unités<br />

de şebinkarahisar, Çemiskezek, Arapgir <strong>et</strong> d’Egin.<br />

De Bayburt : 2e bataillon du 11e régiment de soldats dinfanterie.<br />

<strong>DE</strong>rzincan Régiment de gendarmes <strong>et</strong> des milices.<br />

De Tokat : 32e régiment de cavalerie <strong>et</strong> 2e bataillon du 11e régiment.<br />

De Merzifon : 2e bataillon de la 5e division, section gendarmerie.<br />

DAmasya : régiment de la 5e division.<br />

De Yozgat : 53e régiment de cavalerie <strong>et</strong> Bataillon de la 5e division armée.<br />

<br />

De l‘Etat Major de l’Armée : 14e division de cavalerie <strong>et</strong> 13e compagnie<br />

de cavalerie.<br />

« Jusqu’au 20 mars, le centre des affrontements se situe entre Sivas <strong>et</strong><br />

Kizilirmak. Les groupes de bandits dirigés par Topal Osman (Osman Le<br />

Boiteux), alliés aux unités de gendarmerie de Seyran, en agressant les <strong>Kurd</strong>es,<br />

ouvrent un autre front de combat. Les groupes de bandits de Topai Osman<br />

portent le nom de régiments lazes (Laz alaylari). Dans les documents<br />

concernant la révolte de Koçkiri, il est fait mention que ces bandes guerroyaient<br />

avec des méthodes des plus sauvages <strong>et</strong> barbares. »([96])<br />

Le 3 avril l’Armée Centrale décide de passer en action. L’Armée Centrale<br />

rassemble sous ses ordres toutes les troupes :<br />

Q. G. 14e division armée de cavalerie <strong>et</strong> des unités rattachées Zara.<br />

Q. G. 13e brigade de cavalerie <strong>et</strong> des unités rattachées Zara<br />

Q.G. 27e brigade de cavalerie <strong>et</strong> des unités rattachées Kangal<br />

6e régiment de cavalerie Sivas.<br />

1ère section dartilleurs (de montagne)<br />

Q. G. 28e brigade de cavalerie<br />

Q. G. régiment de cavalerie Hafik<br />

détachement de Giresun : une série d’artilleurs de montagne Réfahiye<br />

109


détachement de Kemah : Kemah<br />

détachement d’Egin : Egin<br />

Mustafa Kemal poursuit au cours du même discours « Les soulèvements<br />

intérieurs qui commencèrent au cours de l’année 1919 contre l’action de nos<br />

organisations nationales, s’étendirent rapidement à toutes les parties du pays<br />

(...) dans la région d’Umraniye, Refahiye, Zara, Hafik, (.. . ). Le feu de la<br />

rébellion réduisait en cendre le pays tout entier » ([61] )L’un des ses buts du<br />

départ de Constantinople pour Samsoun est de supprimer la résistance nationale<br />

du <strong>Kurd</strong>istan, en premier lieu ; la résistance de Kotchgiri<br />

II-<strong>LE</strong> <strong>GENOCI<strong>DE</strong></strong> <strong>DE</strong> <strong>DE</strong>RSIM<br />

A partir de c<strong>et</strong>te réalité C’est pourquoi dans un premier temps, je prendrai<br />

l’analyse de l’exposé de la loi relative à l’extermination du peuple de Dersim,<br />

présenté par Sukru Kaya Ministre turc de l’Intérieur en 1935, adoptée, par<br />

l’Assemblée Nationale turque , confirmée par la décision du Conseil des<br />

Ministres, <strong>et</strong> appliquée aux dirigeants politiques du Dersim lors du faux<br />

Procès d’El aziz . C<strong>et</strong>te loi qui vise l’extermination systématique de la<br />

population civile de Dersim conformément au discours de Mustafa Kemal<br />

prononcé à l’ouverture de l’Assemblée Nationale turque le 1 er novembre<br />

1938 lu par Celal Bayar. Dans un deuxième temps, nous élaborons le<br />

processus révolutionnaire de la résistance armée à partir de 1908 au 1938.<br />

Nous montrerons la politique de militarisation de l’Etat impérialiste turc <strong>et</strong> sa<br />

collaboration avec les autres Etats, Allemagne, Angl<strong>et</strong>erre, France , URSS,<br />

Italie, République Tchèque, Espagne, Pologne Pays Bas, qui lui ont fourni des<br />

armes d’extermination massive, des avions de guerre, des bombardiers, des<br />

pilotes , des instructeurs militaires qui ont commis des crimes de guerre, des<br />

crimes de génocide, des crimes contre l’humanité. Dans un troisième temps,<br />

nous examinerons des thèses falsificatrices du génocide de Dersim afin de<br />

montrer la nécessité de la mise en fonction d’un Tribunal International pour<br />

juger des crimes du génocide, des crimes de Guerre de Kocgiri <strong>et</strong> Dersim<br />

LA LOI N°2884 DU <strong>GENOCI<strong>DE</strong></strong> <strong>DE</strong> <strong>DE</strong>RSIM<br />

La ville <strong>et</strong> sa région portant le nom de Dersim, est le nom le plus ancien, qui<br />

va constituer actuellement une nouvelle ville que nous appèlerons désormais<br />

Toundjéli. Auparavant, Dersim n’était pas un nom donné, à une région précise.<br />

Mais aujourd’hui du point de vue administratif la superficie de Dersim s’étend<br />

globalement sur 450 à 500 km2 de 90 km de longueur <strong>et</strong> de 60 km de largeur.<br />

Dersim, a des hautes montagnes, des vallées profondes <strong>et</strong> vastes. Une partie de<br />

c<strong>et</strong>te région est composée des pierres <strong>et</strong> des rochers. La région compte de 65 000<br />

à 70 000 habitants. En réalité c’est une masse de population d’origine turque.[1]<br />

110


Le premier contact de c<strong>et</strong>te région coïncide avec l’époque des guerres de Yavuz<br />

Sultan Selim <strong>et</strong> de Chah Ismail, dans la première l’histoire officielle turque.<br />

Puis dans la majeure partie de c<strong>et</strong>te région, l’administration était confiée aux<br />

Aghas <strong>et</strong> aux Begs autochtones. <strong>Pen</strong>dant l’époque du Tanzimat, lors de<br />

l’organisation des villes, elle aura aussi constitué <strong>et</strong> attribué à Dersim le statut<br />

du département.. Mais malgré tout la ville de Dersim fût totalement négligée.<br />

Aujourd’hui, l’organisation sociale de Dersim est archaïque la ville est divisée<br />

en plusieurs secteurs. Les habitants de Dersim résolvent eux-mêmes les<br />

questions sociales, juridiques voire même pénales. Aujourd’hui c<strong>et</strong>te région est<br />

partagée en 91 tribus. Depuis 1876, à différentes périodes, 11 interventions<br />

militaires ont été effectuées à Dersim. L’analphabétisme <strong>et</strong> la non-rentabilité<br />

d’une terre peu fertile provoquent des émeutes si la population dispose d’armes.<br />

De telles régions peuvent- exister dans- tout pays civilisé. 11 y a des lieux de ce<br />

type en France, en Italie <strong>et</strong> en Grèce. Presque tous les pays connaissent des<br />

régions moins développées comme c’est le cas à Dersim. Les événements<br />

survenus à Dersim ont causé plusieurs interventions militaires, comme je l’ai<br />

signalé ci-dessus, de 1876 jusqu’à nos jours, à différentes périodes, <strong>et</strong> avec des<br />

forces inégales, 11 interventions militaires ont été effectuées. Cependant comme<br />

l’intervention militaire visait un but précis, les soldats étaient toujours rappelés.<br />

Les vraies maladies qui ont occasionné les interventions militaires, ne sont ni<br />

analysées <strong>et</strong> ni soignées mais seulement allégées. Comme le slogan principal de<br />

l’époque de la République le proclame les vrais besoins du pays seront traités en<br />

priorité <strong>et</strong> les véritables maladies seront soignées. Ici aussi une précaution a été<br />

prise selon les méthodes civilisées <strong>et</strong> avec ce programme c<strong>et</strong>te région<br />

bénéficiera aussi comme les autres régions du pays, de la bénédiction de la<br />

République. La loi qui sera étudiée actuellement sera une loi dans ce sens-là. Je<br />

veux faire savoir à l’opinion publique qu’il n’y a pas de situation anormale dans<br />

notre pays.<br />

<br />

[1] Selon Dr Ismail Besikci, la loi a pour but de l’extermination<br />

d’éléments kurdes, mais Sukru Kaya n’hésite pas qualifier les «<br />

<strong>Kurd</strong>es », « d’origine turque ». L’un des caractéristiques du colonialisme<br />

turc au <strong>Kurd</strong>istan est de nier, les terres du <strong>Kurd</strong>istan, l’identité du<br />

<strong>Kurd</strong>istan, refuser l’existence de la nation kurde pour la domination<br />

coloniale. Dire que, Dersim, est d’origine turque, cela , signifie que, à<br />

partir des premières siècles de l’Histoire, Dersim appartenait aux turcs.<br />

C’es la même qualification des colonialistes portugais, <strong>et</strong> espagnoles qui<br />

revendiquaient les terres du Mozambique, l’Angola , Gine Bissau<br />

111


Martin Van Bruinsses fait référence aux déclarations officielles turques <strong>et</strong> son<br />

discours est erroné, proche à l’idéologie officielle de l’Etat turc. Comme Arnold<br />

Tonybée est invité par Mustafa Kemal <strong>et</strong> par Hitler pour dîner. Il qualifie les<br />

<strong>Kurd</strong>es comme des sauvages. Léon Trotski utilisait le même langage contre les<br />

<strong>Kurd</strong>es , alors que pendant quatre ans de son séjour en Turquie 1929 à 1934, en<br />

plaine la résistance kurde Trotski n’a pas écris un seul mot sur le génocide des<br />

<strong>Kurd</strong>es, de 19o 2 à 1934, 36 Ararat Sassouns Dersim étaient dans la résistance<br />

anti coloniale.<br />

Dersim est un district inaccessible des hautes montagnes aux somm<strong>et</strong>s enneigés,<br />

des vallées étroites, <strong>et</strong> profonds ravins en Turquie centrale <strong>et</strong> orientale. Elle était<br />

habitée par un grand nombre de p<strong>et</strong>ites tribus, gagnent péniblement leur vie<br />

marginale de l'élevage, l'horticulture <strong>et</strong> collecte de produits forestiers. Leur<br />

nombre total ont été, par le milieu des années 1930, estimée à 65.000 à<br />

70,000.4 Dersim était une partie culturellement distinct du <strong>Kurd</strong>istan, en partie<br />

due à écologique des facteurs géographiques, en partie à une combinaison de<br />

linguistique <strong>et</strong> religieuse particularités. Certaines tribus kurdes parlé bon, mais<br />

la plupart parlaient une autre, liée langue dite Zaza. Tous ont adhéré à la secte<br />

112


hétérodoxe des alevis, qui séparait ces sociaux de la vie des <strong>Kurd</strong>es sunnites, à<br />

l'est <strong>et</strong> du sud (parmi lesquels il y étaient tous les deux orateurs Zaza <strong>et</strong> kurde).<br />

Bien qu'il existe des alevis dans de nombreux autres de la Turquie, ceux de<br />

Dersim constituent un groupe distinct, avec différentes croyances.<br />

III-DOCUMENTS ET CONCLUSIONS<br />

Dans la l<strong>et</strong>tre envoyée par l’un des membres du PEN KURD au Dr Abdullah<br />

Gul, l’année dernière, un écrivain <strong>Kurd</strong>e disait :<br />

« L’extermination systématique de la race kurde, de la nation kurde est un<br />

génocide physique; un génocide biologique, un génocide culturel <strong>et</strong> écologique.<br />

Trois catégories d’infractions internationales ont été définies dans l’article 6 du<br />

statut du Tribunal de Nuremberg: les crimes contre la paix, les crimes de<br />

guerre <strong>et</strong> les crimes contre l’humanité conforment avec nos qualifications.<br />

Une Cour pénale internationale est quant à elle compétente pour juger les<br />

crimes de génocide, les crimes contre l'humanité, les crimes de guerre <strong>et</strong> les<br />

crimes d’agression, "crimes les plus graves qui touchent l’ensemble de la<br />

communauté internationale",<br />

En faisant les références à la déclaration du Tribunal permanent des peuples<br />

appartient à un corps de principes juridiques trouvant son expression dans la<br />

Déclaration universelle des droits des peuples (Alger, le 4 juill<strong>et</strong> 1976). L'article<br />

premier de la Déclaration d'Alger affirme : «Tout peuple a droit à l'existence.»<br />

L'article 2 précise : « Tout peuple a droit au respect de son identité nationale <strong>et</strong><br />

culturelle.» L'article 3 indique: «Tout peuple a le droit de conserver la<br />

possession paisible de son territoire <strong>et</strong> d'y r<strong>et</strong>ourner en cas d'expulsion.» Et<br />

enfin, l'article 4 affronte directement la réalité du génocide : «Nul ne peut être,<br />

en raison de son identité nationale ou culturelle, l'obj<strong>et</strong> de massacre, torture,<br />

persécution, déportation, expulsion ou soumis à des conditions de vie de nature à<br />

comprom<strong>et</strong>tre l'identité ou l'intégrité du peuple auquel il appartient. »<br />

Le Statut du Tribunal de Nuremberg comme " les violations des lois <strong>et</strong> coutumes<br />

de la guerre. Ces violations comprennent, sans y être limitées, l’assassinat, les<br />

mauvais traitements <strong>et</strong> la déportation pour des travaux forcés, ou pour tout autre<br />

but, des populations civiles dans les territoires occupés, l’assassinat ou les<br />

mauvais traitements des prisonniers de guerre ou des personnes en mer,<br />

l’exécution des otages, le pillage des biens publics ou privés, la destruction sans<br />

motif des villes <strong>et</strong> des villages ou la dévastation que ne justifient pas les<br />

exigences militaires. "<br />

113


« L’ e x t e r m i n a t i o n » qualifie l’assassinat commis sur une vaste échelle.<br />

Ce terme se révèle typique pour le concept de génocide. Ce mot laisse entrevoir<br />

un système d’organisation du crime en masse avec l’aide ou la tolérance de<br />

l’Etat.<br />

«La réduction en esclavage» comprend toutes les actions qui s’expriment par<br />

une capitis deminutio effective, pratiquée par la contrainte à des travaux forcés<br />

dans de mauvaises conditions ou avec une rémunération dérisoire.<br />

. Le Génocide physique <strong>et</strong> le génocide biologique <strong>et</strong> culturel. Les conclusions<br />

d’utilisation d’armes chimiques contre le peuple <strong>Kurd</strong>e <strong>et</strong> la contamination de la<br />

terre <strong>et</strong> la négation absolue de la création humaine de race kurde sont des<br />

«mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe». Autrement dit<br />

c’est le génocide biologique tend à déployer ses eff<strong>et</strong>s non pas tant dans le<br />

présent que dans l’avenir. Il cherche à couper la vie à sa source, d’abord par des<br />

mesures directes comme la stérilisation des individus <strong>et</strong> les avortements forcés,<br />

pratiques qui constituent des atteintes graves à l’intégrité physique; c’est la<br />

destruction d’un groupe en empêchant la procréation. D’autres mesures de<br />

caractère social, mais qui toutefois produisent le même eff<strong>et</strong>, sont la séparation<br />

des sexes par diverses méthodes: résidence obligatoire dans des lieux éloignés,<br />

travail assigné de façon systématique aux hommes <strong>et</strong> aux femmes dans des<br />

endroits différents, la séparation forcée des familles par la déportation en des<br />

lieux différents. C<strong>et</strong>te politique de dépopulation provoquait l’extinction ou tout<br />

au moins la diminution des naissances.<br />

C<strong>et</strong>te technique du génocide biologique a été préconisée dans un discours de<br />

Hitler, disciple de Mustafa Kemal qui déclarait:<br />

«Nous devons poursuivre une politique de dépopulation systématique.<br />

L’expression dépopulation signifie destruction complète de groupes <strong>et</strong> de races<br />

entières. Par sa nature, c<strong>et</strong>te affaire est cruelle, de sorte que nous sommes<br />

obligés d’agir avec cruauté. Si j’envoie la fleur de la jeunesse allemande dans<br />

l’enfer de la guerre sans ménager sang précieux allemand versé, j’ai bien le droit<br />

de faire disparaître des milliers de membres d’une race inférieure qui se<br />

reproduit comme les mouches. Il ne sera pas du tout nécessaire d’exterminer, je<br />

prendrai les mesures nécessaires pour amoindrir leur fertilité naturelle. Par<br />

exemple, je ferai séparer les hommes des femmes pendant des années. Vous<br />

vous souvenez de la diminution des naissances due à la guerre mondiale.<br />

Pourquoi ne pas provoquer artificiellement un état de choses qui à ce moment là<br />

n’était que la conséquence inévitable de la guerre»[17]<br />

A côté du génocide chimique <strong>et</strong> biologique contre les <strong>Kurd</strong>es nous pouvons<br />

citer le génocide culturel comme politique d’Etat contre la nation <strong>Kurd</strong>e dans<br />

114


les autres parties du <strong>Kurd</strong>istan occupé ; divisé <strong>et</strong> colonisé. Il faut préciser que la<br />

première allusion à ce problème date de 1933<br />

Le génocide culturel est défini par une énumération qui inclut tous les actes<br />

«tendant à détruire les caractères spécifiques du groupe par les moyens suivants:<br />

a) transfert forcé d’enfants dans un autre groupe humain;<br />

b) éloignement forcé <strong>et</strong> systématique des éléments représentatifs de la culture du<br />

groupe;<br />

c) interdiction d’employer la langue nationale même dans les rapports privés; d)<br />

destruction systématique des livres imprimés dans la langue nationale ou des<br />

ouvrages religieux, ou interdiction d’en faire paraître de nouveaux;<br />

e) destruction systématique ou désaffectation des monuments historiques <strong>et</strong> des<br />

édifices du culte, destruction ou dispersion des documents <strong>et</strong> souvenirs<br />

historiques, artistiques ou religieux <strong>et</strong> des obj<strong>et</strong>s destinés au culte.» <strong>et</strong> l’attaque<br />

terroriste contre Shangal est un exemple à la fois du génocide physique <strong>et</strong><br />

biologique <strong>et</strong> culturel. Nous considérons que le droit à l’existence d’un groupe<br />

se trouvait justifié par intérêt que la société humaine porte à l’enrichissement<br />

culturel qu’un groupe peut apporter à la civilisation universelle<br />

CONCLUSĐON<br />

Jugement du tribunal international pour juger les crimes du génocide de<br />

<strong>DE</strong>RSIM KOCGIRI<br />

" Le Tribunal international est habilité à poursuivre les personnes qui<br />

comm<strong>et</strong>tent ou donnent l'ordre de comm<strong>et</strong>tre des infractions graves aux<br />

Conventions de Genève du 12 août 1949, à savoir les actes suivants dirigés<br />

contre des personnes ou des biens protégés aux termes des dispositions de la<br />

Convention de Genève pertinente : une résolution du 9 décembre 1948 charge la<br />

CDI d'examiner la création d'une cour pénale internationale. Elle est<br />

l'aboutissement des débats sur la Convention du même jour (9 décembre 1948)<br />

qui prévoit dans son article 6 la possibilité de traduire les personnes accusées<br />

d'un tel crime "devant la Cour criminelle internationale qui sera compétente à<br />

l'égard de celles des parties contractantes qui en auront reconnu la<br />

juridiction". Pour juger des criminels de guerre il s’agit d’ Enver Pacha, Talaat<br />

Pacha, Djémal Pacha Mustafa Kemal Pacha , Ism<strong>et</strong> Inounu, Celal Bayar Sukru<br />

Kaya, Fevzi Cakmak, F<strong>et</strong>hi Okyar Abdullah Alpdogan, Sabiha Gokçen, Ibrahim<br />

Tali, Nur<strong>et</strong>tin Pacha, Dr Bahaddin Chakir, Dr Nazim, Mustafa Renda,Halide<br />

Edip Adivar,Kazim Ozalp, Ahmed Muammer, Halil Pacha, Mustafa Necati,<br />

Rauf Orbay, Topal Osman, Dr Tevfik Rustu, Midhad Sukru Bleda, Mehm<strong>et</strong><br />

Sukru Saraçoglu, Huseyin Cahit Yalçin, Ziya Gokalp, Hafiz Mehm<strong>et</strong>, Halit<br />

Karsilan, Shemsi Kara, Eyup Sabri, Suleyman Askeri, Omer Kusçubasi, S<br />

Arikan, Dr H Alatas , M . Agrial Dr Refik Saydam, Prof.Dr ; Tevfik Salim<br />

Saglam , officier médical , il donne en décembre 1915 à Erzurum d’Injecter aux<br />

115


soldats Arméniens du sang non-stérilisé de patents atteints typhoïde, qui<br />

constitue pour lez nazis un modèle d’extermination. Mehm<strong>et</strong> Nuri Conker, Falih<br />

Rifki Atay, Tahsin Mazer, Sabit Sagiroglu, Prinçizade Fevzi, sont des<br />

responsables de massacres 120.000 Asyyro-Chaldéens <strong>et</strong>c. <strong>et</strong> ces personnes ne<br />

sont pas traduits devant une instance juridique internationale Pourquoi ce<br />

r<strong>et</strong>ard jusqu’à maintenant Alors que la politique kémaliste était un modèle de<br />

référence antisémite comme la politique d’ Hitler <strong>et</strong> c<strong>et</strong>te politique a été suivie<br />

par Ism<strong>et</strong> Inonu, Celal Bayar <strong>et</strong> les autres chefs de l’Etat Major de Turquie ,<br />

Kazim Orbay, Salih Omurtak, Nafiz Gurman, Nuri Yanit, Nur<strong>et</strong>tin Baransel,<br />

Ismail Hakki Tunaboyu, Fevzi Menguç, Rustu Erdelhun, Ragip Gumuspala,<br />

Cevd<strong>et</strong> Sunay, Cemal Tural, Memduh Tagmaç, Faruk Gurler, Semih Sancar,<br />

Kenan Evren, Nur<strong>et</strong>tin Ersin, Necd<strong>et</strong> Urug, Necip Torumtay, Dogan Gures<br />

;Ismail hakki Karadayi, Huseyin Kivrikoglu, Hilmi Ozkok, Yasar Buyukkanit <strong>et</strong><br />

Ilker Basbug. Teyyip Erdogan <strong>et</strong> les membres de son gouvernement de l’AKP<br />

vous-même Président GUL vous executez la continuité de c<strong>et</strong>te politique<br />

génocidaire. C4est la raison pour laquelle Les sept chefs d'accusation à<br />

l'encontre de dirigeants de l’Etat de la République de Turquie<br />

Voici les chefs d'accusation pour lesquels le président turc Mustafa Kemal<br />

,Ism<strong>et</strong> Inonu ; celal Bayar, Fevzi Çakmak, Sukru Kaya,Abdullah Alpdogan,<br />

Nour<strong>et</strong>tin Pacha, Ibrahim Tali sont accusés de "crimes contre l'humanité"<br />

crimes de génocide pendant les résistances <strong>et</strong> de la guerre de Qocgiri de <strong>et</strong><br />

Dersim<br />

1/ Déportation forcée de 400.000 <strong>Kurd</strong>es en janvier 1917 sur l’ordre de Mustafa<br />

Kemal, « L a d é p o r t a t i o n » consiste dans le changement obligatoire de<br />

domicile infligé à des populations d’un territoire occupé. Les camps de<br />

concentration en sont un exemple significatif.<br />

2- décision secrète prise par Mustafa Kemal à l’Assemblée Nationale de<br />

Turquie pour exterminer la population de Qoçgiri (1920-21) (b) La torture ou<br />

les traitements inhumains, y compris les expériences biologiques; (c) Le fait de<br />

causer intentionnellement de grandes souffrances ou de porter des atteintes<br />

graves à l'intégrité physique ou à la santé; (d) La destruction <strong>et</strong> l'appropriation de<br />

biens non justifiées par des nécessités militaires <strong>et</strong> exécutées sur une grande<br />

échelle de façon illicite <strong>et</strong> arbitraire; (e) Le fait de contraindre un prisonnier de<br />

guerre ou un civil à servir dans les forces armées de la puissance ennemie; (f) Le<br />

fait de priver un prisonnier de guerre ou un civil de son droit d'être jugé<br />

régulièrement <strong>et</strong> impartialement; (g) L'expulsion ou le transfert illégal d'un civil<br />

ou sa détention illégale; (h) La prise de civils en otages. "[13] " Le Tribunal<br />

international est compétent pour poursuivre les personnes qui comm<strong>et</strong>tent des<br />

violations des lois ou coutumes de la guerre. Ces violations comprennent, sans y<br />

être limitées: (a)L'emploi d'armes toxiques ou d'autres armes conçues pour<br />

116


causer des souffrances inutiles; (b) La destruction sans motif des villes <strong>et</strong> des<br />

villages ou la dévastation que ne justifient pas les exigences militaires;(c)<br />

L'attaque ou le bombardement, par quelque moyen que ce soit, de villes,<br />

villages, habitations ou bâtiments non défendus; (d) La saisie, la destruction ou<br />

l'endommagement délibéré d'édifices consacrés à la religion,; (e) Le pillage de<br />

biens publics ou privés. "<br />

2/ Le gazage des <strong>Kurd</strong>es à Koçgiri <strong>et</strong> à Dersim de 1921 à 1938 bombardement<br />

la résistance de 1925 pendant 350 heures <strong>et</strong> lancé 750 bombes exterminer la<br />

population civile<br />

3-L’utilisation des armes chimiques à LAÇ <strong>et</strong> l’extermination de 170.000<br />

personnes sur 500.000 <strong>Kurd</strong>es de Dersim.<br />

3/ L'écrasement de la résistance de Qoçgiri par la 3 eme armée sur l’ordre de<br />

Mustafa Kemal avec la décision de l’Assemblée Nationale, l’exécution de la<br />

population civile<br />

4/ L'occupation illégale de Dersim, de Koçgiri <strong>et</strong> du <strong>Kurd</strong>istan de 1908 jusqu’à<br />

nos jours<br />

5/ ‘extermination en 1937 de membres de la tribu kurde d’Alan à<br />

Kertemazgerd la famille de Hassan Axae çuxuré, exécution dans la vallée de<br />

Ramazan les habitants de CIVRAK dans le département de Nazmiyé Qizil<br />

Kilise , à KINSOR à BEZIK à MERGA KERNI 60 familles appartenant à la<br />

famille de Sileman Axa, Weli, Usen, Hemedi, Bertal Efendi<br />

6/L’exterminations en 1937 de 250 membres de la tribu de Demenan plus<br />

particulièrement de la Famile Hémédé Mirzalié Silemani <strong>et</strong> brûler les corps à<br />

Marçik <strong>et</strong> exécution à KOO SUR les deux fils de Hémédé Mirzalié Silemani<br />

après avoir torturés<br />

7/ Les meurtres avec préméditation de chefs des Tribus <strong>et</strong> la pendaison de des<br />

dirigeants de Dersim , Seyd Riza, Aliye Mirzalié Silemani, Qemer, Axa, Findik<br />

Axa, Hesen Axa, Ciwral Axa, Hésene YTivrahime Qiji <strong>et</strong> les autres brûles les<br />

corps sur l’ordre de Mustafa Kemal<br />

8/ Les meurtres avec préméditation de dignitaires religieux. Destructions des<br />

lieux sacrés , des temples<br />

9, Les déportations illégales du peuple de Dersim <strong>et</strong> la confiscation des terres<br />

du Dersim<br />

117


10- l’extermination de groupes raciaux <strong>et</strong> nationaux parmi la population civile<br />

de certains territoires occupés, afin de détruire des races ou classes déterminées<br />

de populations, <strong>et</strong> de groupes nationaux, raciaux ou religieux<br />

Les chefs d'inculpation contre les coaccusés y compris Mustafa Kemal<br />

Le statut du Tribunal International pour juger les crimes du génocide de<br />

Dersim <strong>et</strong> de Qoçgiri établit la compétence du tribunal en conformité avec<br />

l'article 14 de la Convention Internationale sur les Droits Civils <strong>et</strong> Politiques<br />

(ICCPR.) Il exige que les juges <strong>et</strong> les procureurs soient expérimentés en matière<br />

de cas criminels complexes ou de cas impliquant de sérieux crimes relatifs aux<br />

droits humains.<br />

Le statut du Tribunal International pour juger les crimes du génocide de<br />

Dersim <strong>et</strong> de Qoçgiri prévoit que la culpabilité doit reposer sur des preuves<br />

incontestables <strong>et</strong> toutes les preuves sont justifies par les archives de l’Etat turc<br />

<strong>et</strong> les étrangers La Commission des Nations Unies pour les Droits Humains a<br />

déclaré, dans son commentaire général de l'article 14 du ICCPR, que : " Eu<br />

égard à la présomption d'innocence, l'accusation a la lourde tâche de prouver les<br />

charges <strong>et</strong> l'accusé jouit du bénéfice du doute. Une culpabilité ne peut être<br />

présumée que lorsque les charges ont été prouvées de manière incontestable. "<br />

Les décision, les lois promulguées par l’Assemblée Nationale de Turquie <strong>et</strong> la<br />

mise en pratique de réaliser des massacres <strong>et</strong> la planification du génocide in<br />

constable.<br />

Le statut du Tribunal International pour juger les crimes du génocide de<br />

Dersim <strong>et</strong> de Qoçgiri n'interdit pas la peine de mort. Car malgré que le droit<br />

humain international, tel que codifié à l'article 6 de l'ICCPR, promeut l'abolition<br />

de la peine capitale, notre Tribunal refuse c<strong>et</strong>te pratique, dans la mesure où l’O<br />

SEVE EVÎN ÇIÇEK<br />

Fribourg, le 24 avril 2010<br />

DOCUMENTS91<br />

91 Annexe-I <strong>et</strong> II documents en anglais <strong>et</strong> de N°01 au 053 de l’ Achives de Seve Evîn Çiçek , il est interdit<br />

de prendre ou de produiire sans autorisation de Seve Evîn Çiçek. Dans le cas ; concerné une plaite sera<br />

déposée contre les usagés fautifs. Le 24 avril 2010 à Fribourg- Seve Evîn Çiçek<br />

118


119


DOCUMENT N° 1 :<br />

L<strong>et</strong>tre adressée par le Comité central de l'Ittihad au délégué responsable<br />

d'Adana, Djemal bey, le 3 mars 1915.<br />

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La seule force capable d'empêcher la vie politique d'lttihad ve Terraki en<br />

Turquie est représentée par les Arméniens. Des nouvelles qui, ces temps<br />

derniers, arrivent du Caire, il ressort que le Dachnaktsoutioun prépare une<br />

attaque décisive contre le Djémièt.<br />

Si nous examinons minutieusement toutes les circonstances historiques du passé,<br />

nous verrons que tous les orages manifestés sur le chemin des efforts<br />

patriotiques du Djémièt sont les résultats des perturbations semées par les<br />

Arméniens.<br />

Le docteur Nazim bey écrit: « Si n'eussent été les Arméniens, je pourrais avec<br />

un p<strong>et</strong>it signal d'lttihad ve Terraki m<strong>et</strong>tre toute la Turquie en état de rentrer dans<br />

la voie recherchée. »<br />

Le Djémièt a pris la décision de débarrasser la patrie de la convoitise de c<strong>et</strong>te<br />

race maudite <strong>et</strong> de prendre sur ses épaules patriotiques la responsabilité de<br />

l'opprobre dont sera marquée l'histoire ottomane. Le Djémièt incapable d'oublier<br />

l'humiliation <strong>et</strong> les amertumes du passé, plein d'idées de revanche, étant certain<br />

de son avenir, a décidé de supprimer tous les Arméniens habitant en Turquie,<br />

sans laisser vivant un seul individu, <strong>et</strong> a donné au gouvernement de larges<br />

prérogatives à ce suj<strong>et</strong>.<br />

Le gouvernement donnera aux gouverneurs <strong>et</strong> aux commandants des armées les<br />

instructions nécessaires relatives à l'organisation des massacres. Tous les<br />

délégués d'lttihad ve Terraki, partout où ils sont en fonction, poursuivront la<br />

mise en exécution de ce proj<strong>et</strong>. On ne tolérera pas qu'un Arménien puisse<br />

obtenir un secours ou une protection.<br />

Les eff<strong>et</strong>s abandonnés seront provisoirement confisqués par le gouvernement, de<br />

la manière qu'il jugera la meilleure, <strong>et</strong> seront gardés par lui à la condition d'être<br />

plus tard vendus au profit de l'extension de l'organisation du Djémièt <strong>et</strong> des buts<br />

patriotiques. S'il est nécessaire, demandez des comptes aux commissions<br />

formées à ce propos. Si vous apercevez des abus, vous pourrez vous adresser<br />

aux préf<strong>et</strong>s comme à nous-mêmes.<br />

121


DOCUMENT N°2. :<br />

L<strong>et</strong>tre adressée par le Comité central de l'Ittihad au délégué responsable<br />

d'Adana, Djemal bey, le 7 avril 1915.<br />

Assurer, à l'abri de tout empêchement politique <strong>et</strong> dans une large mesure,<br />

la mise en exécution de la sublime intention de supprimer les éléments en<br />

question qui depuis des siècles entravent la progression civilisatrice de<br />

l'Etat, est le devoir de chacun de nous. pour cela, en disant: " arrivera ce<br />

que pourra ", nous devons assumer toutes les responsabilités <strong>et</strong> appréciant<br />

la participation du gouvernement à la guerre générale comme le résultat<br />

d'un grand sacrifice, nous devons tâcher de faire aboutir les moyens<br />

entrepris aux résultats exigés.<br />

Comme il était dit dans notre l<strong>et</strong>tre du 18 février 1915 [3 mars, n.s., cf.<br />

DOCUMENT N° 1], le Djémièt a pris la décision de détruire jusqu'à la<br />

racine <strong>et</strong> d'annihiler désormais les diverses forces qui combattent contre lui<br />

depuis des années sur la voie de ses efforts, <strong>et</strong> pour ce faire il est<br />

malheureusement obligé d'avoir recours à des moyens très sanglants. Soyez<br />

certain que nous-mêmes nous nous émouvons en songeant à l'horreur de ces<br />

moyens; mais le Djémièt, pour assurer son existence éternelle, ne voit pas<br />

une autre issue.<br />

Ali Riza nous critique <strong>et</strong> fait appel à la pitié. Un tel degré de naïv<strong>et</strong>é est de<br />

l'imbécillité. Allez à Alep, si vous arrivez à le convaincre vous travaillerez<br />

ensemble, mais si ce n'est pas possible, nous trouverons un endroit propice<br />

pour faire vibrer les cordes de son coeur. Avant que les entreprises<br />

concernant les personnes connues aient donné leurs résultats, il ne serait<br />

pas bon de s'occuper des autres. Pour le moment il a été jugé opportun de<br />

punir par les moyens légaux les notables seulement, ce qui sera le point de<br />

départ pour les opérations futures.<br />

Je vous rem<strong>et</strong>s de nouveau à la mémoire la question des eff<strong>et</strong>s abandonnés.<br />

Elle est très importante. Ne perdez pas de vue son administration, vérifiez<br />

toujours les comptes <strong>et</strong> l'usage que l'on en fait. Faites-nous savoir aussi le<br />

jour de votre départ.<br />

P.S. — Nadji bey 3 doit y aller aussi ; présentez-le partout. Le changement<br />

de préf<strong>et</strong> n'est pas possible. D'ailleurs vous devez partir de là, donc ce n'est<br />

pas nécessaire.<br />

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DOCUMENT N°3.<br />

Télégramme adressé par Talaat à la préfecture d'Alep le 16 septembre 1915 <strong>et</strong><br />

portant le numéro 502 4<br />

Nous vous recommandons de soum<strong>et</strong>tre aussi bien les femmes que les<br />

enfants aux ordonnances qui vous ont été antérieurement prescrites,<br />

d'appliquer aux mâles des personnes connues <strong>et</strong> de désigner pour ces<br />

fonctions des employés de confiance.<br />

(Apostille :<br />

Avez-vous vu le commandant de la gendarmerie — A. Abdulahad Nouri<br />

bey. Le 5 septembre 1915 [18 septembre, n,s.]. Le Préf<strong>et</strong>, Mustafa<br />

Abdulhalik.)<br />

DOCUMENT N°4 :<br />

Télégramme adressé par Talaat à la préfecture d'Alep le 22 septembre 1915.<br />

Le droit des Arméniens de vivre <strong>et</strong> de travailler sur le territoire de la<br />

Turquie est totalement aboli ; le gouvernement, assumant toutes les<br />

responsabilités à ce suj<strong>et</strong>, a ordonné de n'en même pas laisser les enfants au<br />

berceau. On a vu dans quelques provinces l'exécution de c<strong>et</strong>te ordonnance.<br />

123


Cela étant ainsi, pour des raisons que nous ignorons, on fait des exceptions<br />

pour certains individus, lesquels au lieu d'être envoyés dans le lieu de leur<br />

exil, sont laissés à Alep, <strong>et</strong> de ce fait on m<strong>et</strong> le gouvernement devant une<br />

nouvelle difficulté. Sans adm<strong>et</strong>tre leurs raisons, femmes ou enfants, quels<br />

qu'ils soient, même ceux qui sont incapables de se mouvoir, faites- les sortir<br />

de là <strong>et</strong> ne donnez pas prise à la population pour les défendre. La<br />

population m<strong>et</strong> par ignorance ses intérêts matériels au-dessus des<br />

sentiments patriotiques, <strong>et</strong> n'est pas à même d'apprécier la grande politique<br />

que le gouvernement suit à ce propos. Etant donné que les actes de<br />

suppression commis ailleurs indirectement -rigueur, accélération de<br />

marche, les tracas de route, les misères -peuvent être assurés là<br />

directement, employez-vous y d'arrache-pied, sans perte de temps. Le<br />

ministère de la Guerre a informé tous les commandements d'armées que les<br />

chefs des stations militaires ne doivent pas s'immiscer dans le déplacement<br />

des déportés. Informez les fonctionnaires qui se chargeront de c<strong>et</strong>te affaire<br />

que, sans craindre les responsabilités, ils doivent travailler à atteindre le<br />

véritable but. Veuillez me communiquer toutes les semaines les résultats de<br />

votre activité en rapports chiffrés.<br />

DOCUMENT N° 5 :<br />

Télégramme adressé par Talaat à la préfecture d'Alep le 29 septembre 1915 5 .<br />

Il a été précédemment communiqué que le gouvernement, sur l'ordre du<br />

Djémièt a décidé d'exterminer entièrement tous les Arméniens habitant en<br />

Turquie. Ceux qui s'opposeraient à c<strong>et</strong> ordre <strong>et</strong> à c<strong>et</strong>te décision ne<br />

pourraient faire partie de la forme gouvernementale. Sans égard pour les<br />

femmes, les enfants <strong>et</strong> les infirmes, quelque tragiques que puissent être les<br />

moyens de l'extermination, sans écouter les sentiments de la conscience, il<br />

faut m<strong>et</strong>tre fin à leur existence.<br />

DOCUMENT N° 6 :<br />

124


Télégramme adressé par Talaat à la préfecture d'Alep le 4 octobre 1915.<br />

(Ce télégramme concerne l'installation à Alep d'un orphelinat recueillant les<br />

enfants arméniens.)<br />

Un pareil orphelinat n'est pas nécessaire. Ce n'est pas l'époque de perdre<br />

son temps à les nourrir <strong>et</strong> à allonger leur vie, en cédant aux sentiments.<br />

Renvoyez-les <strong>et</strong> avisez-nous en.<br />

DOCUMENT N° 7 :<br />

Télégramme adressé par Talaat à la préfecture d'Alep le 12 octobre 1915 <strong>et</strong><br />

portant le numéro 537 6 .<br />

Nous apprenons que des gens du peuple <strong>et</strong> des fonctionnaires se marient<br />

avec les femmes arméniennes. Interdisant cela sévèrement, je recommande<br />

d'importance que les femmes de ce genre, séparées, soient envoyées dans les<br />

déserts.<br />

(Apostille :<br />

Au sous-directeur général des déportés. Le 3 octobre 1915 [16 octobre, n.s.].<br />

Le préf<strong>et</strong>, Mustafa Abdulhalik.)<br />

DOCUMENT N° 8 :<br />

Télégramme adressé par Talaat à la préfecture d'Alep le 16 octobre 1915 <strong>et</strong><br />

portant le numéro 544.<br />

Le but d'avoir désigné le sandjak de Zor comme lieu d'exil a été expliqué<br />

par le télégramme chiffré n° 1843 en date du 2 septembre 1915 [15<br />

septembre, n.s.]. Pour les excès commis en cours de route par la population<br />

sur les personnes connues, servant à la réalisation du but poursuivi par le<br />

gouvernement, il n'y aura pas de poursuite judiciaire. On en a avisé<br />

également les administrations de Zor <strong>et</strong> d'Ourla.<br />

(Apostille :<br />

125


Au sous-directeur des déportés, le 5 octobre [18 octobre, n.s.]. Le préf<strong>et</strong>,<br />

Mustafa Abdulhalik.)<br />

DOCUMENT N° 9 :<br />

Télégramme adressé par Talaat à la préfecture d'Alep le 25 octobre 1915 <strong>et</strong><br />

portant le numéro 563.<br />

Préparez <strong>et</strong> envoyez d'ici une semaine les papiers demandés par l'ordre<br />

secr<strong>et</strong> n° 1923 en date du 25 septembre 1915 [8 octobre, n.s.].<br />

(Apostille :<br />

S'en informer à la sous-direction générale des déportés. Le 23 octobre [5<br />

novembre, n.s.]. Le préf<strong>et</strong>, Mustafa Abdulhalik.)<br />

DOCUMENT N° 10 :<br />

Télégramme adressé par Talaat à la préfecture d'Alep le 18 novembre 1915 <strong>et</strong><br />

portant le numéro 603.<br />

(Il s'agit en fait d'une circulaire envoyée dans tous les vilay<strong>et</strong> . ).<br />

Nous apprenons que les p<strong>et</strong>its des personnes connues déportées des vilay<strong>et</strong><br />

de Sivas, de Mamour<strong>et</strong>-ul Aziz, de Diarbékir <strong>et</strong> d'Erzeroum, étant restés<br />

orphelins <strong>et</strong> sans appui par suite de la mort de leurs parents, sont adoptés<br />

ou pris comme domestiques par des familles musulmanes. Nous vous<br />

exhortons de rechercher tous les enfants qui se trouvent dans ce cas <strong>et</strong> de les<br />

envoyer au lieu de leur exil ; de plus d'aviser la population à ce suj<strong>et</strong> par le<br />

moyen que vous jugerez propice.<br />

(Apostille :<br />

126


Concertez-vous avec le directeur de la police. Au sous-directeur f général<br />

des déportés, le 7 novembre [20 novembre, n.s.]. Le préf<strong>et</strong>, Mustafa<br />

Abdulhalik.)<br />

DOCUMENT N° 11 :<br />

Télégramme adressé par Talaat à la préfecture d'Alep le 1 er décembre 1915 7 .<br />

Par la démarche que sur l'instruction de son gouvernement l'ambassade<br />

américaine fit dernièrement auprès de nous, il apparaît que les consuls<br />

américains se procurent des nouvelles par des moyens secr<strong>et</strong>s. Bien qu'il<br />

leur fût répondu que la déportation s'effectue d'une manière sûre <strong>et</strong><br />

confortable, c<strong>et</strong>te affirmation n'étant pas suffisante pour les convaincre,<br />

tâchez que lors de la sortie des Arméniens des villes, des bourgs <strong>et</strong> des<br />

centres, des faits pouvant attirer l'attention ne se produisent pas. Au point<br />

de vue de la politique actuelle il est d'une importance capitale que des<br />

étrangers qui circulent par là soient convaincus que c<strong>et</strong>te déportation ne se<br />

fait que dans un but de changement de séjour. Pour ce motif, il est<br />

provisoirement important d'étaler pour l'apparence une conduite délicate<br />

<strong>et</strong> de n'appliquer les moyens connus que dans les endroits propices. Je vous<br />

recommande à ce propos d'arrêter les personnes qui donnent ces nouvelles<br />

ou qui font des enquêtes <strong>et</strong> de les livrer, sous d'autres prétextes, aux cours<br />

martiales.<br />

(Apostilles :<br />

Sans parler du télégramme chiffré, voyez le directeur de la police. Y a-t-il<br />

réellement des gens qui enquêtent Conformément aux ordres du<br />

ministère, que les opérations se fassent ici avec modération. Au sousdirecteur<br />

général des déportés, le 2l novembre 1915 [4 décembre, n.s.]. Le<br />

préf<strong>et</strong>, Mustafa Abdulhalik.<br />

J'étais sûr de l'existence de semblables personnes <strong>et</strong> j'avais prié à plusieurs<br />

reprises le directeur de la police de les poursuivre, mais ses démarches<br />

127


n'eurent pas de résultat. Si la préfecture lui faisait une énergique<br />

recommandation, le résultat pourrait peut-être en être assuré. C'est à vous<br />

d'ordonner dans la circonstance. Le 21 novembre 1915 [4 décembre, n.s.].<br />

Le sous-directeur général, Abdulahad Nouri.<br />

Vous devriez écrire aussi aux fonctionnaires préposés à la déportation. Au<br />

sous-directeur général, le 22 novembre 1915 [5 décembre, n.s.]. Le préf<strong>et</strong>,<br />

Mustafa Abdulhalik.<br />

Ecrivez, Naïm effendi ! Le 22 novembre 1915 [5 décembre, n.s.]. Il fut écrit.<br />

Dossier 741/16.)<br />

DOCUMENT N° 12 :<br />

Télégramme adressé par Talaat à la préfecture d'Alep le 6 décembre 1915 <strong>et</strong><br />

portant le numéro 691.<br />

Exterminez par des moyens secr<strong>et</strong>s tout Arménien des provinces orientales<br />

que vous pourriez trouver dans vos parages.<br />

DOCUMENT N° 13 :<br />

Télégramme adressé par Abdulahad Nouri à la Direction générale de<br />

l'installation des tribus <strong>et</strong> des déportés de Constantinople (c'est- à-dire à son<br />

supérieur Choukri bey ) , <strong>et</strong> portant le numéro 31.<br />

Plus de 400 enfants se trouvent dans l'orphelinat; on les enverra au lieu de<br />

leur exil en les plaçant dans les caravanes.<br />

(Ce télégramme se rapporte à celui du 4 octobre 1915, DOCUMENT N° 6.)<br />

128


DOCUMENT N° 14 :<br />

Télégramme adressé par le ministère de l'Intérieur à la préfecture d'Alep en<br />

novembre ou décembre 1915 <strong>et</strong> remis par Abdulahad Nouri huit jours plus tard<br />

sans être visé par Mustafa Abdulhalik.<br />

Le but de la déportation des personnes en question est d'assurer le bonheur<br />

futur de la patrie. Car n'importe où que l'on pourrait les faire habiter, ils<br />

ne renonceront jamais à leurs maudites idées ; il faut tâcher que leur<br />

nombre diminue autant que possible.<br />

DOCUMENT N° 15 :<br />

Télégramme adressé par Talaat à la préfecture d'Alep le 14 décembre 1915.<br />

Bien qu'il faille montrer un zèle tout particulier pour l'extermination des<br />

personnes en question, nous apprenons que ceux-là sont envoyés dans des<br />

endroits suspects comme la Syrie <strong>et</strong> Jérusalem. Une tolérance semblable est<br />

une faute impardonnable. Le lieu d'exil des perturbateurs de ce genre est le<br />

néant. Je vous recommande d'agir en conséquence.<br />

DOCUMENT N° 16 :<br />

Télégramme adressé par Talaat à la préfecture d'Alep le 16 décembre 1915 <strong>et</strong><br />

portant le numéro 723.<br />

Renvoyez sans délai dans les endroits de leur exil les Arméniens établis<br />

antérieurement aux environs d' Alep, <strong>et</strong> informez-nous à ce suj<strong>et</strong>.<br />

DOCUMENT N° 17 :<br />

Télégramme adressé par Talaat à la préfecture d'Alep le 22 décembre 1915 <strong>et</strong><br />

portant le numéro 745.<br />

Il n'y a pas d'inconvénient à recevoir les télégrammes de mécontentement <strong>et</strong><br />

de plaintes adressés aux autorités par les personnes connues relatifs aux<br />

actes commis contre eux. Mais ce serait une perte de temps que de<br />

s'occuper de l'instruction de ces affaires.<br />

Vous direz aux plaignants de poursuivre leurs droits perdus dans le lieu de<br />

leur exil.<br />

(Apostille :<br />

La sous-direction était avisée déjà. Au sous-directeur général des déportés.<br />

Le 11 décembre [24 décembre, n.s.]. Le préf<strong>et</strong>, Mustafa Abdulhalik.)<br />

129


DOCUMENT N° 18 :<br />

Télégramme adressé par Talaat à la préfecture d'Alep le 24 décembre 1915 <strong>et</strong><br />

portant comme le précédent le numéro 745 (un des deux numéros<br />

d'enregistrement est donc nécessairement faux) .<br />

Nous apprenons que quelques correspondants de journaux arméniens,<br />

circulant dans vos parages, se sont procuré des photographies <strong>et</strong> des papiers<br />

représentant des faits tragiques <strong>et</strong> ils les ont confiés au consul américain de<br />

votre localité. Faites arrêter <strong>et</strong> supprimer les personnes dangereuses de ce<br />

genres 8 .<br />

DOCUMENT N° 19 :<br />

Télégramme adressé par Talaat à la préfecture d'Alep le 25 décembre 1915 <strong>et</strong><br />

portant le numéro 830 – ce qui ne correspond pas aux dates d'enregistrement <strong>et</strong><br />

fait supposer que ce télégramme est postérieur de plus d'un mois .<br />

Recueillez <strong>et</strong> entr<strong>et</strong>enez seuls des orphelins qui ne pourraient se rappeler les<br />

terreurs auxquelles furent soumis leurs parents. Renvoyez les autres avec<br />

les caravanes.<br />

(Apostille :<br />

Au sous-directeur des déportés. Le 12 décembre [25 décembre, n.s.]. Le<br />

préf<strong>et</strong>, Mustafa Abdulhalik).<br />

DOCUMENT N° 20 :<br />

Télégramme adressé par Abdulahad Houri à la direction générale de<br />

l'installation des tribus <strong>et</strong> des déportés de Constantinople le 26 décembre 1915<br />

<strong>et</strong> portant le numéro 51.<br />

130


Par le télégramme chiffré du 9 septembre 1915 [v.s.] <strong>et</strong> par le haut<br />

télégramme du 20 novembre 1915 [v.s.] du ministère de l'Intérieur, il avait<br />

été ordonné d'arrêter les nommés Hap<strong>et</strong> Aramian, Karab<strong>et</strong> Antounian <strong>et</strong><br />

Arsène Chahbazian. Nous informons que nous étant assurés que ces<br />

personnes se trouvaient à Ras el-Aïn, selon l'ordre du ministère, l'opération<br />

nécessaire les concernant a été accomplie par les soins d'un fonctionnaire<br />

envoyé d'ici, <strong>et</strong> le fait a été porté à la connaissance du ministère par la<br />

préfecture.<br />

DOCUMENT N° 21 :<br />

Télégramme adressé par Talaat à la préfecture d'Alep le 30 décembre 1915 en<br />

réponse à un télégramme du 15 décembre 1915 <strong>et</strong> portant le numéro 762.<br />

Avisez les Arméniens qui dans l'intention d'éviter la déportation générale<br />

demandent à embrasser l'islamisme qu'ils ne peuvent seulement se faire<br />

musulmans que rendus au lieu de leur exil.<br />

DOCUMENT N° 22 :<br />

Télégramme adressé par Mustafa Abdulhalik au ministre de l'Intérieur le<br />

5janvier 1916 <strong>et</strong> faisant allusion aux DOCUMENTS Na 47 <strong>et</strong> Na 48 (if infra).<br />

Le DOCUMENT Na 48 rédigé par Ali Souad bey est joint à ce télégramme.<br />

Du rapport du sous-directeur général des déportés qui dernièrement avait<br />

été faire une inspection à Ras el-Aïn, il ressort que les Arméniens envoyés, y<br />

ayant été laissés jusqu'à ce jour, s'y sont tout bonnement établis, <strong>et</strong> que<br />

celui qui les défend <strong>et</strong> les autorise n'est autre que le gouverneur de Der-ez-<br />

Zor, Ali Souad bey.<br />

Bien qu'il lui soit maintes <strong>et</strong> maintes fois écrit que l'entassement des milliers<br />

d'Arméniens dans un bourg comme Ras el-Aïn qui a une grande<br />

importance locale, <strong>et</strong> leur non-envoi sous prétexte que " les moyens de<br />

131


transport manquent ", attirerait des responsabilités, il n'y a pas eu de<br />

résultat.<br />

L'attachement <strong>et</strong> la protection que Souad bey leur montre ont pris des<br />

proportions étonnantes. On raconte qu'il fait lui-même la toil<strong>et</strong>te de<br />

certains enfants qui se trouvent chez lui <strong>et</strong> qu'il se lamente sur les malheurs<br />

de leurs parents. De c<strong>et</strong>te façon, les Arméniens envoyés dans ces parages<br />

jouissent d'une vie heureuse <strong>et</strong> sont reconnaissants à Souad bey.<br />

Mais comme le maintien de c<strong>et</strong>te situation serait la cause du r<strong>et</strong>ard<br />

involontaire du renvoi des déportés d'Alep, nous nous adressons à Votre<br />

Altesse ministérielle pour demander une ordonnance à ce suj<strong>et</strong>.<br />

DOCUMENT N° 23 :<br />

Télégramme adressé par Talaat à la préfecture d'Alep le 8 janvier 1916 <strong>et</strong><br />

portant le numéro 801.<br />

Il est décidé de renvoyer dans leur lieu d'exil les Arméniens employés en<br />

général dans tous les établissements, au chemin de fer comme dans d'autres<br />

constructions, <strong>et</strong> le ministère de la Guerre a informé à ce suj<strong>et</strong> tous les<br />

commandements des armées. Communiquez-moi les résultats.<br />

DOCUMENT N° 24 :<br />

Télégramme adressé par Talaat à la préjècture d'Alep le 11 janvier 1916 <strong>et</strong><br />

portant le numéro 809.<br />

Nous apprenons que des officiers étrangers rencontrant le long des chemins<br />

des cadavres des personnes connues les photographient. Je vous<br />

recommande vivement d'enterrer immédiatement ces cadavres <strong>et</strong> de ne plus<br />

les laisser sur les routes.<br />

(Apostille :<br />

C'est très important, n'est-ce pas, bey Au sous-directeur général des<br />

déportés, le 2 janvier 1916 [15 janvier, n.s.]. Le préf<strong>et</strong>, Mustafa Abdulhalik.)<br />

DOCUMENT N° 25 :<br />

Télégramme adressé par Talaat à la préfecture d'Alep le 17 janvier 1916 <strong>et</strong><br />

portant le numéro 820 9 .<br />

132


Je vous recommande en général d'envoyer dorénavant directement à leur<br />

lieu d'exil tous les Arméniens qui viendraient du Nord, sans les faire<br />

stationner dans un ville ou un bourg.<br />

DOCUMENT N° 26 :<br />

Télégramme adressé par Abdulahad Nouri à la Direction générale de<br />

l'installation des tribus <strong>et</strong> des déportés de Constantinople le 23 janvier 1916 <strong>et</strong><br />

portant le numéro 57 10 .<br />

Il a été établi, après enquête, qu'à peine 10 % des Arméniens, soumis à la<br />

déportation générale, sont arrivés au lieu de leur destination <strong>et</strong> que les<br />

autres sont morts en route par la famine, les maladies <strong>et</strong> d'autres causes<br />

naturelles semblables. J'espère obtenir le même résultat pour les survivants<br />

en les traitant avec rigueur.<br />

DOCUMENT N° 27 :<br />

Télégramme adressé par Mustafa Abdulhalik au mutessarif d)Aïn- tab -qui était<br />

sous sa juridiction -le 24janvier 1916 11 .<br />

Nous apprenons que des Arméniens originaires de Sivas <strong>et</strong> de Kharpout se<br />

trouvent dans votre circonscription. Ne leur donnez pas l'occasion de s'y<br />

établir, en faisant le nécessaire d'après la manière connue, antérieurement<br />

communiquée, faites-nous en savoir le résultat.<br />

DOCUMENT N° 28 :<br />

Télégramme adressé par Talaat à la préfecture d'Alep le 28 janvier 1916 12 .<br />

Nous apprenons que dans les orphelinats ouverts en certaines localités, on<br />

adm<strong>et</strong> aussi les enfants des personnes connues. Puisque le gouvernement<br />

considère nuisible leur existence, c'est agir contre le désir du gouvernement<br />

que de nourrir <strong>et</strong> de prolonger la vie de ces enfants, comme d'avoir pitié<br />

133


d'eux, soit en ne saisissant pas le véritable but poursuivi, soit en le<br />

méprisant. Je vous recommande de ne pas adm<strong>et</strong>tre ces enfants dans les<br />

orphelinats <strong>et</strong> de ne pas entreprendre de fonder des orphelinats spéciaux<br />

pour eux.<br />

DOCUMENT N° 29 :<br />

Télégramme adressé par Talaat à la préfecture d'Alep le 29janvier 1916 <strong>et</strong><br />

portant le numéro 840.<br />

Nous apprenons qu'à partir des environs d'Inûli <strong>et</strong> d'Aïran jusqu'à Alep,<br />

sur toute la longueur des chemins, se trouvent 40 000 à 50 000 Arméniens,<br />

pour la plupart des femmes <strong>et</strong> des enfants. Seront punies de la façon la plus<br />

sévère toutes les personnes qui occasionnent une agglomération de miséreux<br />

sur ces points si importants pour les envois de troupes. En conséquence, de<br />

concert avec le vilay<strong>et</strong> d'Adana, renvoyez immédiatement ces Arméniens, à<br />

pied, dans les lieux de leur exil sans les faire passer par Alep. J'attends avec<br />

impatience que d'ici une semaine vous m'en communiquiez le résultat.<br />

DOCUMENT N° 30 :<br />

Supplément au télégramme précédent adressé par Talaat à la préfecture d'Alep<br />

le même jour.<br />

Ceux des Arméniens laissés à Intili <strong>et</strong> à Aïran qui travaillent dans les<br />

constructions, ne les renvoyez pas jusqu'à l'achèvement de ces travaux.<br />

Mais leur cohabitation avec leurs familles n'étant pas autorisée, installez-les<br />

provisoirement aux environs d' Alep dans locaux appropriés. Les femmes <strong>et</strong><br />

les enfants qui restent sans soutiens, renvoyez-les tout de suite<br />

conformément au télégramme précédent.<br />

DOCUMENT N° 31 :<br />

Télégramme adressé par le mutessarif d'Aïntab à la préfecture d'Alep le 31<br />

janvier 1916, en réponse au télégramme n° 27 que lui ait envoyé Mustafa<br />

Abdulhalik.<br />

On a constaté qu'à Roum-Kalé qui relève de notre circonscription, ne se<br />

trouvent que 500 personnes originaires des dites provinces. Le kaimakam<br />

de Roum-Kalé annonce que ce ne sont, en grande partie, que des femmes <strong>et</strong><br />

des enfants <strong>et</strong> qu'ils ont été renvoyés par les gardes kurdes selon la mesure<br />

connue communiquée, sans espoir de r<strong>et</strong>our.<br />

134


Naïm bey résume l'affaire avant de présenter ces deux télégrammes<br />

(DOCUMENTS N° 27 <strong>et</strong> N° 31) : « L'ordre fut donné d'Alep au kaïmakam de<br />

Roum-Kalé. Celui-ci réunit des <strong>Kurd</strong>es, en forma une bande de brigands<br />

l'envoya du côté de Samsat pour détruire complètement les caravanes de<br />

déportés arméniens venant des routes de Behésni <strong>et</strong> d'Adiyaman. Les cadavres<br />

furent j<strong>et</strong>és dans Euphrate. D'après les renseignements officiels approximatifs,<br />

c<strong>et</strong>te bande kurde tua 14000 Arméniens rien que dans le voisinage de Samsat. »<br />

DOCUMENT N° 32 :<br />

Télégramme adressé par Abdulahad Nouri à Mouharrem bey, chef du service de<br />

la déportation à Bab le 2février 1916, <strong>et</strong> portant le numéro 344 13 .<br />

Vous apprécierez sans doute la confiance que la Préfecture a mise dans<br />

votre honorable personne ainsi que l'importance de l'oeuvre qui, basée sur<br />

c<strong>et</strong>te confiance, vous a été confiée par notre Administration. Vous ne devez<br />

autoriser le séjour d'aucun Arménien L Bab. Seules la sévérité <strong>et</strong> la célérité<br />

que vous montrerez dans l'expulsion des déportés pourront assurer le but<br />

que nous pour- suivons. Vous devez néanmoins avoir soin de ne pas laisser<br />

de cadavres sur les routes. Faites-moi savoir au plus tôt le maximum de<br />

salaire qu'il faut donner aux hommes désignés par vous pour accomplir<br />

c<strong>et</strong>te besogne.<br />

Ne vous préoccupez pas des moyens de transport. Les déportés peuvent s'en<br />

aller aussi bien à pied.<br />

Les listes de mortalité qui nous ont été envoyées ces jours-ci n'étaient pas<br />

satisfaisantes. Elles prouvent que ces personnes vivent là-bas en paix. Le<br />

renvoi des déportés ne doit ressembler en rien à un voyage d'agrément.<br />

N'attachez aucune importance aux plaintes <strong>et</strong> aux gémissements. Les<br />

instructions nécessaires ont été données par la préfecture également au<br />

kaïmakam. Montrez du zèle.<br />

Naïm bey donne quelques renseignements concernant Mouharrem bey :<br />

« Ce Mouharrem bey était l'ancien directeur de la police de Bagdad <strong>et</strong> le plus<br />

sanguinaire des fonctionnaires préposés à l'envoi des déportés. La fonction qui<br />

lui était confiée était fort importante <strong>et</strong>, de peur que la cupidité ne lui dictât<br />

quelque tolérance, on lui allouait 150 livres par mois. C<strong>et</strong> homme fit de grands<br />

convois de déportés. A lui seul il fut la cause de la mort de milliers d'Arméniens<br />

qui tombèrent sur les routes. »<br />

DOCUMENT N° 33 :<br />

Télégramme adressé par Talaat à la préfecture d'Alep le 5 février 1916 <strong>et</strong><br />

portant le numéro 853.<br />

135


A une époque où des milliers d'émigrés musulmans <strong>et</strong> de veuves de martyrs<br />

ont besoin de protection <strong>et</strong> de nourriture, il n'est pas admissible de faire des<br />

frais pour nourrir des enfants des personnes connues, qui à l'avenir ne<br />

serviront pas à autre chose qu'à être dangereux. Les renvoyer de la<br />

Préfecture avec les caravanes des déportés <strong>et</strong> envoyer, conformément à<br />

notre dernière instruction, à Sivas, ceux qu'on est en train d'entr<strong>et</strong>enir.<br />

(Apostille :<br />

Au sous-directeur général des déportés, le 25 janvier [7 février, n.s.]. Le<br />

préf<strong>et</strong>, Mustafa Abdulhalik.)<br />

DOCUMENT N° 34 :<br />

Télégramme adressé par Abdulahad Nouri à la Direction générale de<br />

l'installation des tribus <strong>et</strong> des déPortés de Constantinople le 10 février 1916 <strong>et</strong><br />

portant le numéro 63.<br />

Au moment où les froids continuent avec rigueur, en envoyant à l'endroit<br />

désigné les orphelins disponibles, on assurera leur repos éternel. Nous<br />

demandons en conséquence l'ordonnance du crédit demandé.<br />

A propos de ce télégramme, Naïm bey explique qu'il concernait le transfert des<br />

orphelins à Sivas :<br />

« Le transport des orphelins à Sivas, écrit-il dans ses mémoires, avait pour but<br />

de les faire tuer. On m'avait également donné des instructions au suj<strong>et</strong> de leur<br />

transfert. Sous la surveillance d'un fonctionnaire spécialement désigné, ces<br />

enfants devaient être conduits jusqu'à Eregli d'où ils devaient être transportés à<br />

Sivas en voiture. Je devais rester à Eregli. A c<strong>et</strong>te époque la somme consacrée à<br />

l'expédition des déportés était finie. On attendait un nouveau crédit qui tarda <strong>et</strong><br />

l'affaire fut ratée. Sept ou huit mois plus tard, une nouvelle décision ayant été<br />

prise, les orphelins furent envoyés à Constantinople. »<br />

136


DOCUMENT N° 35 :<br />

Télégramme adressé par Talaat à la préfecture d'Alep le 15 février 1916 <strong>et</strong><br />

portant le numéro 860, en réponse au télégramme du 29 janvier 1916<br />

(DOCUMENT Na 29) concernant les familles des Arméniens employés à la<br />

construction des chemins de fer d'Intili <strong>et</strong> Aïran.<br />

Persuadez-les que leurs maris viendront les r<strong>et</strong>rouver plus tard <strong>et</strong> renvoyezles<br />

au lieu de leur exil.<br />

DOCUMENT N° 36 :<br />

Télégramme adressé par Talaat à la préfecture d'Alep le 16 févrie 1916.<br />

La commission envoyée à Ourfa sous la présidence de Mustaf Naïl effendi,<br />

<strong>et</strong> qui a pour mission de faire des enquêtes sur le idées <strong>et</strong> les entreprises des<br />

personnes connues <strong>et</strong> se procurer des documents à ce suj<strong>et</strong>, après y avoir<br />

rempli ses obligations doit faire des enquêtes du côté d'Aïntab <strong>et</strong> de Kilis,<br />

relevant de votre département. En conséquence avisez secrètement partout<br />

où il faut afin qu'on prenne les meilleures mesures pour faciliter leur tâche<br />

<strong>et</strong> la rendre fructueuse.<br />

DOCUMENT N° 37 :<br />

Télégramme adressé par Abdulahad Nouri à la Direction générale de<br />

l'installation des tribus <strong>et</strong> des déportés de Constantinople le 1 er mars 1916 en<br />

réponse à un télégramme du 23 février 1916 <strong>et</strong> portant le numéro 76 14<br />

La personne désignée, arrêtée par la police d'Adana a été amenée ici sous<br />

escorte; dirigée d'ici à Mardine, elle a essayé en route de prendre la fuite <strong>et</strong><br />

a été tuée par les gens de l'escorte ; c'est ce qui ressort du rapport du<br />

kaïmakam de Harran (Tel-Abyat).<br />

DOCUMENT N° 38 :<br />

Télégramme adressé par Talaat à la préfecture d'Alep le 4 mars 1916.<br />

Les commandements des armées signalent la nécessité d'employer dans le<br />

service militaire celles des personnes connues qui ont l'âge du service<br />

militaire. <strong>Pen</strong>sant qu'il sera impossible de les envoyer sur les zones de<br />

guerre <strong>et</strong> que par ailleurs, leur séjour dans les villes n'est pas permis, nous<br />

autorisons -à la condition que leurs familles soient déportées avec les<br />

caravanes -à les employer en dehors des villes à la construction de chemins<br />

<strong>et</strong> autres entreprises. A ce propos, le ministère de la Guerre a envoyé des<br />

137


instructions spéciales aux commandements des armées. M<strong>et</strong>tez-vous par<br />

conséquent d'accord <strong>et</strong> agissez selon ces instructions.<br />

DOCUMENT N° 39 :<br />

Télégramme adressé par Abdulahad Nouri à la Direction générale<br />

del'installation des tribus <strong>et</strong> des déportés de Constantinople le 10 mars 1916 15 .<br />

A titre de renseignement j'informe qu'exception faite de ceux qui ont été<br />

envoyés en Syrie comme artisans, à peine un quart des Arméniens jusqu'à<br />

présent envoyés sont arrivés au lieu de leur exil. Les autres, par suite de<br />

causes naturelles, sont morts en route. Toutes les mesures nécessaires sont<br />

prises pour renvoyer au plus tôt d'Alep tous ceux qui y restent pour<br />

différents motifs.<br />

DOCUMENT N° 40 :<br />

Télégramme adressé par Talaat à la préfecture d'Alep le 20 mars 1916 16 .<br />

Prétextant qu'ils seront soignés par l'administration des déportés, sans<br />

éveiller les soupçons, prendre <strong>et</strong> exterminer en masse les enfants des<br />

personnes connues ramassés <strong>et</strong> soignés, sur l'ordre du ministère de la<br />

Guerre, par les stations militaires. Nous aviser.<br />

DOCUMENT N° 41 :<br />

Télégramme adressé par Abdulahad Nouri à la Direction générale de<br />

l'installation des tribus <strong>et</strong> des déportés de Constantinople le 20 mars 1916 en<br />

réponse au télégramme chiffré du 16 mars 1916) <strong>et</strong> portant le numéro 76) c'està-dire<br />

le même numéro que le DOCUMENT N° 37 (la numérotation est donc<br />

erronée) 17 .<br />

D'après les rapports reçus, les Arméniens morts jusqu'à ce jour, par<br />

différentes causes, sont 35 000 aux environs de Bab <strong>et</strong> de Meskené, 10000 à<br />

138


Alep (à Karlik), 20000 dans les environs de Dipsi, d'Abou-Rarrar <strong>et</strong> de<br />

Raman, 35 000 à Ras el-Aïn ; en tout 95 000 personnes.<br />

DOCUMENT N° 42 :<br />

Télégramme adressé par le mutessarif de Deir-ez-Zor, Zéki bey, à la préfecture<br />

d'Alep le 13 août 1916.<br />

D'après l'ordre qui m'a été transmis par le ministère, lorsque l'envoi des<br />

déportés d'Alep sera réduit, le lieu de résidence des Arméniens qui se<br />

trouvent ici doit être changé. Veuillez, par conséquent, me faire savoir<br />

jusqu'à quand doit continuer l'envoi des déportés <br />

Ici se termine la série des télégrammes datés remis par Naïm bey à Andonian.<br />

Mais sont également insérés dans le livre d'Andonian neuf documents non datés,<br />

non numérotés <strong>et</strong> parfois anonymes, dont les originaux ne semblent pas avoir été<br />

entre les mains d'Andonian. En fait les textes de ces télégrammes sont tous<br />

inclus dans les mémoires de Naïm bey (à l'exception du DOCUMENT N" 49).<br />

La date de certains peut être déduite du contexte ou rapportée à des télégrammes<br />

présentés ci-dessus.<br />

DOCUMENT N° 43 :<br />

Télégramme non signé, provenant probablement du ministère de l'Intérieur <strong>et</strong><br />

adressé à la préfecture d'Alep 18 .<br />

Bien qu'une décision antérieure ait été prise pour la suppression de<br />

l'élément arménien qui, depuis des siècles, désire saper les fondements<br />

solides de l'Etat <strong>et</strong> qui a pris les apparences d'un important malheur pour<br />

le gouvernement, mais les exigences des temps n'offraient point la<br />

possibilité de réaliser c<strong>et</strong>te intention sacrée. Maintenant tous les obstacles<br />

étant supprimés <strong>et</strong> le temps de débarrasser la patrie de c<strong>et</strong> élément<br />

139


dangereux étant arrivé, on vous recommande expressément de ne pas vous<br />

laisser aller à des sentiments de pitié en présence de leur état lamentable, <strong>et</strong><br />

que, en m<strong>et</strong>tant fin à leur existence, vous travailliez de toute votre âme à la<br />

suppression du nom arménien en Turquie. Faire attention que les<br />

fonctionnaires désignés pour réaliser ce but soient des patriotes <strong>et</strong> des<br />

hommes de confiance.<br />

DOCUMENTS N° 44 <strong>et</strong> N° 45 :<br />

Télégrammes adressés par Talaat à la préfecture d'Alep, probablement à la fin<br />

de 1915 19 .<br />

Nous apprenons que certains fonctionnaires ont été traduits devant le<br />

conseil de guerre avec l'accusation d'avoir agi avec rigueur <strong>et</strong> violence<br />

envers les personnes en question. Bien que le fait ne soit qu'une simple<br />

formalité, il est de nature à atténuer le zèle des autres fonctionnaires. Pour<br />

ce motif, j'ordonne que de semblables enquêtes n'aient plus lieu à l'avenir.<br />

[N° 44]<br />

La prise en considération des plaintes <strong>et</strong> des procès venant à propos de<br />

toutes sortes de questions personnelles des personnes en question, pourrait<br />

non seulement r<strong>et</strong>arder leur envoi, mais elle donnerait encore lieu à<br />

certaines opérations qui pourraient plus tard donner peut-être naissance à<br />

des inconvénients politiques. Pour c<strong>et</strong>te raison, il ne faut pas prendre en<br />

considération ces démarches <strong>et</strong> il faut donner des instructions dans ce sens<br />

aux fonctionnaires intéressés. [N° 45]<br />

DOCUMENT N° 46 :<br />

Télégramme adressé au kaïmakam de Ras el-Aïn, Youssouf Zia bey, à la fin de<br />

1915.<br />

Activez les renvois. De c<strong>et</strong>te façon, ceux qui ne sont pas en état de mourir<br />

tomberont morts à quelques heures de distance de la ville <strong>et</strong> le district sera<br />

ainsi débarrassé aussi bien des vivants que des morts.<br />

DOCUMENT N° 47 :<br />

Télégramme adressé par Abdulahad Nouri au mutessarif de Deir- ez-Zor, Ali<br />

Souad bey.<br />

Le fait d'avoir laissé des milliers d'Arméniens à Ras el-Aïn est contraire au<br />

but sacré du gouvernement. Expulsez-les de là.<br />

140


DOCUMENT N° 48 :<br />

Télégramme contenant la réponse d'Ali Souad bey.<br />

Les moyens de transport manquent pour déporter les populations. Si le but<br />

poursuivi est de les faire tuer, je ne puis ni le faire, ni le faire faire.<br />

C<strong>et</strong>te correspondance fut suivie d'un rapport du vali d'Alep sur Ali Souad bey<br />

(cf. DOCUMENT N° 22). Ce rapport étant daté du 5 janvier 1916, ces trois<br />

documents ont été adressés de septembre à décembre 1915.<br />

DOCUMENT N° 49 :<br />

Télégramme adressé par le procureur général d'Alep au kaïmakam de Bab,<br />

Chafi bey.<br />

Très urgent <strong>et</strong> secr<strong>et</strong>. Ne r<strong>et</strong>enez même pas dans les prisons les Arméniens<br />

qui, condamnés ou accusés pour crime, ont été arrêtés par la police;<br />

renvoyez-les tout de suite en avant (Deir-ez-Zor).<br />

C<strong>et</strong>te pièce aurait été entre les mains des déportés venant de Bab <strong>et</strong> il est<br />

possible qu'elle ait été directement recopiée par Andonian 20 Elle est la seule<br />

pièce du dossier provenant du ministère de la Justice <strong>et</strong> elle implique donc ce<br />

ministère dans les massacres des Arméniens.<br />

DOCUMENT N° 50 :<br />

Instruction remise par Abdulahad Nouri à Mouharrem bey par un capitaine de<br />

gendarmerie en février 1916 (cf. DOCUMENT N° 32) 21 .<br />

Les rigueurs employées pour débarrasser le caza de Bab des déportés ne<br />

sont soumises à aucune responsabilité.<br />

DOCUMENT N° 51 :<br />

Télégramme de Talaat sans doute adressé à la préfecture d'Alep.<br />

Il faut punir sous un prétexte quelconque – <strong>et</strong> en aviser secrètement les<br />

fonctionnaires – comme traîtres à la patrie, tous ceux qui assureraient<br />

l'existence des Arméniens, élément d'embarras pour la Turquie depuis des<br />

siècles, qui cherchent dans ces dernières années à étouffer toute la Turquie<br />

dans le sang.<br />

141


DOCUMENT N° 52 :<br />

Télégramme de Enver pacha, ministre de la Guerre <strong>et</strong> généralissime des armées<br />

turques, adressé à tous les commandants militaires le 27 février 1918.<br />

Par suite de la situation présente, l'extermination complète de la race<br />

arménienne a été décidée par un iradé impérial. Les opérations suivantes<br />

doivent avoir lieu à ce suj<strong>et</strong> :<br />

1. A part les enfants âgés de 5 ans, tous les bachibozouks [qui ne sont pas<br />

militaires], suj<strong>et</strong>s ottomans, habitant dans le pays <strong>et</strong> portant le nom d'<br />

Arméniens, doivent être sortis des villes <strong>et</strong> tués.<br />

2. Tous les individus servant dans l'armée impériale doivent, sans donner<br />

lieu à un incident, être séparés de leur corps d'armée <strong>et</strong> fusillés en secr<strong>et</strong> à<br />

l'abri des yeux indiscr<strong>et</strong>s.<br />

3. Les officiers qui sont dans les armées seront incarcérés dans leurs dépôts<br />

jusqu'à ce qu'une nouvelle décision soit prise à leur suj<strong>et</strong>.<br />

Quarante-huit heures après que ces trois dispositions auront été<br />

communiquées au commandement de chaque armée, un nouvel avis sera<br />

donné à propos de leur exécution. En conséquence, en dehors des<br />

préparatifs indispensables, ne point entreprendre d'autre opération.<br />

Ce document ne figure pas parmi les pièces remises par Naïm bey. Andonian<br />

écrit à son propos :<br />

« Un commandant turc, nommé Nechat bey, dans un moment d'ébriété, l'avait<br />

montré à Damas à un Arménien de Zeitoun, M. Karap<strong>et</strong> Djelkaian [...]. C'était<br />

au commencement de mars que ce télégramme effroyable arriva à Alep.<br />

Quarante-huit heures après, la police prenait des dispositions pour faire évacuer<br />

les Arméniens, [...] quand, au lieu de l'ordre de m<strong>et</strong>tre en exécution, arriva le<br />

contre-ordre de ne pas l'exécuter. [...] La même chose s'était produite également<br />

à Damas. Le contre-ordre ayant tardé d'une demi-journée, on avait fait sortir de<br />

force de ses maisons une partie de la population arménienne de la ville, <strong>et</strong> on<br />

l'avait parquée dans les rues avec la brutalité turque qui en dit long, c'est-à-dire à<br />

coups de fou<strong>et</strong>, de gourdin, sans égard pour les vieillards, les femmes, les<br />

enfants, ni même pour les malades. Là aussi, après l'arrivée du contre-ordre, on<br />

avait donné à l'affaire une tournure de conscription, en m<strong>et</strong>tant à part les<br />

hommes qui avaient l'âge du service militaire.<br />

Comment <strong>et</strong> sous quelle influence ce contre-ordre fut donné A mon arrivée en<br />

Europe, je voulus éclaircir avant tout c<strong>et</strong>te question importante. Il me semble<br />

que les Allemands interdirent ce nouveau massacre. Comme toujours, c<strong>et</strong>te foisci<br />

encore, ils ont eu connaissance du proj<strong>et</strong> des Turcs quand les provocations<br />

142


mentionnées ci-dessus furent publiées dans les journaux turcs. Les<br />

interpellations faites dans le Reichstag par les députés socialistes, en particulier<br />

Liebknecht <strong>et</strong> Ledebour, sur les massacres arméniens, dont la responsabilité était<br />

attribuée surtout aux Allemands, forcèrent le gouvernement à détourner les<br />

Turcs de ce nouveau crime, dont la responsabilité serait sans doute tombée sur<br />

lui, ce qui aurait ébranlé un peu plus sa situation diplomatique déjà croulante<br />

devant le monde civilisé 22 . »<br />

C<strong>et</strong>te citation du livre d'Andonian est très révélatrice de la mentalité de l'époque<br />

où l'on généralisait volontiers les comportements. Comment ce journaliste au<br />

langage direct <strong>et</strong> sans nuances aurait-il pu inventer un personnage, Naïm bey,<br />

fabriquer de faux documents dans un style aussi alambiqué, manier avec<br />

virtuosité la cryptographie <strong>et</strong> comm<strong>et</strong>tre des erreurs élémentaires de datation <br />

La réponse à c<strong>et</strong>te question est dans la similitude entre les documents Andonian<br />

<strong>et</strong> les documents officiels recueillis par la commission Mazhar.<br />

DOCUMENT N° 53 : Dans les œuvres de Mustafa Kemal nous avons<br />

trouvé 519 preuves justifiant sa participation direc<strong>et</strong> au génocide des<br />

Armeniens <strong>et</strong> il est le premier coupable des crimes de génocide de Koçgiri <strong>et</strong><br />

de Dersim contre ces criminels notre Tribunal Pénal International pour<br />

juger des crimes de génocide de Koçgiri <strong>et</strong> de Dersim a entamé la<br />

procédure de la condamnation à mort de ces criminels y compris tous les<br />

membres de l’Organisation Spéciale.<br />

Fribourg , le 24 avril 2010 Sevê Evîn Çiçek<br />

1)<br />

2)<br />

3)<br />

4)<br />

5)<br />

KRI.[1], pp. 237-239<br />

Ibid.<br />

Il s'agit d'Omer Naji, membre du Comité central de l'Ittihad depuis 1910<br />

<strong>et</strong> ami du docteur Nazim <strong>et</strong> de Behaeddine Chakir Naji fut envoyé en<br />

Mésopotamie au début de la guerre pour soulever la population arabe<br />

contre l' Angl<strong>et</strong>erre Il mourut du typhus en 1916.<br />

Les télégrammes adressés par Talaat étaient codés puis déchiffrés C'est<br />

donc le texte déchiffré qui est reproduit avec l'apostille de la main d'<br />

Abdulhalik<br />

143


6)<br />

7)<br />

8)<br />

9)<br />

10)<br />

11)<br />

12)<br />

13)<br />

14)<br />

15)<br />

Sur la planche de reproduction figurent à la fois le code tel que l'a reçu<br />

l'administration des postes à Alep <strong>et</strong> le déchiffrement effectué par le<br />

fonctionnaire de la préfecture qui disposait du code.<br />

Comme le doc. n° 3, celui-ci porte ainsi que les trois suivants l'apostille <strong>et</strong><br />

la signature d'Abdulhalik.<br />

Ce télégramme porte non seulement deux apostilles d'Abdulhalik mais<br />

une autre d' Abdulahad Nouri.<br />

Il est exact, précise Andonian, que les Arméniens fournirent des<br />

renseignements concernant les massacres au consul américain à Alep,<br />

Jackson. L'un de ces Arméniens était Aram Gulian qui parlait<br />

couramment anglais. Quant aux photographies, elles avaient été prises par<br />

Matéos Er<strong>et</strong>zian, secrétaire de la Prélature arménienne d'Alep. Plusieurs<br />

personnes furent arrêtées sous l'inculpation d'avoir fourni des<br />

renseignements au consul Jackson Elles disparurent sans laisser de traces<br />

(A. ANDONIAN, op. cit., p. 103)<br />

Ici commence la série (doc n° 25 à 42) des télégrammes datés par<br />

Andonian de janvier <strong>et</strong> février 1916 <strong>et</strong> que Dadrian considère rédigés en<br />

janvier, février <strong>et</strong> mars 1917.<br />

Ce télégramme serait daté du 10 janvier [1]332, ce qui correspond en eff<strong>et</strong><br />

au 23 janvier 1917 Il faut plutôt adm<strong>et</strong>tre une erreur de datation pour ce<br />

télégramme comme pour le suivant sur l'année qui aurait dû être [1]331<br />

C<strong>et</strong>te erreur est soulignée par S. OREL, S. YUCA, op cit, p.63.<br />

Cf. infra la réponse : doc n° 31.<br />

Andonian le date par erreur du 15 janvier 1915 (vs).<br />

Andonian date ce télégramme de 1916 <strong>et</strong>. dans les mémoires de Naim<br />

bey, quelques lignes avant, de 1917 En fait, dans son rapport du 9 février<br />

1916, le consul Rössler explique que les déportés ont dû quitter Bab pour<br />

Deir-ez-Zor (Archives du génocide des Arméniens, Paris, Fayard, 1986, p.<br />

198) C<strong>et</strong>te date est donc la plus probable, bien que la numérotation ne<br />

corresponde pas<br />

Andanian date ce télégramme du 17 février (v.s.). Rappelons que l'année<br />

1916 est une année bissextile.<br />

Cf. infra, Chapitre 6 consacré à Djemal pacha.<br />

144


16)<br />

17)<br />

18)<br />

19)<br />

20)<br />

21)<br />

22)<br />

De même que pour le doc n° 5, les planches reproduisent un télégramme<br />

chiffré transmis codé par l'administration des postes d'Alep <strong>et</strong> déchiffré<br />

secondairement par un fonctionnaire de la préfecture.<br />

A la page 124 de la version française du livre d'Andonian est reproduit un<br />

télégramme chiffré d'Abdulahad Nouri Dadrian (DAD[1]) cite la même<br />

référence pour les doc n° 20 <strong>et</strong> n° 41 Andonian précise qu'il s'agit du doc<br />

n° 41. En eff<strong>et</strong>, ce télégramme est codé par Abdulahad Nouri ce qui<br />

s'explique aisément Naim bey aurait transmis ce cryptogramme à<br />

Constantinople où il aurait été déchiffré mais il était capable de le<br />

déchiffrer lui-même <strong>et</strong> on peut supposer qu'il remit à Andonian avec ce<br />

document codé le déchiffrement.<br />

Selon Naïm ce télégramme aurait été rédigé au moment où Djelal était<br />

encore vali d'Alep. c'est-à-dire avant septembre 1915. Il est reproduit ici<br />

avec ses fautes de syntaxe...<br />

Le doc. n° 17 prouve que la Sous-direction des déportés était déjà avisée<br />

Après l'armistice de Moudros, l'ancien directeur des Postes <strong>et</strong><br />

Télégrammes de Hadjin, Evikhanian, affirma à Andonian qu'il se trouvait<br />

à c<strong>et</strong>te époque à Bab <strong>et</strong> que c'est lui-même qui communiqua ce<br />

télégramme aux déportés de la localité afin qu'ils soient avertis de leur<br />

sort <strong>et</strong> qu'ils cherchent à s'enfuir.<br />

Le kaïmakam de Bab, Chafi bey, se rendit ensuite à Alep où il rencontra<br />

Abdulahad Nouri. Ce dernier se déplaça à Bab avec Eyoub Sabri bey; il fit<br />

expulser 17500 déportés en m<strong>et</strong>tant le feu aux tentes en en tirant sur eux<br />

(A. ANDONIAN, op. cit., p. 74)<br />

Ibid., pp. 157-159.<br />

145

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