LE GENOCIDE DES ARMENIENS et DES KURDES DE ... - Pen-Kurd

Devinant que Vartkès et lui-même vont être conduits à la mort et que leurs
heures sont désormais comptées, Zohrap se jette au cou de Mahmoud Nédini et
le supplie: «lis nous emmènent pour nous tuer je vous implore d’intervenir!..»
Avec le sang-froid qui sied à un révolutionnaire, Vartkès reste, lui, impassible
face à l’iriéluctable ; l’action révolutionnaire l’ayant familiarisé avec la mort
depuis son adolescence, il s’estimait en sursis... Mahmoud Nédim promet
d’intervenir, mais personne ne sera en mesure de percer le mystère recouvrant
cette péripétie tragique...
Aussitôt, l’on fait monter Zobrap et Vartkès dans une calèche et le
vartapétArtavazd Kalénderian, archiprêtre d’Ourfa, dans une deuxième calèche
avec les deux notables arméniens arrêtés, et les deux voitures escortées par des
gendarmes à cheval prennent la route de Diarbékir...
Le lieu-dit Karakôprti atteint à une heure d’Ourfa, le petit convoi est cerné
par les tchété à cheval armés jusqu’aux dents commandés par Tcherkesse
AJamed et Khalil, qui ordonnent aux gendarmes de leur livrer les prisonniers et
de rebrousser chemin, leur mission s’arrêtant là.
Le moment fatidique approche... Les deux chefs de bandes sanguinaires
font descendre les déportés des voitures et les clouant au sol avec des piques de
fer longues d’un mètre, ils leurs infligent divers supplices avant de leur trancher
la tête. Après avoir déshabillé leurs victimes, ils les amputent de tous leurs
membres. »(13)
Le gouverneur d’Ourfa télégraphie la nouvelle du meurtre de Zohrap et de
Vartkès à Constantinople, où elle était quotidiennement attendue par Talaat et
les membres du comité central de l’lttihad. Dès qu’il la reçoit, le ministre de
l’intérieur Talaat se prétendant l’ami des deux hommes annonce à l’épouse de
Zohrap que celui-ci a succombé à une attaque cardiaque dans la voiture qui le
conduisait à Diarbékir... Par mesure d’exception, il autorise l’épouse de Vartkès
à partir en Bulgarie ; jusqu’alors, il s’était opposé à son départ, et à toutes les
demandes de Vartkès il avait toujours répondu: «Vartkès, je ne te donnerai pas
l’autorisation de partir en Bulgarie. Je sais que tu veux sauver ta tête, mais rien à
faire, tu es logé à la même enseigne que nous...» Ces hommes-là aussi tombèrent
au champ d’honneur, immolés
à la veille de la libération de la patrie... Quant à Khalil, oncle d’Envér et
principal protagoniste de ce crime abominable, le gouvernement le récompensa
en le nommant commandant en chef de l’armée turque de Bagdad avec le titre
de pacha, pour qu’il puisse se livrer en toute liberté à de nouveaux crimes. »(14)
13 Monseigneur Grigoris Balakian Le Golgotha arménien ,: de Berlin à Deir es-Zor / monseigneur Grigoris
Balakian
14 Monseigneur Grigoris Balakian Le Golgotha arménien ,: de Berlin à Deir es-Zor / monseigneur Grigoris
Balakian ;
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