LE GENOCIDE DES ARMENIENS et DES KURDES DE ... - Pen-Kurd

caractérisé par le déclin physique et même la destruction de la population en
question. Si on emploie le terme « germanisation » des Polonais, par exemple,
cela signifie que les Polonais en tant qu'êtres humains sont préservés, et que
seules les caractéristiques nationales des Allemands leur sont imposées. Un tel
terme est beaucoup trop restrictif pour s'appliquer à un processus dans lequel la
population est agressée, au sens physique du terme, déplacée et supplantée par
des populations de leur oppresseur.
Le génocide est l'antithèse de la doctrine Rousseau Portalis, qui peut être
considérée comme implicite dans les conventions de La Haye. Cette doctrine
spécifie que la guerre est menée contre les souverains et les armées, non contre
les sujets et les civils. Dans son application moderne à une société civilisée, la
doctrine signifie que la guerre est menée contre les États et les forces armées et
non contre les populations. Une longue évolution a été nécessaire dans la société
civilisée pour passer des guerres d'extermination 4 qui eurent lieu dans
l'Antiquité et au Moyen Âge, à la conception de guerres essentiellement limitées
aux activités menées contre les armées et les États. Dans la guerre actuelle
toutefois, le génocide est largement pratiqué par l'occupant allemand.
L'Allemagne ne pourrait accepter la doctrine Rousseau Portalis: tout d'abord
parce que l'Allemagne mène une guerre totale, et ensuite parce qu'en vertu de la
doctrine du national-socialisme, le facteur prédominant est la nation et non
l'État 5 • Dans cette conception allemande, la nation fournit l'élément biologique
pour l'État. En conséquence, avec leur «ordre nouveau », les Allemands ont
préparé et mènent une guerre non seulement contre les États et leurs armées
mais contre les peuples. Pour les autorités d'occupation allemandes, la guerre
apparaît ainsi offrir la solution la plus appropriée pour mettre en œuvre leur
politique de génocide. Leur raisonnement semble être le suivant:
La nation ennemie sous le contrôle de l'Allemagne doit être détruite,
anéantie ou affaiblie jusqu'à un certain point pour les décennies à venir. Ainsi le
peuple allemand dans la période d'après-guerre sera en position de traiter avec
les autres peuples européens du point de vue avantageux de la supériorité
biologique. Dans la mesure où cette politique de génocide est plus destructrice
pour un peuple que les dommages subis au cours de combats réels 7, le peuple
allemand après la guerre sera plus fort que les peuples soumis, même si l'armée
allemande est vaincue. Le génocide est donc une nouvelle technique
d'occupation qui vise à sortir vainqueur de la guerre même si la guerre ellemême
est perdue.
L'occupant a dans ce but élaboré un système destiné à détruire les
nations selon un plan préparé à l'avance. Même avant la guerre, Hitler
envisageait le génocide comme moyen de changer les interrelations biologiques
en Europe en faveur de l'Allemagne 8. La conception que Hitler a du génocide
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