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NATHALIE LECOUILLARD<br />
Pêcheur <strong>de</strong> bulots, Normandie<br />
LA PÊCHE ne se pratique plus à pied comme le faisaient<br />
les anciens Pirouais, mais à partir <strong>de</strong><br />
bateaux outillés et <strong>de</strong> leurs doris, <strong>de</strong>s embarcations<br />
d’origine américaine, en bois et à fond plat, propulsées<br />
par un moteur. » Dans la zone <strong>de</strong> conchyliculture<br />
du Pirou, en Normandie, Nathalie Lecouillard, 47<br />
ans, mariée, <strong>de</strong>ux enfants, membre du Comité Régionale<br />
<strong>de</strong>s Pêches Maritimes et prési<strong>de</strong>nte <strong>de</strong> la Caisse<br />
Intempéries <strong>de</strong>s Marins Pêcheurs <strong>de</strong> la Manche, exerce<br />
<strong>de</strong>puis quatorze ans le métier <strong>de</strong> pêcheur <strong>de</strong> bulots.<br />
Bulots, – ou buccins, ran, colicoco dans le Nord-<br />
Cotentin, chucherolle, bavoux… Les surnoms du mollusque<br />
gastéropo<strong>de</strong> sont nombreux ! Elle connaît le<br />
Buccinum undatum dans ses moindre détails.<br />
Chaque jour, elle s’empare <strong>de</strong> ses soixante casiers<br />
ronds, emplis <strong>de</strong> crabes morts et <strong>de</strong> crabes verts et qu’on<br />
appelle « la bouët », c’est-à-dire <strong>de</strong>s appâts. « Les pièges<br />
ont été posés à quarante mètres <strong>de</strong> profon<strong>de</strong>ur. Ici<br />
il n’y a pas <strong>de</strong> port, nous partons en doris avec la bête<br />
et le gazole pour les récolter. » Dans la capitale du bulot,<br />
ce n’est en effet pas moins <strong>de</strong> soixante-trois emplois<br />
induits en direct <strong>de</strong>puis le début <strong>de</strong>s années 1970. « Par<br />
an, c’est entre 6 000 et 9 000 tonnes pêchées ! » raconte<br />
Nathalie, l’ex-Parisienne, l’ancienne esthéticienne reconvertie<br />
dans le com<strong>mer</strong>ce et la production du bivalve<br />
aux jolies couleurs changeantes. « J’aimais mon ancien<br />
métier mais ici, c’est différent : le travail est passionnant<br />
et, en plus, le cadre est magnifique ! Le bulot prend la<br />
couleur <strong>de</strong>s fonds marins sur lequel il se trouve. C’est<br />
amusant comme il passe du blond au vert ou au gris ! »<br />
La baie <strong>de</strong> Granville est, en effet, réputée pour ses<br />
coquillages et en particulier pour sa production <strong>de</strong> bulots,<br />
faite dans <strong>de</strong>s conditions respectueuses <strong>de</strong> l’environnement.<br />
« Les Pirouais rejettent ceux qui ne font pas<br />
45 millimètres <strong>de</strong> taille minimum ; en général, ils n’ont<br />
pas encore 4 ans ». Nathalie jette un œil sur sa montre.<br />
« Sur le pont du bateau, c’est l’heure <strong>de</strong> trier les bulots.<br />
On est très attentif à l’opération <strong>de</strong> tri car la ressource<br />
est vitale et il s’agit pour nous <strong>de</strong> ne pas la galvau<strong>de</strong>r<br />
! »<br />
Nathalie ne compte pas ses heures. « C’est un métier<br />
où on ne doit pas craindre <strong>de</strong> porter <strong>de</strong>s caisses, d’affronter<br />
le vent, la pluie, et, l’après-midi, <strong>de</strong>vant son ordinateur<br />
rédiger le livre journal <strong>de</strong> l’entreprise ! » Fin avril,<br />
la foire aux bulots du Pirou a lieu, elle accueille <strong>de</strong>s milliers<br />
<strong>de</strong> gourmands dont un certain nombre d’amateurs<br />
étrangers. « Le bulot <strong>de</strong> Granville est notre trésor et il fait<br />
l’objet d’une charte conjointe entre NFM et la Chambre<br />
<strong>de</strong> Com<strong>mer</strong>ce et d’Industrie Centre et Sud-Manche.<br />
Cette charte garantit un bulot frais et sain. Depuis 4<br />
ans, le groupement NFM conduit un projet d’IGP dont<br />
on espère qu’il portera bientôt ses fruits ! ».<br />
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