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MIREILLE AMAT<br />

Pol<strong>de</strong>r <strong>de</strong> Bouin en Vendée<br />

JE SUIS née en Angleterre, d’un père français et d’une<br />

mère anglaise. J’ai vécu une partie <strong>de</strong> mon enfance<br />

en Finlan<strong>de</strong>, puis en Turquie et je pense que c’est ce<br />

qui m’a, très tôt, donné le goût <strong>de</strong>s voyages, une <strong>de</strong> mes<br />

nombreuses passions. » C’est pendant les années <strong>de</strong> collège,<br />

passées en France, que Mireille sent naître en elle une<br />

vocation. Grâce à un professeur <strong>de</strong> sciences naturelles<br />

particulièrement rigoureux, elle découvre ce qu’on appelle<br />

le « vivant ». C’est décidé : elle sera biologiste. Ses étu<strong>de</strong>s<br />

à l’Université Pierre et Marie Curie (Paris VI) ne font que<br />

la conforter dans son choix. Elle étudie la biologie végétale<br />

puis l’océanographie et se tourne naturellement vers<br />

les algues. « J’ai adoré ces années d’étu<strong>de</strong>s : j’ai eu d’excellents<br />

professeurs, et les cours à l’Institut océanographique<br />

<strong>de</strong> la rue Saint-Jacques dans le petit amphithéâtre – un<br />

« bijou » d’architecture – restent un très bon souvenir ».<br />

Après 5 ans passés sur la côte ouest du Canada pour<br />

effectuer une thèse sur les algues, Mireille revient en<br />

France pour travailler pour l’industrie <strong>de</strong>s algues. Puis<br />

avec son mari, ils déci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> créer leur propre écloserie<br />

d'huîtres en Vendée. « J’ai toujours aimé la <strong>mer</strong>, et<br />

aujourd’hui, je passe <strong>de</strong>s heures à la loupe binoculaire<br />

ou au microscope. Je ne me lasse jamais <strong>de</strong> m’extasier<br />

: même à l’échelle d’un tout petit organisme, déjà<br />

tellement parfait, je me dis que la nature est drôlement<br />

bien faite ! »<br />

Le métier est certes passionnant, mais il est aussi<br />

épuisant. Les élevages marins réclament une attention<br />

quotidienne, les vacances sont quasiment inexistantes.<br />

Biologiste marin, Vendée<br />

56<br />

« C’est aussi un travail physique » ajoute Alicia, l’employée<br />

âgée <strong>de</strong> 21 ans qui travaille avec Mireille. « On<br />

est exposé au froid, à l’humidité ou au soleil et la féminité<br />

en prend un coup : nos bottes et vêtements sont<br />

peu seyants, toujours humi<strong>de</strong>s, il n’y a pas vraiment <strong>de</strong><br />

place pour le confort et la coquetterie ! C’est aussi un<br />

métier où nous n’avons pas le droit à l’erreur car notre<br />

travail est en lien avec les premiers cycles <strong>de</strong> la vie animale.<br />

Enfin, c’est un métier où être une femme apporte<br />

cette petite chose en plus qu’on appelle la « sensibilité<br />

féminine » et qui s’exprime par un sens <strong>de</strong> l’observation<br />

aigu et une attention toute particulière au détail. »<br />

Mireille reprend : « La qualité <strong>de</strong> l’eau <strong>de</strong> <strong>mer</strong> est en<br />

chute libre parce que nous recevons tout ce qui vient <strong>de</strong><br />

la terre. Mais, lorsque tout va bien, c’est sans doute l’un<br />

<strong>de</strong>s plus beaux métiers qui soit. J’adore aller sur l’estran,<br />

ramasser <strong>de</strong>s algues, observer dans les flaques d’eau la<br />

multitu<strong>de</strong> d’organismes, crevettes, poissons, algues <strong>de</strong><br />

toutes sortes… Et en hiver, assister au ballet <strong>de</strong>s oies<br />

sauvages qui viennent faire la marée avec nous ! »<br />

Et puis quelques détours viennent agrémenter cette vie<br />

d’aquacultrice. Les origines <strong>de</strong> Mireille et sa connaissance<br />

du milieu marin l’ont conduite <strong>de</strong>puis une vingtaine<br />

d’années au sein du mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> la pêche, pour traduire<br />

<strong>de</strong>s réunions souvent animées, parfois houleuses,<br />

entre Anglo-Normands, Normands et Bretons, rôle<br />

qu’elle apprécie tout particulièrement. « Les choses évoluent<br />

lentement dans ces réunions, dit-elle, mais toujours<br />

dans le bon sens… »

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