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CHRISTINE FOLLET<br />

Ostréicultrice en eaux profon<strong>de</strong>s, Normandie<br />

C’EST mon grand-père qui m’a appris à nager à<br />

Carnac, dans le Morbihan. Un jour, je nageais<br />

au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong>s algues. Dessous, tout était noir, on<br />

ne voyait rien ; prise <strong>de</strong> panique, j’ai failli me noyer.<br />

Depuis, je n’ai eu <strong>de</strong> cesse <strong>de</strong> découvrir ces fonds mystérieux.<br />

». A 15 ans, Christine Follet découvre la plongée<br />

en piscine et s’é<strong>mer</strong>veille que l’on puisse respirer<br />

sous l’eau. Lors <strong>de</strong> son baptême en <strong>mer</strong>, elle ne s’aperçoit<br />

qu’elle est tout au fond que lorsque son masque s’enfonce<br />

droit dans la vase ! Initiée par Georges, le doyen<br />

du club <strong>de</strong> plongée, Christine sait qu’elle a trouvé à la<br />

fois une vocation et une véritable passion. Le dimanche,<br />

même l’hiver, avec Yves, son prof, la jeune femme parcourt<br />

<strong>de</strong>s kilomètres dans le bassin du com<strong>mer</strong>ce.<br />

« Depuis l’âge <strong>de</strong> 17 ans, j’enchaînais les « petits boulots<br />

» : postière, secrétaire <strong>de</strong> direction, femme <strong>de</strong><br />

ménage, serveuse, gar<strong>de</strong> d’enfants… Rien ne me pré<strong>de</strong>stinait<br />

à <strong>de</strong>venir scaphandrier professionnel, option soudure.<br />

Elle suit les cours <strong>de</strong> l’Institut <strong>de</strong>s plongeurs professionnels<br />

à Marseille. Devant la grille, elle pose son<br />

sac et se promet <strong>de</strong> ne pas rentrer chez elle sans ce<br />

diplôme dans sa poche. Quelques mois plus tard, elle<br />

téléphone à son père, à <strong>de</strong>ux heures du matin, pour lui<br />

annoncer la gran<strong>de</strong> nouvelle. Elle est « scaphandrière »<br />

<strong>de</strong> classe 2 A, c’est-à-dire apte à tous les travaux sousmarins,<br />

jusqu’à 60 mètres <strong>de</strong> profon<strong>de</strong>ur. Après quelques<br />

années d’exercices, Christine Follet déménage au Havre<br />

où elle reprend <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s pour obtenir le brevet <strong>de</strong><br />

technicien aquacole (obligatoire pour l’obtention d’une<br />

concession en <strong>mer</strong>), puis le brevet <strong>de</strong> patron <strong>de</strong> pêche.<br />

Des diplômes, son livret maritime n’en manque pas.<br />

« Au début, je voulais faire <strong>de</strong>s algues sur ma concession,<br />

mais j’ai choisi <strong>de</strong> cultiver les huîtres à 10 mètres<br />

<strong>de</strong> profon<strong>de</strong>ur. Cela me permet <strong>de</strong> poursuivre ma passion<br />

: vivre sous l’eau ! »<br />

Au large <strong>de</strong> Fermanville, l’installation <strong>de</strong> la concession<br />

<strong>de</strong> Christine Follet ne s’est pas faite aisément en<br />

2001. En 2004, elle réussissait cependant à com<strong>mer</strong>cialiser<br />

les huîtres récoltées en scaphandre autonome et à<br />

la proposer aux meilleures tables <strong>de</strong> la région. « J’ai<br />

coutume <strong>de</strong> dire que la vie d’une femme <strong>de</strong> la <strong>mer</strong> n’est<br />

jamais un long fleuve tranquille. Le roseau plie, mais ne<br />

rompt pas avec moi. » Devant sa camionnette bleue, la<br />

propriétaire <strong>de</strong> la société La belle Fermanvilaise ouvre<br />

un parasol. C’est l’heure maintenant <strong>de</strong> vendre ses<br />

fameuses huîtres au goût iodé, en <strong>de</strong>mi-gros ou au détail.<br />

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