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Face-au-FN

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10. L’ensemble des<br />

« créatifs culturels<br />

» et des « alter<br />

créatifs » (<strong>au</strong>x positions<br />

très proches)<br />

composerait 35 % de<br />

la population, selon<br />

l’enquête dirigée par<br />

Jean-Pierre Worms,<br />

Les créatifs culturels<br />

en France, Yves<br />

Michel, 2007.<br />

tant qu’adversaire sur la quasi-totalité des approches et des<br />

solutions, mais <strong>au</strong>ssi en tant que concurrent dans la position<br />

de groupe d’influence.<br />

En somme, l’écologie ne réussira qu’en devenant une véritable<br />

pensée en actes, portée par des groupes soci<strong>au</strong>x influents,<br />

capable de prendre place dans les esprits pour jouer le rôle que<br />

le <strong>FN</strong> espère atteindre : devenir la source d’influence sociale<br />

et politique capable de remplacer les imaginaires déclinants à<br />

l’œuvre dans nos sociétés et les partis en place, g<strong>au</strong>che et droite<br />

confondus. Elle en a les moyens, si elle veut se les donner.<br />

Au-delà des mouvements et des partis, c’est toute une contresociété<br />

qui se reconnaît dans les valeurs que porte l’écologie.<br />

Ces « culturels créatifs », ces « mutants » conscients de leur<br />

devoir de préservation à l’égard d’une nature agressée, ce<br />

« peuple de l’écologie » est bien plus important, plus nombreux<br />

qu’il ne le suppose généralement. Il suffirait qu’il se trouve<br />

un adversaire commun, un motif de coalition, un objectif à<br />

atteindre et une mission impérieuse pour prendre conscience<br />

de cette puissance nécessaire et potentielle… En face, une<br />

contre-société réactionnaire et nationaliste espère représenter<br />

et influer directement sur un tiers de la population, à terme.<br />

C’est à peu près ce que pèsent les « culturels créatifs » <strong>au</strong> sens<br />

large, selon les études menées sur le sujet 10 . Le principal déf<strong>au</strong>t<br />

de ces personnes, c’est qu’ils n’imaginent pas être si nombreux,<br />

ni devoir se coaliser pour changer les choses.<br />

Le <strong>FN</strong> et l’écologie : une conversion très difficile<br />

Tous les partis politiques ont tenté d’avoir un discours sur<br />

l’écologie, depuis une bonne trentaine d’années. Tous, s<strong>au</strong>f<br />

peut-être le <strong>FN</strong> de Jean-Marie Le Pen et Lutte ouvrière<br />

d’Arlette Laguiller. Marine Le Pen a compris récemment<br />

– notamment depuis le Pacte écologique, puis le Grenelle –<br />

qu’elle ne pouvait ignorer tout à fait ces questions. Le succès<br />

d’Europe Écologie en 2009 a d’ailleurs été un coup dur pour le<br />

<strong>FN</strong>, qui a subi une véritable déconfiture (6,3 %).<br />

Dans cette quête de crédibilité sur les questions<br />

d’environnement, la nouvelle présidente du <strong>FN</strong> a tenté<br />

quelques sorties provocatrices, en se déclarant par exemple<br />

« plus écologiste que Les Verts », ou en expliquant que –<br />

alors que Jean-Marie Le Pen ne l’avait pas signé en 2007 –<br />

certaines propositions du pacte écologique seraient « tout à<br />

fait compatibles avec le projet du Front national ». À peine<br />

lancé dans la primaire écolo, Nicolas Hulot a très clairement<br />

répondu qu’il estimait « cette compatibilité, impossible et<br />

inenvisageable ».<br />

Globalement, et depuis longtemps, quand le <strong>FN</strong> veut<br />

parler d’écologie il est surtout question de qualité de vie<br />

et de protection animale, ou de mesures pour « préserver<br />

les paysages », « éviter les pollutions », en insistant sur la<br />

nécessité de tout envisager de façon « apolitique » ! Force est<br />

de constater qu’il n’y a jamais eu de véritable effort du <strong>FN</strong> sur<br />

l’écologie, malgré quelques tentatives de compilation d’idées<br />

sans cohérence, pour préparer 2012.<br />

L’idée d’introduire des énergies renouvelables est évoquée<br />

dans les solutions depuis peu (avec l’hydrogène, malgré ses<br />

déf<strong>au</strong>ts) et une possible « sortie du nucléaire » est apparue<br />

« si c’est réaliste ». Le <strong>FN</strong> va même jusqu’à critiquer certains<br />

agriculteurs (surtout « les lobbies »), ou « pollueurs », mais<br />

plutôt étrangers, ou « mondialisés », si possible.<br />

Ce n’est pas vraiment de l’écologie, mais plutôt une sorte<br />

d’environnementalisme nationaliste à tonalité différentialiste<br />

(« chacun chez soi »), qui rejoint la notion de « capitalisme<br />

patriotique » que le <strong>FN</strong> développe dans sa nouvelle orientation<br />

étatiste. On reste donc, <strong>au</strong> <strong>FN</strong>, avec des discours contradictoires,<br />

que Marine Le Pen va essayer de faire passer dans un patchwork<br />

de mesures sans vision d’ensemble. Ici, comme sur de nombreux<br />

sujets, derrière sa volonté de brouiller les cartes en adoptant<br />

des positions nouvelles, le <strong>FN</strong> reste fondamentalement pro<strong>au</strong>tomobile<br />

et pro-nucléaire, désireux de renforcer l’industrie<br />

lourde (dont l’armement, ou l’aéron<strong>au</strong>tique) et la puissance de<br />

consortiums d’excellence et nation<strong>au</strong>x, à tout prix.<br />

Remettre le frontisme à sa place, à la lumière<br />

de l’écologie<br />

Pour des écologistes, il existe des sujets sur lesquels il paraît<br />

possible de mettre en difficulté, voire de battre en brèche<br />

certaines affirmations bien ancrées dans les milieux d’extrême<br />

droite. L’écologie est a priori plutôt bien perçue par la quasitotalité<br />

de la population. Si l’objectif n’est pas de persuader<br />

un militant frontiste convaincu de devenir électeur écologiste,<br />

il reste possible de semer les germes du doute chez certains<br />

sympathisants et électeurs d’un tour. Au nive<strong>au</strong> local, on<br />

observe que des personnes non affiliées se trouvent parfois<br />

<strong>au</strong> confluent des influences, lorsqu’il s’agit de s’opposer à des<br />

infrastructures, d’exiger plus de transparence, voire le respect<br />

des paroles et expressions minoritaires. Il s’agit donc de<br />

pouvoir appuyer sur les différences entre les deux approches<br />

sur certains points importants : les ressources, les mœurs,<br />

l’énergie, la pollution… Car le <strong>FN</strong> n’a pas de réponse sur<br />

certains sujets, qu’il considère – à tort – comme subalternes.<br />

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